Vacances infernales pour les sans papiers de Belgique
Par Dominique Waroquiez le Dimanche, 31 Août 2008 PDF Imprimer Envoyer

Alors que le gouvernement a commencé à gouverner le 20 mars, la situation des sans papiers n’a pas été une de ses priorités, au contraire. Donc, plusieurs groupes de sans papiers, à force de ne rien obtenir (ni circulaire, ni moratoire sur les expulsions et encore moins régularisation et droit de circuler et travailler librement) - cela malgré de nombreuses actions depuis des années (manifestations, rencontres, cercles de silence, ….)- ont entrepris d’autres actions, des grèves de la faim et de la soif ou encore les occupations de grues …

 Cela s'est corsé après le 9 juillet, lorsque les sans papiers qui occupaient l’Eglise du Béguinage et faisaient grève de la faim, ont reçu une carte blanche (9 mois) et un permis de travail C , ce qui a déclenché un fort sentiment d’injustice et d’arbitraire parmi les autres sans papiers. Ainsi les quelque 160 papiers de la Rue Royale ont reçu une carte orange (valable trois mois) mais à l’issue de laquelle seulement une trentaine de sans papiers ont pu demander un permis de travail B. Ajoutons, qu’entre temps, l’angoisse avait monté d’un cran avec l’adoption de la directive de la honte mi-juin resserrant le volet « répression de la clandestinité, enfermement et expulsion » et la mort non éclaircie d’un sans papier camerounais au Centre fermé de Merksplas après une tentative d’expulsion très violente fin avril 2008 (reportage sur notre site internet).

Des actions multiples

Ainsi, les actions se sont multipliées un peu partout, entrecoupées par la démission du Premier Ministre mi-juillet : à la Maison de l’Amérique Latine, à l’ULB et aussi à St-Curé d’Ars à Forest (voir interview dans ce numéro) et elles se sont accentuées avant le départ en vacances du gouvernement Leterme, remis en selle peu avant. Alors que plusieurs sans papiers étaient hospitalisés, la Ministre Turtelboom et le Premier Ministre ont été plus qu’indifférents: ils ont menacé les bourgmestres, fait pression sur les policiers, les curés …et ils ont tenté de rejeter sur eux la responsabilité des grèves et des occupations avant de prendre congé jusqu’au conseil des Ministres de la rentrée, le 5 septembre. Quand le gouvernement est parti, aucune date-butoir n’avait été fixée pour la circulaire.

Occupations

Peu avant, trois hommes et une femme sans papiers iraniens qui faisaient grève de la soif et de la faim ont commencé la première occupation de grue, à 80 mètres de hauteur, au-dessus de l’Office des Etrangers alors qu’un rassemblement et un jeûne symbolique de 24 heures étaient organisés Place des Martyrs. D’autres sans papiers en grève de la soif ou de la faim ont ensuite multiplié ce type d’actions dangereuses mais spectaculaires et très médiatisées dans divers endroits de Bruxelles (chantier du Casino où le patron de la société de construction a déposé plainte, à Schuman, etc). Un Algérien de trente ans environ, Mohamed, est descendu, après intervention des pompiers, le 31 juillet. Des sans papiers ont alors entrepris une occupation à Saint-Josse.

Début août, les hommes et femmes sans-papiers de St Curé d’Ars, à bout de forces après plusieurs mois de grève de la faim, ont suspendu celle-ci. Contraints par le départ du gouvernement et encouragés par la promesse du Ministre de l‘emploi de la Région de Bruxelles Capitale, ils ont accepté un permis orange leur accordant trois mois de séjour et une cellule de recherche d’emploi s’est constituée à Forest.

Créons l'unité pour briser l'arbitraire

Tous ces hommes et femmes sont en situation précaire – très – et l’arbitraire demeure par rapport aux sans papiers, y compris celles et ceux qui sont restés dans l’ombre. Leur situation dépend de la solidarité et du rapport de forces et dans la lutte les syndicats et syndiqués ont un rôle important à jouer. Quant aux sans papiers et à leurs soutiens, ils sont devant l’immense défi de créer l’unité derrière eux vu qu’on assiste de plus en plus à un chantage de la part de Roosemont et Turtelboom ( pour avoir 3 mois, soyez en grève de la faim, pour avoir neuf mois, ne soyez pas bien suivis médicalement… ).Un chantage honteux qui piège et divise les sans-papiers pendant que les enfermements et expulsions continuent.

Voir ci-dessus