Van Rompuy Ier: On prend (presque) les mêmes et on recommence
Par David Dessers le Vendredi, 02 Janvier 2009 PDF Imprimer Envoyer
Le mardi 30 décembre, le nouveau gouvernement Van Rompuy Ier est entré en fonction, mettant (provisoirement?) fin à un nouvel épisode de la crise du régime «Belgique». Cet énième psycho-drame a révélé sans surprise que dans ce pays, la faillite du système capitaliste s'accompagne d'une faillite de ses gestionnaires politiques. Et pourtant, c'est la même alliance gouvernementale, avec les mêmes partis et une grande partie des mêmes ministres du gouvernement précédent qui ont à nouveau prêté serment à Laeken afin de poursuivre la même politique du regrettable Premier ministre Leterme.

Après plusieurs mois d'incompétence, les mêmes responsables du gâchis s'octroient à eux-mêmes un sursis royal puisque le spectre des élections législatives anticipées a finalement été écarté. Seul demeure la patate chaude du «conflit communautaire» qui sera tout de même au coeur de la zone de turbulence des élections régionales de juin 2009. Après une telle longue période de surenchère et de chaos, des élections générales étaient pourtant la seule réponse logique à la crise et à la faillite de l'équipe gouvernementale en place.

Van Rompuy a été on ne peut plus clair: son gouvernement travaillera dans la voie tracée par Leterme. Garantir le «cadre socio-économique» en mettant en oeuvre le soi-disant «plan de relance» face à la crise financière et économique et appliquer un accord interprofessionnel. Autrement dit, un plan de relance des profits capitalistes et un accord qui offre plus d'un milliard d'euros au patronat et des cacahuètes pour les salariés. Concernant les questions communautaires qui fâchent, aucune ombre de solution ne semble en vue, de sorte que ce gouvernement s'agripe lui-même sur un siège éjectable en espérant de voir passer l'orage des élections régionales.

Bref, rien de neuf sous le soleil avec ce «nouveau» gouvernement; la même pensée et les mêmes mesures uniques néo-libérales sur les dossiers socio-économiques et la même désunion autour du communautaire. Si Van Rompuy parvient miraculeusement à calmer les conflits entre les «partenaires» jusqu'aux élections de juin – ce pourquoi il a été désigné - on se retrouvera après ces dernières exactement au même stade qu'avec le gouvernement Leterme, c'est à dire à peu près nulle part.

Si l'ont peut parler d'un changement entre le gouvernement Leterme et celui de Van Rompuy, alors il ne concerne alors que la question du déplacement à droite dans l'équipe des ministres mis en place par le CD&V et cela au détriment des liens avec le mouvement ouvrier chrétien flamand. Pour les deux partis libéraux MR et Open VLD, le lifting gouvernemental s'est par contre révélé profitable; ils ont obtenu d'écarter à la fois Dehaene, le SP.a et des élections anticipées et à conserver tout leur poids dans l'équipe gouvernementale. Le fait qu'un Didier Reynders, pourtant au coeur de l'imbroglio Fortis, ait pu préserver sa place au Finances témoigne bien que c'est les libéraux qui ont tiré leur épingle du jeu de la chute de Leterme.

A «gauche» de l'échiquier des partis traditionnels, si le SP.a, reste finalement dans l'opposition, ce n'est pas faute d'avoir tenté de monter dans le navire gouvernemental afin de participer à un exécutif de transition. Loin des beaux discours, la direction de ce parti a donné l'image de la politique politicienne à l'état pur face à la crise politique. Du côté du PS, le grand écart entre les discours dignes d'un anti-capitalisme d'opérette et sa pratique de bon gestionnaire de ce même système n'étonne même plus. Quant à Ecolo, si beaucoup d'électeurs de gauche déçus de l'opportunisme et du cynisme social-démocrate voteront pour ce parti, jamais pourtant celui-ci n'aura été aussi à droite par rapport au système en place. Malgré la crise, et contrairement à ce qui fut le cas avant 1999, Ecolo n'avance plus aucune once de critique ni solution anti-néolibérale, son programme se résumant à construire un impossible capitalisme vert et vertueux.

La crise politique actuelle, mais aussi la crise financière, économique et écologique fait pourtant comprendre à de plus en plus de gens la faillite de ce système et la nécessité de réponses anticapitalistes. Ces crises offrent donc à la fois une opportunité mais aussi une grande responsabilité à la gauche radicale pour incarner une alternative de gauche large et crédible pour répondre au malaise actuel. Ce n'est pas une mission facile, mais il n'y a pas d'autre choix. Les salariés, les allocataires sociaux, les sans-papiers, les exclus… tous ces secteurs souffrent depuis trop longtemps de l'absence d'une réelle représentation politique de gauche de leurs luttes et de leurs besoins sociaux.

Dans nos pays voisins, aux Pays-Bas, en France et en Allemagne, des alternatives de gauches crédibles ont surgi et sont ainsi apparues comme le meilleur antidote contre la droite et l'extrême droite. Avec Van Rompuy Ier les partis bourgeois se sont peut-être offert un petit sursis, mais la situation reste à ce jour plus que jamais fondamentalement bloquée dans ce pays. La crise et la faillite «terminale» de ces partis est peut être encore devant nous, il restera à savoir si la «gauche de la gauche» belge sera capable de s'en saisir afin, elle aussi, d'offrir dans les luttes et dans les urnes une réelle alternative crédible.

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