Sortons du nucléaire ! Une conférence-débat de la Formation Léon Lesoil à Liège !
Par Denis Horman le Mercredi, 07 Mars 2012 PDF Imprimer Envoyer

Le 1er mars 2012, La Formation Léon Lesoil, asbl culturelle de la LCR,  a organisé, à Liège, une conférence débat, « Sortons du nucléaire », avec le soutien du réseau « Nucléaire stop », le collectif « Climat et Justice sociale », le CADTM et ATTAC Liège. Une initiative qui a rassemblé plus d’une trentaine de personnes.

Une initiative, avec une tonalité mobilisatrice, quelques jours avant la manifestation nationale à Bruxelles, le 11 mars prochain, tout juste un an, après la catastrophe nucléaire à la centrale de Fukushima au Japon, survenue le 11 mars 2011.


Cette conférence allait également symboliser ce beau slogan, «les catastrophes nucléaires n’ont pas de frontières…nos résistances non plus » », avec la présence à la tribune, de deux militants antinucléaires venus d’Allemagne, pays qui a connu les plus fortes mobilisations antinucléaires, ces dernières années.


A la tribune, notre camarade Louis Verheyden, militant dans le réseau belge « Nucléaire stop », allait d’emblée insister sur la mobilisation, la nécessité et l’urgence de créer un véritable mouvement de masse pour exiger et obtenir l’arrêt et le démantèlement des centrales nucléaires en Belgique, ainsi qu’un plan précis pour passer aux énergies renouvelables.

Pourquoi stopper le nucléaire ? « Parce que c’est une technologie de mort, où le risque zéro n’existe pas ; Fukushima en est un dernier exemple mortifère », souligne L. Verheyden.

« A cause aussi des déchets radioactifs, qui perdurent pendant des milliers d’années. Et puis, si le réacteur ne produit pas de gaz à effet de serre, la filière - de la mine africaine, via le transport, à la construction de la centrale, l’évacuation et le traitement des déchets-, tout ça produit autant de C02 par kilowattheure que la filière gaz ».

« Electrabel et le gouvernement sont en train de jouer avec nos vies », continue notre militant antinucléaire.« La loi votée en 2003 décrète, pour 2015, la fermeture des trois plus vieux réacteurs – Tihange 1, Doel 2 et Doel 3-. Construits en 1975, ces réacteurs ont 37 ans, alors qu’ilsont été conçus pour durer 25 ans. Mais, aujourd’hui, il est question de prolonger leur vie,bien au-delà des échéances prévues. On la prolonge au mépris de la vie de milliers de gens dont la santé serait gravement affectée, si un accident, comme celui du Japon, devait se produire à Tihange ou Doel. On la prolonge en dépit du fait qu’il est possible de se passer tout de suite de ces trois réacteurs qui produisent  à peine 3% du total de l’énergie nationale ».

L. Verheyden termine en donnant un éclairage à cette position irresponsable : « C’est  notre ancien ministre de l’Energie, le socialiste Paul Magnette, qui nous donnait l’an dernier déjà la raison de la prolongation des centrales. Il s’agit « d’impératifs pratiques et non idéologiques », disait-il. En d’autres termes, seul compte « l’impératif pratique »du profit pour Electrabel. Les bénéfices de centrales nucléaires belges, amorties depuis belle lurette, représentent, pour GDF Suez Electrabel, 1,7 milliard d’euros par an ».


Walter Schoumacher, du comité antinucléaire de Aachen (Aix la Chapelle) allait embrayer surles risques d’accident nucléaire à Tihange. Cela tient d’abord à la durée de vie du réacteur, conçu pour durer 25 ans, concrètement jusqu’en…2000 ! La centrale de Tihange a d’ailleurs connu plusieurs incidents, depuis 1996.

C’est aussi l’existence d’une faille géologique, dans la région liégeoise, qui a provoqué le tremblement de terre de novembre 1983, à Liège, d’une magnitude de 4.7 sur l’échelle de Richter. Un séisme, dans la même région, avait atteint 6.3 sur l’échelle de Richter en …1692. C’est aussi l’intense trafic aérien, de nuit, sur l’aéroport de Bierset, tout près de Tihange.

« En cas d’accident, il faudrait évacuer plus de 5 millions de personnes : Huy, Liège, Namur, Charleroi, mais aussi Maastricht et…Aachen », signale Walter.

Ce n’est pas un hasard si, à la manifestation antinucléaire à Tihange en septembre 2011, il y avait une forte délégation d’Aachen.

Notre militant de l’Anti-AKW Aktionbündnis de Aachen allait encore mettre l’accent sur l’importance et la force du mouvement antinucléaire en Allemagne, qui n’a pas cessé, depuis les années 1970, d’organiser des manifestations. Une des dernières, le 26 mars 2O11, 15 jours après la catastrophe de Fukushima, rassemblait au total 250 000 personnes dans les villes de Berlin, Hambourg, Munich et Cologne.

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Michael Aggelidis, de la formation politique, Die Linke, et qui siège au parlement du land de Rhin Nord-Westphalie, allait d’emblée souligner la victoire que vient d’obtenir le mouvement antinucléaire en Allemagne, fruit de sa ténacité et ses mobilisations.

« Après la catastrophe de Fukushima, le gouvernement d’Angela Merkel a décidé de fermer toutes les centrales nucléaire en Allemagne, d’ici 2022,  en commençant tout de suite par la fermeture des sept réacteurs les plus anciens ». « Mais, précise immédiatement Michael, cette décision est un emballage trompeur de taille ». En effet, si la décision de sortir du nucléaire est positive, le plan de Merkel mise sur la construction de nouvelles centrales électriques au charbon, au lignite, au gaz, bref sur des énergies fossiles, cause du réchauffement climatique de la planète.

« Die Linke s’oppose à cela », précise Michael,  qui signale que la fraction parlementaire du parti Die Linke, en collaboration étroite avec les  organisations de la protection de l’environnement comme Greenpeace et  Bundi (les amis de la Terre en Allemagne), a présenté un programme alternatif pour la sortie du nucléaire en Allemagne pour 2014,  car le débat sur l’avenir de la production énergétique bat son plein chez nous ».

Pour Die Linke, il faut retirer le secteur énergétique des mains des grands trusts, des quatre oligopoles (E.on, RWE, Vattenfall et EnBW) : « Nous, du parti Dide Linke en Rhénanie du Nord-Westphalie, nous nous engageons pour des réseaux électriques en propriété publique et pour le renforcement d’intercommunales de production et de distribution de l’énergie. Le tournant énergétique, qui s’opère sous nos yeux en Allemagne, doit s’organiser de façon démocratique, décentralisée, transparente, ainsi qu’avec une orientation claire vers les économies d’énergie et le passage rapide à 100% d’énergie renouvelable ».

Michael allait conclure, en précisant : « Autant il ne suffit pas d’être contre le nucléaire, sans revendiquer le développement massif des énergies renouvelables, autant il est insuffisant d’ignorer la dimension sociale et de répartition des coûts du tournant énergétique. C’est pourquoi, les mouvements anti-nucléaires et pour la protection du climat doivent d’urgence intensifier la coopération avec les mouvements contre le démontage social, en particulier le mouvement syndical ».


Cela tombait bien ! Notre quatrième intervenant, Jean-Luc Dossin, militant syndical à RISE (le réseau intersyndical francophone, FGTB-CSC, de Sensibilisation à l’Environnement) allait situer l’importance et le rôle de ce réseau intersyndical, qui existe depuis 1996 déjà.

« Ce sont, précise d’emblée Jean-Luc, les instituts de formation des deux syndicats qui sont chargés de sa mise en œuvre : le CEPAG pour la FGTB et la FEC pour la CSC. Les objectifs principaux de RISE veillent à sensibiliser les travailleurs et leurs délégué-e-s aux liens entre les questions sociales et environnementales et à renforcer leur capacité d’intervention sur ces questions. Cette année, nous tiendrons un Forum intersyndical sur le thème : « l’environnement, terrain d’action syndicale-Pour une transition juste ».

Jean-Luc a attiré notre attention sur la visite, faite par une délégation de RISE, d’un projet-piloted’initiative publique à Montdidier, en Picardie (France), dans le domaine des énergies renouvelables. Cette « ville pilote » en maîtrise de l’énergie, mène, depuis une dizaine d’année, une politique qui conjugue préoccupation environnementale, justice sociale et création d’activités économiques (production d’énergies alternatives, filières d’emplois durables, protection des ménages…).

Ce reportage et bien d’autres informations sur les activités de RISE sont accessibles via le site www.rise.be


Télécharger la brochure de la Formation Léon Lesoil publiée à l'occasion de cette conférence (format PDF)




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