Conférence-débat « Une Europe 100% à gauche… et la Belgique ? », un bref aperçu
Par David Dessers le Vendredi, 10 Février 2006 PDF Imprimer Envoyer

Le vendredi 3 février dernier, le POS a organisé une conférence-débat politique dans la superbe salle aux miroirs du « De Markten », au  centre de Bruxelles. Cette rencontre avait essentiellement comme thème l’urgence et la nécessité de construire une alternative politique à gauche en Belgique, notamment après l’importante lutte sociale contre le « Pacte de génération ». Plusieurs orateurs y ont participé : Jef Sleeckx (ex-parlementaire SP.a), M. Lievens (POS), Basile Pot (LCR, militant syndical cheminot, France) et Manuel Kellner (Linkspartei, Allemagne). Cette conférence a suscité un intérêt certain, avec la participation de 84 personnes.

Cette rencontre s’inscrivait également dans le cadre de la campagne "30 ans d’austérité… Ils nous ont trompés ! Une autre politique est possible !" que le POS a lancé à l’automne 2005. Plusieurs exemplaires du livre de cette campagne ont été vendus à notre table de presse et l’ouvrage, qui connaît un beau succès, peut toujours être commandé via ce site dans la rubrique « Une autre politique est possible, une campagne du POS ».

L'auteur de ce livre, M. Lievens, a ouvert le débat du vendredi soir en commençant entre autres par évoquer la contribution de notre courant,  la Quatrième internationale, en Europe, dans la construction de nouvelles et significatives formations politiques anticapitalistes, presque partout sur le continent. Et de citer les exemples de Refondation Communiste en Italie,  le Bloc de Gauche portugais, l’Alliance Rouge-Verte danoise, la Coalition Respect britannique ou encore le Linkspartei allemand. Dans ce contexte d’une émergence et d’une croissance de forces politiques de la gauche radicale, la LCR, organisation-soeur en du POS, ne pouvait ne pas être évoquée. Bien qu’il n’existe pas (encore ?) dans ce pays d’expérience de recomposition à proprement parler à la gauche de la social-démocratie et des Verts, notre organisation française a connu ces dernières années une croissance numérique très importante et une influence politique notable.

M. Lievens a souligné que la Belgique ne peut pas rester indéfiniment l'exception à la règle européenne de cette émergence de nouvelles forces anticapitalistes, surtout après une expérience de lutte telle que celle contre le Pacte de génération qui a une fois de plus démontré que le mouvement ouvrier et social n’a pas de relais politique crédible. Une telle alternative est aussi nécessaire que vitale pour gagner les électeurs mécontents de gauche ou populaires qui se tournent aujourd'hui vers l’extrême droite.

L’orateur suivant, Manuel Kellner milite dans le WASG, la composante ouest-allemande du Linkspartei, la nouvelle force de gauche qui est parvenue à obtenir au cours des dernières élections  8 pour-cent des voix . Manuel a évoqué la construction de cette nouvelle force qui est le résultat d'une longue lutte des syndicats et des mouvements sociaux contre les politiques néolibérales de Gerhard Schröder. Il est frappant de souligner que ce ne sont pas seulement des délégués et des militants de base des syndicats qui ont opté pour créer un nouveau mouvement politique, mais également beaucoup de cadres dirigeants.

Ensemble avec ces forces syndicales, des militants du mouvement alterglobaliste et des organisations de la gauche radicale sont aussi à la base de la création du Linkspartei. De même, des centaines de membres du parti social-démocrate SPD, déçus par l’évolution social-libérale de ce parti, ont choisi de rejoindre la nouvelle force. Le WASG s’est associé avec le PDS allemand pour fonder le nouveau Linkspartei avec comme figure de proue Oskar Lafontaine, ex-dirigeant du SPD. Bien entendu, le Linkspartei est traversé de contradictions et de tensions entre ces différentes composantes, mais son existence même est décisive car il existe désormais une force politique très significative à la gauche des Verts et des sociaux-démocrates dans laquelle la gauche anticapitaliste peut aujourd'hui oeuvrer en son sein dans un cadre plus large, afin de peser sur son évolution.

Notre camarade français Basile Pot a ensuite abordé son expérience en tant que syndicaliste cheminot dans le contexte des luttes sociales en France, l’expérience de la campagne unitaire contre la Constitution européenne et la traduction politique que la LCR souhaite voir émerger après cette belle victoire contre le néolibéralisme. Il a souligné l’importance, pour les anticapitalistes, de tisser des liens avec des forces plus larges à travers l’élaboration d’une plate-forme de revendications et de luttes claire et radicale contre le néolibéralisme. La LCR met ainsi en avant une sorte de programme d’urgence minimum articulé autour d’une série d’exigences (contre le chômage, l'exclusion sociale, les privatisations etc..) et essaye de construire la plus large unité possible autour de ces exigences. Basile Pot a insisté sur l’importance de renforcer la gauche révolutionnaire afin qu’elle puisse jouer un rôle actif, peser réellement dans les luttes et dans la société et aboutir ainsi à l’émergence d’une nouvelle force anticapitaliste de masse.

Dernier orateur, Jef Sleeckx s’est prononcé en des termes très clairs pour la construction d'une alternative politique de gauche en Belgique. Depuis qu’il a mené, ensemble avec Georges Debunne et Lode Van Outrive, une campagne pour exiger un débat démocratique autour de la Constitution européenne, il est régulièrement invité un peu partout comme orateur. Mais c’est surtout au cours et après la lutte contre le pacte de génération que le déclic a eu lieu car, selon lui, la rencontre avec de nombreux délégués et militants syndicaux, tant en Flandre qu’en Belgique francophone, et aussi bien CSC que FGTB, l’a définitivement convaincu de la nécessité de tenter d’avancer vers la création d’une telle alternative. Il a ainsi souvent été confronté à la question : "Jef, pour qui allons nous voter maintenant ?". Pour Sleeckx, le SP.a n’est plus en mesure de regagner les électeurs du Vlaams Belang car il a pris un virage trop droitier.  Il a mis en exergue un sondage selon lequel le VB obtiendrait actuellement 28 pour-cent des voix en Flandre. Il n’y a donc pas de temps à perdre selon lui. « Si nous réussissons déjà à gagner quelques pour-cent du VB, alors c’est intéressant ». Sleeckx a mis l'accent sur le fait qu'un nouveau mouvement politique de gauche doit aussi s'adresser aux travailleurs de la CSC. A ses yeux, une telle initiative ne doit donc pas effrayer les gens avec un profil trop strictement socialiste.

Nous publierons prochainement sur ce site l’intégralité des interventions à cette conférence ainsi que les interventions et le débat avec la salle.

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