La trêve de Gaza : une défaite pour Israël
Par Michel Warschawski le Jeudi, 26 Juin 2008

La trêve conclue le 18 juin entre le gouvernement israélien et le Hamas constitue une double victoire pour le parti islamique palestinien. En premier lieu, il a ébranlé l’obstination israélienne de ne pas négocier avec le Hamas : Ehoud Olmert n’a pas eu d’autre choix que de négocier, de manière indirecte, avec une organisation avec laquelle selon ses propres dires il n’allait jamais dialoguer. En second lieu, Israël s’est vu obligé à stopper son agression contre Gaza et sa population.

EMBARGO contre gouvernement démocratiquement élu

Contrairement à ce qu’affirme la majorité des médias, le récent cycle de violence n’a pas commencé avec les tirs de missiles palestinien « Qassam » sur la ville de Sderot, mais bien avec la décision d’Israël et des Etats-Unis d’assiéger Gaza, d’imposer un embargo international sur une population de plus de 1,5 million de personnes et lancer des centaines de tonnes de bombes et de projectiles sur ce minuscule territoire rempli de gens, tout cela dans le but de forcer la population de Gaza à se défaire d’un gouvernement qu’elle a pourtant démocratiquement élu.

 

GOUVERNEMENTS COLONIAUX IMPUISSANTS

 

Comme peut le comprendre n’importe quelle personne non contaminée par le virus de l’arrogance coloniale, la violence des militaires israéliens ne fait que fortifier la popularité du gouvernement Hamas. On aurait pu attendre d’Olmert et de ses généraux qu’ils tirent quelques leçons du fiasco libanais de 2006 où, en réaction aux bombardements israéliens massifs et à la destruction de Beyrouth, Tir et Bint Jbeil, la majorité du peuple libanais a fait front autour du Hezbollah, y compris de nombreuses femmes et de nombreux hommes qui ne sont nullement en accord avec cette organisation. L’orgueil et la dignité sont des facteurs ayant un poids spécifique dans le jeu politique, mais l’histoire a démontré à maintes reprises que les gouvernements coloniaux sont incapables de les prendre en compte.

 

L’échec de la stratégie qui consiste à imposer des changements par la violence militaire ne représente pas seulement une défaite israélienne mais également un échec de plus de la stratégie néoconservatrice nord-américaine de la « guerre préventive infinie contre le terrorisme ». De l’Afghanistan au Liban, de l’Irak à la Palestine, la stratégie des USA a échoué, comme l’a confirmé le rapport Baker-Hamilton. Et la majeure partie de la classe dirigeante US prie désormais pour que, avant qu’il ne disparaisse définitivement de la scène politique dans quelques mois, le président Bush ne décide de tenter une dernier « coup » dans le vain objectif de réussir là où il a échoué de manière pathétique au cours de la dernière décennie. Un échec qui a coûté la vie à des centaines de milliers de civils innocents, essentiellement au Moyen Orient. 

 

En 2006, Israël s’est vu obligé à se retirer du Liban, laissant derrière lui un gouvernement pro-Etats-Unis plus faible qu’auparavant. Aujourd’hui, en 2008, Israël doit signer une trêve avec le Hamas, ce qui renforce le pouvoir et la popularité du Hamas en Cisjordanie et à Gaza. Benjamin Netanyahou a raison lorsqu’il souligne l’échec de la stratégie de guerre de Bush-Olmert. Cependant, son alternative, pour remédier à l’échec du bombardement et du siège brutal de Gaza consiste à utiliser une violence encore plus grande, à intensifier le siège et à exercer encore plus de pressions internationales contre la population palestinienne.

 

Ce qui n’a pas marché avec la violence marchera-t-il avec plus de violence ? C’est très peu probable… L’orgueil et la dignité sont parfois plus forts que la puissance militaire.

 

Source originale en anglais :

Alternative Information Center,

http://www.alternativenews.org

 

Traduction en français par Ataulfo Riera pour ce site

Voir ci-dessus