10 mars : Nous étions près de 3000 à Tihange pour dire : STOP AU NUCLEAIRE !
Par LCR-Web le Lundi, 11 Mars 2013

Dimanche 10 mars 2013,  deux ans, tout juste, après la catastrophe de Fukushima près de 3000 personnes ont répondu à l’appel de l’association « Nucléaire stop Kernenergie » et du collectif  « stop Tihange ».

Des d’antinucléaires d’Allemagne et des Pays-Bas étaient présente, comme  en septembre 2011 lors de la première manifestation à Tihange, qui avait déjà rassemblé quelque 2000 personnes.

Tout au long du parcours  Huy-Tihange, en Français, en Allemand, en Néerlandais, nous avons dit : NON au redémarrage des réacteurs de Tihange 2 et Doel 3 – actuellement à l’arrêt à cause de milliers de fissures-  et, au-delà de cette mesure politique immédiate à prendre, c’est l’arrêt et le démantèlement de tous les réacteurs nucléaires – et d’abord les plus anciens- que nous exigeons.

Parce que « Nos vies valent plus que leurs centrales et leurs profits », comme le rappelait la banderole du groupe de la LCR et des JAC (jeunes anticapitalistes), dans la manifestation. (LCR-Web)


Ci-joint le discours prononcé, à la fin de la manifestation, par notre camarade Léo Tubbax, un des porte-parole de « Nucléaire Stop Kernenergie ».


Bonjour, Goeiedag, Guten Tag,

Dans tous les pays du monde, où c’est un tant soit peu possible,  il y a des manifestations antinucléaires : hier, avec 20.000 manifestants à Paris ; 20.000 à Grohnde en Allemagne aussi ; aujourd’hui et demain au Japon, pour commémorer la catastrophe nucléaire de Fukushima, et à travers elle, celles de Tchernobyl et de Three Mile Island.

Pourquoi ces manifestations ?

Parce qu’il n’est pas possible de produire de l’électricité par la fission des atomes sans prendre un risque énorme à chaque moment. C’est vrai, il n’y a qu’une catastrophe tous les 25 ans avec 440 réacteurs en service dans le monde. Mais l’ampleur de la catastrophe, les pertes de vie, de santé, les pertes pour la faune, la vie maritime, la flore…,  la catastrophe est telle que le risque est inacceptable d’un point de vue humain. Les intérêts des actionnaires ne peuvent pas être pris en compte face à ce risque- là.

Puis, il y a les déchets. Ils se trouvent derrière moi, ici à Tihange, dans les bassins de refroidissement des barres de combustible usagées, refroidies sans arrêt.

L’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire, l’AFCN, refuse de contrôler ces piscines. Celle de Tihange 1 perd aujourd’hui 1 à 2 litres d’eau radioactive et Electrabel ne parvient pas à boucher la fuite, depuis 2006 ! Pourquoi on n’enlève pas tout simplement les barres ? Parce qu’il y a aucun endroit au monde où on pourrait stocker ces barres de façon sûre pendant les centaines de milliers d’années, le temps nécessaire pour qu’ qu’elles ne deviennent inoffensives.

La troisième raison est la vie de couple, un couple avec une vie commune de 70 ans, entre le nucléaire et l’atomique, qui sont des synonymes qui se cachent. Bombe atomique d’un côté, énergie nucléaire de l’autre. Pourquoi ne parlons- nous pas de la bombe nucléaire tout simplement ? Sans nucléaire civil, il n’y a pas d’atomique militaire ; sans atomique militaire, il n’y aurait jamais eu de nucléaire civil. Des gouvernements criminels continuent à augmenter l’arsenal nucléaire. La Corée du Nord, qui vient encore d’effectuer un essai nucléaire ; la théocratie Iranienne, qui continue à enrichir de l’uranium, à un point où il pourra alimenter la bombe ; des états instables,  comme Israël, le Pakistan, l’Inde, possèdent un arsenal atomique.

Mais balayons avant tout devant notre porte : les bombes atomiques de Kleinen Broghel doivent être renvoyées immédiatement aux USA. Ce sont des armes de destruction massives. C’est insensé d’avoir des engins pareils chez nous, sous le contrôle de l’état le plus guerrier de la planète.

Plus pratiquement,  chacun d’entre nous a besoin d’une certaine quantité d’électricité sûre, propre,  à un prix abordable. Nous soutenons la proposition du ministre Nollet, même si elle est trop timide, d’accorder,  à chaque ménage, un nombre de KWH qui corresponde  à une consommation économe,  par rapport à sa composition.

Pourtant, les alternatives existent. Avant tout, la Belgique, et surtout la Wallonie,  a 50 ans de retard en isolation. La meilleure source d’énergie,  ce sont les négawatt, les watts qu’on économise. En Allemagne, à quelques dizaines de kilomètres d’ici, les sources d’énergie soutenables produisent actuellement plus d’énergie que le nucléaire. Ce que les Allemands font, nous pouvons le faire aussi ! En Belgique, des centrales au gaz très efficaces et modernes et des turbines éoliennes sont souvent à l’arrêt, pour que le nucléaire et le charbon puissent produire un maximum,  à meilleur prix. Nous avons vécu, en plein hiver, avec trois centrales à l’arrêt, et nous n’avons  pas connu de problèmes d’approvisionnement. Nous ne sommes pas retournés à l’âge de la bougie ; ce sont des balivernes. 60% des Belges sont contre le nucléaire aujourd’hui et ce chiffre monte.

Mais, j’ai déjà fait ce discours ici, il y a deux ans. Vous connaissez la chanson.

Quoi de neuf ? Deux choses !

La loi Deleuze, trop timide, a laissé à Electrabel la main mise sur les centrales électriques,  en même temps qu’elle prévoyait qu’on pouvait prolonger la vie des centrales,  s’il y avait pénurie d’électricité. Electrabel a donc fermé ses centrales à gaz, a créé une soi-disant pénurie et a importé du courant de France. Et le gouvernement lui a gentiment accordé l’autorisation de garder le réacteur de Tihange1  ouvert 10 ans de plus, jusqu’à cinquante ans. Un réacteur nucléaire prend sa pension après 30 ans de travail. Electrabel les a poussés à 40 ans selon la loi Deleuze. Ils fermeront Doel 1 et Doel 2 en 2015, pour cause de vétusté, même si chaque réacteur rapporte un million d’euros par jour. C’est que, politiquement,  la pression de la rue, de l’opinion devient trop forte, et, techniquement,  ça devient trop dangereux. Mais,  si c’est dangereux pour Doel1 et Doel2, pourquoi cela ne serait-il pas dangereux pour Tihange1, qui a été construit en même temps, par les mêmes firmes, selon les mêmes plans ? Pourquoi Tihange1 est-elle si spécial? Parce que sa piscine fuit ? Ou parce qu’elle rapporte un million d’euros par jour? Il faut fermer Tihange 1 aujourd’hui, et au plus tard, selon la loi Deleuze, c'est-à-dire en 2015.

Mais, il y a encore plus grave ! Comme l’a déjà dit Joerg, dans la langue de Goethe, ce sont les failles de Tihange2 et Doel3. Vous voyez derrière moi la tour de refroidissement de Tihange 2 qui est à l’arrêt, qui ne lâche pas de vapeur. Ces deux réacteurs présentent des milliers de fissures, 1 cm de long en moyenne, un pouce, 2.5 cm de long, pour les plus grandes, presque 3000 à Tihange 2 presque 8000 à Doel, à 2 km de la Grand-Place d’Anvers. Et ces failles évoluent, s’agrandissent. En cas d’un stop d’urgence, elles pourraient se relier entre elles ; la cuve pourrait céder à ce point de rupture; l’eau bouillante sous pression en giclerait, comme d’une cocotte- minute percée ; et le carburant à l’intérieur sera au sec. Il se  surchauffe, les barres fondent, et nous avons une catastrophe nucléaire sur les bras. Il faudra alors évacuer 5 millions de personnes,  dans un cercle de 75 km autour de Tihange, ou 9 millions de personnes autour de Doel. Nous vivons, depuis 30 ans, à l’ombre d’une catastrophe en puissance.

Comment en est-on arrivé là ? La cupidité des actionnaires d’Electrabel, et disons quand même le nom d’Albert Frère, le plus important actionnaire privé de GDF-Suez, pousse la direction à prendre des risques, à perdre des documents, à mettre la pression sur le personnel, à le soumettre au chantage à l’emploi. Puisqu’ils nous écoutent là-dedans : non, si les réacteurs ferment, aucun de vous ne perdra son travail. Mais si le réacteur pète, c’est vous qui serez sacrifiés, c’est vous les liquidateurs, pas les actionnaires.

Et le contrôle ? L’AFCN, c’est de la vaste blague. Son chef actuel est Jan Bens, qui était directeur de Doel puis de la sécurité d’Electrabel, et qui, maintenant,  doit contrôler son propre travail ! De qui se moque-t-on ? Qu’il dégage !

Nous avons la chance unique aujourd’hui de fermer définitivement ces deux réacteurs, d’empêcher le redémarrage. Pour des raisons techniques : les failles. Mais à cause de leur emplacement, près de zones densément habités. Nous pouvons y arriver ensemble.

Que pouvez-vous faire concrètement ? Changez de fournisseur,  en faveur d’un fournisseur vert ; demandez que votre commune, l’entreprise où vous travaillez en fasse autant ? Eteignez les appareils électriques dont vous n’avez pas besoin. Achetez quelques autocollants, mettez en fièrement sur votre vélo, sur votre auto, sur votre boîte aux lettres.

Et participez aux mobilisations ! Visitez notre site tihange-stop.org. Visitez notre page facebook : stop Tihange. Aidez-nous financièrement, pour que notre voix soit entendue, à côté de celle du Forum Nucléaire.  Vous êtes les 99%, vous pouvez tout réaliser, tout obtenir !


Quelques photos :








Voir ci-dessus