L'Amérique latine et la révolution arabe: Faillite du chavisme?
Par Ataulfo Riera, Santiago Alba Rico, Alma Allende le Dimanche, 27 Février 2011 PDF Imprimer Envoyer

En Europe, les gouvernements tentent d'empêcher la contagion et la solidarité entre les travailleurs européens et les masses arabes en révolte en agitant l'épouvantail de l'islamisme. En Amérique latine, ce sont les dirigeants progressistes vénézuéliens et cubains eux-mêmes qui tentent d'isoler ces révolutions montantes en agitant le caractère prétendument « anti-impérialiste » des régimes despotiques libyen, syrien ou iranien, eux aussi déstabilisés par la lame de fond des peuples en lutte.

La révolution arabe constitue une épreuve de vérité pour l'impérialisme, mais aussi pour les directions cubaine et chaviste. Or, si celles-ci ont également été totalement prises au dépourvu par l'irruption des masses arabes, elles semblent actuellement toujours incapables de saisir la nature, la profondeur et l'unité du processus révolutionnaire en cours dans toute la région. Elle ne semblent nullement comprendre la puissante soif de réelle démocratie, de justice sociale, d'indépendance et de souveraineté qui animent les masses arabes et la formidable opportunité que leurs luttes offrent afin de modifier en profondeur les rapports de force à l'échelle planétaire entre le capital et le travail, et face à l'impérialisme.

L'attitude de Fidel Castro et d'Hugo Chavez par rapport aux événements en Libye est particulièrement choquante. De manière moins affirmée dans le cas du premier et plutôt assumée dans le cas du second, on laisse entendre que la révolte du peuple libyen serait le fruit d'une manipulation, d'un complot impérialiste visant à renverser un régime ennemi. Curieusement, cette « thèse » ne reprend pas la version officielle du régime libyen lui-même, selon laquelle c'est au contraire Al-Qaeda qui se trouve derrière les « émeutes » ! Or, loin de toutes ces thèses conspirationnistes délirantes, il n'y a rien de « singulier » ou de « particulier » dans la révolution en Libye, nul complot étranger ourdi par la CIA ou par Ben Laden; elle s'intègre au contraire pleinement dans le processus de la révolution arabe qui déferle dans toute la région. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard, puisque le régime dictatorial libyen se trouve précisément géographiquement coincé entre la révolution tunisienne et la révolution égyptienne.

Malgré tout, Fidel Castro a déclaré qu’il «faudra attendre le temps nécessaire pour connaître vraiment ce qu’il y a de vrai et de mensonges ou de semi-vérités dans ce qu’on nous dit de la situation chaotique (sic) en Libye». Il en tire pourtant une conclusion immédiate: «Le pire serait maintenant de faire silence sur le crime que l’OTAN s’apprête à commettre contre le peuple libyen. Pour les chefs de cette organisation belliciste, il y a urgence. Il faut le dénoncer.» Le hic c'est que, comme le soulignent Santiago Alba Rico et Alma Allende, ce ne sont pas des avions de l'OTAN qui mitraillent aujourd'hui le peuple libyen, mais bien ceux du régime de Kadhafi! Ainsi, selon Fidel, l’urgence n’est pas à dénoncer le carnage de Kadhafi contre son peuple et de choisir le camp du soulèvement populaire, c'est de manifester contre l’intervention future et hypothétique de l’OTAN. Au nom de la menace d'un crime à peine esquissé, il faudrait donc « faire silence » sur un crime actuel bien réel.

Toujours selon cette conception purement « campiste » (« les ennemis de mes ennemis sont mes amis »), ce 25 février le président Hugo Chavez vient officiellement quant à lui, à l'instar du président nicaraguayen Daniel Ortega, d'apporter son « soutien au gouvernement libyen », au moment même où ce dernier massacre son peuple à l'arme lourde. Certes, il ne fait pas de doute que l'impérialisme est à l'affût et souhaite profiter de la moindre occasion. Certes, il faut dénoncer la double morale de l'impérialisme, qui condamne les victimes civiles en Libye, mais pas en Irak, en Afghanistan ou en Palestine. Mais cela ne justifie aucunement pour autant le soutien à un tyran sanguinaire, qui donne justement une belle occasion à l'impérialisme de reprendre son équilibre et qui, en dépit de sa logorrhée sur la soi-disant "révolution verte", est à la tête d'un système d'exploitation et d'un régime corrompu qui font partie du dispositif impérialiste de pillage de la région et de ses ressources.

Au Venezuela, des organisations révolutionnaires telles que Marea Socialista ont clairement pris position en faveur du peuple libyen et contre le dictateur Kadhafi. Nous ne pouvons qu'éspérer que les travailleurs vénézuéliens et cubains feront preuve d'une meilleure capacité de discernement que leurs dirigeants. Mais, même en cas d'un sursaut et d'une rectification, il ne fait aucun doute que les déclarations catastrophiques de Chavez vont immédiatement et durablement ruiner le prestige immense dont il jouissait jusqu'à présent auprès des masses arabes. Cette popularité est née de son opposition déclarée à la guerre et à l'occupation de l'Afghanistan en 2001 et de Irak en 2003, ainsi qu'à l'agression contre le Liban par Israël en 2006. Elle a atteint son point culminant en janvier 2009, lorsqu'il décida l'expulsion de l'ambassadeur d'Israël et d'une partie du personnel de l'ambassade pour protester contre le massacre perpétré par l'État sioniste contre la population de Gaza, marquant ainsi sa « solidarité sans restriction avec le peuple palestinien héroïque ». Le plus grave étant que, à travers la figure de Chavez, c'est le prestige d'une alternative identifiée comme progressiste et voulant construire le « socialisme du XXIe siècle » qui risque d'être frappée d'un profond discrédit dans le monde arabe.

Cette attitude constitue un cadeau en or pour les forces réactionnaires et impérialistes qui, actuellement désorientées par l'ampleur des événements, cherchent coûte que coûte à reprendre la main, à contrôler ou à stopper la révolution arabe. En outre, en se rangeant honteusement au côté du tyran libyen, la direction chaviste se tire également une balle dans le pied en offrant des munitions à ses propres adversaires et détracteurs, qui ne cessent de l'accuser sans fondement d'être de nature « dictatoriale ».

En Europe, en Amérique latine, aux États-Unis ou en Asie, le peuple arabe — qui est aujourd'hui à l'avant-garde de la lutte anti-impérialiste — doit recevoir un appui sans réserve de la part de l'ensemble des forces progressistes du monde. Ce n'est qu'ainsi que l'on disputera efficacement à l'impérialisme sa prétention hypocrite à incarner les intérêts démocratiques des peuples et que l'on écartera effectivement toute menace, réelle ou agitée à dessein, d'une intervention militaire.

Ataulfo Riera


Du monde arabe à l'Amérique latine: que se passe-t-il avec la Libye?

Par Santiago Alba Rico et Alma Allende

Nous avons le sentiment qu'un grand processus d'émancipation mondial peut être avorté par l'implacable férocité de Kadhafi, l'intervention états-unienne et le manque de clairvoyance de l'Amérique latine. Nous résumerons ainsi la situation: dans une zone du monde à nouveau liée par de fortes solidarités internes, de laquelle on n'attendait que léthargie ou fanatisme religieux, a surgi une vague de soulèvements populaires qui menacent de faire tomber, l'un après l'autre, tous les alliés des puissances occidentales dans la région.

Indépendament des nombreuses différences locales, ces soulèvements ont quelque chose en commun qui, sans doute aucun, les distinguent radicalement des « révolutions colorées », rose ou orange, promues par le capitalisme dans l'ex-Union soviétique. Elles exigent la démocratie, certes, mais loin d'êtres fascinées par l'Europe ou les États-Unis, elles sont les dépositaires d'une longue, profonde et radicale tradition anti-impérialiste forgée en Palestine et en Irak.

Dans ces soulèvements populaires arabes, il n'y a pas de socialisme, mais il n'y a pas non plus d'islamisme, ni non plus – et c'est le plus important – de séduction européocentrée. Il s'agit en même temps d'une révolte économique et sociale et d'une révolution démocratique, nationaliste et anticoloniale, ce qui offre immédiatement, quarante ans après leur défaite, une chance inespérée pour les gauches socialistes et panarabistes de la région.

L'Amérique latine progressiste, dont les processus d'émancipation pionniers constituent l'espérance de l'anti-impérialisme mondial, doit aujourd'hui soutenir sans réserve le monde arabe et couper l'herbe sous le pied aux puissances occidentales, débordées par les événéments. Kadhafi offre maintenant à ces puissances l'opportunité d'un retour – militaire, sans doute, mais surtout propagandiste – en leur permettant de se présenter comme les paladins des droits humains et de la démocratie.

Ce discours est peu crédible dans cette région du monde, où Fidel Castro et Hugo Chavez jouissent d'une énorme popularité. Mais si l'Amérique latine s'aligne, de manière active ou passive, au côté du tyran libyen, non seulement les processus en cours – tellement contagieux qu'ils ont des conséquences en Europe et jusqu'au Wisconsin – se verront irrémédiablement stoppés, mais en outre, il se produira une nouvelle fracture dans le camp anti-impérialiste que les États-Unis, toujours vigilants, saisiront afin de récupérer le terrain perdu.

Une telle chose est déjà en train de se produire, comme résultat d'une combinaison de méconnaissance et d'un anti-impérialisme schématique et sommaire. Les peuples arabes, qui reviennent sur la scène de l'histoire, ont besoin du soutien de leurs frères latino-américains, mais c'est surtout les rapports de forces mondiaux qui ne peuvent permettre la moindre hésitation de la part de Cuba et du Venezuela car, autrement, ce sont ces pays et avec eux toute l'Amérique latine et l'espoir d'une transformation à l'échelle planétaire qui en souffriront.

On peut alléguer que nous savons peu de choses sur ce qui se passe en Libye et nourrir des soupçons sur les condamnations occidentales, médiatiques et institutionnelles de ces derniers jours. Nous sommes bien d'accord. Les impérialistes sont très intelligents. Ayant des intérêts concrets dans la région, ils ont défendu jusqu'au bout leurs dictateurs, mais quand ils ont compris que cela devenait insoutenable, ils les ont laissé tomber pour choisir une autre stratégie: appuyer des processus démocratiques contrôlés, sélectionner des minorités postmodernes comme moteur de changements limités et déployer sans pudeur, sachant que la mémoire est courte, une nouvelle rhétorique démocratique.

Il faut bien sûr s'opposer à n'importe quelle ingérence occidentale, mais nous ne croyons sincèrement pas que l'OTAN va envahir la Libye. Ce qui semble exact en revanche, c'est que cette menace, à peine esquissée, a comme conséquence immédiate d'embrouiller et de diviser le camp anti-impérialiste, et cela jusqu'au point de nous faire oublier quelque chose que nous devrions pourtant savoir: qui est Kadhafi. L'oublier peut produire au moins trois effets terribles: briser les liens de solidarité avec les mouvements populaires arabes, donner une légitimité aux accusations contre le Venezuela et Cuba et redonner au contraire un verni de légitimité aux discours démocratiques impérialistes, aujourd'hui pour le moins en mauvais état. Ce qui constituerait, sans nul doute, un triomphe pour les intérêts impérialistes dans la région.

Kadhafi a été pendant ces dix dernières années un grand ami de l'Union européenne, des États-Unis et de leurs dictateurs alliés dans la région. Il suffit de rappeller les déclarations de soutien incendiaires du Caligula libyen en faveur du dictateur Ben Ali, dont les milices ont certainement été approvisionnées en armes et en argent par Tripoli après le 14 janvier. Il suffit de rappeller également la docile collaboration de Kadhafi avec les États-Unis dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme ». La collaboration politique s'est accompagnée de liens économiques étroits avec l'UE, et notamment l'Espagne, la vente de pétrole à l'Allemagne, l'Italie, la France et les États-Unis, parallèlement à l'ouverture du pays aux grandes multinationales occidentales (l'espagnole Repsol, la britannique British Petroleum, la française Total, l'italienne ENI ou l'autrichienne OM). Sans parler des juteux contrats avec les grandes entreprises de construction européennes. En outre, la France et les États-Unis n'ont cessé de fournir les armes qui servent aujourd'hui à tuer son propre peuple, notamment par des attaques aériennes, suivant ainsi l'exemple de l'Italie coloniale en 1911.

En 2008, l'ex-secrétaire d'État Condoleeza Rice l'a très clairement exprimé: « La Libye et les États-Unis partagent des intérêts permanents: la coopération dans la lutte contre le terrorisme, le commerce, la prolifération nucléaire, l'Afrique, les droits de l'Homme et la démocratie ».

Quand Kadhafi a visité la France en décembre 2007, Ayman El-Kayman a résumé ainsi la situation: « Il y a près de dix ans, Kadhafi a cessé d'être pour l'Occident démocratique un individu peu recommandable. Afin d'être retiré de la liste des États terroristes dressée par les États-Unis, il a reconnu sa responsabilité dans l'attentat de Lockerbie. Pour normaliser ses relations avec le Royaume Uni, il a donné les noms de tous les républicains irlandais qui s'étaient réfugiés en Libye. Pour normaliser celles avec les États-Unis, il a donné toutes les informations sur les Libyens suspectés de participer au Djihad avec Ben Laden et a renoncé à ses “armes de destruction massive”, en plus de demander à la Syrie de faire de même. Pour normaliser ses relations avec l'Union européenne, il s'est transformé en gardien de camps de concentration où sont internés des milliers d'africains qui tentent de gagner l'Europe. Pour normaliser ses relations avec son voisin Ben Ali, il lui a remis des opposants réfugiés en Libye ».

Comme on le voit, Kadhafi n'est ni un révolutionnaire, ni un allié, ne serait-ce que tactique, des révolutionnaires du monde. En 2008, Fidel Castro et Hugo Chavez (ensemble avec le Mercosur) ont dénoncé à juste titre la « Directive de la Honte » européenne qui renforce la déjà très sévère persécution des sans papiers. De tous les crimes de Kadhafi, celui qui est sans doute le plus grave et le moins connu est sa complicité avec la politique migratoire de l'UE, et particulièrement italienne.

Celui qui souhaite une ample information sur cette question peut lire « Il Mare di mezzo », du courageux journaliste Gabriele del Grande, ou consulter sa page Internet, « Fortresseurope », où sont compilés certains documents effrayants. Déjà en 2006 Human Rights Watch et Afvic dénonçaient les arrestations arbitraires et les tortures dans les centres de détention libyens financés par l'Italie. L'accord Berlusconi-Kadhafi de 2003 peut être lu intégralement sur la page web de Gabriele del Grande et ses conséquences se résument de manière succinte et douleureuse dans le cri de Farah Anam, qui s'est échappée d'un camp de la mort libyen; « Je préfère mourir dans la mer que de revenir en Libye ». Malgré les plaintes, qui évoquent de véritables pratiques d'extermination – ou sans doute à cause d'elles, car elles démontrent l'efficacité de Kadhafi comme gardien de l'Europe – la Commission européenne a signé en octobre dernier un « Agenda de coopération » pour la « gestion des flux migratoire » et le « contrôle des frontières », valable jusqu'en 2013 et accompagné par la remise à la Libye d'une somme de 50 millions d'euros.

La relation de l'UE avec Kadhafi frise la soumission. Berlusconi, Sarkozy, Zapatero et Blair l'ont tous reçus à bras ouvert en 2007 et Zapatero lui-même s'est rendu à Tripoli en 2010. Même le roi d'Espagne Juan Carlos s'est déplacé dans la capitale libyenne en janvier 2009 afin de faire la promotion des entreprises espagnoles. D'autre part, l'UE n'a jamais hésité à s'humillier, elle s'est excusée publiquement le 27 mars 2010 au travers du ministre espagnol des Affaires étrangères de l'époque, Miguel Ángel Moratinos, pour avoir interdit à 188 citoyens libyens l'entrée en Europe à cause du conflit entre la Suisse et la Libye pour l'arrestation du fils de Kadhafi à Genève, accusé d'avoir maltraité son personnel domestique. Pire encore: l'UE n' a pas émis la moindre protestation quand Kadhafi a mené des représailles économiques et commerciales contre la Suisse, ni lorsqu'il a lancé un appel à la « guerre sainte » contre ce pays, ni quand il déclara publiquement son désir qu'elle soit « rayée de la carte ».

Et, si aujourd'hui, ces amis impérialistes de Kadhafi – qui voient bien comment le monde arabe est en révolte sans qu'ils puissent y mettre un terme – condamnent la dictature libyenne et parlent de démocratie, alors nous n'avons aucune raison d'hésiter.

Au lieu de cela, certains appliquent une vision particulière de la lutte anti-impérialistes, avec des théories du complot et une paradoxale méfiance envers les peuples. On demande du temps pour que se dispersent les nuages de poussière soulevés par les bombes lancées depuis le ciel  – afin d'être certains qu'il n'y a pas en dessous un cadavre de la CIA. Et cela quand on n'appuie pas directement, comme le fait le gouvernement du Nicaragua, un criminel dont le contact, même lointain, ne peut que salir pour toujours n'importe quelle personne qui se proclame de gauche ou progressiste. Ce n'est pas l'OTAN qui bombarde actuellement les Libyens, mais bien Kadhafi. « Fusil contre fusil » telle est la chanson de la révolution; « missile contre civil », voilà quelque chose nous ne pouvons pas accepter et avant de nous poser la moindre question, nous devons condamner cela avec toute notre énergie et indignation. Mais posons nous également des questions, quoique les réponses que nous avons déjà – aussi peu nombreuses soient-elles – suffisent amplement à montrer de quel côté doivent être en ce moment les révolutionnaires du monde entier.

Espérons que Kadhafi va tomber – et de préférence aujourd'hui plutôt que demain – et que l'Amérique latine comprenne que ce qui se passe en ce moment dans le monde arabe a beaucoup plus à voir, non pas avec des plans machiavéliques de l'UE et des États-Unis (qui sans aucun doute tentent de manœuvrer dans les coulisses), mais bien avec les processus ouverts dans Notre Amérique, celles de tous, celle de l'ALBA et de la dignité, initiés depuis le début des années 1990, suivant en cela l'étoile de Cuba allumée en 1958.

La chance est grande, et elle pourrait être la dernière, d'inverser définitivement les rapports de forces actuels et d'isoler les puissances impérialistes dans un nouveau cadre global. Ne tombons pas dans un piège trop facile. Ne méprisons pas les arabes. Ils ne sont pas socialistes, mais au cours de ces derniers mois, de manière inéspérée, ils ont mis à nu l'hypocrisie de l'UE et des États-Unis, ils ont exprimé leur désir d'une démocratie authentique, loin de toute forme de tutelle coloniale. Ils ont ouvert un espace qui permet de mettre en difficulté, à partir de la gauche, les tentatives de sauvetage du capitalisme.

C'est l'Amérique latine de l'ALBA, celle du Che et de Playa Giron, dont le prestige dans cette région était encore intact hier, qui doit soutenir le processus avant que l'horloge du monde commence à revenir en arrière. Les pays capitalistes ont des « intérêts », les pays socialistes seulement des « limites ». Beaucoup de ces intérêts étaient avec Kadhafi, mais aucune de ces « limites » n'a rien à voir avec lui. C'est un criminel doublé d'un imposteur. S'il vous plaît, camarades révolutionnaires d'Amérique latine, les camarades révolutionnaires du monde arabe vous demandent de ne pas le soutenir.

Publié sur www.rebelion.org . Traduction française par Ataulfo Riera pour le site www.lcr-lagauche.be


Déclaration de Marea Socialista, courant marxiste révolutionnaire vénézuélien: Kadhafi massacre des manifestants désarmés. Le peuple libyen vaincra!

La révolution arabe s'est installée en Libye. Et elle y a pris le visage le plus violent. Le gouvernement de Kadhafi a déclenché un massacre qui démontre aux peuples du monde l'horreur dont sont capables les dictateurs soumis ou non à l'impérialisme. Les bombardements aériens de manifestants dans la seconde ville du pays et les tirs dans Tripoli, la capitale, témoignent de ce massacre.

Certains, dans le monde, prétendent douter de la réalité de ce soulèvement. Ils mettent en avant les intérêts de l'OTAN et de l'impérialisme, leurs efforts afin de maintenir le contrôle sur le pétrole et le gaz libyen et dans tout le monde arabe. Cet argument est faux bien que cet intérêt existe.

S'il fallait une preuve, la seule mesure prise par le régime de couper les communication avec l'étranger, le téléphone fixe et Internet, est une mesure de guerre d'un État. Mais dans ce cas-ci, cette mesure est prise à l'encontre d'un peuple en révolte contre une dictature.

D'un leader nationaliste à la fin des années 60 du siècle dernier, Kadhafi est devenu un dictateur capitaliste partenaire de l'Union européenne à laquelle il livre le pétrole de son désert et qui est accepté par les États-unis. Le prix de cette métamorphose, c'est le peuple libyen qui l'a payé et le paie aujourd'hui.

Ceux-là mêmes qui mettent en doute la réalité des faits suggèrent également, bien que de manière moins ouverte, que la même chose se produit avec les révolutions en Tunisie et en Égypte. Mais aucun des « défenseurs du peuple libyen » contre les intentions de l'OTAN ne s'est prononcé en faveur des changements démocratiques exigés par ces peuples. Et ils ne condamnent pas ouvertement les massacres qui sont en train de se produire. (…)

C'est une authentique insurrection populaire qui a lieu en ce moment en Libye. Mais quelle que soit la conclusion de ce chapitre de la révolution démocratique en Libye, ce ne sera pas avec un secteur de l'ancien régime qui tentera d'imposer une issue ordonnée. Il ne restera aucune pierre de ce régime et de son dictateur.

Vive la révolution démocratique arabe!

Marea Socialista se prononce catégoriquement en solidarité avec le peuple libyen et avec le peuple arabe en lutte pour conquérir la liberté et la démocratie. En dessous du tissus de mensonges ou des fausses interprétations intéressées, il y a la réalité d'un peuple jugulé pendant près d'un demi siècle.

Les transformations démocratiques qu'exigent les peuples arabes ne concernent pas seulement le droit de vote. Il y a aussi, et surtout, la volonté d'avoir une vie digne. Travail, niveau de vie et persperctive d'avenir, tout cela était nié par ces dictateurs et leur régime. Les peuples, les masses de cette région du monde, ont trouvé le chemin de la lutte pour obtenir ce qu'ils veulent. Ce spectre hante tous les continents. Et dans leur lutte, ils ont ouvert les portes à la révolution internationale contre le capitalisme et leur régime d'oppression et de misère.

Stop aux massacres en Libye! Vive la révolution arabe!

Caracas, 22 février 2011

Stalin Pérez, Gonzalo Gómez, Vilma Vivas, Osman Cañizales, Christian Pereyra, Alexander Marín, Zuleika Matamoros, Juan García, William Serafino, Cesar Romero


Chavez dénonce la double morale de la communauté internationale et rejette toute intervention en Libye

Le président du Venezuela, Hugo Chavez, a regretté ce vendredi (25 février, NdT) la situation que traverse la Libye et a dénoncé la manipulation médiatique et la double morale de la communauté internationale, qui s'empresse de condamner le gouvernement de Muammar Kadhafi, mais qui garde le silence sur les violations des droits humains dans des pays comme l'Afghanistan ou l'Irak. Il a également opté en faveur de la paix et condamné la violence.

« Ceux qui condamnent immédiatement la Libye sont muets devant les bombardements menés par l'État d'Israël contre Falloujah, et les milliers et milliers de morts, y compris des enfants, des femmes, des familles entières; il se taisent face aux bombardements et aux massacres en Irak en Afghanistan, ils n'ont pas de morale alors pour condamner qui que ce soit », a déclaré le chef de l'État, en exprimant le vœux que la Libye trouve son chemin de manière pacifique.

« Nous condamnons la violence, l'impérialisme, l'interventionisme », a-t-il ajouté.

Il a rappelé que, tout comme on accuse aujourd'hui Kadhafi, en 2002, quand il fut brièvement déposé par un coup d'État, il fut également accusé d'être un « assassin » de son peuple.

« Et la condamnation immédiate, c'est également comme ils m'ont condamné, moi. L'assassin Chávez qui donné l'ordre de massacrer le peuple désarmé », a déclaré Chavez qui, le 11 avril 2002, fut accusé par les médias et certains pays de perpétrer un massacre au Pont Yaguno, dans le centre de la capitale, Caracas, où se trouvaient deux manifestations, contre et pour sa gestion. Trois enquêtes rigoureuses ont clairement démontré que ce jour là, dans les édifices proches du lieu, des francs-tireurs ont agit, certains d'entre eux étrangers.

Chávez, qui a réitéré l'amitié qui l'unit avec Kadhafi, a déclaré qu'il ne peut dire qu'il soutient « ou que je suis en faveur ou que j'applaudis n'importe quelle décision que prend un ami à moi dans n'importe quelle partie du monde. Non ».

« Mais nous soutenons le gouvernement de la Libye, l'indépendance de la Libye, nous voulons la paix pour la Libye, la paix pour tous les peuples du monde et nous devons nous opposer avec force à toutes les prétentions interventionistes » a-t-il souligné.

Il a réitéré l'engagement de son gouvernement pour la paix mondiale et ses sentiments pour les peuples arabes.

« Tout le monde connaît notre position en faveur de la vie, tout le monde connaît notre lutte pour la paix, tout le monde sait que nous aimons tous les peuples, comme nous aimons et chérissons le peuple arabe (…) et comment ces peuples nous aiment », a-t-il ajouté.

Il a également mis en exergue le travail journalistique réalisé par TeleSUR dans ce pays d'Afrique du Nord

Le chef de l'État a expliqué que, depuis le début des révoltes populaires en Afrique du Nord et au Moyen Orient, son gouvernement a préféré garder un « silence prudent ».

« Nous avons gardé un silence prudent parce qu'en premier lieu il y a beaucoup de désinformation, pas seulement dans le cas de la Libye, dans le cas de l'Égypte nous avons été très prudents et je l'ai dit à Nicolas (Maduro, ministre des Affaires étrangères, NdT): Nicolas, prudence, parce que nous savons, nous sommes habitués à la manipulation médiatique mondiale ».

teleSUR – MM, 26 février 2011


Voir ci-dessus