Kazakhstan : Plus que jamais, besoin de solidarité internationale !
Par LCR-Web le Mardi, 20 Décembre 2011 PDF Imprimer Envoyer

Suite à la répression sanglante menée par l’armée contre une foule de manifestants ce vendredi 16 décembre au Kazakhstan, lcr-lagauche publie une série d’articles qui témoignent de la violence quotidienne subie par la classe des travailleurs/euses depuis la restauration du capitalisme et l’instauration d’une dictature népotique sans scrupules dans cette ex-république soviétique. Il s’agit des communiqués concernant le massacre du 16 décembre publiés par le RSD – Mouvement socialiste de Russie – et le Mouvement socialiste du Kazakhstan, ainsi que d’une interview d’Esenbek Ouktechbaev, président du syndicat « Janartou » et un des leaders du Mouvement socialiste du Kazakhstan. Celui-ci a récemment été contraint de quitter son pays suite aux poursuites lancées par les autorités contre les travailleurs du secteur pétrolier en grève dans la région de Manguistaou.


Nous n’oublierons pas ! Nous ne pardonnerons pas !

RSD (Mouvement socialiste de Russie), 17 décembre 2011

La date du 16 décembre 2011 qui marquait les vingt ans d’indépendance du Kazakhstan restera dans les mémoires comme un jour sombre de l’histoire de la République. Se pliant aux ordres criminels de leurs supérieurs hiérarchiques, les policiers et l’armée ont ouvert le feu sur une foule de travailleurs non armés dans la ville de Janaozen, au sud du pays. Le nombre exact de victime n’est pas encore connu, mais des données préliminaires parlent déjà de plusieurs dizaines de tués et de centaines de blessés. Depuis hier matin, les autorités ont bloqué l’accès à internet et ainsi que la connexion par téléphone mobile avec la ville pour cacher l’ampleur sans précédent du massacre.

Ce qu’il s’est passé hier est le résultat du conflit qui oppose depuis un an et demi déjà les travailleurs du secteur pétrolier et la direction de la compagnie « Kazakhmounaïgaz », contrôlée par des proches du Président Nazarbaev. Des militants syndicaux ont été envoyés en prison grâce à des accusations montées de toutes pièces ; ils ont été agressés et parfois assassinés après des réunions et sur leurs lieux de travail ; leurs femmes et leurs enfants ont été la cible de campagnes d’intimidation. Tout cela s’est déroulé de façon brutale et on ne peut plus sérieuse dès le départ, comme c’est toujours le cas quand il s’agit de profit.

Hier matin, des troubles ont éclaté à Janaozen suite à des provocations policières. Un massacre sauvage s’en est suivit sans délais. Cela ne fait aucun doute : les policiers et leurs supérieurs ont reçus leurs ordres du vieux dictateur en personne. Celui-ci est prêt à tout pour conserver son pouvoir et ses richesses. Noursoultan Nazarbaev peut bien être désigné comme le principal responsable de la tragédie d’hier. Il a sur les mains le sang de simples travailleurs qui n’exigeaient rien d’autre qu’une vie digne et le respect de leur labeur.

Aujourd’hui des rassemblements de protestations auront lieu dans de nombreuses villes du Kazakhstan. La population n’écoutera pas la peur et descendra dans la rue pour crier sa colère à cette dictature inhumaine et aux corporations dont celle-ci est prête à défendre les intérêts quel qu’en soit le prix humain. Aujourd’hui, notre colère, notre rage de protester et notre solidarité vont aux travailleurs de Janaozen et au peuple du Kazakhstan.

Non à la dictature ! Non au capitalisme ! Nous n’oublierons pas ! Nous ne pardonnerons pas !





Déclaration du Mouvement socialiste du Kazakhstan

Ce 16 décembre, jour marquant les 20 ans d’indépendance du pays, un rassemblement pacifique réunissait comme prévu les travailleurs du secteur pétrolier en grève et la population locale les soutenant sur la place centrale de Janaozen. Plus de 5000 personnes étaient présentes et les autorités avaient à l’occasion préparé une campagne de provocation. Une voiture de police s’est jetée sur la foule des manifestants, ce qui a provoqué de vives réactions des travailleurs. Ceux-ci ont en effet renversé le combi et pris d’assaut la mairie de Janaozen ainsi que le bureau de la direction de « Ozenmounaïgaz ». Selon différents témoignages, on aurait bouté le feu à ces deux édifices. Des voitures et autobus de police ont été renversés. Les policiers qui avaient provoqué la foule se sont dispersés et des troupes chargées de la protection du territoire ont été introduites dans la ville.

Selon les représentants des travailleurs en grève, des armes à feu ont été employées contre la foule non armée, et le nombre de victimes atteindrait déjà 20 personnes. On compte aussi de nombreux blessés. La fusillade est toujours en cours dans le centre de Janaozen. Il est pratiquement impossible d’apporter plus de précisions à ces informations car la communication par téléphone mobile a  été coupée dans la ville et les alentours. Le site socialismkz.info, qui transmettait toutes les informations presqu’en direct est bloqué sur le territoire du Kazakhstan. Tous les sites d’information et de journaux locaux sont également bloqués dans la région de Manguistaou, tout comme les réseaux sociaux.

Les publications proches du pouvoir et les organes de maintien de l’ordre se sont empressés de présenter les actions des travailleurs et de la population de Janaozen comme le fait de Hooligans. Ils tentent de créer une image négative des travailleurs du secteur pétrolier au sein de la population et de cacher le vrai nombre de victimes. Le site mail.ru mène une évidente campagne de diffamation, puisqu’il affirme que les travailleurs s’en sont pris à des enfants au cours d’un concert de célébration. Nous affirmons qu’il n’y avait pas un seul enfant sur la place de Janaozen et que c’est la police qui s’en est pris en premier lieu à la foule des travailleurs et à la population. Nous engageons toute notre responsabilité dans cette affirmation.

Ce massacre nous montre que les autorités sont décidées à réprimer la grève des travailleurs de Manguistaou par la force sauvage et à écraser le mouvement des travailleurs dans le sang. Les victimes au sein de la population civile constituent la pire des hontes pour ce régime qui préfère avoir  recours aux armes faces à des grévistes plutôt que résoudre un conflit de travail qui dure depuis sept mois.

Nous appelons tous les citoyen-NE-s du pays et les travailleurs/euses du Kazakhstan à prendre la défense de leurs camarades qui sont en train de se faire tuer et à montrer leur désaccord aux autorités. Nous appelons à la grève générale et à des actions de désobéissance civile. Nous appelons également les Kazakhstanais-ES à boycotter les élections parlementaires en signe de protestation contre ce massacre perpétré contre les travailleurs du pétrole de Janaozen.

Nous demandons également aux organisations de gauche, aux syndicats et aux organisations de travailleurs à travers le monde d’exprimer leur désaccord et de mener des actions devant les représentations diplomatiques du Kazakhstan.



 



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