"Quelle écologie? Quel socialisme? Quelle transition?" La brochure est disponible en Belgique
Par LCR-Web le Vendredi, 09 Août 2013 PDF Imprimer Envoyer

Nous avons déjà présenté à nos lecteurs la brochure sur le "Manifeste écosocialiste » du Parti de Gauche (France) co-éditée par le NPA et la Formation Lesoil (lire ici). Cette brochure est maintenant disponible en Belgique. Nous reproduisons ci-dessous quelques extraits de l’introduction. L’auteur de ce texte, notre camarade Daniel Tanuro, avait publié il y a quelques mois dans « Contretemps » un premier article de commentaire sur le « Manifeste écosocialiste » du PG (voir ici).  Coresponsable de la Commission écologie du PG, Mathieu Agostini a « salué cette contribution de qualité » et formulé une réponse intéressante, tout en appelant à « continuer le débat » (voir ici). Pour notre part, telle est bien notre volonté. Quoique rédigée avant la publication de la réponse de Mathieu Agostini, la brochure éditée conjointement par le NPA et la Formation Lesoil s’inscrit dans cette démarche. (LCR-Web)

Le concept d’écosocialisme suscite un intérêt croissant, sous toutes les latitudes. (…) Jusqu’à récemment, toutefois, (il) apparaissait comme une utopie radicale aux contours flous, à laquelle n’adhéraient que des individus, des associations et des organisations politiques marginales, souvent d’obédience marxiste et révolutionnaire. Cette situation a commencé à changer il y a quelques années : dans les pays nordiques, par exemple, l'Alliance de la gauche verte, qui regroupe des partis assez modérés et ayant pignon sur rue en Suède, au Danemark, en Finlande et en Norvège, se réclame d’un écosocialisme. (…)

Les 1er et 2 décembre 2012, le Parti de Gauche organisait à Paris des « Assises pour l’écosocialisme ». Quelque 500 personnes étaient présentes, des milliers d’autres suivaient l’événement sur internet. Plusieurs débats fort intéressants se succédaient, permettant à divers courants politiques d’exprimer leurs vues et leur sensibilité. (…) Cette manifestation constitue un événement tout à fait remarquable. Alors que les problématiques écologiques tendent à être occultées par la récession économique la plus grave depuis les années trente, une organisation de gauche, composante d’un front qui bénéficie de soutiens significatifs dans le mouvement syndical et dont le candidat a fait 11% des voix à l’élection présidentielle,  organise un grand débat sur le lien entre crise sociale et crise environnementale, et choisit de se réclamer de l’écosocialisme.

Face à la social-démocratie qui gère la régression sociale et la catastrophe écologique, face à l’écologie politique qui se coule dans le moule du soi-disant « capitalisme vert », face enfin aux grandes ONG environnementales qui jouent le jeu de la gouvernance néolibérale, les Assises du Parti de Gauche font naître l’espoir d’une alternative à la fois rouge et verte, réconciliant le progrès social et la défense de l’environnement dans la perspective d’un changement profond de société et de civilisation.

En vue des Assises, un projet de Manifeste en 18 thèses a été rédigé. Ce document est important : c’est en effet la première fois, à notre connaissance, qu’un parti politique ayant une telle surface fait une tentative aussi ambitieuse d’élaboration et de renouvellement programmatiques dans le sens de l’écosocialisme. De plus, faisant preuve d’ouverture, les organisateurs ont eu la bonne idée de soumettre ce texte à un large débat public. Ils ont appelé les organisations et les personnes intéressées, en France et ailleurs, à réagir par des amendements ou des contributions.

Le texte qui suit est une réponse à cette invitation. Afin d’être le plus précis et nuancé possible, on a choisi de procéder systématiquement. Le texte de chacune des thèses proposées par le Parti de Gauche est reproduit intégralement avant d’être commenté. Cette méthode a l’inconvénient d’une certaine lourdeur - car plusieurs thèses se recoupent, mais elle présente l’avantage d’indiquer clairement les points sensibles, voire de mettre en lumière certaines contradictions du texte. La version utilisée est celle qui a été adoptée par le congrès du PG en mars 2013 . (…)

Comment faire prise ? Quel programme de revendications mettre en avant ? Quelles pratiques développer, avec quels acteurs? Comment poser la question du pouvoir, donc du gouvernement ? Quelles articulations entre le local, le national et le global ? Telles sont quelques-unes des grandes questions soulevées. Les réponses sont loin, très loin d’être évidentes, parce qu’il y a un gouffre entre l’extrême radicalité des mesures anticapitalistes nécessaires objectivement, d’une part, et ce que les rapports de forces sociaux, politiques et idéologiques permettent d’envisager aujourd’hui, d’autre part. En fait, toute personne honnête ne peut que le reconnaître et avouer humblement une certaine perplexité face à l’ampleur du problème. (…)

Dans son intervention aux Assises, Corinne Morel Darleux a appelé à « une rupture avec l’écologisme compatible avec le capitalisme ». La coordinatrice du Manifeste a ajouté qu’un « socialisme qui ne prend pas en compte la dimension écologique » n’est pas suffisant, tandis qu’un « écologisme qui n’est pas socialiste ne mène nulle part». Cette conviction est aussi celle de l’auteur. L’Histoire enseigne cependant que les principales tentatives socialistes du siècle écoulé, plutôt que de mener « nulle part », ont contribué à nous conduire dans une impasse profonde. La prise en compte de la dimension écologique ne suffira pas à surmonter ce traumatisme, car celui-ci ne découle pas seulement de l’ignorance des limites de la planète. D’autre part, c’est généralement au prix d’une banalisation des périls environnementaux (ou, pour certains, d’une vision cynique sur la « pédagogie des catastrophes »), que la sorte d’écologisme critiquée par Corinne Morel Darleux se rend compatible avec le capitalisme, de sorte qu’il y perd son âme.

C’est dire que deux débats sont à assumer en parallèle : l’un sur le type de socialisme à « écologiser », l’autre sur le type d’écologie à prendre en compte pour y enchâsser le projet socialiste. Autrement dit, l’écosocialisme requiert à la fois un bilan du « socialisme réel » et une approche rigoureuse des défis écologiques dans toutes leurs répercussions connues, sur base de la meilleure science disponible.

Comment, dans le contexte actuel, être radical sans cesser d’être concret, et comment être concret sans cesser d’être radical ? Telle est la très difficile question à laquelle les écosocialistes sont confrontés, dans le monde entier. Le Parti de Gauche, en France, a tenté d’y répondre. Au-delà de certains aspects particuliers, la discussion soulevée par son Manifeste concerne toutes celles et ceux, au Nord et au Sud, qui sont conscients à la fois de l’extrême gravité de la crise sociale, des menaces formidables que le massacre de l’environnement fait peser sur l’humanité et de la responsabilité du capitalisme à ces deux niveaux.

L’auteur ne cache pas ses désaccords avec le parti de Jean-Luc Mélenchon. Cependant, il a en commun avec les organisateurs des Assises de s’inscrire dans la ligne du Manifeste écosocialiste international publié en 2002. Cette référence partagée devrait favoriser les échanges et la recherche de convergences. Ce n’est qu’un début, le débat continue !


Les personnes intéressées peuvent se procurer cette brochure en versant 5 euros sur le compte de la Formation Léon Lesoil à 1070 Bruxelles avec la mention "ecosocial":

BBAN 001-0728451-57

IBAN : BE09 0010 7284 5157

BIC GEBABEBB


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