La Nakba à Nivelles (jeu de rôles): Vidéo
Par Marc Abramowicz le Jeudi, 05 Juin 2008 PDF Imprimer Envoyer

Jeu de rôles sur le marché de Nivelles, le 24 mai 2008. Action citoyenne des groupes "Paix Juste au Proche Orient" de Nivelles et Ittre.

Communiqué de presse: ASSEZ DE L'INTIMIDATION à l'ANTISEMITISME!!

Assez de l’intimidation à l’antisémitisme !

Communiqué de presse des groupes citoyens Paix Juste au Proche Orient de Ittre et Nivelles

Les groupes Paix Juste au Proche Orient (PJPO) de Ittre et Nivelles organisateurs du jeu de rôles « Nakba » (la catastrophe en 1948 pour les Palestiniens) sur le marché de Nivelles le samedi 24 mai s’indignent des accusations d’antisémitisme prodiguées à leur égard ainsi qu’à la personne de Monsieur André Flahaut par le président du Comité de Coordination des Organisations Juives de Belgique (CCOJB) Monsieur Joël Rubinfeld.

Deux jours avant l’événement le bourgmestre de Nivelles Monsieur Huart et l’échevine Madame Van Pée ont subi de la part de Monsieur Joël Rubinfeld des pressions sous forme d’intimidation. Il leur a été demandé d’abord d’interdire tout bonnement notre événement ; suite au refus du bourgmestre, il a été demandé d’enlever dans notre information la critique contre les 60 ans de dépossession de la Palestine par Israël, demande qui nous a été faite mais que nous avons refusée. Ensuite, le parcours prévu des « déportés palestiniens » sur une remorque a été supprimé pour cause de difficultés à la circulation.

Le samedi, après un petit tour du marché par des participants habillés en Palestiniens, les mains levées, escortés par des « soldats israéliens » et une distribution de tracts, nous sommes revenus à notre tente de départ (place Emile Lalieux) représentant un camp de réfugiés. Nous avions projeté un second tour du marché un peu plus tard, tour qui nous a été interdit dans un premier temps et accordé ensuite.

C’est alors que les représentants des partis politiques qui avaient été invités à parler se sont exprimés sur notre action : ont pris la parole Madame Thérèse Snoy (députée fédérale Ecolo), Monsieur André Flahaut (PS) et Madame Van Pée (CDH) échevine aux relations Nord-Sud, au nom du Collège. Nous regrettons l’absence du représentant du MR qui avait pourtant été prévu.

Tous les participants au jeu de rôles (une cinquantaine) ainsi que de nombreux passants peuvent témoigner qu’à aucun moment des propos antisémites ou comparant les agissements israéliens à la politique nazie envers les juifs n’ont été proférés. Les trois orateurs s’ils ont dit leur souhait d’une paix au Proche Orient basée sur le respect mutuel, ont dénoncé les manœuvres d’intimidation du président du CCOJB. Celui-ci sur place depuis le début de l’événement n’a pas cessé d’interrompre les participants, les orateurs de façon hostile et provocatrice, de nous filmer et de nous photographier. Ses interpellations incessantes semblaient viser à nous énerver, à nous faire perdre le contrôle dans l’espoir de pouvoir relever des propos qui lui permettraient d’avancer l’argument d’antisémitisme.

CHANTAGE à l'antisémitisme

Nous estimons que ce chantage à l’antisémitisme vis-à-vis des citoyens et des responsables politiques du monde occidental est un moyen malhonnête trop souvent utilisé par les partisans de la politique israélienne de dépossession et de répression de toute velléité de résistance du peuple palestinien. Comment expliquer, que depuis six ans que nos groupes militent pour une paix juste au Proche Orient, nous n’avons été ouvertement attaqués que cette fois-ci ?

Alors que l’expulsion de plus de 700 000 Palestiniens en 47-48 est reconnue et dénoncée par de nombreux historiens israéliens, le CCOJB lui, comme l'historiographie classique de l'état d'Israël, continue à soutenir un des plus grands mensonges du 20ème siècle.

Marc Abramowicz pour PJPO Ittre

Anne Mottart pour PJPO Nivelles

Salut à tous et spécialement à Isabelle Durant et Christos Doulkeridis,
Je viens d'écouter, dans son intégralité, l'émission de Radio Judaïca en question. Ce qui me décide à vous livrer les quelques réflexions suivantes dans un esprit qui se veut constructif :
1) A propos de la participation d'Isabelle à l'émission : Radio Judaïca se présente comme "la radio de la communauté juive". Il faut savoir (et faire savoir !) que cette radio est en réalité aux mains du Cercle Ben Gourion qui regroupe la droite sioniste la plus dure (admirateurs d'Ariel Sharon, partisans inconditionnels de la guerre d'agression contre le Liban en 2006,...). Le simple fait d'accepter de participer à une émission sur cette radio pose problème à mon avis. Les voix critiques (juives ou, non) vis-à-vis de la politique de l'Etat d'Israël n'ont quasi aucune place sur cette antenne et y sont régulièrement l'objet de calomnies. Des émissions comme "Dialogue et partage", menée par des sionistes plus modérés (mais des sionistes quand même !) sont l'exception.
Ceci dit, concernant l'émission elle même, j'ai tout d'abord été choqué par le fait que les organisateurs de la manifesation de rue de Nivelles, pourtant principale cible de cette émission, n'y ont pas eu la parole. Où est la volonté de dialogue ? Ce fut aussi le cas il y a quelques jours, dans une émission d'"information"consacrée par cette radio à l'événement de Nivelles, émission dans laquelle Betty Dan, la directrice de Radio Judaïca a prétendu avoir donné la parole à tous les protagonnistes alors qu'en réalité, si Thérèse Snoy, Flahaut et Joël Rubinfelfd ont été interviewés , les organisateurs de la manifestation n'ont pas eu droit à la parole.
2) A propos de la connaissance du "dossier" : Dans l'émission, à plusieurs reprises, Isabelle reconnaît qu'elle n'est pas bien informée ni des événements historiques évoqués sous forme de saynettes à Nivelles, ni de ce qui s'est réellement passé à Nivelles ce jour-là. Dans ces conditions pourquoi accepter de participer à une telle émission ? Sarah Brajbart et Corinne De Permentier ont eu beau jeu de présenter à la fois les faits historiques et les événements de Nivelles de manière totalement mensongère sans qu'Isabelle puisse leur opposer quoi que ce soit de pertinent. Pour moi qui, en tant qu'historien de formation et en tant que militant engagé sur la question depuis quarante ans, connaît bien le sujet et qui vient de terminer la lecture du livre de l'historien israélien Ilan Pappé "Le nettoyage ethnique de la Palestine" (ouvrage consacré principalement à la reconstitution historique minutieuse des actions des forces armées sionistes de 1947 à 1949 - et dont je recommande fortement la lecture), entendre Corinne de Permerntier, soutenue par Sarah Brajbart émettre des contre-vérités flagrantes sur ce qui s'est passé à ce moment est insupportable : on croirait entendre une porte-parole du gouvernement israélien ! Tout ce qu'elle a dit au cours de cette émission sur la situation en Israël-Palestine est du négationnisme pur (exemples : le "mythe de l'expulsion"; la "profonde symbiose" entre Juifs et Arabes à Jérusalem, les "avancées de Tzipi Livni" dans les négociations israélo-palestiniennes, ...). A propos des événements évoqués par la mise en scène de Nivelles, je recommande aussi le livre de Dominique Vidal "Comment Israël expulsa les Palestiniens (1947-1949) (Editions de l'Atelier, 2007).
3) A propos du "lobby juif" : il n'y a pas de lobby juif car cela voudrait dire que les juifs ont une unité de pensée et d'intérêts. Mais personne ne peut nier qu'il existe un puissant lobby sioniste... qui n'est pas composé que de juifs, loin de là. Il est d'ailleurs maintenant officiellement représenté au Parlement européen par l'"European Friends of Israel" - EFI - dont Frédérique Ries (MR) est la vice-présidente.
4) A propos du théâtre de rue comme forme d'expression politique : là je dois dire que j'ai été franchement choqué par les propos d'Isabelle. Quand j'étais membre d'Ecolo, j'ai participé à un groupe de théâtre de rue initié par ce parti et qui a représenté pendant des mois sur la voie publique (marchés, brocantes, ...) des saynettes concernant des thèmes politiques portés par Ecolo (environnement, immigration, clientèlisme politique, ...); ceci en appui à des interventions publiques plus classiques (stands, distributions de tracts électoraux, débats citoyens,...). Le théâtre politique de rue est un puissant moyen de sensibiliser l'"homme de la rue" à des questions politiques. Surtout quand, comme à Nivelles, il intervient en relation avec la distribution de feuillets explicatifs et la tenue d'un stand autour duquel s'engagent des échanges avec les spectateurs des représentations. Bien sûr le théâtre de rue est un art qui ne fait pas dans la nuance. Et quand il s'agit de théâtre politique il a pour fonction d'interpeller, de pousser au questionnement et à la réflexion. Vouloir confiner l'expression théâtrale politique dans un lieu clos c'est priver les démocrates d'un moyen puissant de toucher ceux qui ne sont pas convaincus ou intéressés par avance. Dans ce cas concret, il s'agissait, à l'occasion du 60e anniversiare de l'Etat d'Israël, de tenter de sensibiliser le grand public à ce que les grands médias ont trop tû : les crimes de guerre et contre l'humanité dont ont été et dont sont encore victimes aujourd'hui les Palestiniens pour que puisse se développer et prospérer un Etat destiné à accueillir tous les juifs du monde qui le souhbaiteraient. Les reportages vidéos (tant celui de Joël Rubinfeld que celui produit par des membres du groupe organisateur de la manifestation) témoignent du fait que les saynettes présentaient une vision très "soft" de ce qui s'est passé autour de la création de l'Etat d'Israël : il n'y est question ni de massacres, ni de bombardements, ni de viols tout faits pourtants avérés par plusieurs études d'historiens israéliens (et palestiniens). Il est avéré aujourd'hui que les groupes armés sionistes n'ont vraiment pas fait "dans la nuance" entre 1947 et 1949. Et l'armée israélienne a continué à se rendre responsables de crimes de guerre, sans discontinuer jusqu'à aujourd'hui.
5) A propos du sionisme : le sionisme est-il une idéologie respectable ? Un démocrate conséquent peut-il être sioniste ? Je réponds à ces questions dans un article ("Antisionisme et antisémitisme ne sont pas des synonymes") que je joins à ce courriel et dont je me permets de vous recommander aussi la lecture. Je me rappelle m'être indigné il y a plusieurs années en constatant que, dans une manifestation de soutien à la cause d'une paix juste au Proche-Orient, des militants Ecolo brandissaitent une banderolle frappée du sigle de leur parti avec le slogan "Deux peuples, deux Etats". Ce slogan est un des préférés des sionistes de gauche qui considèrent que le territoire de la Palestine historique doit être divisé (très inégalement !) en deux Etats définis sur une base ethnique ... alors que l'Etat d'Israël (sans les territoires occupés depuis 1967) comporte au moins 30 % d'habitants non juifs. Indépendamment de la question de savoir si la solution réside dans l'existence en Palestine-Israël d'un Etat binational ou de deux Etats, j'estime qu'aucun démocrate digne de ce nom ne peut défendre une solution basée sur une séparation ethnique.
6) Pour terminer, je voudrais m'adresser à vous, en tant que juif pour demander aux non juifs qui me lisent d'arrêter de "prendre des pincettes" face aux crimes commis par les dirigeants israéliens, leurs forces armées et leurs services secrets : c'est profondément injuste vis-à-vis des Palestiniens mais c'est aussi un très mauvais service rendu aux Israéliens qui s'enfoncent chaque jour un peu plus dans l'impasse que constitue la négation des droits des Palestiniens, négation rendue possible par l'impunité dont jouit, depuis sa création, l'Etat d'Israël. Les Palestiniens ont besoin que les torts qui leur ont été causés soient réparés que leurs droits soient reconnus. Et les Israéliens ont besoin qu'on leur ouvre les yeux !
J'espère que vous trouverez matière à réflexion utile dans ce qui précède.
Bien à vous,
Michel Staszewski,
professeur d'histoire et membre de l'Union des Progressistes Juifs de Belgique (association non membre du CCOJB)

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