Répression à Sidi Ifni (sud Maroc) témoignages avec VIDEO de Marrakech
Par AMDH maroc le Mercredi, 09 Juillet 2008 PDF Imprimer Envoyer
Chronologie des émeutes à Sidi Ifni, Juin 2008 

Suite à la répression subie par la population de la ville de Sidi Ifni (sud Maroc) en juin dernier, nous vous faisons parvenir ci-dessous, le détail des journées d’émeutes qui s’y sont déroulées (informations parvenues le 18 juin). Pour préserver la sécurité de nos contacts sur place, vous comprendrez que ce texte n’est pas signé. En espérant la plus large diffusion.

 

Voir les vidéos sur la répression des étudiants à Marrakech:

partie 1: http://fr.youtube.com/watch?v=YVNHlahdNCQ&feature=related

partie 2: http://fr.youtube.com/watch?v=EHA5MNwLkL8&feature=related

partie 3: http://fr.youtube.com/watch?v=w5kWB182mbE&feature=related

partie 4: http://fr.youtube.com/watch?v=S8MV2uHKYFo&feature=related

partie 5: http://fr.youtube.com/watch?v=RHJROeYqd14&feature=related

partie 6: http://fr.youtube.com/watch?v=JYZPjjC1gKE&feature=related

partie 7: http://fr.youtube.com/watch?v=RlpI2HsFEh4&feature=related

 

1969 : Fin du protectorat espagnol

Mai 2005 : première manifestation (sans heurt) devant le Pachawia (maison du pacha, équivalent du sous préfet)

Revendications :

1. Faire de Sidi Ifni (20 000 habitants) une préfecture

2. Rattacher Sidi Ifni à la région administrative de Guelmin (province du Sahara occidental) et non plus à celle de Tiznit (au vues des relations historiques et tribales).[remarque : Parralèlement à l’organisation étatique, le tribalisme est toujours très prégnant au Maroc, notamment chez les populations bérbérophones. ]

3. Finir la construction du port de Sidi Ifni (troisième tranche des travaux).

4. Améliorer la liaison entre Ifni et Tan-tan (160 km de route)

5. Mettre en place des projets de développement pour créer de l’emploi chez les jeunes d’Ifni. Proposition de construire deux unités industrielles de conserverie à proximité du port.

 Juin 2005 : Face à l’absence de réponses aux revendications : 2eme manifestation Manifestation soldée par une intervention violente d’environ 600 membres des Forces de l’ordre. Bilan : Chez les flics : 60 blessés et 1 mort (suite à un accident, victime heurtée par une estafette des forces de l’ordre qui contournait un obstacle). Nous ignorons le nombre de blessés chez la population. Suite à cette manifestation, un comité ministériel comprenant le wali (équivalent du préfet de région) est venu à Sidi Ifni pour faire accélérer les réponses à quelques revendications des manifestants. 

Il en a résulté :

- venue de médecins spécialistes à l’hôpital d’Ifni, qui ne sont restés qu’une semaine.

- Construction de la première tranche (39 Km) de la route entre Ifni et Tan-Tan au Sud. (Ce premier tronçon dessert le lieu dit des « plages blanches » où se construit un gros complexe touristique) .

A près cette manifestation, les représentants de partis politiques (Alistiqlal, Union Sociale de Forces Populaires, Parti de la Gauche Sociale Réunie, Parti Islamiste pour la Justice et le Developpement) , membres du Secrétariat local de la ville, (association qui a pour but de défendre les revendications de la population) se retirent de ce secrétariat

30 juin 2006 : Attaque du convoi du préfet de Tiznit (après que celui-ci ai insulté la population locale lors d’une réunion avec des représentants de la ville) lors de sa venue à Sidi Ifni pour participer aux cérémonies de la fête de l’indépendance. Le préfet s’en tire avec une clavicule cassée. 

Décembre 2007 : Visite royale à Guelmin Des personnes de la tribu des Aït Bamran (tribu à laquelle appartiennent les habitants de Sidi Ifni), envoient des représentants rencontrer le roi, parmi eux un doctorant de littérature arabe, activiste des droits de l’homme et membre du Secrétariat Local, viole le protocole royal en s’adressant directement au roi, sans que cela ai été programmé. Il lui expose les revendications des habitants de Sidi Ifni. Mohammed VI déclare qu’il n’est pas au courant. Le dossier de revendication semble avoir été bloqué à Rabat et n’est pas parvenu jusqu’au roi. Celui-ci promet d’aider la population.

30 Mai 2008 : 12 jeunes chômeurs habitant Ifni bloquent la sortie du port de la ville. Ils barrent la route avec des remblais et installent des tentes à côté. Entre 80 et 90 camions remplis de poissons sont désormais bloqués à l’intérieur. 1200 personnes défilent dans les rues de Sidi Ifni en soutien des 12 chômeurs. Les flics de Sidi Ifni n’interviennent pas de peur des représailles de la population (ce qui est en effet déjà arrivé par le passé). Le préfet se rend sur place pour parlementer avec les chômeurs. La discussion s’avère impossible. On passe d’un échelon supérieur et c’est donc le Wali d’Agadir (celui qui s’était fait casser la clavicule en 2006) qui tente de parlementer sans succès. 

3 Juin 2008 : Est alors organisée une réunion de deux heures à la Pachawia d’Ifni avec des représentants de la population locale et des responsables des RG, de la DST, du ministère de l’intérieur, le Président de la région et le Wali d’Agadir. Lors de cette réunion, la population reçoit des menaces d’interventions par la force, si elle ne stoppe pas les manifestations et si le port n’est pas débloqué. Une manifestation est organisée pendant le temps de la réunion à la fois pour réclamer les 5 revendications précédemment citées ainsi que pour soutenir les 12 chômeurs. Blocage et manifestations perdurent jusqu’au vendredi 6 juin (compris).

5 juin 2008 : Entre 4000 et 6000 forces auxiliaires, forces d’intervention rapide, et gendarmes s’installent à Tiznit (à 75 km d’Ifni) en prévision de l’assaut de la ville d’Ifni. En soirée, après 22 H, le convoi se met en route, mais la population d’Ifni est prévenue par des personnes originaires d’Ifni qui travaillent à Tiznit. La population sort alors dans les rues. Informé de l’absence d’effet de surprise, le convoi fait demi-tour et se repositionne à Tiznit. 

6 juin 2008 : La tentative de médiation en est à l’échelle nationale : une réunion est organisée à Rabat avec de hauts responsables et 5 représentants de la population de Sidi Ifni, transportés jusqu’à la capitale par avion militaire. Une fois arrivé, les interlocuteurs semblent prêts à négocier. Les 5 représentants se font convaincre de demander à la population de cesser les manifestations. Croyant à une possibilité de négociation, beaucoup de gens de Sidi Ifni rentrent chez eux, sauf des jeunes (entre 100 et 300) qui restent dans les rues de la ville. Il va s’avérer que cette réunion était en réalité une tentative de diversion.

Samedi 7 juin 2008 : 4 h 30 du matin, l’armée lance l’assaut sur deux fronts : 

- un front Nord, par l’entrée de la ville, lorsque l’on arrive de Tiznit.

- un front Ouest, par la mer, au niveau du port bloqué par les chômeurs. Les unités spéciales (compagnie mobile d’intervention) arrivent en zodiacs.

Les affrontements sur les deux fronts dureront de 4 h jusqu’à 11 h. Ceux qui sont à l’extérieur de leurs habitations se font interpeller ou tirer dessus par balle en caoutchouc, idem pour ceux qui tentent d’observer par leur fenêtre.

C’est entre 4 h 30 et 9 h que, selon les témoignages oculaires, et uniquement pour ce qui concerne le centre de la ville (c’est-à-dire pas les deux zones de front), tomberont au moins 4 personnes chez les civils. 2 ont été écrasés par les 4 X 4 des forces répressives, un autre est mort en pleine rue suite aux coups qu’il a reçu. 1 autre est mort après avoir reçu une balle en caoutchouc au niveau de la tête. Les cadavres ont été tirés jusqu’à une estafette blanche avec des bandes de couleur orange. Ils ont été aperçus à deux reprises, sur les lieux où ils ont décédé puis dans l’estafette, au niveau de l’hôpital, par des personnes qui habitent à côté. 

Sur le front du port, selon ce qui se raconte, des tirs à balle réelle auraient eu lieu, mais tout le monde s’est vite enfui et il n’y aurait pas eu de victime.

Un manifestant a été sodomisé avec une matraque en public, en pleine rue.

Des unités sont entrées dans les habitations (en fracassant les portes lorsqu’elles étaient fermées) et ont tabassé puis arrêté tous les jeunes qu’ils trouvaient. S’il n’y avait pas de jeunes, ils arrêtaient les femmes ou les sœurs. Selon des témoignages concordants, 2 femmes ont été violées chez elle par des soldats. De plus, il y a eu au moins 4 tentatives de viol, dans les locaux du commissariat. De l’argent et des bijoux ont été volés, des pièces d’habitation saccagées.

A ce jour, les personnes concernées n’ont pas porté plainte puisque le commissariat est toujours occupé par des militaires qui tabassent tous ceux qui viennent se plaindre.

Les viols auraient été limités grâce aux accrochages internes entre soldats extérieurs et soldats possédants de la famille dans le quartier nord de la ville (zone où on eu lieu le plus d’affrontements) .

Des personnes parviennent à s’évader par les toits et à se réfugier dans les montagnes qui bordent la ville, certains marcheront jusqu’à Guelmin, d’autres erreront dans les campagnes, d’autres retourneront à Ifni dans la soirée mais se feront arrêter pour la plupart. 

C’est en allant pourchasser les fuyards que deux flics trouveront la mort, l’un tué par les manifestants en fuite, l’autre mortellement mordu par un chien errant. Leurs corps ont été transportés par leurs collègues à Tiznit.

Tout le personnel de l’hôpital a été évacué pour être remplacé par du personnel militaire.

A 9 h, les gendarmes se retirent (toute en restant sur les divers routes qui relient la ville au monde exterieur), ne restent que les forces auxiliaires et la police, qui mettent en place une vaste opération de nettoyage pour enlever les traces d’affrontements (ramassage des douilles au sol, masquage des impacts sur les murs).

Des contrôles systématiques d’identité sont mis en place pour tous les jeunes qui sont aperçus dans les rues de la ville. 

A 12h, des hellicoptères et des brigades canines vont fouiller la montagne.

Dans l’après-midi, beaucoup de familles se rendent à l’hôpital mais très peu sont autorisées à y accéder, dont notamment une femme qui s’y rendait non pour avoir des nouvelles de membre de sa famille mais pour se faire soigner d’une crise d’appendicite. En l’absence des soins nécessaires, cette femme est décédée suite au refus de l’hôpital de l’accueillir.

On déplore au total 300 arrestations. Les personnes arrêtées ont d’abord été conduites soit au commissariat, soit à la Pachawia, soit au lycée Moulay Abdellah, soit à la caserne milliaire d’Ifni. En général, ils ont été déshabillés, leurs yeux bandés, allongés les uns à côté des autres puis ils ont été piétinés et tabassés. 

Selon les fichiers de renseignements 140 personnes classées non militantes sont tabassées puis relâchées rapidement, les 160 autres (classés comme militantes) sont déplacés à l’extérieur de la ville, pour être torturés. 110 sont placés au commissariat de Tiznit. Pas de nouvelles des 50 autres (surtout des leaders des manifestations) , malgré les recherches de leurs familles. Les lieux de leur incarcération sont tenus secrets. 11 des 12 chômeurs qui bloquaient le port ont été arrêtés dans leurs maisons le samedi matin. A ce jour, aucune nouvelle du 12 eme.

Tous les axes pour entrer dans la ville sont fermés. 

Dimanche 8 juin 2008 : Dans la matinée, à lieu une tentative de réunion des habitants dans le quartier à l’entrée Nord de la ville. Ils sont très vite encerclés et beaucoup sont arrêtés.

Sur la route entre Guelmin et Ifni sont installé quatre barrages en plus du barrage habituel, tout jeune qui est arrêté à ces barrages se voit interrogé et fouillé, s’il possède du matériel photo et caméra, celui-ci est confisqué. 

Dans le centre ville, des PC et des téléphones portables ont été réquisitionnés pour tenter de limiter les communications avec l’extérieur. Les communications téléphoniques sont surveillées.

L’ordre a été donné de ne délivrer aucun certificat d’agression. 

Point Media :

- La chaîne Al Jazeera a communiqué depuis le samedi matin sur la situation à Ifni.

- Le directeur d’Al Jazeera Maroc a été arrêté à Rabat, interrogé 4 heures puis relâché.

- Les autorités marocaines, qui démentent qu’il y ait eu des morts et parlent uniquement de 44 blessés dont 27 chez les policiers, accusent Al Jazeera de « légèreté dans la collecte d’information ».

- Les chaînes 1 et 2 ont parlé de manifestations pacifiques et n’ont fait état que de l’arrestation des 12 chômeurs.

- Le 1er ministre marocain s’est exprimé sur la 1ere chaîne pour dire que la population d’Ifni était très calme et pour nier qu’il y ai eu des morts. Des vielles vidéos de 2004 ont été passées pour faire croire que rien ne s’était déroulé ce samedi 7.

- A Rabat, le samedi à 16 h, une personne du centre marocain des droits de l’homme (CMDH) a organisé une conférence de presse avec TV 13, des TV espagnoles, Al Jazeera et d’autres médias. Cette personne a été arrêtée le dimanche à 18h puis libérée à minuit après interrogatoire.

Jeudi 12 Juin : Jeudi grève générale dans la ville pour demander le retrait des flics des coins des rues. A 18h, les flics quittent leurs positions dans les quartiers chauds et ils se concentrent autour de la Pachawiya, du commissariat, de la caserne, et dans les différentes écoles et lycées de la ville. En soirée, 4 cadavres ont été retrouvés sur la plage de sidi warzeg à 10 Km au sud de la ville. Aux questions de la population portant sur l’identité des naufragés, l’hopital a refusé de leur dire de qui il s’agissait. Le Pacha a déclaré qu’ il s agissait d’africains clandestins. Sidi Ifni étant une voie de départ vers les Canaries. 

Dimanche 15 juin : Un vieux de 74 ans, en chaise roulante a été tabassé avec son fils après que les flics soient entrés dans leur maison. Il est décédé suite aux coups reçus.

Lundi 16 juin : Une manifestation de 8000 personnes revendiquant le départ des forces de l’ordre, la libération des détenus, une enquête sur les meurtres, les viols, les agressions sexuelles, les tortures, les vols commis des forces de répression. Les forces auxiliaires sont intervenues pour disperser la manifestation. Un jeune ifnawi de 16 ans a été grièvement blessé au niveau de la tête par une bombe lacrymogéne lancée par les flics. 

En soirée 7 personnes, libérées par le juge d’Agadir, sont accueillies en héros par la population qui a manifesté jusqu’à minuit.

Mardi 17 juin : 4 membres du secrétariat local ont été arrêté à 4 h du matin au retour de la montagne. 

Mercredi 18 juin : la population de la ville a commencé un sit in illimité jusqu à la libération de tous les détenus et le retour des disparus.

Communiqué de l’Association marocaine des droits humains (AMDH)   9 juin 2008 Répression féroce au Maroc
L'Association marocaine des droits humains (AMDH) dénonce l'intervention sauvage à l'encontre des citoyennes et des citoyens de Sidi Ifni 

Exprimez votre indignation si vous êtes en Belgique en envoyant vos messages à :

Ambassade du Maroc à Bruxelles  AMBASSADEUR : M. MUSTAPHA SALAHDINE, Chancellerie: 29, Bd Saint Michel, 1040, Bruxelles.
Tél. +32 2 736 1100 - Fax : +32 2 734 64 68   E-mail : Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.

AMBASSADE DU MAROC : COM.EUROPEENNE BRUXELLES
AMBASSADEUR, REP.PER du Royaume du Maroc auprès des Communautés Européennes :
M. Menouar ALEM.
CHANCELLERIE : 2, AVENUE F.D. RROOSEVELT - 1050 -BRUXELLES
Téléphone : 00 (32) 26 26 34 10 / 14 / 15  - Fax : 00 (32) 26 26 34 34 - E-mail: Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.

CONSULAT GENERAL DU MAROC : BRUXELLES
CONSUL GENERAL: Driss CHABI
Rue Van Volxem, 20 - 1190, Bruxelles
Tél. 32(0)2. 346.19.66 ou 346.16.73 Fax. 32(0)2. 344.46.92
E-mail: Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.
L'accueil est assuré du Lundi au Vendredi 9 heures à 13 heures

CONSULAT GENERAL DU MAROC : ANVERS
CONSUL GENERAL: M. MOHAMMED BENALI
CHANCELLERIE : 68 ANTWERPSESTEENWEG - 2660 - HOBOKEN-ANVERS
Téléphone : (32-3) 830 57 51/830 58 15 - Fax : 825 39 94
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CONSULAT DU MAROC : LIEGE
CONSUL : M. MOHAMED MOUADI
CHANCELLERIE : 54, QUAI SAINT LEONARD 4000 LIEGE
Téléphone : (32-4) 227 41 59 - Fax : 227 55 64
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Site Internet : http://www.consulmaroc-liege.be

Très tôt dans la matinée du samedi 7 juin courant, les citoyennes et citoyens de la ville de Sidi Ifni ont subi l'intervention sauvage et musclée des forces publiques. Ainsi, le Bureau central de l'AMDH a suivi, tout en dénonçant les actes sauvages commis à l'encontre des citoyennes et citoyens, tant dans les rues qu'au sein de chez eux, alors qu'ils étaient en plein sommeil, par les forces publiques qui les ont battus avec de gros bâtons leur causant des fractures dans différentes régions du corps et les ont humiliés par leurs insultes. De même, les citoyennes et citoyens ont été victimes de harcèlement sexuel, de viols et de vols de leurs biens, de pillage d'ordinateurs, de téléphones portables, de bijoux et d'argent. Les forces publiques ont usé de bombes lacrymogènes, de balles de caoutchouc, de pierre et de bâtons contre des manifestations pacifiques, enfreignant ainsi le code des libertés publiques. En outre, les détenus ont été gravement torturés et ont souffert de vengeance qu'ils ont dû subir en dépit de la prohibition par les chartes internationales de la torture et de tous les actes humiliants et dégradants qui portent atteinte à l'intégrité physique et à la sécurité personnelle.

Cette intervention sauvage des forces publiques fait penser aux événements douloureux durant les affrontements avec les autorités lors des soulèvements sociaux qu'a connus le Maroc des années dites de plomb. En dépit des discours officiels des dernières années sur le changement démocratique et la volonté de tourner la page du passé, la continuité de ces violations des droits humains et la primauté donnée à l'approche sécuritaire vis-à-vis des protestations du mouvement social montre clairement que l'Etat ne pense nullement à rompre avec son passé d'autant plus que ce sont les responsables sécuritaires des années de plomb qui ont supervisé les attaques à l'encontre des habitants de la ville de Sidi Ifni les 7 et 8 juin courant.

Exprimant sa solidarité avec les citoyennes et citoyens dont les droits essentiels ont été bafoués lors de l'attaque répressive, le Bureau Central dénonce aussi le blocus de la ville durant le samedi et l'interdiction aux représentant (e) s de l'AMDH d'accéder aux différents établissements, et notamment l'hôpital local le dimanche pour collecter les données concernant la situation des blessés à la suite de ces événements ; de ce fait, il s'est avéré de confirmer ou d'infirmer les informations de la presse qui ont fait état de morts ; par ailleurs comment peut-on croire au démenti du Gouvernement concernant l'existence de personnes décédées ? Comme il est difficile d'identifier ces dernières dans l'attente de l'achèvement des enquêtes et surtout que des familles ignorent toujours le sort de certains de leurs membres qu'ils soient ou non détenus.

Considérant ce qui précède, le Bureau central :

- Condamne énergiquement les représailles perpétrées à l'encontre des habitants de la ville de Sidi Ifni et les violations graves des droits humains commises par les forces publiques en l'occurrence les agressions et les tortures des détenus qui ne peuvent aucunement être justifiées.

- Dénonce les arrestations arbitraires commises par les forces publiques et revendique la libération des détenus parmi lesquels un bon nombre d'acteurs de la société civile et du mouvement social à Sidi Ifni.

- Dénonce l'état de siège appliqué à la ville et les poursuites incessantes perpétrées à l'encontre des jeunes de la ville qui se sont vus dans l'obligation de quitter les lieux afin d'éviter la sévices des autorités et leur intervention sauvage et revendique l'arrêt immédiat des recherches et des poursuites menées à l'encontre d'un bon nombre de militant (e) s tout en réprouvant les tentatives de terroriser les journalistes et les acteurs de la société civile dans le but de les empêcher de démasquer les crimes perpétrés par les autorités à l'encontre des habitants.

- Revendique l'ouverture d'une enquête sur les événements et réclame que le Général Laânigri, le Gouverneur de la Province et le Ministre de l'Intérieur, en tant que premier responsable de l'action des forces publiques vis-à-vis des citoyens, répondent de leurs exactions ; qu'il soit présenter des excuses aux victimes, aux habitants de Sidi Ifni et à tout le peuple marocain en ce qui concerne les agressions commises par ces fonctionnaires à l'encontre d'habitants sans défense.

- Réclame la satisfaction des revendications présentées par les habitants de Sidi Ifni depuis 2005 et qui se limitent au respect de leurs droits économiques, sociaux et culturels. Le bureau central conclu que les autorités locales doivent honorer les engagements pris devant leurs représentants en l'occurrence l'offre d'opportunités d'emploi et des services sociaux essentiels et le rapprochement de l'administration du citoyens.

Pour le Bureau central Le 9 juin 2008. 

L'AMDH en bref :

L'Association marocaine des droits humains, ONG constituée en juin 1979, reconnue d’utilité publique, vouée à la défense et la promotion des droits humains au Maroc, affiliée à la FIDH (Fédération internationale des droits de l’Homme). Actuellement, elle dispose de 73 sections locales et 8 sections régionales et compte 8.000 membres environ dont un sixième de femmes.

Le site web de l'AMDH : www.amdh.org.ma

Le blog de sa section de Rabat : http://amdh-section-de-rabat1.skyrock.com/1.html   

Voir ci-dessus