Karl Marx contre-attaque: Comprendre le capitalisme, oui, mais pour le renverser!
Par LCR-Web le Jeudi, 23 Octobre 2008 PDF Imprimer Envoyer

Déclaré cliniquement mort il y a plus de 15 ans avec la chute du Mur de Berlin et l'effondrement de l'URSS, Karl Marx fait un come-back retentissant depuis l'éclatement de la crise capitaliste. Des travailleurs, des étudiants, des académiciens - et même des patrons industriels et financiers - se plongent aujourd'hui dans les pages du «Capital» pour essayer de comprendre ce qui ne tourne plus très rond dans ce système économique...

«La société bourgeoise moderne, qui a fait surgir de si puissants moyens de production et d'échange, ressemble au magicien qui ne sait plus dominer les puissances infernales qu'il a évoquées. Depuis des dizaines d'années, l'histoire de l’industrie et du commerce n'est autre chose que l'histoire de la révolte des forces productives modernes contre les rapports modernes de production, contre le régime de propriété qui conditionnent l'existence de la bourgeoisie et sa domination. Il suffit de mentionner les crises commerciales qui, par leur retour périodique, menacent de plus en plus l'existence de la société bourgeoise. (...) Une épidémie qui, à tout autre époque, eût semblé une absurdité, s'abat sur la société - l'épidémie de la surproduction. La société se trouve subitement ramenée à un état de barbarie momentanée; on dirait qu’une famine, une guerre d'extermination lui ont coupé tous ses moyens de subsistance; l'industrie et le commerce semblent anéantis. Et pourquoi? Parce que la société a trop de civilisation, trop de moyens de subsistance, trop d'industrie, trop de commerce. (...) Le système bourgeois est devenu trop étroit pour contenir les richesses créées dans son sein.» (Karl Marx et Friederich Engels, le «Manifeste Communiste»)

Alors que l'idéologie néolibérale connaît à son tour une traversée du désert, on ne peut s'étonner que les auteurs de ces lignes prémonitoires retrouvent intérêt et curiosité. De nombreux signes en attestent.

Un spectre hante le monde, le spectre du marxisme

Avec l'aggravation de la crise financière, un fantôme hante de plus en plus les esprits des capitalistes. Fin septembre, le ministre des Finances allemand, Peter Steinbrück avait déclaré, dans une interview au magazine «Der Spiegel» que "certaines parties de la théorie de Marx ne sont pas si fausses". Le chef de l'église anglicane, l'archevêque de Canterbury Rowan Williams, évoquait dans l'hebdomadaire The Spectator la théorie marxiste du fétichisme en déclarant que Karl Marx a "fait remarquer il y a longtemps la façon dont un capitalisme débridé peut devenir une sorte de mythe, attribuant réalité, pouvoir et moyen d'action à des choses qui n'ont pas d'existence par elles-mêmes". Le récent prix Nobel d'économie, Paul Krugman, s'est quant à lui senti obliger de préciser qu'il préférait revenir à Roosevelt et à son «New Deal» plutôt qu'à Karl Marx.

Mais l'intérêt pour le «vieux barbu» n'agite pas seulement les hautes sphères. D'après un reportage de la BBC World, le nombre de visiteurs du musée Karl Marx dans sa ville natale de Trèves en Allemagne, a connu une croissance exponentielle; depuis le début de cette année, près de 40.000 personnes l'ont visité. Le responsable de ce musée à souligné qu'il ne comptait plus désormais le nombre de fois où il entendait ces visiteurs s'exclamer «Après tout, Marx avait raison!».

Ce regain d'intérêt se remarque également au cimetière de Highgate dans le nord de Londres où est enterré le fondateur du marxisme. La directrice de la fondation en charge d'entretenir la tombe de Marx a déclaré que le nombre de visiteurs ne cesse d'augmenter et qu'elle reçoit des demandes de reportages et d'informations de la part de télévisions et de journalistes du monde entier.

Mais ce sont les oeuvres de Marx elles-mêmes qui retrouvent une actualité brûlante. Plusieurs médias ont relaté le fait que la maison d'édition allemande Karl-Dietz-Verlag a vu les ventes du «Capital» de Marx tripler en deux ans. "Marx est de nouveau à la mode" a affirmé le 15 octobre dernier dans une interview le directeur de cette maison d'édition. Et il a ajouté que les nouveaux lecteurs sont issus d'"une jeune génération d'érudits qui a dû reconnaître que les promesses néo-libérales ne se sont pas réalisées".

Au Royaume Uni, d'après le directeur des ventes par internet de la maison d'édition Penguin, les ventes du «Manifeste Communiste» de Marx ont augmenté de 900% entre les mois de mai et d'octobre 2008 par rapport à l'année dernière.

A Paris, aux Presses universitaires de France, où l’on écoulait une cinquantaine d’exemplaires par mois du «Capital», on en a vendu le double en septembre et trois fois plus en octobre. En décembre 2007, la revue d'affaires «Challenges» avait consacré sa Une à Karl Marx, sous le titre: "une analyse toujours actuelle"! Le «Magazine littéraire» du mois d'octobre lui consacre également sa Une sous le titre “Marx: les raisons d’une renaissance”, ainsi qu'un épais dossier. En Belgique, le numéro de novembre du Journal du Mardi consacrera un dossier aux alternatives au capitalisme et donnera la parole à une série de personnalités sur le thème "Pourquoi je suis (toujours) marxiste aujourd'hui et plus que jamais!".

On ne peut que se réjouir de ce come-back. Mais on ne peut également qu'insister: Karl Marx s'est effectivement attaché à analyser le capitalisme avec un brio et une profondeur inégalée jusqu'à ce jour, une analyse qui garde (et à toujours gardé!) toute son actualité. Mais ce n'est pas pour la simple beauté du geste ou par un amour de la science abstraite à l'état pur; c'est bien pour mieux comprendre le système afin de mieux le combattre et le remplacer par une toute autre société; le communisme: «Les armes dont la bourgeoisie s'est servie pour abattre la féodalité se retournent aujourd'hui contre la bourgeoisie elle-même. Mais la bourgeoisie n'a pas seulement forgé les armes qui la mettront à mort; elle a produit aussi les hommes qui manieront ces armes - les ouvriers modernes, les prolétaires».


Un livre indispensable en ces temps de crise du capitalisme:

"Introduction au marxisme" par Ernest Mandel. Préface de Daniel Bensaïd. Edition Formation Léon Lesoil 2007, 250 pages, 8 euros.

Notre camarade Ernest Mandel (1923-1995) fut l'un des théoriciens marxistes les plus importants de la seconde moitié du XXe siècle. Son ouvrage "Introduction au marxisme" a été le fruit d'une longue expérience pédagogique. Il expose avec une clarté exceptionnelle les fondements de la théorie marxiste: le matérialisme historique, la théorie économique marxiste, l'histoire du mouvement ouvrier et les problèmes de stratégie et de tactique du mouvement ouvrier à notre époque y sont abordés de façon concrète et vivante, sans que soit jamais sacrifiée la rigueur théorique nécessaire à pareil ouvrage. C'est donc un instrument tout à fait indispensable pour toutes celles et tous ceux qui souhaitent connaître les bases de la théorie marxiste et accéder ainsi à une compréhension profonde de la société dans laquelle ils vivent et luttent.

Pour commander l'ouvrage, écrire à Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. et versez la somme de 9,50 euros (frais de port inclus) sur le compte de la Formation Léon Lesoil asbl : 001-0728451-57 avec mention "Introduction au marxisme".

A consulter: Les Archives Internet Ernest Mandel

 

 

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