Honduras: A bas le régime de «Pinocheletti»!
Par LCR-Web le Mercredi, 01 Juillet 2009 PDF Imprimer Envoyer

Malgré un isolement international quasi total, les putschistes se refusent toujours à céder le pouvoir qu'ils ont usurpé au président légitime. Toutes les instances internationales et tous les chefs d'Etat ont condamné le coup d'Etat. Mais avec des nuances importantes. Plusieurs gouvernements, dont celui des Etats-Unis, appellent au «dialogue» pour renouer le fil constitutionnel et se limitent à des déclarations non suivies dans la pratique. Comme si un «dialogue» (avec quels «compromis» à la clé?) était souhaitable avec de vulgaires putschistes. Ces derniers doivent se rendre inconditionnellement. Les gouvernements latino-américains de l'ALBA (Vénézuela, Cuba, Equateur, Nicaragua, Bolivie) par contre ont immédiatement rappelé leurs ambassadeurs et coupé toute relation avec le régime de facto en place à Tegucigalpa. L'OEA pour sa part, (Organisation des Etats Américains) a accordé 72 heures aux putschistes pour restituer le pouvoir au président légitime.

Le samedi 4 juillet, le président Zelaya compte ainsi revenir dans son pays, accompagné par le secrétaire général de l'OEA, par le président de l'Assemblée générale de l'ONU, par les présidents de l'Equateur Rafael Correa et d'Argentine, Cristina Fernandez. Une escorte de haut niveau qui semble bien nécessaire puisque le président usurpateur Micheletti a prévenu dans une interview à El Pais que Zelaya serait « immédiatement arrêté » en cas de retour...

Mais l'issue proviendra avant tout des mobilisations populaires au Honduras lui-même et de la solidarité internationale entre les peuples. Dans le pays, les mouvements sociaux organisent une résistance active à travers une grève générale illimitée et la désobéissance civile de masse. Le palais présidentiel occupé par l'usurpateur Roberto Micheletti (surnommé «Pinocheletti») par les Honduriens) est constamment entouré de plusieurs milliers de contestataires, des marches ont lieu dans toutes les villes du pays pour réclamer le retour du président Zelaya. L'état d'urgence avec un couvre-feu a été décrété, les manifestants et les leaders de l'opposition aux putschistes sont durement réprimés par l'armée et la police, le bilan se chiffrant à un mort (un syndicaliste du secteur des télécommunications) et plusieurs centaines de blessés et de prisonniers.

Affolés par leur isolement international, les putschistes redoublent leurs efforts pour réprimer l'opposition interne; la Cours Suprême de «Justice» a émis un ordre d'arrestation contre 25 des principaux dirigeants populaires, dont Rafael Alegria, dirigeant paysan du mouvement international Via Campesina, et Carlos H. Reyes (voir son interview sur ce site) président du syndicat STYBIS. Nous publions ci-dessous une interview de Rafael Alegria où il souligne que des fissures commencent à apparaître dans l'armée hondurienne quant au soutien au coup d'Etat. Nous publions également une série de prises de positions de mouvements sociaux, d'ONG etc. En Belgique, un rassemblement de solidarité a rassemblé une trentaine de personne devant l'ambassade US ce lundi 29 juin, d'autres actions sont prévues ce vendredi auxquelles la LCR apporte son soutien. (LCR-Web)

Interview avec Rafael Alegria, dirigeant paysan: « Nous nous préparons à accueillir massivement Zelaya »

Miguel Vera 30/06/09

Honduras, 30 juin 2009: Interview exclusive avec Rafael Alegria, dirigeant de la Centrale Nationale des Travailleurs de la Campagne, membre fondateur de l'Union Démocratique et de l'organisation paysanne internationale Via Campesina; conseiller du Président Zelaya pour les questions agraires.

Camarade, le président Zelaya a annoncé aujourd’hui qu'il reviendrait au Honduras ce jeudi, qu'en pensez-vous?

Rafael Alegria: Nous nous préparons à recevoir le Président Zelaya de manière massive, le peuple hondurien se prépare pour cela et nous espérons qu'il assumera bientôt le contrôle de l'Etat et du gouvernement en tant que président légitime. Cela nous permettra d'en finir avec tout ce gâchis, pour pouvoir gouverner dans la paix et la tranquilité en faveur de la majorité, pour réorganiser l'état démocratique auquel nous aspirons comme Honduriens.

Nous avons pu constater des affrontements violents aux abords de la résidence présidentielle, avez vous des informations à ce sujet?

RA: Nous avons pu observer comment une manifestation pacifique qui a rassemblé 25.000 personnes a été violemment réprimée par la police et par l'armée, avec des gaz lacrymogènes contenant des liquides très toxiques lancés à partir d'hélicoptères et de fusils spéciaux. Le peuple a résisté mais les gaz ont gravement affecté la santé des gens. D'après les chiffres émis par la Croix Rouge hondurienne, il y a eu plus de 50 blessés.

Quelle est la situation actuelle avec le couvre-feu?

RA:Les menaces contre les dirigeants sociaux sont constantes, parce que nous rejetons catégoriquement Roberto Micheletti comme président. Par rapport au couvre-feu, pratiquement personne ne le respecte dans le pays; plus de 2000 personnes sont restées pendant toute la journée et la nuit dans les rues proches de la résidence présidentielle. Aujourd’hui ils ont dit que le couvre-feu commençait dès 6 heures du matin, mais personne ne l'a respecté, nous continuons la résistance.

Tous les pays du continent ont unanimement apporté leur soutien au gouvernement constitutionnel du président Zelaya, les pays de l'ALBA et d'autres ont retiré leurs ambassadeurs et on a annoncé des sanctions économiques et l'isolement du régime de facto. Comment les mouvements sociaux honduriens voient ces événements?

RA: Nous sommes très attentifs aux actions internationales, aux discussions, aux déclarations et nous sommes infiniment heureux de ces soutiens, spécialement ceux de l'ALBA, du Groupe de Rio et de l'Organisation des Etats Américains (OEA), y compris les déclarations du président des Etats-Unis Barack Obama. Ces actions reflètent un consensus général de rejet du coup d'Etat en Amérique comme en Europe afin de reconnaître et soutenir comme seul président élu José Manuel Zelaya Rosales. Toutes ces actions nous aident à garder et à renforcer le moral et la résistance dans tout le pays. Il y a une forte répression, mais cela ne démoralise pas les masses dans leur volonté de mettre à bas ce régime fasciste de Micheletti et de rendre le pouvoir dès cette semaine à Zelaya.

Des informations nous parviennent également sur des soulèvements militaires, en savez-vous plus sur cela?

RA: Les camarades responsables du barrage routier de Tela nous ont raconté que les militaires encouragaient les gens à maintenir leur occupation pacifique et leur ont affirmé qu'ils réprimeraient pas le peuple parce qu'ils étaient contre le coup d'Etat. Cela est confirmé par des responsables de la région Atlantique qui signalent des faits similaires et on dit également que la base militaire d'Olancho adopte la même attitude. Nous savons qu'il y a des soldats qui ne sont pas d'accord avec les décisions de leur Etat-Major. Ce coup d'Etat a été lancé par des militaires en retraite, par ceux qui, dans les années '80, ont été compromis dans de graves violations des droits de l'Homme.

Vous voulez ajouter autre chose?

RA: Je veux demander au monde entier, depuis le Honduras, à maintenir la solidarité avec notre peuple et le gouvernement de Zelaya. Il n'y a pas le moindre doute pour nous que ce soutien international en défense de nos droits nous donne l'espérance que très bientôt nous pourrons récupérer notre gouvernement.

Publié sur www.aporrea.org, traduction française pour le site www.lcr-lagauche.be


Solidarité avec les membres honduriens de La Via Campesina et avec le peuple du Honduras

Via Campesina

(Mali, 28 June 2009) Au cours des derniers mois, les organisations locales du Honduras, de concert avec le Président Manuel Zelaya Rosales, ont contribué à la promotion et l’organisation d’une consultation de l’opinion publique au sujet d’une possible réforme institutionnelle, qui devait être lancée le 28 juin 2009.

A cinq heures ce matin, les forces armées du Honduras ont mené un coup d’Etat contre le Président Zelaya, mettant fin ainsi de façon brutale aux aspirations démocratiques des Honduriens, investis dans le lancement de la consultation de l’opinion publique.

A l’écoute de ces informations, les organisations locales, parmi lesquelles celles membres de La Via Campesina, sont descendues dans la rue pour dénoncer le coup d’Etat et demander le retour du Président démocratiquement élu avec tous les pouvoirs dont la loi l’investit. Le gouvernement du Président Zelaya a défendu les droits des travailleurs/euses et des paysans/nes, a rejoint l’alternative bolivarienne pour les Amériques (ALBA) et, plus généralement, a mis en œuvre des politiques qui ont des effets bénéfiques pour les paysans honduriens et leurs familles.

Les événements de ces dernières heures sont la marque d’une oligarchie, de la droite rétrograde, qui cherche à préserver ses intérêts et ceux des tenants, nationaux et internationaux, du capital. Cette élite sert ainsi en particulier les intérêts des entreprises transnationales. A cette fin, elle a utilisé les forces armées et d’autres institutions publiques, dont le parlement, les ministres d’Etat, les media d’obédience néo-libérale et d’autres encore.

Face à ces actes répréhensibles, La Via Campesina internationle demande:

1. le rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel, sans effusion de sang

2. que les forces armées se gardent d’exercer une quelconque répression à l’égard des Honduriens qui exigent un retour de la démocratie

3. le respect de l’intégrité physique des leaders sociaux, dont Rafael Alegria de la Via Campesina

4. le retour immédiat à ses fonctions du Président Zelaya

5. la garantie par les autorités du droit pour la population de l’exercice d’une pleine démocratie, à travers la consultation populaire ainsi que toute autre forme d’expression.

La Via Campesina restera vigilante à garantir la sécurité de nos organisations membres, de nos leaders et de l’ensemble des Honduriens, durant ces moments difficiles.

Nous appelons toutes les paysannes, les paysans, leurs familles et leurs organisations, ainsi que l’ensemble des autres mouvements sociaux, à protester et à publier des lettres ouvertes, condamnant le coup d’Etat, auprès des ambassades du Honduras dans leur pays respectif.

Nous restons debout, solidaires de nos organisations paysannes sœurs du Honduras.

Globalisons la lutte, globalisons l’espoir!

Comité de coordination international de la Via Campesina Mali, Afrique, 28 juin 2009 (traduit en français le 30 juin).


Nous sommes le Honduras et nous sommes en résistance!

Marche mondiale des femmes, 29 juin 2009

La Marche mondiale des femmes et le Réseau latino-américain des femmes transformant l’économie (REMTE) joignons nos voix à celles des organisations féministes et des mouvements sociaux du Honduras pour condamner et répudier avec véhémence le coup d’État perpétré contre le président Manuel Zelaya Rosales, un coup d’État dirigé par les Forces armées et le président du Congrès national, Robert Micheletti, avec l’appui des médias contrôlés par l’oligarchie de ce pays.

Exécuté par les forces armées à 5 heures du matin ce dimanche, le 28 juin, le coup d’État a tronqué les aspirations démocratiques d’une population qui se préparait à une consultation populaire pour exprimer son accord ou son désaccord avec la convocation d’une Assemblée nationale constitutive qui élaborerait une nouvelle constitution. En outre, le coup militaire a placé à la présidence Robert Micheletti, marionnette de l’oligarchie hondurienne.

Nous soutenons la résistance pacifique du peuple, en particulier celle des féministes honduriennes, qui se mobilisent pour organiser des vigiles et une grève générale en appui au Président Zelaya et au rétablissement de la démocratie hondurienne. Nous nous joignons aux mouvements sociaux pour exiger:

1. Le rétablissement de l’ordre constitutionnel, sans effusion de sang

2. Que l’armée ne réprime pas la population hondurienne qui exige le retour de la démocratie

3. Le respect de l’intégrité physique des féministes et des autres dirigeants sociaux, qui ont été impliqués et mobilisés dans le projet de consultation populaire

4. Le retour immédiat du Président Zelaya à ses fonctions au Honduras et le rejet de Micheletti par l’Organisation des États Américains

5. Que les autorités garantissent le droit de la population au plein exercice de la démocratie par le biais de consultations populaires

Nous dénonçons le rôle des médias commerciaux, utilisés par les oligarchies honduriennes comme outil pour entraver la volonté populaire et appuyer et justifier le coup d’État.

Nous exhortons toutes les personnes, organisées et non organisées, aux paliers national et international, à se prononcer contre cette agression aux droits du peuple hondurien et de diffuser cette déclaration. Nous vous invitons aussi à mettre en commun les informations produites par les médias alternatifs, comme la Radio ELM (www.radioeslodemenos.org ) et la Radio Mundo Real (www.radiomundoreal.fm ).

Enfin, nous demandons instamment aux mouvements sociaux de protester devant les lieux de représentation diplomatique et commerciale du Honduras, et d’envoyer des lettres de dénonciation du coup d’État aux ambassades dans leurs pays respectifs.

Tant que toutes les femmes ne seront pas libres, nous serons en marche!


Le CADTM dénonce le coup d’état orchestré par l’oligarchie réactionnaire en Honduras et exige le retour du président Zelaya

Dimanche 28 juin, le président du Honduras Manuel Zelaya a été séquestré puis expulsé du pays par les militaires. Le CADTM condamne ce coup d’état orchestré par les secteurs réactionnaires de la société (l’armée, l’oligarchie, l’Eglise, le pouvoir judiciaire, les médias dominants) et le Pentagone. Ce coup vise à mettre fin brutalement aux aspirations de changements du peuple hondurien, investi dans le lancement d’une consultation populaire pour ouvrir la voie à un processus d’Assemblée constituante.

En effet, le président avait appelé ce même jour les Honduriens à se prononcer sur la mise en place d’une « quatrième urne », lors des élections générales qui se tiendront en novembre 2009, pour élire une Assemblée nationale constituante chargée d’élaborer une nouvelle Constitution. Les trois premières urnes sont réservées respectivement à l’élection du président, des députés et des maires. Pour justifier l’injustifiable auprès de l’opinion publique internationale, le Congrès et la Cour Suprême ont jugé ce scrutin illégal. Or, celui-ci s’inscrit dans le cadre de la loi sur la participation sociale |1| votée au Congrès le 27 janvier 2006, et se fonde plus largement sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, inscrit dans des textes juridiques majeurs comme la Charte des Nations unies. En outre, pour avaliser ce coup de force et désigner un nouveau gouvernement de facto, ses opposants ont fait valoir l’existence d’une présumée lettre de démission de M. Zelaya, que le président affirme n’avoir jamais signée.

Par ailleurs, contrairement à ce qu’avancent les principaux médias, Manuel Zelaya ne cherchait pas, via cette consultation populaire, à reconduire son mandat présidentiel lors des prochaines élections. En effet, celles-ci se tiendront dans le cadre de l’actuelle Constitution qui prévoit des mandats présidentiels de quatre ans non renouvelables.

En réalité, un bras de fer s’est installé entre l’oligarchie hondurienne et le président Zelaya, pourtant issu de l’oligarchie et membre du Parti Libéral, mais qui a opéré un virage à gauche en rejoignant ALBA (l’Alliance bolivarienne pour les peuples d’Amérique) et en prenant une série de mesures progressistes en faveur des classes populaires (par exemple l’instauration d’un salaire minimum). La proposition de convoquer une Assemblée constituante en vue de modifier la Constitution actuelle, peu propice à des transformations sociales en profondeur, a manifestement fait déborder le vase. En effet, les classes dominantes craignent de perdre leurs privilèges, comme ce fut le cas en Bolivie, en Équateur et au Venezuela, où des assemblées constituantes ont conduit à l’adoption de nouvelles Constitutions progressistes dans plusieurs domaines : contrôle des ressources naturelles, respect du droit des minorités et des peuples indigènes, mesures relatives à l’endettement...

Avec le coup des militaires, le peuple s’est ainsi vu ravir la possibilité de déterminer son avenir par les manœuvres illégales et criminelles des classes dominantes honduriennes, bastion traditionnel de l’orthodoxie néolibérale et du Consensus de Washington, décidées coûte que coûte à empêcher les réformes sociales nécessaires et à faire perdurer l’ordre néolibéral générateur de pauvreté et d’inégalités.

Heureusement la résistance populaire et le soutien apporté par de nombreux présidents latino-américains au président Zelaya commencent à produire des divisions dans l’armée des putschistes. Espérons que la combinaison entre les protestations intérieures et la solidarité internationale ramènera au pouvoir le président Zelaya.

Le CADTM tient à exprimer son entière solidarité avec la population hondurienne qui rejette catégoriquement le coup d’état, et exige la fin de la répression qui s’abat sur les manifestants et les leaders de mouvement sociaux et syndicaux.

Le CADTM soutient la résistance du peuple qui se mobilise pour organiser des vigiles et une grève générale pour exiger le retour du président Zelaya élu démocratiquement et le rétablissement de l’ordre constitutionnel.

Enfin, le CADTM s’associe au peuple hondurien pour exiger la convocation d’un nouvel appel au référendum sur le processus d’Assemblée constituante. Il s’agit là de la seule manière de permettre aux Honduriens comme aux autres peuples du Nord et du Sud de décider enfin de leur propre avenir.

Pour le CADTM, la solidarité des citoyens et des mouvements sociaux est indispensable. Elle doit se transformer en vaste mouvement populaire destiné à mettre à bas la logique néolibérale mortifère pour la remplacer par une logique radicalement autre, basée sur la garantie des droits humains fondamentaux. Dans ce but, l’annulation totale et sans condition de la dette de tous les pays du Sud, est une première nécessaire.

CADTM, 1er Juillet

www.cadtm.org
Quelques images de la mobilisation populaire et de la répression sur :http://www.aporrea.org/tiburon/n137574.html

 

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