Ce qu'est et ce que veut la Ligue Communiste Révolutionnaire
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Qu'est-ce qui nous rassemble ?

La LCR est une organisation politique qui se définit comme révolutionnaire, marxiste, internationaliste, féministe et pour une écologie anticapitaliste. Elle s'efforce d'impulser et de soutenir les luttes contre toute forme d'exploitation, d'oppression et de domination sur les personnes et sur l'environnement. Les militantes et les militants de la LCR estiment que ce qui est fondamentalement mauvais ne peut pas être réformé. C'est pourquoi ils/elles s'organisent politiquement afin de remettre à l'ordre du jour la nécessité du renversement de l'ordre dominant, d'une rupture révolutionnaire qui puisse initier la construction d'une société socialiste autogestionnaire où la majorité sociale déterminera démocratiquement la satisfaction de ses besoins.

Vous avez dit "révolution socialiste" ?

A terme, un monde libéré de la dictature du capital ne peut naître qu'à travers une rupture radicale avec l'ordre capitaliste. La révolution, autrement dit le remplacement d'un mode de production et d'un système social et politique par un autre, est une nécessité car aucune classe dominante n'a jamais cédé volontairement son pouvoir de domination. Les réformes seules ne suffisent pas car elles seront toujours un jour ou l'autre remises en question. Nous ne pouvons rien attendre de bon d'un système qui, par sa logique même, génère des millions de chômeurs, de précaires et d'exclus dans les pays riches et des centaines de millions de personnes souffrant la famine dans les pays du Sud. Nous ne devons avoir aucune illusion envers un système écologiquement insoutenable qui menace notre planète de destructions irréversibles, mettant en péril l'avenir de l'humanité elle-même. La crise de ce " modèle " de civilisation ne fait que s'aggraver et ses contradictions deviennent explosives : guerres impérialistes, militarisme, restriction des libertés démocratiques, régressions sociales, développement d'idéologies réactionnaires, etc.

Face au bloc politique et idéologique des classes dominantes qui défendent un tel système, nous pensons qu'il faut opposer une stratégie de contre-hégémonie qui conteste sa légitimité. Il s'agit de construire un contre-pouvoir capable de se poser en alternative au pouvoir dominant et, à terme, de se substituer à lui. Un bloc politique, social et culturel alternatif qui, en impulsant des processus de convergences entre les mouvements sociaux et le mouvement ouvrier, lutte pour des réformes " non réformistes " et des revendications transitoires dont la conquête et la consolidation supposent une confrontation et une rupture avec le système, la logique du capital et l'Etat capitaliste.

Au-delà, la réalisation des idéaux égalitaires, démocratiques, autogestionnaires et de justice sociale ne peuvent se concrétiser sans une remise en cause de l'appropriation privée des moyens de production, d'échange, de communication et des ressources naturelles qui constitue le fondement de la société capitaliste. Le socialisme signifie retirer à la minorité capitaliste le pouvoir de décider des priorités de la production et du développement. Le socialisme, c'est la décision démocratique de l'usage des ressources naturelles, de ce qui doit être produit, comment et pour qui. Notre perspective socialiste est un projet universaliste, qui ne pourra se réaliser définitivement qu'à l'échelle internationale, basé sur une dialectique entre une émancipation individuelle et une émancipation collective. enracinée dans l'émancipation sociale. C'est pourquoi la réinvention d'un tel projet socialiste émancipateur, féministe, radicalement démocratique -car loin de toutes les caricatures dont il a été l'objet- et qui intègre pleinement les questions écologiques est selon nous la seule alternative viable.

Pourquoi une organisation marxiste-révolutionnaire ?

Pour avancer dans ce projet, les militantes et les militants de la LCR estiment qu'une organisation politique révolutionnaire est nécessaire. La LCR constitue aujourd'hui un regroupement fort modeste et il n'a nullement la prétention d'incarner " Le " parti révolutionnaire à venir qui accomplira toutes ces tâches, ni même de le préfigurer par la simple croissance numérique de ses propres forces. Dans le contexte actuel (mais cela était également valable par le passé), la construction d'un tel parti révolutionnaire de masse n'est pas linéaire, elle est plutôt sinueuse, passant par bien des recompositions et des étapes intermédiaires. La LCR aujourd'hui est un des noyaux, un instrument nécessaire mais non suffisant en soi, de ce futur parti révolutionnaire de masse.

La LCR est une organisation internationaliste car le capitalisme est un système mondial qui a en partie internationalisé les luttes des classes et les résistances globales à ses méfaits. Face à un système fonctionnant de manière internationale, la riposte doit être au même niveau, et c'est d'autant plus nécessaire en Europe où la bourgeoisie mène des politiques coordonnées à travers la construction de l'Union européenne tandis que les mouvements sociaux et ouvriers ont pris énormément de retard dans la coordination de leurs propres luttes. La LCR est également internationaliste car une alternative socialiste ne peut être viable et durable qu'à l'échelle mondiale. De tout cela découle notre appartenance à une organisation qui dépasse les frontières nationales, la IVe Internationale, dont les sections poursuivent également le même objectif : constituer, avec d'autres forces, un nouveau mouvement révolutionnaire mondial de masse.

La LCR est une organisation qui, loin de tout passéisme poussiéreux ou caricatural, plonge ses racines dans les expériences révolutionnaires du passé, car rien ne recommence tout à fait à zéro. La mémoire collective et l'expérience historique rendent possibles les rêves et les projets du futur. C'est pour cela que la LCR veut articuler les acquis du marxisme révolutionnaire, l'écologie radicale et le féminisme en même temps que nous tentons de tirer des leçons pour l'avenir des processus révolutionnaires du passé - de leurs réussites et de leurs échecs - , de l'histoire de mouvements sociaux et de leurs organisations afin d'éviter autant que possible les erreurs et les dogmatismes.

C'est d'ailleurs là une des raisons fondamentales de l'utilité d'une organisation révolutionnaire telle que la nôtre: transmettre la mémoire des luttes afin de les mettre au service de celles d'aujourd'hui et du futur, jeter des ponts entre les expériences du passé et celles du présent. C'est aussi, dans le présent, centraliser, partager et tracer des perspectives communes à partir des multiples expériences vécues par nos membres dans leurs différents terrains d'intervention, et ceci afin de faciliter dans tous ces milieux une prise de conscience de la globalité des phénomènes d'oppression et d'exploitation et de la nécessité d'une réponse globale pour y mettre un terme.

Le marxisme sur lequel se fonde notre programme n'est nullement un marxisme figé et dogmatique, mais une théorie et une pratique en mouvement, en éveil. Si la critique marxiste du système du capitalisme reste incontournable, elle doit également s'enrichir, notamment à travers son "écologisation ", autrement dit en prenant en compte la réalité plus large que constitue la société humaine et ses interactions avec l'environnement dont elle fait partie.

Selon nous, une organisation révolutionnaire n'est pas une " avant-garde éclairée ", constituée d'une élite qui dicte sa conduite aux autres et subordonne les intérêts des luttes et des mouvements sociaux à ses seules préoccupations partidaires. Si elle doit préserver des principes programmatiques cohérents, une organisation révolutionnaire doit également être un espace ouvert à toutes les expériences touchant à l'émancipation sociale, et pas seulement à celles qui sont apparentées à son courant, à son identité historique propre. Nous pensons qu'on ne peut construire une telle organisation et refonder un projet socialiste qu'avec des gens capables d'autonomie, d'ouverture, ayant des capacités d'argumentation, d'élaboration et de critique mais aussi d'écoute et d'apprentissage de tout ce qui peut contribuer à rendre crédible et possible une perspective socialiste.

Mouvements sociaux : unir et converger!

Pour les militant/es de la LCR, la construction et le développement de cette dernière n'est donc pas un but en soi, mais un moyen. Nous intervenons également dans divers mouvements sociaux (syndicats, mouvement altermondialiste, de défense des sans papiers, contre le racisme, mouvement féministe, écologiste) afin de contribuer à les construire démocratiquement et loyalement, tout en respectant leur autonomie. Loyalement parce que nous considérons la construction et l'auto-organisation démocratique de ces mouvements comme décisives par rapport à toute considération strictement partidaire. Les militant/es de la LCR estiment en effet qu'en tant qu'anticapitalistes, ils/elles doivent être les plus fermes défenseurs de la participation et de l'auto-organisation active, massive et unitaire des gens dans les luttes qui les concernent.

Cette pratique découle d'une conception stratégique et théorique, d'une perspective historique à long terme qui nous semble correspondre à celle que Marx résumait dans sa célèbre formule "L'émancipation des travailleurs (et des travailleuses !) sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes". Une révolution socialiste ne pourra être réalisée que consciemment et seule la majorité sociale est capable de le faire car toute transformation sociale d'ampleur, toute révolution réelle, nécessite la participation de l'immense majorité des travailleurs et des travailleuses.

Cette participation se concrétise par l'apparition d'organes d'autogestion économique et politique qui rassemblent les masses bien au-delà des seuls partis politiques révolutionnaires. Dans cette perspective, les mouvements sociaux représentent autant d'écoles de l'avenir, non seulement de lutte, mais aussi d'apprentissage de l'auto-organisation, de l'auto-activité démocratique. Une rupture révolutionnaire présuppose une accumulation d'expériences au quotidien, de réformes partielles victorieuses, de luttes au fil desquelles les gens démontrent et gagnent en confiance dans leur capacité à devenir les acteurs et actrices de leur propre histoire, cette dimension étant essentielle pour construire une contre-hégémonie au pouvoir dominant actuel.

Dans le court terme, cette orientation est également, selon nous, une condition sine qua non pour stopper l'offensive néolibérale et pour reconstruire un rapport de forces favorable. Dans le long terme, elle permet enfin de préfigurer la société pour laquelle nous luttons car une société autogestionnaire libre de toute exploitation et oppression ne pourra voir le jour que si les hommes et les femmes exploité/es et opprimé/es commencent déjà à prendre leur sort en mains dès aujourd'hui.

Cette conception ne relègue pas le rôle d'une organisation politique révolutionnaire aux coulisses ou aux oubliettes de l'histoire car il existe une relation dialectique entre les organisations politiques révolutionnaires et l'auto-organisation des luttes sociales. Une organisation révolutionnaire ne peut pas réaliser grand chose sans l'intervention et l'auto-activité consciente de la majorité sociale. Elle doit donc stimuler et encourager cette intervention plutôt que de chercher à la contrôler.

D'autre part, les mouvements sociaux sont souvent axés sur un terrain particulier et, si leur existence et leur action est très " politique ", ils ne se posent pas directement sur ce terrain. Une organisation révolutionnaire dont les membres sont actifs dans de tels mouvements sociaux doit être capable, à travers la centralisation, le partage et l'échange d'expériences de ses membres, de proposer dans ces mouvements des vues d'ensemble, des propositions de perspectives politiques communes.

Le travail militant de la LCR se caractérise ainsi par l'effort de faire converger les luttes, les campagnes, les initiatives, les plates-formes et les collectifs afin de les consolider et de mettre en réseau les mouvements entre eux afin de contribuer à ce qu'émerge en leur sein une perspective politique d'ensemble et commune.

L'unité des luttes sociales et des mouvements de résistance est également une condition nécessaire afin de dépasser la fragmentation, la précarisation, l'atomisation et l'individualisme induits par le capitalisme néolibéral afin de perpétuer sa domination. La fragmentation des intérêts et des subjectivités qui en découle implique une diversité des luttes et des organisations qui, si elle constitue une richesse, peut être un frein si elle ne s'accompagne pas de stratégies unitaires capables d'unifier toutes les formes de résistance au capitalisme néolibéral. En ce sens, nous pensons que l'émergence du mouvement altermondialiste, qui unifie dans la diversité, a représenté un énorme pas en avant, mais un pas insuffisant s'il n'aborde pas de front la question politique, autrement dit celle du pouvoir qui permet aux politiques néolibérales de se déployer.

Pour un syndicalisme de combat !

Nous accordons également une énorme importance à la recherche de l'unité d'action entre les divers mouvements de résistance et le mouvement ouvrier organisé car les organisations syndicales demeurent des instruments indispensables et incontournables pour la défense des intérêts immédiats des salarié/es. Malgré les déclarations de décès dont elle fait régulièrement l'objet, la classe ouvrière salariée (qui ne se limite pas aux seuls ouvriers d'entreprise, mais bien à tous/tes ceux/celles qui sont forcé/es de vendre leur force de travail) occupe dans le système capitaliste une position stratégique-clé car c'est de son exploitation qu'est tiré le profit capitaliste. Par leur capacité à frapper le système en plein coeur, avec l'arme essentielle de la grève notamment, les salarié/es jouent un rôle déterminant dans tout projet de transformation sociale.

Si les militant/es de la LCR oeuvrent, dans les organisations syndicales et les mouvements sociaux, à leur convergence, ils/elles sont également conscient/es que cela doit passer par la lutte contre leur bureaucratisation, pour leur réorientation profonde à travers la construction d'une gauche syndicale forte. Une telle option ne peut voir le jour que par l'application d'un syndicalisme de combat démocratique ; un syndicalisme offensif qui refuse les diktats patronaux et les compromissions de la " concertation sociale ", pratiquée par les sommets syndicaux, qui n'est trop souvent que de la collaboration de classe. Un syndicalisme en rupture avec la " cogestion " du système qui n'est autre que l'accompagnement des contres-réformes néolibérales. Un syndicalisme qui intègre et unifie tous les exploité/es : hommes et femmes, avec ou sans emploi, jeunes et anciens, Belges et immigré/es (avec ou sans papiers), francophones et flamand/es... Un syndicalisme, enfin, qui doit s'intéresser à toute forme d'exploitation et d'oppression dont sont victimes les travailleurs/euses, dans et en-dehors des entreprises, à tout développement dans la société, chez nous ou partout dans le monde, qui menace leur bien être.

Pas de socialisme sans féminisme, pas de féminisme sans socialisme

Nous pensons que pour réaliser l'unité des travailleurs et des travailleuses indispensable aux luttes contre toutes les formes d'exploitation, les luttes anti-patriarcales et anti-capitalistes sont à mener de front, dans une approche dialectique. Il faut pour cela reconnaître et combattre l'oppression patriarcale dont les femmes (la moitié de l'humanité) sont victimes en plus de l'oppression capitaliste en tant que travailleuses avec ou sans emploi et d'oppression raciste en tant que femmes de milieux liés à l'immigration.

Nous pensons que l'oppression patriarcale envers les femmes ne peut se révéler et être combattue qu'à travers les luttes autonomes des femmes pour leur émancipation nous revendiquons au sein de notre propre organisation comme au sein des mouvements dans lesquels nos militant/es sont impliqué/es, le développement et la reconnaissance d'espaces non-mixtes pour produire des analyses et des stratégies féministes qui, en dépassant les seuls intérêts des femmes, renforcent les luttes de l'ensemble des travailleuses et des travailleurs.

Nous pensons que l'émancipation des femmes passe par une rupture radicale avec le système capitaliste mais nous sommes conscient/es que nos propres comportements ne sont pas libérés de l'idéologie patriarcale qui les imprègne et que par conséquent l'oppression patriarcale ne disparaîtra pas d'elle-même avec le capitalisme.

L'idéologie patriarcale et le système capitaliste dans lequel elle se concrétise sont intimement liés et s'entretiennent mutuellement. Les militantes LCR impliquées dans les mouvements féministes s'efforcent de mettre à jour ces liens afin d'enrichir les analyses et stratégies politiques de ces mouvements en vue de contribuer à dé-cloisonner les luttes féministes dans une perspective de convergence des résistances (contre le racisme, contre le capitalisme, contre le patriarcat, ...)

Enfin, nous nous opposons à l'oppression hétérosexiste de la société capitaliste patriarcale envers les gays, les lesbiennes, les bisexuels et les transgenres. Ces différentes formes d'oppression, ainsi que toute forme d'oppression liée aux genres, doivent être reconnues et combattues pour réaliser l'unité des travailleurs et des travailleuses indispensable aux luttes contre toutes les formes d'exploitation.

Pour un écosocialisme

Nous pensons que la crise écologique constitue une question majeure car elle se double, et se doublera encore plus à bref délai, d'une crise sociale aiguë, elle-même enjeu de luttes politiques centrales. La bourgeoisie va certainement porter des coups aux acquis sociaux sous prétexte, par exemple, de lutte contre le changement climatique, mais elle sera incapable d'imposer à la crise écologique une solution acceptable par la majorité sociale. Cette incapacité renvoie, en définitive, à l'incompatibilité entre un système qui ne peut exister sans accumulation permanente du capital et sans consommation croissante de marchandises, et un écosystème aux ressources limitées et aux équilibres fragiles

Face à cette double crise, nous pensons qu'une organisation marxiste révolutionnaire telle que la nôtre ne peut se cantonner à la seule dénonciation propagandiste du capitalisme, elle doit également apporter des réponses pertinentes, articulées sur les plans de la nécessité écologique et de la justice sociale. Seule la compréhension de l'articulation entre la crise écologique et la crise sociale permet de résoudre cette double crise dans un sens progressiste, qui sera nécessairement révolutionnaire.

La lutte écologiste peut se mener sous divers angles, tels que le lobbying sur des objectifs concrets ou l'éducation du consommateur. Nous ne méprisons pas ces angles-là, ni ignorons les associations qui l'assument, mais nous conservons notre liberté de critique à l'égard des illusions " néo-réformistes " du " capitalisme vert ", de la décroissance ou d'un combat uniquement culturel et consumériste. Mais surtout nous affirmons que la lutte politique de masse est centrale. Une réponse pertinente de l'humanité à la crise écologique-sociale implique une transformation de sa relation à l'environnement naturel et donc une transformation radicale des rapports tant de production que de consommation. Seule une mobilisation politique de masse permet d'avancer sur cette voie, ce qui posera nécessairement la question d'une issue politique globale.

Une autre politique est possible ! Une autre gauche est nécessaire !

Nous pensons que la reconstruction d'une gauche anticapitaliste ne se limite pas au renforcement et à la consolidation des luttes, des réseaux militants, d'une gauche syndicale et des mouvements sociaux. Il existe un décalage entre les recompositions sociales et son expression politique, les luttes sont souvent massives mais elles ne sortent pas pour autant de la spirale des défaites car ces dernières sont aujourd'hui plus nombreuses que les victoires. Face à l'adhésion ou à la capitulation des partis socialistes, devenus sociaux-libéraux, et écologistes au néolibéralisme, l'absence d'alternative politique reste un élément de faiblesse, y compris pour les mouvements sociaux.

Il est donc également nécessaire de construire une formation politique anticapitaliste de type nouveau, ample, crédible et plurielle qui rassemble les syndicalistes de combat, les militant/es des mouvements sociaux et altermondialistes, les écologistes partisans d'une écologie de transformation du système et non de son accompagnement, des travailleurs/euses de toute origines, les " sans " (sans emploi, sans logement, sans papiers). Une nouvelle force politique qui puisse réellement traduire, dans la rue et dans les urnes, les aspirations et revendications issues de ces luttes. Ainsi, tout en ayant le souci de développer notre propre courant, nous intervenons également dans ces mouvements afin d'impulser leur convergence sur le terrain politique afin d'éviter que leurs revendications ne se dispersent ou restent lettre morte faute d'une telle alternative.

Le champ politique recouvre plusieurs domaines ; c'est à la fois un " projet ", un programme dont les éléments sont d'ailleurs portés par les mouvements sociaux, mais c'est aussi un lieu de représentation, de pouvoir. Opposer ces deux dimensions n'a pas de sens, il faut rompre avec le schéma classique de la " division du travail " entre un parti composé de " professionnels du pouvoir " qui se réserve le champ institutionnel et des mouvements sociaux qui se limitent au seul terrain revendicatif, cantonnés ainsi à un rôle d'éternel lobbying.

Nous ne rejetons donc nullement la nécessité, pour cette nouvelle force politique, de participer aux processus électoraux et d'obtenir une représentation politique de la gauche radicale au sein des institutions bourgeoises, capable d'y relayer et défendre les luttes des mouvements sociaux, de s'en servir comme autant de tribunes. Le champ politique électoral et institutionnel est également un terrain de la lutte des classes, mais c'est un terrain particulier où les risques de perdre de vue les buts et les véritables enjeux du mouvement social sont élevés. C'est pourquoi nous défendons tout autant l'absolue nécessité de subordonner cette représentation institutionnelle aux mobilisations extra-parlementaires, aux mouvements sociaux, aux luttes, dans le cadre de principes politiques et programmatiques cohérents.

Toute représentation institutionnelle doit être au service des luttes et non l'inverse car, à terme, une réelle transformation radicale de la société ne peut se faire dans le cadre des institutions bourgeoises à travers une simple accumulation graduelle de réformes, ces institutions n'étant pas " formatées " pour cela. L'expérience de la social-démocratie et celle plus récente des partis écologistes démontrent qu'on ne " transforme " par ces institutions, cet Etat, de l'intérieur, que c'est au contraire ce dernier qui transforme ces partis qui refusent de voir sa nature de classe en courroies de transmission des impératifs du capital au sein du mouvement ouvrier.

Une représentation institutionnelle n'a donc de sens que pour avancer dans des conquêtes partielles, dans des réformes en rupture avec le modèle néolibéral dominant afin d'élever la conscience de classe et les luttes à un niveau supérieur et non pour les freiner.

De plus, il s'agit également, en dehors et en leur sein, de " socialiser " la politique, de remettre en question le fonctionnement et la nature des ces institutions en mettant en avant d'autres formes de démocratie basées sur la participation permanente, active et protagoniste des gens, à travers des espaces auto-organisés de pouvoir de contrôle et de décision sur toutes les politiques qui les concernent. La politique n'est pas l'affaire de politiciens professionnels, elle est l'affaire de tous/tes et tous/tes sont capables de la faire.

Rejoindre la LCR

Afin de contribuer à réaliser ces divers objectifs, les militant/es de la LCR invitent tous ceux et toutes celles qui partagent ces projets à les rejoindre. Il n'est pas nécessaire d'être en accord avec chaque virgule du vaste programme historique accumulé et porté par la LCR après plusieurs décennies d'existence et de luttes. Mais nous pensons qu'il est nécessaire que cet accord soit cohérent avec nos principes fondamentaux.

La " crise du militantisme " est une réalité dont il faut tenir compte et nous rejetons l'engagement " sacrificiel " qui refuse de tenir compte des contingences de la vie réelle, qui épuise et use au point de supprimer l'autonomie et l'esprit critique et qui transforme le/la révolutionnaire en militant-robot prêt à tout " au nom de l'intérêt du parti ". Mais il est clair également que si la démocratie est le principal pilier de la vie interne d'une organisation révolutionnaire telle que la nôtre, la centralisation et la cohérence sont autant de conditions qui permettent à cette démocratie de s'appliquer, c'est pour nous tout le sens à donner au principe du " centralisme démocratique " qui régit notre fonctionnement interne. Et nous savons aussi que, sans militantisme, il n'y a pas de lutte, sans lutte, il n'y a pas d'organisation et sans organisation il ne peut y avoir, à terme, de concrétisation d'un projet alternatif et révolutionnaire.


Voir ci-dessus