Allemagne: Retour sur le succès de Die Linke en Rhénanie du Nord-Westphalie

Par Manuel Kellner le Samedi, 19 Juin 2010 PDF Imprimer Envoyer

Le résultat des élections régionales à Rhénanie du Nord-Westphalie (NRW) du 9 mai 2010 est un évènement politique de portée fédérale en Allemagne et peut-être même de portée européenne. C’est le Land le plus peuplé de l’Allemagne avec plus de 13 millions d’électeurs inscrits. Trois aspects centraux doivent être mis en lumière pour faire le bilan des ces élections :

1. La CDU chrétienne-démocrate conservatrice essuie une défaite considérable. Sa coalition avec les libéraux du FDP est battue en Rhénanie du Nord-Westphalie et au niveau fédéral la coalition noire-jaune CDU-CSU-FDP, c’est-à-dire le gouvernement de la chancelière Angela Merkel, perd la majorité dans le Bundesrat (la 2ème chambre, le parlement qui représente les Länder), ce qui va imposer des procédures de consultations et de compromis pour beaucoup de projets de loi importants. Le gouvernement Merkel est aussi sous pression, tombant à 40 % des intentions de vote dans les sondages.

2. L’abstention a encore augmenté. C’est une tendance lourde et continuelle de la politique. Lors des élections fédérales en 2005, la participation en NRW en 2005 fut encore de 63 %, cette fois-ci seulement de 59,3%, soit 7 872 862. Autrement dit plus d’un demi-million qui allaient encore voter en 2005, ont maintenant boudé les urnes ! Cela traduit une crise de légitimité évidente des institutions de la démocratie parlementaire, bien que ce genre de constat soit toujours difficile à interpréter. Ce n’est pas simplement un réflexe « anti-système », il y a aussi de la résignation, de la dépolitisation. Les mobilisations extra-parlementaires, elles aussi, restent faibles.

3. Le fait que le parti Die Linke (La Gauche) franchisse la barrière des 5 % et entre pour la première fois dans le parlement de NRW, le Landtag à Düsseldorf avec 5,6 %, soit 434 846 voix constitue une donnée indubitablement positive. Avec une fraction parlementaire de 11 députés, dont 6 femmes, c’est la section régionale la plus « à gauche » dans Die Linke qui renforce son poids tant dans le débat politique publiquement perceptible qu’au sein du parti. Des 11 député(e)s, six sont dans le courant Antikapitalistische Linke (AKL – Gauche Anticapitaliste), dont deux sont également membre de la ISL (internationale sozialistische linke – Gauche Socialiste Internationale, une des deux fractions publiques de la section de la IVe Internationale en Allemagne). Les cinq autres sont membre de la Sozialistische Linke (SL), un courant réformiste de gauche (mais dans lequel militent aussi, pare exemple, les membres de « Marx 21 » qui fait partie du courant international IST, lié au SWP britannique). Il n’y a donc aucun membre du FDS (Forum Demokratischer Sozialismus), regroupant l’aile « co-gouvernementaliste » majoritaire dans le parti au niveau fédéral. La direction fédérale du parti avait néanmoins jugé cette élection très importante et s’était engagée dans la campagne électorale : de grands meetings publics, avec Oskar Lafontaine et Gregor Gysi, avaient rassemblé des milliers de participants. Die Linke est maintenant présente dans les parlements régionaux de 13 Länder sur 16. (...)

Die Linke, un succès contre vents et marées

En Rhénanie du Nord-Westphalie lors des élections régionales de mai 2005, Linkspartei/PDS et WASG (qui ont depuis formé Die Linke), présentaient des candidatures séparées. Avec presque 73 000 votes Linkspartei/PDS obtenait 0,9 %, alors qu’avec 182 000 votes la WASG avait 2,2 %. Ensemble la gauche radicale totalisait 255 000, soit 3,1 % des suffrages exprimés. Tant en pourcentage (5,6 %) qu’en chiffres absolus (434 846) Die Linke améliore donc le score de ses prédécesseurs d’il y a cinq ans. Mais si l’on compare son résultat avec celui des élections fédérales de 2009 — en Rhénanie du Nord-Westphalie Die Linke obtint alors 790 000 voix — il s’agît plutôt d’un recul. Pourquoi l’entrée au Landtag de Düsseldorf avec 5,6% constitue-t-elle quand même une véritable petite victoire?

Après l’adoption de son programme électoral (voir ci dessous), Die Linke de Rhénanie du Nord-Westphalie fut soumis à un vrai matraquage par les médias et par les leaders des autres partis. Des revendications comme la socialisation du secteur de l’énergie ou la légalisation des drogues « douces » faisaient scandale, son refus formel d’accepter les réductions des acquis sociaux, les privatisations de biens publics, les pertes d’emploi dans le secteur public étaient présenté comme bêtement têtus et dogmatiques. Die Linke NRW se faisait dénoncé comme l’aile « extrémiste » et « chaotique » du parti, traité d’« irresponsable », « inapte à gouverner », « incapable de faire de la politique », avec des dirigeants d’extrême gauche ou ayant un passé politique « gauchiste ».

Le SPD et les Verts voulaient convaincre l’électorat qu’il ne sert à rien de voter pour Die Linke, que c’est inutile pour parvenir à une alternance gouvernementale et qu’il fallait empêcher Die Linke d’entrer dans le Landtag. En même temps, cette pression visait l’adaptation de Die Linke NRW, pour que le parti accepte de gouverner avec le SPD et d’appliquer une politique d’austérité dans l’intérêt du capital, comme Die Linke le fait dans les Länder de Berlin et de Brandenburg.

Pour leur part, la CDU et le FDP insinuaient que le SPD et les Verts pourraient réaliser une coalition avec Die Linke, si ses résultats le permettaient, ce qui excitait le SPD et les Verts à une agressivité encore plus forte contre Die Linke. Notons, qu’au tout début de la campagne électorale les représentants influents les plus durs de l’aile droite de Die Linke, comme Dietmar Bartsch, avaient poussé eux-mêmes à la dénonciation de leur parti en NRW à coup de déclarations publiques insinuant le « manque de maturité politique des gauchistes en Rhénanie du Nord-Westphalie » (le succès du 9 mai à fait taire ce genre de voix, du moins provisoirement). Il va sans dire que le SPD et les Verts ont refusé les initiatives et les propositions de Die Linke pour des mobilisations extra-parlementaires communes.

Le fait que Die Linke n’avait encore jamais été au Landtag de Rhénanie du Nord-Westphalie jouait aussi un rôle. Les sondages, surtout au cours des dernières semaines avant l’échéance, lui donnaient au maximum 6 %, souvent moins. Dans l’électorat l’incertitude quand à la capacité de Die Linke de franchir la barrière des 5 % était ainsi maintenue. De plus la composition du Landtag, qui n’a pas les compétences du Bundestag (Parlement fédéral), mobilise moins les gens normaux.

L’effet négatif pour Die Linke se renforçait au fur et à mesure que la date de l’élection s’approchait. Le SPD, qui venait de loin après sa cuisante défaite de 2005, gagnait de plus en plus dans les sondages et se rapprochait de la CDU. Les derniers jours avant le 9 mai les médias mettaient en avant la « course tête à tête » entre Jürgen Rüttgers de la CDU et Hannelore Kraft du SPD. Probablement cela a conduit une partie de ceux qui avaient envie de voter pour Die Linke à finalement donner leur voix au SPD ou aux Verts. C’est un phénomène sans soute comparable à celui observé lors des récentes élections régionales en France : la « gauche modérée », traditionnelle, donc la social-démocratie, tire profit du rejet de la droite gouvernementale et, en même temps, l’abstention se renforce. C’est une constellation difficile pour les forces politiques à gauche de la gauche.

Le SPD et les Verts ont montré qu’ils sont capables de modifier leur rhétorique et de capter des espoirs, bien qu’il ne s’agit que d’espoirs très modestes : une politique moins aggressive, un peu plus sociale, un peu plus écologique, un peu plus progressiste. Donner raison à ce genre d’espoir dans une politique gouvernementale, ça serait, bien entendu, tout autre chose. Mais le SPD a aussi su regagner une importante partie des dirigeants syndicaux au nom de la « solidarité » et des relations personnelles traditionnelles, même si une minorité d’entre eux commence à montrer un penchant pour Die Linke. La « gauche modérée », qui a tellement fait durant tant d’années pour tuer tout espoir, n’est pas encore morte… ou du moins elle est encore capable de se manifester comme un revenant

Cela dit, en prenant en compte le contexte et en sachant que le niveau de mobilisation extra-parlementaire était resté très faible, on peut dire que Die Linke NRW à remporté un vrais succès à contre-courant.

Question gouvernementale et perspectives

Die Linke de Rhénanie du Nord-Westphalie n’est pas parvenue à mobiliser les abstentionnistes. C’est un problème évident, surtout quand on sait que le profil assez radical de sa campagne était conçu pour y arriver : sa campagne mettait l’accent sur justice sociale, le retrait de la Bundeswehr de l’Afghanistan, exigeant que les riches payent pour la crise, expliquant qu’alors que les autres veulent gouverner, nous voulons changer la société etc. Dans les meetings et dans les médias, Die Linke disait à la fois qu’elle ne fera pas obstacle à l’objectif de renverser le gouvernement noir-jaune de Jürgen Rüttgers, étant donc prête à discuter avec le SPD et les Grünen d’une possible coalition dite «rouge-verte-rouge», et qu’elle veut un vrais changement de politique dans l’intérêt de la grande majorité de la population, des salarié(e)s, des exclus, des jeunes et des femmes et de la responsabilité écologique, en conflit avec les intérêts du grand capital. Die Linke ajoutait très clairement, qu’elle n’est en aucun cas prête a accepter la remise en cause des acquis sociaux et la destruction des emplois, qu’elle s’opposera donc aux privatisations.

Notre camarade Wolfgang Zimmermann (membre du courant AKL), un des deux porte-paroles du parti à NRW et maintenant co-président de sa fraction parlementaire (avec Bärbel Beuermann, qui est membre du courant SL), avait été perçu pendant la campagne électorale par les médias comme un « réaliste » visant à une coalition avec le SPD et les Verts. C’était une perception très sélective. Un exemple : le 20 mars à Essen, parlant aux 7 000 manifestants de la démonstration sous le slogan « Nous ne payons pas pour votre crise », Wolfgang Zimmermann avait lancé : « Nous serons probablement une petite minorité dans le Landtag. Mais même si nous avions la majorité au Landtag, à nous seuls, nous ne pourrions pas changer grand chose. Car les parlements n’ont pas le pouvoir. C’est le capital qui est au pouvoir. Contre le pouvoir du capital, il n’y a qu’un recours : le contre-pouvoir des millions. Je suis prêt à collaborer avec le SPD et les Verts, mais où sont-ils ? Pourquoi ne sont-ils pas ici avec nous ? Pourquoi se cachent-ils dans le parlement ? La collaboration doit commencer dans les mobilisations extra-parlementaires. »

Le lendemain, dans les journaux et dans les émissions régionales, on pouvait lire et entendre : « Wolfgang Zimmermann veut une coalition avec le SPD et les Grünen ». Ce qui n’était pas un mensonge total, mais quand même un compte-rendu étrange de ce que Wolfgang Zimmermann avait dit réellement !

Le SPD et les Grünen ont répété pendant toute la campagne électorale que Die Linke est incapable de politique réelle. Quelques jours après les élections, alors que le FDP avait rejeté une coalition rouge-verte-jaune (sa condition d’exclure toute discussion avec Die Linke n’avait pas été accepté par le SPD et les Grünen), le SPD et les Grünen ont invité Die Linke pour une consultation préalable à de possibles négociations sur les possibilités d’une coalition commune.

L’évènement eu lieu le 20 mars et a duré cinq heures, après quoi les délégations du SPD et des Verts déclarèrent publiquement que Die Linke de Rhénanie du Nord-Westphalie n’est pas apte à se conduire d’une manière responsable. A qui la faute ? C’est une question qui se discute maintenant dans les milieux politisés.

Pendant deux heures, le SPD et les Grünen voulaient une dénonciation de la défunte RDA par Die Linke. La délégation de Die Linke de Rhénanie du Nord-Westphalie accepta la formule du « préambule du contrat de coalition à Brandenburg » : « La RDA, ce n’était pas une démocratie, mais une dictature ». Mais le SPD et les Verts voulaient plus : « La RDA, c’était un Unrechtsstaat». Qu’est-ce que c’est que cela ? Dès qu’un terme est intraduisible, il faut renifler l’idéologie. « Rechtsstaat », cela existe, c’est un État de Droit. Mais sa négation « Unrechtsstaat » ne signifie pas que « ce n’était pas un Etat de Droit ». C’est un terme artificiellement créé et lancé il y a des décennies par un think-tank ultra-conservateurs (Konrad Adenauer Stiftung, proche du CDU) au service de l’anti-communisme primaire. Sa signification est celle d’une « dictature comme celle des Nazis, qui a commis les pires crimes contre l’humanité ». C’est l’identification du « socialisme » et du « fascisme » dans le cadre de la théorie bourgeoise dite du « totalitarisme ». La délégation de Die Linke ne pouvait pas l’accepter.

Au cours de la troisième heure, le deuxième thème a été abordé : le « Verfassungsschutz », le service d’espionnage secret contre les « ennemis de la constitution », qui espionne entre autre le parti Die Linke en Rhénanie du Nord-Westphalie ! Die Linke demande dans son programme sa dissolution. Sa délégation déclare tout de suite : « Nous ne représentons que 5,6 %, nous sommes prêts à la rigueur à renoncer à toute initiative concrète dans ce sens au cours du prochain quinquennat. Nous sommes prêts à signer cela dans un éventuel contrat de coalition ». Mais le SPD et les Verts en demandaient plus : que Die Linke accepte de voter pour un fonds spécial en vue de renforcer le Verfassungsschutz. Là, la délégation Die Linke ne suivait pas, disant qu’il faudrait plutôt réfléchir à réduire les dépenses pour le Verfassungsschutz.

Ce n’est qu’à la suite de ces deux discussion que le SPD et les Grünen en venaient aux thèmes de la politique économique et sociale. Ils voulaient faire accepter un début de privatisation de la banque du Land. Ils voulaient faire accepter que 8300 postes de travail dans les services publics ne soient pas renouvelés. Ils voulaient faire accepter une politique dite de « consolidation budgétaire » incluant des incursions dans certains acquis sociaux. La délégation de Die Linke ne pouvait pas accepter cela : « Nous avons dit le contraire dans la campagne électorale… et vous aussi par ailleurs ! » Et Hannelore Kraft du SPD de répondre : « Après les élections, tout les programmes doivent être soumis à une vérification réaliste [Realitätscheck] » ! La délégation de Die Linke a répondu : « Nous comprenons de mieux en mieux pourquoi il y a de plus en plus d’abstentions. Ce n’est pas responsable de faire après le contraire de ce qu’on a promis avant les élections ! ». L’entretien était terminé. Maintenant, le SPD entame les entretiens avec la CDU.

Un grand nombre de militants de base du SPD et des Grünen ne sont pas contents de la manière de leur direction à torpillée les consultations avec Die Linke. Cette dernière se concentre maintenant sur le travail d’opposition qu’elle veut lier intimement aux activités des mouvements sociaux et des syndicats prêts à se battre. En cas de duel entre Hannelore Kraft (SPD) et Jürgen Rüttgers ou un autre candidat du CDU pour le poste de Ministre-Président du Land, Die Linke est prête dans la situation actuelle à élire Hannelore Kraft. Dans le cas d’un gouvernement minoritaire du SPD et des Grünen, aux « majorités changeantes », Die Linke décidera au cas par cas comment voter (le SPD et les Grünen revendiquent par exemple certaines réformes progressistes dans le domaine des crèches, de l’école et de l’université). Mais Hannelore Kraft a déjà exclu publiquement la possibilité d’un gouvernement minoritaire au Landtag. Il faudrait quand même relancer cette proposition publiquement pour répondre aux sentiments de beaucoup de gens dans le monde du travail qui ont horreur d’une grande coalition noire-rouge ou d’un gouvernement minoritaire provisoire de Jürgen Rüttgers.

Avant l’entretien exploratoire avec le SPD et les Verts, Die Linke avait organisé trois conférences régionales (Rhénanie, Ruhr et Westphalie-Lippe) pour le préparer. Le dimanche suivant un congrès régional a approuvé la conduite de la délégation du parti dans les entretiens (un jugement par ailleurs approuvé par la direction fédérale du parti).

Dans le cas où la délégation aurait signé un contrat de coalition, la procédure suivante avait été prévue : a) trois nouvelles conférences régionales consultatives pour en discuter ; b) un congrès régional extraordinaire pour décider ; c) un référendum permettant aux près de 9000 membres du parti de trancher finalement la question, en approuvant ou non la décision du congrès. (Soit dit entre parenthèses, lors de l’entretien exploratoire, le SPD et les Verts avaient violemment critiqué cette procédure ainsi que le fait que la délégation de Die Linke incluait des membre de la direction du parti et non seulement de la fraction parlementaire : « Voilà encore une preuve que vous n’êtes pas fiables ! » Cela montre bien le respect de la démocratie de base qui caractérise les directions du SPD et aussi des Grünen).

Le parti Die Linke est loin d’avoir résolut tous ses problèmes. Il faut essayer d’en faire un vrai parti de combat, enraciné dans les usines, les services, les universités, les écoles, les quartiers populaires, dans les mouvements sociaux, dans l’aile combative des syndicats. Mais en Rhénanie du Nord-Westphalie c’est déjà un parti qui se démarque des autres par le fait qu’il est gouverné par ses membres et qu’il reste fidèle aux intérêts — employons notre terminologie traditionnelle — de la classe ouvrière et de tous les exploités, opprimés et dépossédés.

Köln, 25 mai 2010

La version complète de cet article est publié dans le n°562 de la revue Inprécor: http://orta.dynalias.org/inprecor/home

Manuel Kellner, notre correspondant à Cologne, Düsseldorf et Bonn, est membre du parti Die Linke, assistant scientifique du député Michael Aggelidis dans le parlement régional de NRW et membre de la coordination de la ISL

1. « Mehr netto vom brutto », ce qui signifiait qu’avec moins d’impôts chacun disposerai d’une partie plus grande de son revenu brut (avant impôt) mais laissait dans l’ombre toute la partie socialisée des services, subventionnée par… les impôts. Une manière de proposer l’inégalité dans une formule sympathique !


Programme d’urgence de Die Linke en Rhénanie du Nord-Westphalie (résumé): 
Pour un changement de politique fondamental dans l’intérêt de la grande majorité de la population.

Nous présentons ici la traduction abrégée du texte du Programme d’urgence présenté par Die Linke de Rhénanie du Nord-Westphalie à l’occasion des élections régionales de mai 2010 (Traduit de l’allemand par M.K.). Le texte complet (en allemand) peut être consulté sur le site web de Die Linke-NRW : http://www.dielinke-nrw.de/dasdringlichkeitsprogramm1.html

1. Redistribution équitable du travail et des richesses — un bouclier protecteur pour les humains, pas pour les banques

Programme d’investissements pour l’avenir : instruction, santé et infrastructure publique, au moins 300 000 nouveaux emplois. Et un autre fonds d’avenir pour la nécessaire transformation sociale et écologique de l’industrie sous contrôle public et démocratique. Une loi réglant les critères pour l’attribution de commandes publiques : respect des conventions collectives, salaire de 10 euros par heure minimum, responsabilité écologique. Nouvelle loi sur la cogestion garantissant plus de droits au personnel et à ses représentants dans le secteur public. Nouvelle loi sur les horaires d’ouvertures du commerce afin d’améliorer de manière décisives les conditions de travail des salarié(e)s.

2. Combattre la pauvreté — en finir avec l’exclusion sociale

A bas Hartz IV ! Au lieu des boulots « à un euro » méprisants les humains, des contrats de travail respectant les résultats des conventions collectives et incluant la protection sociale. Pas de sanctions, pas de réductions d’allocations — non aux coupures du courant électrique et du gaz et aux expulsions des locataires. Tickets sociaux pour les transports publics, tarifs sociaux pour électricités et gaz.

3. L’instruction n’est pas une marchandise

Instruction gratuite en commençant par les crèches pour les enfants de moins de trois ans jusqu’au troisième âge. Suppression des frais d’inscription aux crèches et universités. École unique de dix ans pour toutes et tous, où chaque enfant aura le droit à l’instruction et à une nourriture saine gratuitement. Suppression du bac « turbo » après douze ans, des examens centraux et des notes pour le comportement. Droit fondamental de formation professionnelle. Réforme du système universitaire, non à l’application du processus de Bologne.

4. Pour des services publics forts, pour des municipalités sociales

Arrêt des privatisations des biens publics ! Recommunalisation des biens publics déjà privatisés ! Réalisation du droit à un logement convenable pour toutes et tous. Pour commencer, un nouveau règlement de délai d'attente de préavis et décret contre l’abus d’espaces habitables. Un fonds régional contre l’endettement des communes structurellement faibles, une plus grande participations des communes aux recettes fiscales. Arrêt du démantèlement des acquis sociaux et culturels. Suppression de l’article 107 des règlements qui limitent le droit des communes aux activités économiques propres.

5. Droits sociaux égaux pour toutes et tous — réaliser une démocratie active

Améliorer les conditions pour la participations des citoyen(ne)s aux décisions au niveau communal et régional. Renforcement de l’information, de l’espace public et de l’autodétermination. Contre l’espionnage des citoyens par les entreprises et l’État. Contre le racisme et le néofascisme : droits égaux pour toutes et tous qui vivent ici ! Une démocratie vivante est la meilleure défense de la Constitution ! Nazis : hors des executifs et des parlements ! Suppressions de toutes les lois discriminatoires concernant les immigré(e)s, droits de vote et d’élection pour toutes et tous qui vivent ici. Pour une politique humaine d’asile pour les réfugié(e)s et un statut de séjour. Aucun être humain n’est illégal !

6. Extension des services de santé publics

Développement des services publics de santé, renforcement de la prévention. Pas de privatisations, contrôle démocratique des hôpitaux, non au déménagement des services. Investissements publics suffisants du Land, créations de réseaux communaux pour la santé.

7. Imposer les sources d’énergie renouvelables, transformation écologique de la Rhénanie du Nord-Westphalie

Socialisation des trusts d’énergie par la reprise en main des réseaux de distribution par les pouvoirs publiques, recommunalisation et décentralisation de la production et de la distribution de l’énergie. Restauration du contrôle des prix pour l’électricité et le gaz et réintroduction de la protection du climat dans la Constitution du Land. Soutien aux énergies renouvelables et refus de nouvelles mines de charbon. Abandon progressif aussi rapide que possible de la production de l’énergie à base du charbon et arrêt de l’exploitation de la lignite à ciel ouvert, tout en créant de nouveaux emplois dans les régions concernées. En perspective, sauvegarde d’un minimum d’exploitation du charbon. Interdiction du stockage des déchets nucléaires et désaffectation de l’installation d’enrichissement nucléaire de Gronau. Pas de transports du nucléaire, sortie totale de l’énergie nucléaire.

8. Préparer une société équitable en matière de genres

Salaire égal à travail égal. Nouvelle valorisation des différents travaux pour donner à toutes et à tous la possibilités de bien régler leurs activités dans les différentes sphères de la vie au quotidien. Pour cela il faut entre autre une prise en charge des enfants de bonne qualité et gratuite dans les crèches et les écoles primaires partout et pendant toute la journée. 50 % des emplois publics doivent aller aux femmes — il faut réaliser cela aussi vite que possible. Non aux réductions des subventions aux centres de femmes et plus de responsables officielles à temps plein pour la défense des droits des femmes.

9. Des perspectives viables pour les enfants, les jeunes et les familles

Développements des centres d’aide familiale, des centres de jeunesse et des crèches pour les enfants de moins de trois ans, suppression de la diminution des subventions et plus d’argent du Land pour le travail avec les jeunes ! Le personnel dans l’éducation doit être mieux payé et mieux formé. Il faut redévelopper l’infrastructure sociale pour les enfants, les jeunes et les familles dans les quartiers défavorisés. La pauvreté nuit gravement aux enfants, il faut en combattre les raisons et les symptômes. Les enfants pauvres, c’est un scandale dans ce pays riche ! Il faut tout de suite un réajustement des allocations sociales vers le haut pour les enfants et un concept de la lutte contre la pauvreté des enfants.

10. Pour un changement de politique solidement financé

Le Land Rhénanie du Nord-Westphalie doit peser pour une politique de redistribution des richesses et des revenus du haut vers le bas par la restauration des impôts sur les grosses fortunes et une nouvelle formule de répartition des rentrées fiscales au profit des Länder et des communes. Il faut embaucher 500 nouveaux contrôleurs fiscaux de la comptabilité des entreprises, et du personnel supplémentaire pour combattre la fraude fiscale. Il faut augmenter des impôts sur les hauts revenus.

Ce n’est qu’en agissant en commun avec les forces extra-parlementaires que Die Linke, au Parlement et dans les mobilisations de résistance, peut s’opposer au démantèlements des droits sociaux et démocratiques et imposer des alternatives. Die Linke NRW ne va pas participer à un gouvernement ni tolérer un gouvernement qui privatise, qui détruit les emplois, qui organise le démantèlement des acquis sociaux et qui n’améliore pas de manière significative les conditions de vie et de travail des êtres humains.

Voir ci-dessus