Déclaration de la LCR: Poursuivre et élargir le Front des Gauches dans l'unité et la clarté
Par LCR le Lundi, 21 Juin 2010 PDF Imprimer Envoyer

1. La Direction nationale de la LCR tire un bilan positif de la liste unitaire « Front des Gauches » qu'elle a contribué à mettre sur pied avec le PC, le PSL, le PH, le CAP et Vélorution. La LCR souhaite continuer et consolider cette expérience unitaire au-delà des élections, voire de l’approfondir sur des bases politiques, stratégiques et organisationnelles claires, à déterminer en priorité entre les partenaires.

2. La LCR estime que le score du Front des Gauches est plus que satisfaisant. La liste a été constituée en dernière minute; son sigle était inconnu, elle s'est présentée avec une plateforme commune minimale et sans un message clair autour d’axes prioritaires précis. Malgré ces handicaps – impossibles à combler en l'espace de trois semaines - la liste Front des Gauches a bénéficié d’un certain écho médiatique, d’un soutien dans les mouvements sociaux et d’un certain intérêt dans des secteurs de la population, de sorte qu’elle n’est pas restée cantonnée dans la marginalité électorale.

3. Pour la LCR, la campagne et le score montrent que l’unité des forces anticapitalistes dans la diversité répond à une attente d’une partie significative de l’opinion qui, face à la brutalité de la crise et des attaques de régression sociale, cherche une alternative crédible à gauche du PS et d’ECOLO. Le différentiel entre les scores au Sénat et à la Chambre, où la pression pour le vote utile est traditionnellement plus forte, indique que le potentiel de sympathie pour le Front des Gauches n’a pas été totalement capitalisé - en particulier dans le Hainaut, où l’effet Di Rupo a joué fortement à la Chambre.

4. Malgré un large courant de sympathie, en même temps, la LCR constate que la dynamique unitaire autour de la liste Front des Gauches est restée relativement faible en terme d'engagement concret dans la campagne. Elle s’est limitée pour l’essentiel aux composantes organisées, à leurs membres, à leurs sympathisants et à quelques personnalités qui, à l’instar de Vincent Decroly et de Michèle Gilkinet, ont eu le courage de prendre leurs responsabilités publiquement.

5. Dans l'immédiat, sur base de ce bilan, la LCR se prononce en tout cas pour le maintien et la consolidation du Front des Gauches tel qu’il existe aujourd’hui, c’est-à-dire en tant que front d’organisations soutenu par des indépendants, en Belgique francophone, capable de mener des campagnes et des actions communes pour des propositions politiques et dans des luttes ainsi que de déposer des listes communes aux prochaines élections.

6. La LCR plaide également pour que le Front des Gauches interpelle et entame sans exclusive des discussions avec d'autres forces politiques à gauche du PS et d'Ecolo, en particulier avec le PTB, qui a fait un bon score, et avec Egalité à Bruxelles, afin d'explorer les possibilités d'un travail en commun dans les luttes et sur le terrain des élections.

7. La LCR propose, entre autres, une mobilisation et une apparition communes du FdG et de ses composantes dans l’euromanif du 29/9, une campagne commune du FdG contre l’austérité du prochain gouvernement, et une intervention commune du FdG dans la grande manifestation « climat » de novembre, à Bruxelles. Un approfondissement de la plateforme commune défendue aux élections sera nécessaire, en lien avec ces terrains d'intervention. Nous proposons en outre que les organisations membres du FdG mentionnent leur participation à celui-ci sur leur matériel autonome.

8. A terme, la LCR n’exclut pas d’aller au-delà avec le Front des Gauches, afin de passer d'un front d'organisations à une nouvelle formation politique plurielle (avec adhésions individuelles). Cette transition devra être conçue comme un processus aux modalités de fonctionnement bien discutées et acceptées au préalable par les organisations partenaires qui ont créé et porté le Front des Gauches.

9. L’Europe offre des exemples de transformations réussies de fronts d’organisations en nouvelles formations politiques au sein desquelles coexistent plusieurs courants qui ont la liberté de défendre publiquement leurs propres positions et analyses. Une leçon qui s’en dégage est que, avant de s’engager dans cette voie, un certain nombre de conditions objectives, de clarifications et de convergences préalables sont nécessaires sur les plans stratégique, programmatique et organisationnel. La LCR, pour sa part, plaide pour que: 1°) l’objectif soit bien la formation d’une force politique anticapitaliste large; 2°) que cette formation exclue tout soutien et toute participation à la mise en oeuvre d'une politique néolibérale.

10. En cas d’accord des autres partenaires du FdG, une des conditions de succès de la transformation d’un front en un nouveau mouvement politique pluriel est que la base programmatique de départ soit suffisamment claire. L’expérience montre que cette condition doit être remplie avant d’ouvrir la porte aux adhésions individuelles. Il ne s’agit pas de se mettre d’accord sur tout, mais d’élaborer avant toute chose une charte, ou déclaration d’intentions. Un document assez ample est nécessaire, afin de tracer un cadre précis et de positionner le FdG sur les grandes questions: l’exploitation du travail, la mondialisation et les rapports Nord-Sud, l’Europe, le productivisme et le pillage des ressources naturelles, l’oppression des femmes et des homosexuels, le militarisme et la guerre etc… Ce cadre est nécessaire pour développer ensuite des revendications et déboucher sur un véritable programme, dont des éléments clés pourront ensuite constituer des axes d’intervention.

11. L'émergence d'une nouvelle force politique anticapitaliste sera également conditionnée par la montée des luttes et des résistances sociales face à la crise globale du capitalisme. Seules des mobilisations sociales d'ampleur peuvent permettre une prise de conscience à une échelle suffisamment significative parmi les salarié-e-s et les opprimés sur la nécessité de construire un tel nouvel instrument politique, qui soit aussi fidèle à leurs luttes que les partis traditionnels le sont aux intérêts capitalistes.

20 juin 2010

Direction Nationale de la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR), section belge de la IVe Internationale

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