Nato Game Over !
Par Pauline Forges le Mercredi, 04 Avril 2012 PDF Imprimer Envoyer

Ce dimanche 1er avril a eu lieu l’action directe non-violente de désobéissance civile « Nato Game Over ». Organisée par le collectif « Action pour la Paix », cette action a pour objectif d’envahir l’OTAN pour dénoncer l’existence de celui-ci et son fonctionnement. Pauline Forges, militante LCR et Jeunes Anticapitalistes (JAC), faisait partie des 16 manifestants qui ont réussi à pénétrer dans l'Otan. Pour La Gauche, elle revient sur cette journée et ses objectifs.

11h du matin : le soleil brille, et c’est au son des tambours que les militants se reconnaissent au Kriekelaar, à Schaerbeek. C’est là que se tient le briefing avant l’action. On a le choix : soit participer à l’action directe (on est alors sûr de se faire arrêter), soit manifester devant l’entrée de l’OTAN (avec un risque minimum d’arrestation). Des groupes d’une dizaine de militants se forment, et chacun se met en route vers l’OTAN en suivant un itinéraire différent pour ne pas se faire arrêter trop vite. Les jeunes anticapitalistes (JAC) se retrouvent dans un groupe.

Vers 14h, tous les groupes convergent vers le Quartier Général de l’OTAN. En face de nous, une ligne de policiers qui nous attendent, devant les barbelés. Derrière nous, d’autres policiers à cheval, prêts à charger. Nous avançons calmement jusqu’au dernier moment, puis c’est la course pour atteindre les barbelés sans se faire arrêter. Pour certains d’entre nous, c’est déjà la fin de l’action.

D’autres parviennent à sauter la clôture, et courent pour atteindre l’OTAN. Là, ce ne sont plus des chevaux qui nous poursuivent mais des chiens, et lorsque nous atteignons la seconde clôture des militaires et des policiers cagoulés nous envoient des gaz lacrymogènes, tout en nous menaçant avec les chiens. Nous courons sur le côté et franchissons encore un barbelé. Nous trouvons refuge sur des arbres pour échapper aux chiens. L’arrestation n’est plus très loin : après un dernier barbelé franchi et une dernière course nous sommes immobilisés, arrêtés et cloisonnés. Nous sommes 16 à avoir réussi à pénétrer dans le domaine de l’OTAN. 16h : 483 personnes ont été arrêtées au total, tandis que 300 manifestants soutenaient l’action.

Pourquoi cette action ? Pour marquer de manière symbolique notre désaccord avec l’OTAN, une organisation militaire impérialiste, et revendiquer l’arrêt de la politique d’intervention militaire. A Chicago, le Secrétaire Général de l'OTAN A.F. Rasmussen veut donner la priorité à la construction d'un dispositif d'interventions militaires. Après plus de dix années de guerre, le bourbier afghan nous montre à quel point cette idée a échoué. En Libye, l'OTAN a outrepassé la résolution de l’ONU et utilisé la 'responsabilité de protéger' comme excuse pour un changement de régime. Un an plus tard, l'OTAN laisse un pays fragmenté et dominé par des milices armées, la fin des armes nucléaires et l’arrêt du développement du bouclier anti-missile.

Nous réclamons aussi la fin des armes nucléaires : le point épineux de l'agenda du sommet de Chicago est la politique de défense et de dissuasion de l'OTAN. A Chicago, les pays de l'OTAN doivent se mettre d'accord dans le rôle des 200 armes nucléaires tactiques américaines qui sont stationnées actuellement sur cinq pays européens. Ils ne semblent pas enclins à changer leur politique. Pourtant, les armes nucléaires tactiques n'ont aucune utilité militaire et il existe un large soutien public et politique en faveur de leur retrait. A Chicago, nous verrons si l'OTAN ambitionne de se débarrasser de l'idéologie périmée de la guerre froide. Le maintien de la stratégie nucléaire actuelle est contre-productif pour le processus de non-prolifération.

Enfin, nous exigeons l’arrêt du développement du bouclier anti-missile : nos représentants à l'OTAN ont approuvé le développement du bouclier anti-missile et sont d'accord pour que les états-membres de l'Union européenne en payent le prix, sans aucun débat public. L'investissement de centaines de millions d'euros dans le bouclier anti-missiles ne fait que relancer la course à l'armement mondial.

Avec cette action, nous demandons un réel débat démocratique sur le rôle de l’OTAN, qui aujourd’hui reste absent. L’action vise également à faire évoluer le point de vue de notre gouvernement à l’approche du sommet de Chicago du 20 et 21 mai prochain.

Nous ne voulons ni du bouclier anti-missiles, ni des interventions de l'OTAN en Libye ou en Afghanistan, ni des armes nucléaires illégales et dangereuses. L'OTAN crée plus de problèmes qu'elle n'en résout, il est plus que temps d’arrêter la stratégie belliqueuse de l’OTAN.


Photo : dewereldmorgen.be




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