Ve Congrès du Bloc de Gauche
Par Raúl Camargo le Samedi, 09 Juin 2007 PDF Imprimer Envoyer

Le Bloco de Esquerda (Bloc de Gauche, BG) portugais vient de célébrer sa Ve Convention (congrès) nationale qui a renforcé son profil d’opposition de gauche au gouvernement du social-démocrate Socrates. Une belle leçon de démocratie pour une belle réussite politique.

Les 2 et 3 juin derniers s’est tenu à Lisbonne la Ve Convention nationale du Bloc de Gauche. Depuis sa création en 1999, cette organisation unitaire de la gauche anticapitaliste au Portugal s’est fortement consolidée et implantée dans la société et dans le paysage politique, devenant aujourd’hui une force significative qui compte plus de 4.000 membres, des centaines d’élus locaux, 8 parlementaires et une présence active dans les luttes et les mouvements sociaux.

La Convention a été dominée par la volonté de construire une opposition de gauche forte au gouvernement social-libéral de Socrates. La politique ouvertement néolibérale menée par le gouvernement du Parti socialiste portugais suscite un malaise et un mécontentement importants dans les couches populaires,  ce qui s’est exprimé au travers de la grève générale qui s’est tenue le 31 mai contre les mesures de déréglementation dans la fonction publique. S’il est exact que cette grève a eu un impact limité, elle a tout de même permis de mettre en évidence la véritable nature du social-libéralisme lorsqu’il arrive au pouvoir et son acharnement à approfondir des politiques qui finissent toujours par provoquer le retour de la droite pure et dure au pouvoir.

La Ve Convention du Bloc a réuni plus de 600 délégués issus de tout le pays et représentants les 4.200 membres de l’organisation (le pays compte 10 millions d’habitants, comme la Belgique, NDLR). Les débats se sont concentrés autour de quatre motions-tendances, représentatives de la pluralité interne du Bloc. La Motion A, qui rassemblait les trois organisations fondatrices du Bloc (l’APSR, section portugaise de la IVe Internationale ; l’UDP, ex-maoïste et Politica XXI, issue du PCP) et de nombreux militants non issus de ces organisations, a présenté un document intitulé « La gauche socialiste comme alternative au gouvernement Socrates ». Ce texte établit les lignes de forces prioritaires pour une gauche de combat qui met à l’avant plan la lutte contre le changement climatique à partir d’une perspective anticapitaliste et contre toutes les injustices provoquées par le capitalisme. Cette tendance a rassemblé près de 75% des délégués.

La Motion B, intitulée « Pour une Plateforme de démocratie socialiste » était impulsée par un groupe qui trouve son origine dans diverses organisations de l’extrême gauche portugaise des années ’70. Cette motion insistait dans ses thèses sur la nécessité d’approfondir la structuration interne du Bloc et dans la gestion correcte du pluralisme interne. Cette Motion rassemblait 5% des délégués. La Motion C intitulée « Tous dans la lutte, tous dans les rues ! » était défendue, ensemble avec quelques indépendants, par le courant Ruptura/FER, une organisation liée à la tendance LIT (Ligue internationale des travailleurs, trotskysme « moréniste »). Cette motion était la plus critique à l’égard de la direction sortante du Bloc (essentiellement de la Motion A) et a centré ses attaques sur la supposé absence de pluralisme interne dans l’organisation et l’adhésion du Bloc au Parti de la Gauche Européenne (Ruptura/FER a notamment demandé que le Bloc exige dans le PGE l’exclusion de Rifondazione comunista pour son soutien au gouvernement Prodi). Cette Motion, qui rassemblait 12% des délégués, demandait également qu’un rapprochement s’opère avec le Parti Communiste Portugais (PCP), notamment dans le travail syndical.

Finalement, la Motion D (3% des délégués) s’est présentée sous le titre « Le Bloc pour une majorité sociale des gauches », et était défendue par un groupe de militants de la ville de Matosinhos. Cette motion insistait sur la nécessité de lier plus étroitement le Bloc au mouvements sociaux, mais ses propositions étaient très similaires à celles de la Motion A.

Le débat de congrès fut très riche, premièrement dans la discussion des différentes Motions,  ensuite dans le débat sur les statuts et enfin pour l’élection des 80 membres de la nouvelle direction nationale. La composition élue de cette dernière, est la suivante :

Motion A: 404 votes  62 représentants   74,5%

Motion B:  24 votes    4  représentants   4,42%

Motion C:  78 votes   12  représentants  14,3%

Motion D: 17 votes      2 représentants    3,13%

Il y a eu 3 votes blancs et 6 nuls

A noter que notre camarade Françisco Louça, de l’APSR, a été élu porte-parole du Bloc. Le Bloc de Gauche est sorti renforcé de ce congrès, notamment dans sa capacité à articuler différentes traditions de gauche sans perdre pour autant une perspective clairement anticapitaliste.

Voir ci-dessus