Chavez invite à étudier Trotsky « Au Venezuela et en Amérique latine sont réunies les conditions nécessaires pour une véritable révolution »
Par Aporrea.org le Samedi, 28 Avril 2007 PDF Imprimer Envoyer

Au cours de l’émission hebdomadaire « Aló Presidente » du dimanche 22 avril, le président du Venezuela Hugo Chavez a invité ses concitoyens à étudier les œuvres du révolutionnaire russe Léon Trotsky, et tout particulièrement son ouvrage « Le Programme de Transition ». Ce dernier est un programme d’action élaboré par Trotsky et adopté au Congrès de fondation de la Quatrième Internationale en 1938, constituant ainsi une des bases fondamentales du courant trotskyste au sein du marxisme.

Après un appel d’un auditeur, Chavez a affirmé avoir lu récemment ce livre de Trotsky, offert par le « Ministre du Pouvoir Populaire pour le Travail et la Sécurité Sociale », José Ramón Rivero, qui se déclare partisan du révolutionnaire russe.

« Je ne peux pas me qualifier de trotskyste, mais je m’en sens proche parce que je respecte énormément la pensée de Léon Trotsky. Et plus j’ai du respect à son égard, plus je le comprend d’autant mieux. « La Révolution permanente », par exemple, est une thèse extrêmement importante. Il faut la lire, il faut l’étudier, tous, car ici personne ne connaît tout » a affirmé le leader du processus révolutionnaire bolivarien.

Le « Programme de Transition » avance, entre autres revendications, l’imposition de mesures telles que l’échelle mobile des salaires et des horaires, la levée du « secret commercial », l’instauration du « contrôle ouvrier » dans les entreprises, l’expropriation de certains secteurs capitalistes et des banques privées, l’étatisation du système des crédits, etc.

Chavez a souligné divers aspects relatifs à la théorie de la transition au socialisme établis par Trotsky dans cette œuvre et a affirmé qu’au Venezuela toutes les conditions sont réunies afin de construire le socialisme. « Léon Trotsky, a rédigé un texte sur la théorie de la transition que j’ai oublié d’apporter ici mais que je lisais ce matin… c’est un texte de 30 à 40 pages pas plus, mais c’est de l’or pur, d’un penseur brillant tel que Trotsky.  (…) Lorsque l’on parle des conditions réunies pour que le Venezuela soit un pays socialiste, une société socialiste prospère, au développement socialiste, il faut faire attention au terme « développement ». Il ne faut pas croire que le Venezuela va devenir un « pays développé » ! Attention ; il ne s’agit pas de copier le modèle du Nord, car ce modèle de développement est en train d’achever la planète camarades. C’est pour cela que je préfère utiliser un terme qui m’a frappé : « société socialistement et écologiquement développée»

Le président vénézuélien a également attiré l’attention sur l’affirmation de Trotsky sur le fait qu’en Europe et dans les autres pays développés du Nord, les conditions pour une révolution prolétarienne n’étaient pas seulement mûres, mais qu’elles avaient même commencé à pourrir ; « Ainsi, dit Léon Trotsky dans ce texte, rédigé entre les deux guerres, après la Première guerre mondiale et alors qu’approchait la Seconde, dans les années ’30 (…) En Europe et dans d’autres pays développés du Nord, les conditions pour une révolution prolétarienne n’étaient pas seulement mûres, mais elles avaient commencé à pourrir, car ce qui mûrit peut aussi commencer à se décomposer. Cette expression m’a prodigieusement interpellé, parce que je n’avais jamais lu, je n’avais jamais réalisé ce que cela signifie : si on ne les voit pas, si on ne les saisit pas à temps, si nous ne savons pas profiter du moment opportun où elles sont mûres, alors ces conditions commencent à se décomposer tout comme n’importe quel produit naturel de la terre. Et c’est ici que Trotsky souligne quelque chose d’extrêmement important car il dit que les conditions commençaient à pourrir non pas par la faute des travailleurs mais par celle de leurs directions qui ne voyaient pas, qui ne savaient pas, qui étaient lâches, qui se sont subordonnées au capitalisme, aux démocraties bourgeoises. De plus, les grands partis communistes, l’Internationale Communiste, se sont adaptés au système. De ce fait d’absence de direction, personne n’a pu saisir les opportunités, aucune direction n’a eu l’audace et l’intelligence d’orienter l’offensive populaire dans les conditions d’alors. Et survint la Second guerre mondiale et nous savons ce qui s’est passé, y compris après cette guerre. Et le siècle s’est finalement achevé par la chute du système soviétique, la disparition des prétendus « socialismes réels ».

« Je pense qu’aujourd’hui et ici les conditions sont réunies. Et je pense que la pensée, la réflexion de Trotsky, sont utiles pour ce moment présent que nous vivons car les conditions sont mûres au Venezuela et en Amérique latine. Je ne vais pas m’aventurer à donner une opinion sur l’Europe en ce moment-ci, ni sur l’Asie car il y a là d’autres réalités, d’autres dynamiques. Mais en Amérique latine et aussi au Venezuela, cela va de soi, les conditions sont réunies pour une véritable révolution ».

Paraphrasant Vladimir Lénine, Chavez a souligné la nécessité de construire un parti révolutionnaire, une direction révolutionnaire déterminée en fonction d’une stratégie ; « Abordons cette question de la direction car c’est pour cela que j’insiste tant sur un parti, sur la nécessité du parti car nous n’avons pas eu de direction révolutionnaire à la hauteur du moment que nous sommes en train de vivre ; à savoir une direction unie, déterminée en fonction d’une stratégie. Une direction unie capable d’un mécanisme, comme le disait Vladimir Ilich Lénine, permettant d’articuler des millions de volontés en une seule volonté. Cela est absolument nécessaire pour mener à bien une révolution car, autrement, le fleuve se répand inutilement partout lorsqu’il est en crue ; comme le Yaracuy lorsqu’il arrive dans la Caraïbe, sa force se perd et il s’achève comme une morne lagune. »

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Pour une présentation du Programme de Transition

Le texte du Programme de Transition

Voir ci-dessus