28 octobre : Une journée pour une alternative politique
Par David Dessers & Ataulfo Riera le Samedi, 30 Septembre 2006 PDF Imprimer Envoyer

Le samedi 28 octobre aura lieu à l'ULB une grande conférence à l'initiative du Comitee voor een andere politiek (Comité pour une autre Politique, CAP) et d'Une Autre Gauche (UAG). Le but est de rassembler des centaines de syndicalistes, de militants/es des mouvements sociaux et de travailleurs/euses pour œuvrer à l'émergence d'une alternative politique à gauche de la social-démocratie et des Verts en Belgique. Cette conférence décidera si ce nouveau mouvement politique en gestation se présentera aux élections fédérales de 2007.

Les élections fédérales de 2007 nécessitent en effet un timing serré. Normalement ces élections auront lieu en juin 2007. Mais toute coalition est instable en fin de législature et dans ce cas les partis au gouvernement préfèrent souvent une fin anticipée, plutôt que de prolonger les derniers conflits pendant des mois. Des élections anticipées en février ou mars sont donc possibles, du coup la conférence politique du 28 octobre ne vient pas trop tôt.

Un an après la lutte contre le pacte des générations

La date du 28 octobre ne tient pas du hasard, c'est en effet jour pour jour un an après que plus 100.000 travailleurs/euses étaient dans les rues de Bruxelles pour protester contre le pseudo-pacte des générations et la politique libérale d'austérité. C'est, avec entre autres la lutte contre la Constitution européenne, cette lutte sociale d'ampleur et l'absence de débouché politique à ses revendications qui a poussé à la création du CAP et d'UAG. Le 28 octobre on connaîtra également le résultat des élections communales, avec sans nulle doute une nouvelle progression de l'extrême droite nourrie par les politiques néolibérales que Guy Verhofstadt ne remettra certainement pas en question lors son "state of the union" devant le Parlement, à la rentrée. De plus, ce sera le dixième anniversaire de la Marche Blanche et de la Crise Blanche qui ont à l’époque profondément ébranlé le régime et marqué les consciences.

La journée elle-même, co-organisée par CAP et UAG est conçue de façon bilingue et les organisateurs espèrent qu'elle pourra déboucher sur une participation électorale commune des deux côtés de la frontière linguistique et à Bruxelles puisqu'il s'agit d'élections fédérales. La conférence politique se tiendra à l'Université Libre de Bruxelles (ULB). Pour le programme précis, au moment où nous écrivons cet article, il n'est pas encore définitif. Mais il est néanmoins clair que la conférence se déroulera en plusieurs parties ; après des introductions présentant les deux initiatives UAG et CAP et la nécessité d'une alternative à gauche, un maximum de douze groupes de travail élaboreront les axes d'un programme politique. Les groupes de travail porteront sur le "pacte de compétitivité", la sécurité sociale, les services publics, la protection des délégués, l'écologie, l'Europe, la lutte des femmes, la solidarité internationale contre la guerre et la mondialisation, etc.

La journée se terminera par une séance plénière, où se prendront quelques décisions cruciales en ce qui concerne la participation ou non aux élections de 2007, l'élaboration du programme électoral, la question du nom, de la structure et de l'avenir de l'initiative commune. En effet, se posera la question de quel type de coordination entre les deux initiatives: une nouvelle direction fédérale ou une direction confédérale issue des secrétariats des deux initiatives ? Nous plaidons plutôt pour la seconde option, qui est à la fois la plus réaliste à court terme et la plus efficace en fonction des réalités communautaires de ce pays.

Une Autre Gauche

L'unité entre le CAP et UAG pour cette journée du 28 octobre ne s'est pas faite sans problèmes. Pour rappel, Une Autre Gauche est une initiative qui a pris forme au printemps 2006 dans la foulée du mouvement contre le pacte des générations, alors que le PS pataugeait dans une série infinie de scandales. Un groupe de syndicalistes, d'intellectuels et de militants de gauche ont déclaré dans une tribune libre dans La Libre Belgique qu'il était nécessaire de construire une gauche anticapitaliste et alternative au PS et Ecolo.

Cette initiative s'est très vite élargie régionalement et s'est dotée d'une structuration provisoire. Aujourd'hui, il existe des comités locaux ou des noyaux d'Une Autre Gauche actifs à Bruxelles, Liège, Ath-Tournai, Charleroi et probablement Mons et Verviers. Les assemblées générales rassemblent 50-60 participant/es et près de 150 personnes ont adhéré à l'Appel initial. Le site web a été visité depuis mai par plus de 10.000 personnes et 400 d'entre elles sont abonnées à la lettre électronique. UAG Liège a déjà organisé une activité avec 80 participants, UAG-Bruxelles, en plein été, un débat avec 45 personnes. Une fructueuse journée d'ateliers thématiques, le 26 août dernier à Liège, a réuni une soixantaine de participants. UAG fonctionne avec un secrétariat fédéral d'une douzaine de personnes et plusieurs groupes de travail sont actifs, dont l'un consacré au Pacte de compétitivité et aux futures négociations sur l'Accord interprofessionnel. Ce groupe à élaboré un  excellent projet de brochure sur la question en direction des travailleurs/euses et militants/es syndicaux et en perspective - espérons-le - des luttes sociales à venir. Luttes qui, en général et d'après nous, sont et seront déterminantes quant aux rythmes de construction, à l'ampleur et finalement à la réussite à long terme de toute tentative de recomposition politique à gauche dans ce pays.

Il faut souligner que ce développement, encore modeste mais significatif, d'UAG s'est réalisée sans qu'elle ne compte de personnalités du même calibre - en termes de notoriété publique - que Jef Sleeckx, Lode Van Outrive (ex-parlementaires SP) et Georges Debunne (ex-président FGTB), les "pères fondateurs" du CAP, et donc sans un accès aux médias équivalents (voir encadré). Et aussi malgré quelques épisodes et conflits internes difficiles à la suite desquels le MAS (Mouvement pour une alternative socialiste) à décidé de quitter UAG avec fracas et, disons-le, fort peu d'élégance.

Si - de par son origine distincte et le fait qu'au moment de la lutte contre le pacte des générations le degré de conflit entre la FGTB et le PS a été moindre qu'entre l'ABVV et le SP.a - la présence de forces syndicales semble proportionnellement moindre dans UAG que dans le CAP, les milieux militants syndicaux ne sont pas du tout absents, loin de là puisque plusieurs délégués syndicaux ont adhéré à UAG. Dans ce sens, il faut aussi souligner que la journée du 26 août s'est déroulée dans les locaux de la CGSP-Liège, avec la participation, comme introducteurs de l'atelier consacré aux services publics, de Daniel Richard, du Service communication de l'Interrégionale wallonne FGTB et d'André Deguée, Secrétaire général de la CGSP-Liège. A noter également que des militant/es d'ATTAC et de divers mouvements sociaux ou associatifs sont soit activement membres d'UAG, soit forts intéressés par l'initiative.

Le POS est partie prenante, dès le départ, tant d'UAG que du CAP, oeuvre à leur construction et a toujours plaidé pour une pleine collaboration entre les deux. Pour faire bref, et sans relancer de vieilles polémiques, certaines forces dans le CAP ont tout à coup refusé toute collaboration avec UAG en plaidant y compris pour le lancement d'une filiale francophone du CAP, autrement dit sans - et donc contre - UAG alors que ces deux initiatives, en dépit de leurs origines et de leurs dynamiques distinctes, poursuivent pourtant des objectifs similaires.

À partir du mois d'août,  la collaboration entre les deux initiatives, qui ne dépendait seulement que d'une volonté politique, a finalement été acquise après de laborieuses négociations et ce grâce surtout à l’intervention de Jef Sleeckx et Lode Vanoutrive eux-mêmes et à la sagesse politique dont à su faire preuve le secrétariat d'UAG.

Tous à Bruxelles le 28 octobre !

Pendant les mois de septembre et octobre des activités de mobilisation pour le 28 octobre auront lieu en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles. Le POS s'inscrit pleinement dans cette campagne et mobilisera ses forces, membres et sympathisant/es pour faire de cette journée une réussite. Nous appelons également tous les lecteurs/lectrices de La Gauche à adhérer à l'Appel d'Une Autre Gauche et à participer nombreux/euse pour que le 28 octobre marque enfin l'émergence d'une nouvelle force politique à gauche dans ce pays, une force qui permette de renverser la vapeur de près de 30 ans d'austérité et de néolibéralisme.

C'est Clair et Net sur : www.uneautregauche.be  www.anderepolitiek.be

Le CAP dans les médias

Le Comité pour une Autre Politique est largement apparu dans la presse belge cet été. De Standaard a ouvert la danse le 1er août en annonçant le lancement du site www.anderepolitiek.be. Le journal consacrait deux articles au nouveau mouvement politique. La rédaction du Standaard a choisi de présenter le CAP comme un regroupement de Jef Sleeckx plus la petite gauche. Le journaliste de service a téléphoné aux porte-parole du KP, du POS, du MAS et du PTB et en a conclu que Jef Sleeckx était l'homme qui pourrait rassembler la petite gauche et la tirer vers les élections...

Le jour suivant le Laatste Nieuws y a consacré tout un éditorial. Il a repris le raisonnement de Jef Sleeckx et argumenté qu'un tel parti pourrait constituer un concurrent pour le Vlaams Belang. A plusieurs reprises il se réfère au rôle joué par le SP hollandais. Le même jour on a appris dans De Morgen que le PTB était moins enthousiaste qu'on ne le pensait. Peter Mertens y a souhaité beaucoup de succès à Jef Sleeckx, mais il a aussi déclaré que le PTB ferait tout pour faire élire son candidat Dirk Van Duppen au Parlement belge. Les jours suivants parurent encore pas mal d'articles sur le CAP dans la plupart des quotidiens flamands. L'hebdo Knack a publié plusieurs articles sur et avec Jef Sleeckx. Du coup, en quelques semaines le site internet d'Une Autre Politique a reçu 50.000 visiteurs et plus de 1.000 personnes se sont inscrites sur la liste de diffusion           électronique ce qui démontre un réel et large intérêt pour l'initiative, un écho qui dépasse largement les cercles de la "petite gauche".

Un rassemblement de la "petite gauche", qui plus est sans le PTB, aura peu de chances de succès. Et s'il y a bien une chose sur laquelle toutes les forces présentes dans le CAP ou UAG sont d'accord, c'est bien celle-là. Mais il est exact que la gauche radicale est fortement représentée dans la direction provisoire du CAP aux côtés de quelques indépendants ou militants syndicaux. Mais il ne faut pas oublier que cette initiative est née d'une série d'activités régionales avec Jef Sleeckx autour de la nécessité d'une alternative politique. La plupart de ces soirées ont rassemblé un public    souvent composé de militant/es et de délégués syndicaux combatifs. Il ressort de ces soirées que de nombreuses personnes présentes, y compris des secrétaires syndicaux, sont convaincus de la nécessité d'une telle nouvelle force politique. A Anvers presque tous les délégués de la chimie ont soutenu l'initiative. Bruno Verlaeck, président de la Centrale Générale d'Anvers, s'est exprimé positivement sur CAP. Idem dans d'autres.

Sans cet appui, Jef Sleeckx et Lode Vanoutrive ne travailleraient pas avec tant d'acharnement à la construction du CAP.

Voir ci-dessus