Résolution politique du XIIe Congrès national
Par LCR le Jeudi, 20 Juillet 2000 PDF Imprimer Envoyer

Résolution politique centrale du Douzième congrès national du POS (ex-LCR) des 6, 7 et 8 juin 1998.

INTRODUCTION

Le congrès est un moment important dans la vie de toute organisation.

C'est particulièrement le cas au Parti Ouvrier Socialiste.

En effet, le congrès est l'instance suprême de notre organisation, et cette instance est souveraine. Chez nous, quand le congrès est installé, la direction sortante est d'ailleurs dissoute; le congrès réélit une nouvelle direction au terme de ses travaux.

Le douzième congrès du P.O.S. s'est tenu durant le week-end des 5, 6 et 7 juin 1998. Il a adopté une résolution politique que nous publions ici sous forme de brochure, en version intégrale. A la lecture de ces pages, ceux et celles qui agissent avec nous dans les mouvements sociaux, dans les syndicats, ou qui ont participé avec nous à la tentative de « Gauches Unies », sauront quelles leçons nous tirons, quelles perspectives nous traçons. Plus largement, nous soumettons ce texte à la critique de toutes les forces de gauche.

Les statuts du P.O.S. reconnaissent aux membres qui ont des opinions divergentes le droit de se constituer en tendance pour présenter des plate-formes communes.

Pour ce douzième congrès, il n'y a pas eu de tendance. Mais cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu de débats, ni qu'il y a accord sur tout entre tous les membres.

Quatre points ont retenu plus spécialement l'attention des congressistes:

* l'absence de recomposition politique réussie « à gauche de la gauche » et la politique en direction des partis Verts;

* la recomposition du mouvement social et le morcellement des résistances au néolibéralisme, dans une situation où les sommets syndicaux tendent de plus en plus à s'institutionnaliser;

* la difficulté de donner un débouché politique aux luttes et aux revendications dans le contexte de la mondialisation, de la crise des Etats-nation et de la crise du politique;

* l'utilité et la difficulté de construire une organisation révolutionnaire dans une conjoncture non-révolutionnaire.

La résolution du congrès est centrée sur les réponses à ces quatre questions. Ce n'est donc pas un document analytique général sur les caractéristiques de la période actuelle de développement du capitalisme, et leurs conséquences pour la classe ouvrière. Les personnes intéressées à ce type de document peuvent se référer à d'autres textes de notre mouvement, notamment les résolutions du 12e congrès mondial de la Quatrième Internationale, dont le POS est la section belge.

Le Bureau Politique du P.O.S. juillet 1998


1. Recomposition politique

1.1. Le 12e congrès acte l'échec des Nouveaux Mouvements Politiques (NMP) auxquels le POS participait ou qu'il avait impulsé: Gauches Unies, Rood Groene Beweging, Beweging voor Sociale Vernieuwing, BSV-Forum. Ces échecs pèsent sur la gauche dans les mouvements sociaux. Celle-ci risque d'hésiter encore plus avant de se doter d'un prolongement politique autonome, à gauche de la social-démocratie et des Verts.

Il reste nécessaire de recomposer une gauche politique

L'échec de ces tentatives n'annule pas l'analyse de fond faite à nos deux précédents congrès quant à la nécessité de recomposer une gauche politique, à gauche de la social-démocratie et des Verts. Pour rappel, les principaux éléments de cette analyse sont les suivants:

1.1.1°) Il y a un décalage important entre les revendications et les aspirations des mouvements sociaux en lutte contre les effets du capitalisme, d'une part, et, d'autre part, la représentation politique. La social-démocratie évolue de plus en plus vers la droite sans qu'aucune aile gauche se forme en son sein (sauf en France). Les Verts apparaissent comme une alternative électorale; ils capitalisent la plus grande partie des votes progressistes qui se dégagent de l'emprise des « piliers ». Dans cette mesure-là, ils représentent la seule alternative parlementaire à gauche. Mais ils ne rejettent pas le capitalisme, et sont prêts à le gérer au gouvernement;

1.1.2°) l'absence de représentation politique anticapitaliste crédible sur le plan électoral a des effets négatifs à différents niveaux: cela renforce le sentiment d'impuissance et de fatalité qui handicape les résistances sociales, donne des marges de manoeuvre supplémentaires à la classe dominante et à la social-démocratie sur le plan politique, conforte la bureaucratie syndicale qui est inféodée aux « amis politiques », maintient l'ambiguïté « ni gauche ni droite » des Verts et tend à faire du vote pour les fascistes le seul vote radical. Plus récemment, on voit aussi que cette situation favorise l'émergence de nouvelles listes souvent mal définies politiquement, ou de droite, qui tentent de capitaliser les demandes de changement de la population;

1.1.3°) combler ce décalage n'est possible que par un travail de longue haleine. La construction d'un parti marxiste-révolutionnaire vivant et inventif est une contribution à ce travail. Mais la construction d'un parti peut et doit être combinée avec une action en faveur d'une recomposition politique de la gauche, car celle-ci est immédiatement utile et nécessaire. Cela signifie que le POS est prêt - sans se dissoudre - à collaborer loyalement à toute tentative de former des listes électorales, des mouvements politiques ou des partis sur base d'une plate-forme démocratique et internationaliste contre le néolibéralisme, reprenant les revendications de la gauche des mouvements sociaux, pour peu que ces initiatives reconnaissent et valorisent le pluralisme en leur sein.

La social-démocratie est de plus en plus néolibérale

1.2. Dans l'immédiat, le POS n'est plus en mesure de prendre lui-même une initiative de recomposition politique à gauche. Nous ne sommes donc plus dans le cas de figure où nous envisagions d'être à la fois « organisationnellement au centre et politiquement sur le flanc gauche » d'un NMP (sauf exceptions locales). On ne peut dire à l'avance combien de temps durera cette situation. Mais un fait est certain: en attendant, la recomposition du champ politique se poursuit. Pour le moment, elle opère essentiellement sur la droite et au centre. Mais tôt ou tard elle devrait être relancée à gauche également, du moins si la résistance sociale au néolibéralisme se maintient. Le POS doit donc continuer à faire de la politique, rester attentif aux événements sur le champ politique.

A gauche, le contexte reste surdéterminé par l'évolution de la social-démocratie. Le succès de Blair a ouvert une nouvelle étape dans la dégénérescence de celle-ci à l'échelle internationale. En effet, sous couvert de modernité, Blair vise ouvertement la transformation du Labour Party en un parti bourgeois « progressiste », sur le modèle du parti démocrate aux Etats-Unis. A l'échelle internationale, il veut amarrer la social-démocratie à l'impérialisme américain en tant que puissance dominante. Cette politique est le fruit de conditions nationales spécifiques: la victoire de Thatcher sur les syndicats, la crise de l'impérialisme britannique, la déroute historique des Conservateurs aux élections de mai 1997.

Du succès de Blair, il serait erroné de conclure que la social-démocratie perd sa nature de courant « ouvrier-bourgeois ». Mais Blair change les rapports de forces au sein de la Deuxième Internationale. En servant de modèle et de point de ralliement à tous les social-démocrates partisans d'une néolibéralisation encore plus poussée, il introduit un élément de tension avec les partisans d'une politique social-démocrate plus classique, tels que Jospin en France.

Jospin ne représente pas une aile gauche. Son projet est gestionnaire, pas réformiste. Comme Blair en Grande-Bretagne, Jospin bénéficie d'une crise profonde de la droite. Mais, à la différence de Blair, Jospin arrive au pouvoir alors que le mouvement social est en plein essor. Il est poussé dans le dos par la grande mobilisation de novembre-décembre 1995. Certaines mesures très symboliques (les 35h généralisées par loi) prises par son gouvernement sont le prix que la bourgeoisie doit payer pour permettre à la social-démocratie d'endiguer la polarisation sociale. Mais, au moins pendant une certaine période et surtout hors de France, ces mesures peuvent apparaître comme une ébauche d'alternative aux yeux des électeurs social-démocrates, ainsi que dans les syndicats dominés par la social-démocratie.

A court et moyen terme, intervenir dans cette situation implique deux choses, à des niveaux différents:

Les mouvements sociaux doivent agir en faveur d'une alternative politique

1.2.1°) nous continuons à dire que les mouvements sociaux doivent agir ouvertement en faveur d'une alternative politique. Ils doivent mettre le PS, le MOC et les Verts sous la pression des revendications et des aspirations. Cette bataille pour une alternative est indispensable par rapport à la poussée du Vlaams Blok en Flandre et par rapport au risque toujours possible d'un redémarrage des fascistes en Wallonie.

Notre perspective est celle d'un gouvernement social, c'est-à-dire un gouvernement qui rompt avec la logique néolibérale. Mais les obstacles à la lutte pour un tel gouvernement sont plus importants que dans les années '80. Le scepticisme est très grand, du fait de la droitisation accentuée de la social-démocratie au gouvernement et de la réforme-consolidation des liens entre l'ACW (MOC) et le CVP (PSC). C'est pourquoi l'accent doit être mis surtout sur les étapes intermédiaires: tenter de casser le consensus néolibéral à partir des luttes sociales.

Dans ce cadre, nous combattons la ligne des appareils FGTB et CSC, qui invoquent l'indépendance syndicale pour ne pas interpeller réellement les « amis politiques ». Cette fausse conception de l'indépendance syndicale dissimule la subordination de fait des syndicats aux « amis politiques ». L'intérêt des syndiqués est que les organisations syndicales jouent un rôle central pour créer les conditions d'un changement politique. Le combat réel est que le mouvement syndical doit lutter pour ses propres revendications, sans les soumettre à la politique du gouvernement, dans une vraie indépendance. C'est la meilleure réponse à la menace libérale et la meilleure façon de préparer une alternative de gauche à la coalition CVP-PS.

Le mouvement syndical doit jouer un rôle central pour créer une alternative politique. Mais cette centralité ne peut pas servir de prétexte pour condamner des tentatives politiques entreprises par d'autres mouvements sociaux (comme l'Interrégionale wallonne FGTB quand elle rejette la proposition de front social avancée par F. Martou).

C'est à partir de ces principes généraux que le POS doit se camper comme un protagoniste du débat sur l'alternative à la coalition CVP-PS-SP-PSC ou à un retour des libéraux au pouvoir. L'élaboration de réponses politiques plus concrètes passe par une prise en compte des spécificités en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles.

Une politique face à Ecolo et Agalev

1.2.2°) Nous devons développer une politique face aux partis verts. Nous ne pouvons pas caractériser Ecolo et Agalev comme des partis ouvriers. Ils ne remplissent pas les critères pour cela, qui sont: un lien programmatique, historique et organique avec la classe ouvrière. Les Verts peuvent le mieux être décrits comme un courant « progressiste » et radical-démocratique.

Mais, sans perdre cela de vue, il faut prendre acte et valoriser le fait qu'Ecolo et Agalev constituent la seule expression parlementaire anti-néolibérale, contestataire et porteuse (quoique de manière incomplète) d'une partie des revendications des mouvements sociaux. Leurs succès et leur mérite ne peuvent être ramenés simplement au fait qu'ils auraient posé, les premiers, les problèmes écologiques sur la scène politique. Leur électorat n'est pas purement « protestataire », ou alors cette protestation a un sens. Les Verts introduisent un élément de débat, voire de contestation dans la vie politique. L'establishment ne les a pas vraiment assimilés, ni du point de vue des moeurs ni du point de vue du personnel politiques. En même temps, ni Ecolo ni Agalev ne parviennent à construire un véritable parti enraciné. La gauche des mouvements sociaux ne s'engage pas significativement dans leurs rangs.

Les conclusions politiques pour nous sont les suivantes:

* le POS confirme la rupture, déjà opérée depuis de longues années, avec une politique sectaire basée essentiellement sur la dénonciation des Verts;

* nous incluons Ecolo et Agalev dans notre proposition de gouvernement social. Nous les incitons donc à ne pas entrer dans un gouvernement si celui-ci ne permet pas une rupture avec la politique libérale. Cela découle du fait qu'ils jouent selon nous un rôle positif en captant le potentiel progressiste qui se dégage de la crise des piliers, et qu'ils ont une responsabilité à cet égard;

* nous cherchons avec eux des collaborations sur des objectifs précis qui répondent à des attentes du mouvement social. Nous cherchons aussi des possibilités de mener le débat sur tous les terrains (programmatique, philosophique, politique,...);

* Nous les critiquons pour leur sectarisme et leur vision fort traditionnelle de l'articulation entre le social et le politique. Nous les appelons à ne pas subordonner la démarche vers les mouvements sociaux aux rapports de forces parlementaires et aux marges de manoeuvre dans les assemblées parlementaires. Décisif est d'avoir la conviction qu'il est possible de changer les rapports de forces et les marges, via la mobilisation sociale, et que les Verts ont une responsabilité à ce niveau.

Tout ceci doit être modulé et complété en tenant compte des différences entre Ecolo et Agalev. Ces différences sont importantes. Dans le cadre de sa volonté d'aller au pouvoir, Ecolo se saisit de la question sociale, tandis qu'Agalev déserte le social et laisse ainsi le champ libre au SP.

1.2.3. Face aux initiatives de listes nouvelles ou de NMP, ou de listes ouvertes prises par d'autres, en vue des législatives de 1999, le congrès décide que le POS jugera au cas par cas. Quels que soient les choix concrets en matière de listes et de candidats, la prochaine campagne électorale sera pour le POS une occasion importante d'apparaître avec sa ligne politique.

Quelques leçons pour l'avenir

1.3. Le congrès estime que l'expérience des NMP est porteuse d'une série de leçons politiques dont le POS doit tenir compte dans toute nouvelle expérience. Cet échec montre d'abord la capacité de résistance de la social-démocratie. Celle-ci est capable de réactualiser son discours contre la division de la gauche, pour le moindre mal, etc. Cela explique en partie le caractère limité et incertain de l'engagement des militants de la gauche des mouvements sociaux, notamment de la gauche syndicale. A cela s'est ajouté en région francophone le sectarisme de certains membres dirigeants du PC, qui ont voulu traiter GU comme un instrument.

De toutes les formations politiques, le POS a été le partisan le plus sincère de la recomposition politique à gauche. Nous sortons de ces expériences avec le mérite d'avoir essayé de résoudre un problème et d'avoir tenté quelque chose d'utile pour la gauche. Néanmoins, nous portons aussi une part de responsabilité: surestimation des possibilités dans certains cas, sous-estimation et manque d'engagement concret dans d'autres, arrière-pensées électorales débouchant sur trop de précipitation, erreurs de jugement sur des personnalités.

De ces expériences, le POS tire notamment une compréhension plus claire du fait que la recomposition politique diffère considérablement de la politique unitaire entre groupes politiques, sur base d'une plate-forme minimale de revendications communes. La politique unitaire peut être une dimension de la recomposition politique. Mais il est également important d'agir et de penser en commun sans autre a priori qu'un refus radical de ce qui est et une forte conviction en faveur de l'auto-émancipation sociale, car c'est la méthode qui permet de construire des convergences à partir du mouvement réel. Cela n'implique pas, pour le POS, d'abandonner ses principes programmatiques. C'est pourquoi la recomposition politique à gauche doit être vue en lien étroit avec la recomposition du mouvement social. Les NMP doivent renouveler la conception de la représentation politique. En portant les revendications et les aspirations sur le terrain politique, ils doivent aider à la convergence des résistances sociales.

2. Recomposition sociale

2.1. Le mouvement syndical reste massif et extrêmement puissant. Cette force explique la prudence avec laquelle la bourgeoisie doit opérer. Sur le plan social cela se traduit par l'approfondissement de la politique de concertation dans le cadre du pacte de stabilité pour l'euro. Sur le plan politique cela explique le choix privilégié, depuis 1987, en faveur des gouvernements de collaboration de classe où le pilier chrétien et le pilier socialiste appliquent l'austérité sur le dos de la majorité sociale.

Outre le contexte défensif de chômage massif structurel, cette politique est rendue possible par deux éléments:

2.1.1°) la nouvelle étape de la dégénérescence de la social-démocratie, dont Blair est un symbole. Le cours de la social-démocratie est de plus en plus ouvertement gestionnaire, sécuritaire, néolibéral, pro-UE et pro-impérialiste en général. Les liens avec la classe ouvrière sont de plus en plus faibles. L'intégration de la caste des gestionnaires social-démocrates à la classe capitaliste et à l'establishment bourgeois s'approfondit, avec toutes les conséquences idéologiques et politiques qui en découlent. En Flandre, le congrès du SP s'est prononcé pour une société basée sur l'économie de marché. C'est un jalon qui est posé vers la transformation en parti « démocrate » à l'américaine;

2.1.2°) le virage à droite du mouvement syndical vers une ligne d'accompagnement des « mutations du capitalisme ». Ce virage s'inscrit dans un contexte européen plus large.

Comme de nombreuses autres directions syndicales dans l'UE, les directions FGTB et CSC misent sur le fait que leur collaboration est indispensable pour assurer la stabilité de l'UEM et des institutions bourgeoises fragilisées par la mondialisation.

Grâce à ce concours de circonstances, la droite syndicale apporte une solution inespérée pour sauver (la place de la bureaucratie dans) la concertation sociale. C'est une solution inespérée pour l'appareil parce que le patronat est de plus en plus agressif sur les lieux de travail.

En Belgique, ce virage droitier affecte directement la FGTB. Le sommet interprofessionnel de celle-ci n'est plus sur une ligne de « réformisme oppositionnel » comme au temps de Debunne. Indirectement, le virage affecte aussi la CSC en ce sens qu'il la conforte dans sa stratégie traditionnelle de syndicalisme alimentaire et de service aux affiliés.

En même temps, du fait que la résistance sociale reste à un haut niveau, la politique de collaboration de classe du sommet syndical crée des failles à tous les niveaux des organisations. Des ouvertures, de nouvelles polarisations apparaissent dans les syndicats, entre les « hommes d'Etat » et les « vrais syndicalistes », entre les « interprofessionnels » et les « corporatistes ». Mais la structuration d'une gauche syndicale accuse un grand retard par rapport aux nécessités objectives, de sorte que l'énergie disponible pour une autre politique, dans les mouvements sociaux en général, se condense dans plusieurs pôles de résistance: au sein du syndicat, à la marge de celui-ci ou carrément en dehors.

Tendance au morcellement des résistances sociales

La « Crise blanche » a accentué cette tendance au morcellement. Cette crise a en effet montré que les syndicats, dans certaines circonstances, ne sont plus incontournables pour mobiliser les masses. Par ailleurs, cette crise met en avant avec force des exigences de transparence, de contrôle, de justice sociale et de démocratie qui menacent la stabilité et la politique des appareils bureaucratiques.

Dans ces conditions, le POS doit réarticuler ses objectifs stratégiques. La gauche syndicale reste une perspective décisive du fait des caractéristiques de notre mouvement ouvrier. Mais la recomposition du mouvement social est plus large et plus complexe que la recomposition syndicale.

Par recomposition du mouvement social, nous n'envisageons pas seulement les comités de toutes sortes, composés surtout de militants, déjà bien installés depuis longtemps dans le paysage associatif et qui représentent (ou prétendent représenter) les « nouveaux mouvements sociaux ». Nous parlons aussi des « nouveaux acteurs sociaux » qui se manifestent à travers des mobilisations populaires de masse (notamment sur les questions dites « de proximité »).

Au plus la recomposition syndicale tardera à faire apparaître une gauche syndicale capable d'attirer les porte-parole des couches opprimées, au plus la résistance sociale pourrait avoir un aspect multiforme, dispersé, voire morcelé, et au plus il sera nécessaire de développer une politique complexe visant à faire converger ces résistances et à leur donner une dimension de classe.

Cela implique pour le POS de se lier à de nouveaux milieux. Il faut valoriser le travail des militants qui jouent un rôle d'organisateur de luttes non seulement sur le plan de l'entreprise, mais aussi sur le plan du quartier, ou sur le plan de couches sociales spécifiques.

Travailler à la convergence des luttes

Il s'agit de s'investir dans différentes formes de résistance au néolibéralisme pour les organiser selon des principes de type « syndical »: action collective, démocratie, solidarité, revendications immédiates. Il s'agit aussi d'agir de façon adéquate pour que ces pôles de résistance mettent en avant des éléments de plates-formes alternatives, interviennent sur le terrain politique, établissent des liens horizontaux entre eux et proposent des formes de lutte démocratiques et unifiantes.

Dans cette nouvelle articulation stratégique, la construction de la gauche syndicale reste un objectif de premier plan: sans une gauche syndicale forte il sera extrêmement difficile de faire converger les recompositions du mouvement social vers une contestation du néolibéralisme et du mode de production capitaliste.

Cette démarche n'est pas entièrement nouvelle. Nous n'avons jamais considéré la classe ouvrière comme un bloc homogène, ni a fortiori le syndicat comme la seule organisation de défense des exploités et des opprimés.

Nous sommes partisans d'un mouvement autonome des femmes, d'une auto-organisation des luttes de la jeunesse et d'une auto-organisation des luttes des immigrés. Le POS est par ailleurs actif dans quantité de groupes et de comités d'action pour la défense des demandeurs d 'asile et des sans papiers, l'égalité des droits entre Belges et immigrés, la protection du cadre de vie, la solidarité avec les luttes sociales dans le tiers-monde, etc., ainsi que dans des comités blancs.

Tous ces milieux considèrent la solidarité syndicale comme importante, surtout quand elle engage aussi la base dans les entreprises. Ce qui change, c'est que la force d'attraction spontanée du syndicat sur ces mouvements sociaux diminue, qu'on relativise la signification d'un soutien formel des structures syndicales, et qu'une partie de ces mouvements se situent carrément sur le terrain du syndicalisme. Il faut y voir des opportunités pour encourager la gauche en général, y compris la gauche à l'intérieur des organisations syndicales.

On ne peut pas déterminer à l'avance les formes de la recomposition du mouvement social et les articulations entre gauches syndicales et « nouveaux » mouvements sociaux. On peut seulement prendre acte des tendances et déterminer une ligne générale. Celle du POS consiste à agir pour que les nouveaux mouvements sociaux développent une stratégie en direction des organisations syndicales (voire au sein de celles-ci) et cherchent activement le contact avec les secteurs syndicaux combatifs, et inversement.

Une telle démarche de dialogue est vitale par rapport au mouvement des chômeurs, exclus et précaires, pour contrer les tentatives réactionnaires de division entre travailleurs actifs et inactifs. Nous plaidons aussi pour l'auto-organisation démocratique de ces mouvements et pour qu'ils posent les revendications spécifiques des femmes, afin qu'ils apparaissent comme des exemples de prise en charge des luttes par les intéressés eux-mêmes.

Le retard de la gauche syndicale

2.2. Des éléments d'une gauche syndicale existent, dans les deux organisations syndicales. Une série de secteurs ou de délégations apparaissent comme des pôles de gauche: la FGTB de Bruxelles, la CNE, la LBC, la CGSP du Limbourg, les délégations de VW, de Caterpillar,... Mais la structuration d'un courant (ou de courants) de gauche ne décolle pas, pour une série de raisons. Citons: le cloisonnement interne, la répression bureaucratique, la surcharge militante des syndicalistes combatifs, les rivalités entre dirigeants, le paternalisme autoritaire (y compris de la part de militants de gauche), la tradition du syndicalisme pur, la crainte qu'une polarisation interne affaiblirait encore plus les organisations. Il faut y ajouter la complexité de la crise belge: il devient de plus en plus difficile d'acquérir une vue d'ensemble sur les rapports de forces sociaux et politiques, de sorte que la matière « globale », politique, est de plus en plus accaparée par le sommet interprofessionnel.

Face à ces difficultés, le congrès met en garde à la fois contre la passivité et contre la fuite en avant. Ne rien faire, c'est se condamner à un affaiblissement important de la capacité de lutte du mouvement syndical dans le cadre de l'UEM et de la réforme de l'Etat. Il faut craindre aussi un discrédit croissant du syndicat « institutionnalisé », dans le cadre de la crise du régime bourgeois. D'un autre côté, les initiatives substitutistes, propagandistes et sectaires qui opèrent par le maximalisme programmatique risquent de déboucher sur de nouvelles désillusions ou sur l'isolement, comme dans le cas du MRS lancé par Roberto D'Orazio.

Il faut tenter de progresser vers une gauche syndicale représentative à partir des différents points d'appui qui existent. Ce n'est possible qu'en prenant le temps de mettre en dialogue, sur un pied d'égalité, les éléments combatifs à tous les niveaux du syndicat. Car les expériences de lutte sont très diverses et débouchent sur des éléments de programme qui ne sont pas toujours complémentaires. De plus la crise du syndicalisme n'est pas due uniquement à la politique du « sommet ». Elle découle aussi, en partie, de la mutation du capitalisme et des évolutions du salariat. C'est pourquoi l'échange d'expériences et d'analyses est la seule voie pour progresser à terme vers une plate-forme qui engagera ceux qui y souscrivent.

2.3. Du fait de son identité idéologique, de son histoire et de sa place dans la société, la FGTB est au coeur des enjeux pour la formation d'une gauche syndicale. Non seulement la FGTB est affectée comme la CSC par les effets de la mutation du capital, mais en plus elle est frappée directement par la crise du projet socialiste. Sa stratégie réformiste oppositionnelle est dans l'impasse, surtout depuis l'échec des luttes contre le Plan Global. Le sommet Nollet-DeVits, en liaison étroite avec la social-démocratie, en profite pour faire glisser la FGTB dans un syndicalisme institutionnalisé qui assume ses responsabilités dans le cadre du système capitaliste.

Cette offensive du sommet FGTB est consistante, cohérente et systématique. Un atout de Nollet-De Vits est qu'ils soulèvent les vrais problèmes de la modernisation du syndicalisme. Mais, fondamentalement, ils tirent leur force du fait qu'ils s'appuient en dernière instance sur le grand capital. Ils misent, comme le sommet CSC d'ailleurs, sur le fait déjà évoqué que la classe dominante en Europe a besoin de leur collaboration pour assurer la stabilité de l'UEM. Lutter contre le surcroît d'exploitation des travailleurs n'est une préoccupation pour ces dirigeants que dans la mesure où c'est compatible avec la stratégie de concertation. Certains responsables syndicaux vont plus loin: ils escomptent que les patrons les aideront à briser la résistance à leur stratégie au sein même du syndicat. Cette logique a été poussée jusqu'au bout dans le lâchage des délégués des Forges de Clabecq et la collaboration avec Duferco pour l'embauche de travailleurs dociles.

Il est clair que la seule défense de l'identité idéologique de la FGTB ne permet pas de combattre cette ligne du sommet syndical. Ainsi, certains dirigeants wallons lèvent périodiquement le drapeau de « l'identité rouge » de la FGTB. Ils le font sans conviction, pour garder le contrôle sur leurs troupes et défendre leurs positions dans l'appareil. Ce comportement pave le chemin pour la victoire de la droite moderniste.

Construire une gauche syndicale dans la FGTB n'est possible qu'en empruntant une troisième voie: donner une réponse non institutionnelle et internationaliste au problème majeur de l'avenir du syndicalisme dans le cadre de l'euro. C'est seulement ainsi qu'on pourra inventer un syndicalisme combatif moderne, en prise sur les évolutions sociales et enraciné dans les entreprises. C'est dans cette direction que le POS poursuivra son action, ensemble avec tous les syndicalistes combatifs.

2.4. La Marche blanche et les autres mobilisations sociales de l'année 96-97 (les grèves contre le dessaisissement du juge Connerotte, la Marchela Marche pour l'emploi contre la fermeture de Renault-Vilvorde et les actions européennes y compris la manifestation contre le sommet d'Amsterdam en juin 97) ont montré les possibilités nouvelles de liens horizontaux entre des pôles de résistance très différents. On a vu le rôle décisif qui peut être joué dans ce contexte par des équipes syndicales combatives avec une vision sur les phénomènes de société. On a vu les conséquences positives que ces liens horizontaux peuvent avoir pour le développement d'une conscience politique de classe. On a vu aussi les possibilités pour des groupes restreints d'individus, emblématiques d'une résistance exemplaire, de conquérir une légitimité morale considérable. A partir de là, via les médias, ils peuvent peser sur les rapports de forces globaux. multicolore à Clabecq avec le soutien des parents des victimes de Dutroux,

Ces événements ont révélé en même temps la difficulté d'harmoniser les rythmes des prises de conscience et la nécessité d'une stratégie de convergence qui reconnaît et valorise le pluralisme des résistances (démocratiques, sociales, écologiques,...).

Il faut tenter de voir dans ces événements les phénomènes de fond susceptibles de produire à l'avenir d'autres possibilités analogues. La relative perte de centralité du mouvement syndical est un élément majeur à cet égard. Elle intervient dans un contexte idéologique de crise morale profonde, avec un mélange mouvant d'éléments progressistes-démocratiques ou réactionnaires-autoritaires, une crise du militantisme et un retour du balancier vers la gauche dans des couches limitées. La crise de l'engagement militant en particulier est un élément important. Elle a des effets contradictoires: à la fois elle relativise encore plus la perte de centralité du syndicalisme, et à la fois elle explique que des groupes restreints hors syndicat puissent peser réellement sur les rapports de forces.

Le POS répond à cette situation par une lutte pour que le mouvement syndical change de cours et joue le rôle de défenseur de tous les exploités et de tous les opprimés. Reprendre les revendications des couches opprimées spécifiquement ainsi que celles des nouveaux mouvements sociaux est un aspect important du combat que doit mener la gauche syndicale.

Mais se limiter à cela en tant que POS pourrait faire courir le risque de rater une série de questions et de luttes, étant donné le verrouillage par les appareils et l'absence de gauche syndicale structurée et visible. C'est pourquoi le congrès souligne en même temps l'importance de la mobilisation, de l'organisation, de la centralisation et de l'élaboration revendicative autonomes de couches et de groupes sociaux qui ne sont pas ou pas suffisamment défendus par l'organisation syndicale: les exclus, les chômeurs, les précaires - avec, dans tous ces groupes, l'importance d'une lutte spécifique des femmes en tant que groupe opprimé spécifiquement. Le congrès décide d'agir concrètement dans le sens d'un mouvement structuré de ces couches sociales défavorisées.

Le congrès décide aussi un investissement plus important dans le mouvement blanc, essentiellement en Belgique francophone. La manifestation du 15 février 98 à l'appel de Gino Russo a confirmé notre analyse: une conscientisation politique de classe est apparue dans des couches larges de la population à partir de la triple symbolique: marchandisation des êtres, justice à deux vitesses et priorités budgétaires du pouvoir politique. Les dérives sécuritaires qui auraient pu servir de dérivatif à cette prise de conscience ont été endiguées par l'action des dirigeants naturels de la mobilisation (« les parents »). Des conditions favorables sont réunies pour maintenir de nouvelles couches sociales dans une action collective pour des revendications démocratiques sur la justice, les polices, l'égalité des droits, la liberté de la presse, ainsi que sur le fonctionnement des institutions ne général. Ces revendications vont à l'encontre de la politique du pouvoir, qui consiste à flatter les tendances sécuritaires dans l'espoir d'affaiblir les tendances citoyennes-démocratiques. Le POS veut contribuer à la construction du mouvement blanc dans un esprit résolument non-sectaire. Il appelle toute la gauche à faire de même et à saisir l'importance des changements survenus depuis la « Marche blanche », notamment du point de vue de la lutte contre les tendances à un Etat fort.

Plus de différences entre le Nord et le Sud du pays

2.5. Les exemples du mouvement blanc et du mouvement des chômeurs montrent qu'il faut tenir mieux compte des différences croissantes entre le Nord et le Sud du pays. Il ne s'agit pas seulement de différences de rythmes, mais aussi de différences dans les dynamiques sociales, économiques, culturelles, politiques.

Nous avons tendance à sous-estimer le fait que deux sociétés de plus en plus distinctes cohabitent dans l'Etat Belgique. Cette sous-estimation ne portait pas trop à conséquence tant que la crise du mouvement syndical n'avait pas atteint son ampleur actuelle. En effet, le syndicat joue un rôle de ciment national du mouvement social. Le déclin de sa centralité accentue les spécificités « communautaires ». En plus, le syndicat lui-même est traversé par des tensions communautaires croisantes, qui découlent de son adaptation au néolibéralisme et à la réforme de l'Etat.

Cela ne nous met pas dans la situation de sections différentes dans des pays différents: en effet, nous restons confrontés à un seul Etat bourgeois, il y a une seule UE, et les directions syndicales sont encore largement nationales. Mais cela nous oblige à penser la convergence des résistances en partie aussi comme un processus entre les sociétés du Nord et du Sud.

A l'avenir, nous devrons sans doute de plus en plus souvent développer des projets d'intervention différents pour les deux parties du pays. Surtout pour les mouvements sociaux hors-syndicats, et particulièrement quand ces mouvements mettent en cause la politique d'un exécutif régional.

2.6. Le développement de collectifs unitaires qui permettent à des militants syndicaux, associatifs, politiques et à des intellectuels d'élaborer ensemble et de diffuser des éléments d'alternative sur des questions clés telles que la réduction du temps de travail ou la réforme de la fiscalité (Appel pour les 35H en Belgique également, Appel des 600,...) est un autre instrument pour agir dans la recomposition du mouvement social dans un contexte où la gauche syndicale ne se constitue pas en courant.

Le congrès souligne l'importance de ces initiatives. Elles témoignent d'un intérêt croissant pour les questions non directement syndicales dans le syndicat et pour les questions sociales dans la société civile hors syndicat. Elles traduisent la compréhension que gauchir les positions syndicales est un objectif stratégique et expriment en même temps les limites sur lesquelles les syndicalistes de gauche butent au sein des syndicats.

3 Ligne politique

3.1. D'un côté le besoin d'alternative est de plus en plus aigu du fait que les résistances sociales engendrent dans certaines couches la conscience que le capitalisme triomphant est un système absurde, irresponsable, inhumain et criminel, contre lequel il faut lutter à l'échelle mondiale.

D'un autre côté la crise du projet socialiste pèse lourd sur la crédibilité des revendications anticapitalistes, et les mutations du capitalisme compliquent l'élaboration d'alternatives parce que la décision politique est en partie « délocalisée » et privatisée, de sorte que le politique en général est en crise.

Ces deux difficultés pèsent sur le programme anticapitaliste du POS et sur sa démarche classique, celle du programme de transition, qui pointe la question du gouvernement comme la clé de voûte des revendications. La combinaison des deux difficultés fait par exemple que nous ne sommes plus en mesure d'avancer les nationalisations comme des revendications offensives. Sauf circonstances exceptionnelles imprévisibles (krach, etc) la lutte contre la propriété capitaliste va difficilement au-delà de la défense du secteur public existant, ou de la contestation générale du « tout au marché ».

Face aux difficultés de la situation, un effort d'invention est indispensable

Un effort d'invention est dès lors indispensable. Il doit être mené en ayant l'oeil fixé sur les dures luttes sociales défensives qui auront lieu dans les prochaines années avec la mise en place de l'euro, dans un contexte de grande instabilité du capitalisme mondial (confirmé par la crise financière asiatique). Ces luttes maintiendront des conditions favorables pour la diffusion des revendications clés contre l'offensive néolibérale:

* 35H généralisées par loi sans perte de salaire avec embauche compensatoire, comme pas vers les 32 H et une réduction encore plus radicale du temps de travail;

* non à la flexibilité, au temps partiel (qui frappe surtout les femmes), au travail de nuit, à l'augmentation des cadences;

* levée du secret bancaire, cadastre des patrimoines et impôt sur les grosses fortunes;

* refinancement du secteur public, arrêt des privatisations;

* un revenu et un logement pour tous et toutes, soins de santé gratuits, individualisation des droits en sécurité sociale, stop aux exclusions;

* égalité des droits entre nationaux et immigrés, y compris le droit de vote et d'éligibilité;

* non à l'Europe forteresse, non aux accords de Schengen, libre circulation des personnes, des papiers pour tous;

* pour une égalité réelle et non formelle entre hommes et femmes. Parité hommes-femmes dans les institutions.

* solidarité avec les peuples exploités et opprimés. Soutien en particulier au peuple algérien contre les bandes intégristes et la dictature. Au peuple palestinien contre l'arrogance sioniste. Aux peuples indigènes d'Amérique latine et à la résistance zapatiste. Au peuple rwandais pour la justice et le droit à la mémoire des victimes du génocide.

* Non aux diktats des instances internationales du néolibéralisme: FMI, BM, G7, OMC, OCDE. Abolition de la dette des pays du tiers-monde. Oui à la « taxe Tobyn » sur les mouvements de capitaux;

* transparence, contrôle et participation: la majorité sociale doit se saisir de toutes les questions qui la concernent.

D'une manière générale, il faut considérer qu'aucune de ces revendications n'apparaît comme évidente aux larges masses. Cela vaut en particulier pour les revendications sociales-économiques contre le chômage et l'austérité. Elles doivent être formulées de la façon la plus concrète possible. La question du « financement » doit être traitée avec beaucoup de soins.

Les objectifs de démocratie, de justice, de solidarité, de développement durable sont aussi des leviers importants pour crédibiliser et légitimer ces revendications. Cela peut impliquer de réviser des formules « classiques ». Quand les problèmes sociaux sont posés comme problèmes politiques démocratiques, comme exigences citoyennes de respect et de dignité, ils acquièrent automatiquement une communicabilité et une lisibilité plus grande.

A cet égard, le congrès approuve les efforts d'élaboration qui ont été faits par le parti sur une série de questions. Par exemple: la réponse aux clauses sociales, l'abolition de la dette du tiers-monde (avec confiscation des avoirs des dictateurs) la réduction du temps de travail (avec fonds national de financement), ou l'impôt exceptionnel sur les grosses fortunes et la levée du secret bancaire (comme objectif de transparence), entre autres.

A travers les luttes pour les revendications, l'idée du « Tous ensemble » restera un axe pour l'intervention du POS. La conscience grandit, avec la mondialisation et la crise écologique notamment, que « les problèmes sont liés », qu'il y a « du Sud dans le Nord et du Nord dans le Sud ». Dès lors le « Tous ensemble » peut être un objectif dans le cadre national (voire régional), dans le cadre européen, et au niveau planétaire. C'est une chance pour le POS en tant que section de la Quatrième Internationale. En même temps, cela nous met au défi d'apparaître comme utiles dans les faits, pour commencer à créer les conditions d'une internationalisation des luttes aux différents niveaux.

Mais nous ne pouvons pas nous contenter d'apparaître comme une organisation combative utile dans les luttes au niveau national et international. Il ne suffit pas non plus d'ajouter de la propagande socialiste révolutionnaire à cette agitation pour être à la hauteur de nos tâches politiques. Une organisation politique a besoin de réponses politiques et d'une stratégie politiques. C'est là que le bât blesse.

Crise des Etats nationaux, crise du politique, crise de l'Etat belge: quelles réponses?

3.2. Le noeud de la question est la crise des Etats nationaux. Elle va de pair avec une multiplication des niveaux de pouvoir et une mainmise croissante du grand capital aux différents niveaux.

A l'échelle mondiale, un rôle de plus en plus important est joué par les grandes instances financières internationales (FMI, BM, OMC).

En Europe, le dispositif est complété par la tentative de mettre sur pied un embryon d'Etat bourgeois supranational et despotique. La politique monétaire joue un rôle clé: à partir de là est tracé le cadre pour les politiques budgétaires et sociales des Etats.

En Belgique ce système des carcans budgétaires se prolonge de manière spécifique à travers la réforme pseudo-fédérale de l'Etat. Celle-ci n'apporte pas de solution démocratique au problème de la coexistence des peuples sur le territoire et sert de prétexte pour un renforcement des exécutifs.

Il en découle une difficulté majeure pour présenter un débouché politique aux luttes et aux revendications. Cette difficulté n'est pas passagère. En effet, la crise des Etats nationaux ne débouchera pas dans un avenir prévisible sur une recomposition de cohérence des compétences étatiques à un niveau plus élevé, supranational. D'autre part le retour en arrière vers la « souveraineté nationale » serait une voie objectivement réactionnaire et subjectivement dangereuse, étant donné le danger nationaliste. (De toute manière, cette voie est peu crédible dans un pays aussi petit que la Belgique.)

Le congrès décide de relever le défi de trois manières différentes, qui peuvent prendre plus ou moins d'importance selon la conjoncture sociale et politique. Cela signifie d'emblée que nous ne sommes plus dans le schéma d'une ligne politique stable et cohérente, avec un débouché politique (gouvernemental) valable à travers les hauts et les bas de la conjoncture.

3.3. La première réponse est de refuser les discours sur l'impuissance totale de l'Etat national. La levée du secret bancaire, l'impôt sur les grosses fortunes, le droit de vote pour les étrangers, l'individualisation des droits en sécurité sociale, et même les 35 heures par loi ou l'abolition de la dette du Congo, par exemple, sont des revendications qui peuvent être satisfaites par un gouvernement social en Belgique. Cela reste une question de volonté politique.

Le POS doit donc continuer à poser la question du gouvernement au niveau national (comme expliqué au point 1 pour les mois immédiatement devant nous). Mais il faut le faire dans le cadre d'une vue d'ensemble sur l'emboîtement des pouvoirs verrouillé au sommet par la Banque Centrale Européenne et par le Conseil des ministres européen.

Cela signifie que les questions de l'UE deviennent des questions de politique « nationale ». La lutte contre l'UE, pour la coordination internationale des résistances sociales, pour une autre Europe, deviennent des éléments-clés de notre ligne politique. Ils s'articulent sur le refus de la réforme pseudo-fédérale de l'Etat belge, sur la bataille pour l'unité des travailleurs wallons, flamands et bruxellois, pour une autre Belgique. Cela a des conséquences politiques précises:

* nous sommes activement contre tout ce qui peut contribuer à faciliter la mise sur pied de l'embryon d'Etat bourgeois « européen » supranational. Nous nous battons pour mettre cette UE despotique, impérialiste et raciste en crise. Nous interpellons le gouvernement belge pour qu'il fasse usage de son droit de veto de fait au sein de l'UE, en liaison avec des demandes sociales et démocratiques précises;

* nous luttons pour un gouvernement social qui visera à mettre l'UE en crise. Nous ne défendons pas cette perspective au nom de la souveraineté nationale mais au nom de la défense des droits démocratiques et sociaux. Un gouvernement social devrait agir concrètement pour faire comprendre cette politique aux mouvements sociaux dans les autres pays.

* Le cas échéant, nous abordons de la même manière la question du pouvoir politique au niveau des entités fédérées: un gouvernement social, au niveau wallon, flamand ou bruxellois, c'est un gouvernement qui commencerait à satisfaire les revendications sociales et démocratiques sans craindre de mettre en crise ni la réforme de l'Etat Belgique ni l'UEM. Nous sommes donc à la fois pour « une autre Europe » et « une autre Belgique » (sociale, écologique, démocratique, ouverte au Sud et à l'Est, généreuse).

Au stade actuel de construction de l'UE, le congrès estime que toute autre manière de poser ces questions revient à s'inscrire dans le cadre des « paquets de compétences » dévolus aux différents niveaux de pouvoir. Du coup, on s'inscrirait aussi dans les carcans financiers et les règlements antidémocratiques (Schengen) qui en découlent. Ce serait la voie vers une orientation non-révolutionnaire cautionnant en fin de compte la construction de l'embryon d'appareil d'Etat bourgeois supranational, c'est-à-dire un renforcement de la classe capitaliste.

C'est seulement au cas où le passage à l'euro serait réussi et stabilisé sur une période suffisamment longue, où l'embryon d'Etat se serait développé substantiellement, et où le centre de gravité de la lutte de classe aurait commencé à se déplacer sur le terrain européen, que nous devrions commencer à envisager cette question du débouché politique en d'autres termes.

Contrôle, transparence, participation: une stratégie de long terme

3.4. La deuxième réponse consiste à encourager les mouvements sociaux à se réapproprier et à réinventer eux-mêmes le débat politique et à utiliser toutes les avancées dans ce domaine pour déstabiliser les forces politiques qui soutiennent la logique de l'UE (et de la réforme de l'Etat).

Il ne s'agit pas seulement d'interpeller le politique pour qu'il reprenne les revendications mais de contester la manière même dont le politique agit et se définit pour inciter le mouvement social à « faire lui-même de la politique autrement ». Cela nécessite une perspective de long terme dans laquelle la revendication et la pratique du contrôle social représentent un axe central de notre ligne politique.

La base pour agir dans ce sens est double:

* d'une part, au-delà du soi-disant rejet « poujadiste » de la caste politique, il y a en réalité un besoin croissant de politique c'est-à-dire de débats pluralistes sur des choix possibles. Derrière cette aspiration, dans la classe ouvrière, c'est la demande d'un changement social et économique qui pointe. Mais la prise de conscience de l'état socio-économique peut se faire par le détour d'une prise de conscience de l'état politique, c'est-à-dire de l'absence de démocratie.

* d'autre part la crise du politique est profonde et généralisée. Elle découle directement de la crise des Etats nationaux. Celle-ci se combine avec un emballement des rythmes de la prise de décision, qui reflète l'accélération des processus économiques. Cette crise du politique est donc un phénomène durable qui frappe de plein fouet la social-démocratie et affecte aussi la classe dominante et son personnel politique.

Dans ces conditions, le congrès estime que les exigences de politique et de démocratie acquièrent un caractère nouveau, potentiellement subversif.

Nous sommes une organisation marxiste-révolutionnaire qui veut remplacer la société capitaliste régie par la course au profit par une société socialiste autogestionnaire régie par le débat politique démocratique. Nous n'avons par conséquent aucun problème à assumer l'exigence de réappropriation du politique et de démocratie jusqu'au bout (ou démocratie radicale).

La différence avec les démocrates petits-bourgeois est que le POS ne se limite pas à un programme démocratique. Nous ne pensons pas non plus que les revendications démocratiques ont automatiquement une dynamique anticapitaliste, même dans le nouveau contexte de la « mondialisation excluante ». C'est pourquoi nous pointons du doigt la base économique de l'aliénation politique dans le cadre du capitalisme d'aujourd'hui pour en déduire des tâches politiques et des revendications.

Sur le plan de la ligne politique, cela implique de progresser dans plusieurs domaines:

1. identification beaucoup plus grande aux revendications strictement démocratiques (quelle réforme de la justice?);

2. dépoussiérer des positions classiques de notre courant (par ex. sur le salaire des parlementaires, leur révocabilité, etc. ) et élaborer des propositions nouvelles (se prononcer sur le référendum d'initiative populaire) qui répondent à la crise de la représentation politique;

3. activer notre conviction quant à des revendications qui figurent déjà à notre programme, telles que la parité hommes-femmes dans les assemblées élues, ou le droit non seulement de vote mais aussi d'éligibilité pour les étrangers;

4. développer la critique des grands médias comme « quatrième pouvoir » de type plébiscitaire;

5. mettre systématiquement en avant la dimension démocratique (citoyenne) des revendications sociales;

6. saisir la question de l'économie du temps dans la société comme une question décisive: il n'y a pas de démocratie effective sans temps pour la formation permanente, l'information et le débat... donc sans réduction radicale du temps de travail.

Dans ce cadre, le congrès décide que l'idée générale du contrôle doit devenir un axe important de la ligne politique du POS, articulant les exigences de transparence et de participation des citoyens au changement social et politique émancipateur.

Cette idée du contrôle permet de jeter un pont entre la situation actuelle où les masses sont exclues du débat et de la décision politique, d'une part, et la conscience que les mouvements sociaux doivent prendre eux-mêmes le contrôle des leviers politiques et du temps de la décision politique.

Cela englobe la démarche classique du programme de transition quant au contrôle ouvrier sur la production, l'embauche, etc. sur les lieux de travail. Il s'agit d'élargir cette démarche au contrôle populaire dans les quartiers, à la contestation active de la politique de la ville, au contrôle des usagers sur les services, au contrôle citoyen sur les élus et les institutions.

Par ailleurs, de même que le contrôle ouvrier comme méthode de lutte nécessite la démocratie ouvrière et syndicale, de même cet axe du contrôle social postule nécessairement un progrès radical de la démocratie au sein des mouvements sociaux.

3.5. La troisième réponse consiste à favoriser systématiquement les convergences, les solidarités et les échanges entre les mouvements sociaux. En effet, faute d'alternatives et de débats d'idées sur le plan directement politique (« pensée unique »), le politique peut naître de la diversité des points de vue, des expériences et des opinions sur le terrain social.

La recomposition du mouvement social ne donne pas d'emblée de réponse à la question de l'alternative politique gouvernementale. Mais les nouvelles dialectiques qu'elle engendre ont un effet politisant parce qu'elles obligent les acteurs sociaux à poser des choix qui sont politiques. Le congrès insiste sur le fait que cette stratégie de convergence ne peut en aucun cas être accélérée artificiellement en fonction d'objectifs sectaires de « capitalisation » par le parti. Il s'agit d'une stratégie de long terme qui vise à réintroduire une conscience politique de classe.

Le congrès mandate le futur comité central pour produire un document programmatique public sur la crise du politique et nos réponses.

4. Identité et utilité

4.1. Le congrès décide un effort de propagande plus fort sur l'identité marxiste-révolutionnaire du POS et sur son utilité à court, moyen et long terme. Dans le contexte de crise historique de crédibilité du projet socialiste, cela nécessite avant tout une forte conviction des membres du POS eux-mêmes.

Le POS maintient le cap sur une transformation révolutionnaire de la société, c'est-à-dire sur une intervention autonome de la majorité sociale pour imposer le remplacement du capitalisme par une société socialiste régie par la satisfaction des besoins sociaux démocratiquement déterminés. La nécessité de ce changement révolutionnaire découle directement de l'ampleur de la crise du capitalisme et des menaces que ce système fait peser sur l'humanité ainsi que sur la biosphère en général.

Les situations révolutionnaires ne se décrètent pas. Les révolutionnaires peuvent seulement les préparer en construisant une organisation capable, au moment décisif d'une situation de double pouvoir, de prendre les initiatives nécessaires pour détruire par une insurrection l'appareil d'Etat bourgeois et ouvrir ainsi la voie à un Etat de type nouveau, basé sur l'auto-organisation démocratique de la majorité sociale. Cela implique aussi, plus que jamais, la construction d'une Internationale révolutionnaire.

La raison fondamentale pour construire une organisation révolutionnaire

La raison fondamentale pour laquelle une telle organisation est nécessaire découle de la contradiction suivante:

* la révolution socialiste ne peut réussir sans une participation consciente de la majorité de la population, d'une part;

* tandis que d'autre part cette majorité, parce qu'elle est entièrement exploitée et opprimée dans le cadre capitaliste, ne peut devenir pleinement consciente qu'à travers l'épreuve révolutionnaire elle-même.

L'organisation révolutionnaire est la solution de cette contradiction. Elle ne peut jouer ce rôle que si elle regroupe des hommes et des femmes reconnus comme des dirigeants du mouvement social. Il n'y a donc pas d'incompatibilité entre le regroupement séparé des révolutionnaires sur le plan politique et l'auto-organisation des masses.

L'expérience historique nous renforce dans la conviction que, contrairement à certaines analyses superficielles, l'organisation des révolutionnaires comme courant séparé est décisive aussi après la crise révolutionnaire, pour lutter contre les processus de dégénérescence bureaucratique d'un Etat non-capitaliste.

A cet égard, et sur base de l'expérience de la dégénérescence de la révolution russe, il est important de souligner, de repréciser et de continuer à élaborer un certain nombre de points qui font la spécificité de notre courant politique. Ils prêtent à conséquence dès aujourd'hui:

* la fin ne justifie pas les moyens, certains moyens sont en contradiction avec la fin;

* les marxistes révolutionnaires mènent non seulement un combat politique de classe mais aussi un combat éthique sur des valeurs humanistes qui anticipent l'avènement d'une société sans classes;

* le pluralisme politique est une condition essentielle de la démocratie. La classe ouvrière n'est pas homogène. Elle peut être représentée par plusieurs partis, y compris par plusieurs partis révolutionnaires;

* les partis révolutionnaires ne sont pas des buts en soi mais des instruments visant à faciliter la prise de conscience politique de la classe ouvrière et des couches opprimées. Leur utilité pratique immédiate se mesure à l'aune de ce critère;

* des organisations révolutionnaires n'ont aucune légitimité à réclamer pour elles-mêmes un rôle dirigeant. Ce rôle ne peut leur être reconnu que par les masses, et il ne l'est jamais une fois pour toutes;

* l'organisation révolutionnaire refuse la double morale. Nous refusons l'illusion qu'il serait possible de créer des « îlots de socialisme » dans une société capitaliste, et nous ne versons pas dans le moralisme. Cela dit, selon nous, une organisation révolutionnaire doit encourager en son sein la lutte contre les comportements incohérents avec son objectif historique de suppression de toute oppression, de quelque nature qu'elle soit;

* la discipline que les membres s'imposent est une nécessité qui découle de la fonction même du parti révolutionnaire. En même temps, on ne peut rester aveugle sur les dangers que cela comporte, car la discipline est en phase avec toute l'idéologie bourgeoisie et patriarcale de l'autorité et de la soumission. Il ne suffit donc pas de souligner qu'il s'agit d'une discipline librement consentie sur base d'une analyse rationnelle. Il faut en plus un discours général et une attitude pratique du parti encourageant l'insoumission ainsi que la totale liberté de pensée et de critique en son sein. Il faut encourager les mécanismes qui obligent les dirigeants à tous les niveaux à convaincre en permanence par une argumentation politique. C'est seulement ainsi que l'on peut gérer la tension inévitable entre la discipline et le développement de l'esprit d'entreprise (dans le sens non capitaliste du terme), sans lequel il n'y a pas de lutte révolutionnaire possible.

Dans ce cadre, le POS doit poursuivre et amplifier ses efforts pour pratiquer un marxisme créateur et critique, comme nous avons commencé à le faire avec « Réinventer l'Espoir ». Le fait de valoriser notre identité ne doit pas être confondu avec une politique identitaire sectaire. Il faut faire de la créativité, de l'ouverture et de l'esprit critique (y compris pour la critique de notre propre histoire) un élément important de notre identité et un gage de notre engagement révolutionnaire.

Notre utilité dans la situation non révolutionnaire actuelle

4.2. La perspective révolutionnaire est la boussole d'une organisation révolutionnaire y compris dans les périodes non-révolutionnaires. Mais dans de telles périodes, sauf pour certaines sectes, cette perspective ne suffit évidemment pas à donner un sens pratique à l'existence d'une organisation et à toutes les contraintes qui en découlent.

Le sens fondamental de la construction du POS dans la conjoncture non-révolutionnaire actuelle est de contribuer à la résistance sociale et d'aider à orienter cette résistance dans un sens anticapitaliste.

Nous sommes convaincus que l'expérience vivante des masses est la condition pour une réinvention/réappropriation du projet socialiste autogestionnaire par la majorité sociale elle-même. C'est pourquoi aussi nous intervenons systématiquement en faveur des pratiques de luttes autogérées et de la convergence de ces luttes: ce sont des éléments déterminants pour le type de socialisme à construire.

La réhabilitation du projet socialiste n'est pas seulement une entreprise d'explication sur le « vrai projet socialiste ». C'est aussi un processus d'invention à partir du mouvement réel.

Dans ce processus, le POS ne fait pas qu'apporter des contributions telles que le savoir-faire de ses membres, sa connaissance de l'histoire des luttes de classes, des éléments de programme anticapitaliste, la vision sur les luttes à l'échelle internationale découlant de l'appartenance à la Quatrième Internationale. Il apporte aussi une vision concrète de l'ample recomposition nationale et internationale du mouvement social comme condition de la production d'une alternative non capitaliste moderne et émancipatrice.

Le POS doit devenir plus clairement l'organisation politique de ceux et celles qui luttent pour l'auto-organisation démocratique des résistances contre le néolibéralisme et pour l'unité la plus large dans ces résistances. Car toute illusion spontanéiste doit être bannie: les partisans de l'auto-organisation ont besoin d'une organisation politique!

Il n'est pas difficile de montrer en quoi le POS est déjà maintenant un des instruments pour mener ce combat: il le prouve dans toutes ses contributions à la recomposition du mouvement social, il l'a prouvé dans ses tentatives de contribuer à une recomposition politique de la gauche.

Le POS et la Quatrième Internationale ont joué un rôle important, et parfois déterminant, dans des initiatives aussi diverses que les Marches Européennes, la campagne pour les 35H par loi, la lutte pour un impôt sur les grosses fortunes, l'abolition de la dette du tiers-monde en général et du Rwanda après le génocide en particulier, etc.

Il n'est pas difficile non plus de montrer en quoi le POS est utile pour mener la lutte idéologique contre les autres conceptions de la politique et du rôle d'un parti d'avant-garde, en particulier contre les conceptions manipulatrices, substitutistes et cyniques. Or il ne faut pas sous-estimer le danger que ces conceptions peuvent représenter dans une période de désarroi où le militantisme est en crise et où les mobilisations de masse ont un caractère discontinu. La lutte contre ces conceptions est aussi, en dernière instance, une lutte entre partis politiques.

Pour mieux faire face à l'ensemble de ses tâches, le POS doit mettre un accent plus grand sur sa propre construction. Dans le contexte actuel, cela implique d'insister en particulier sur un élément: il faut faire un effort pour ne pas rester cantonnés aux cercles et aux comités militants que nous connaissons et qui nous connaissent depuis des années.

Il faut aller à la rencontre des forces fraîches qui apparaissent dans la recomposition du mouvement social, et des individus orphelins d'une alternative. Il faut identifier leurs aspirations et tâcher d'y répondre adéquatement d'un point de vue socialiste-révolutionnaire. Pour cela, le POS doit faire un effort pour apparaître davantage comme un parti politique avec une image radicale, qui dénonce de manière claire la société existante et tient un discours simple vers la masse des gens.

Voir ci-dessus