France: Enseignants et étudiants mobilisés. Antilles: la voie à suivre!
Par NPA le Lundi, 23 Février 2009 PDF Imprimer Envoyer

La coordination nationale des enseignants universitaires fac a appelé à la grève, depuis le 2 février, pour exiger le retrait de la réforme du statut des enseignants-chercheurs. Avec cette réforme, ce sont les présidents d’université qui décideront directement de la répartition du travail des enseignants entre leurs heures d’enseignement et leurs heures de recherche. Les enseignants dont la recherche ne sera pas jugée assez rentable se verront attribuer beaucoup plus d’heure d’enseignement. Les enseignants actuellement mobilisés craignent de ne plus avoir les moyens matériels d’effectuer leur recherche et ils refusent cette réforme qui fait de l’enseignement une sanction.

Rapidement les étudiants ont rejoint cette mobilisation. En effet, outre cette réforme, c’est l’ensemble de l’enseignement supérieur qui est attaqué depuis quelques années et en particulier depuis l’adoption l’an dernier de la loi «LRU . L’objectif des différents gouvernements est bien de soumettre les universités à des logiques de compétitivité et de rentabilité, en les mettant en concurrence entre elles et en les obligeant à recourir à des financements privés.

Ces réformes touchent directement les étudiants en dégradant leur conditions d’études la qualité de l’enseignement et des diplômes. De plus en plus, les diplômes délivrés par l’université n’offrent plus de réelles garanties collectives sur le marché du travail. C’est une armée de travailleurs précaires qu’on est en train de préparer. Cette année encore, le gouvernement a annoncé une réforme de la formation et du recrutement des enseignants. Cette réforme veut ouvrir les concours pour devenir profs à bac + 5 au lieu de bac + 3 actuellement, ce qui signifie que beaucoup moins d’étudiants auront accès à ces concours.

De même un nouveau décret sur le financement des universités doit entrer en vigueur. Il propose d’attribuer les financements non plus en fonction des besoins mais en fonction des performances de chaque université (réussite aux examens, insertion professionnelle des étudiants, prestige des publications des enseignants…). C’est clairement une mise en concurrence des facs et la mise en place de facs à deux vitesses.

Pour les étudiants et les enseignants la coupe est pleine. La mobilisation touche presque l’ensemble des universités, les manifestations de mardi 17 février dernier ont rassemblé plus de 120 000 personnes dans toute la France.

Une première coordination nationale étudiante a appelé les étudiants à amplifier la grève, à cesser l’ensemble des cours. La détermination est grande, à l’image de la Guadeloupe et de la Martinique, les étudiants et les enseignants veulent rester en grève jusqu’à satisfaction de leurs revendications.


Appel de la coordination nationale étudiante réunie à Rennes les 14 et 15 février

Nous, étudiants de 63 universités réunis en coordination nationale à Rennes les 14 et 15 février, appelons à amplifier la mobilisation sur les universités par la grève réelle et reconductible des étudiants.

Les enseignants chercheurs exigent le retrait du projet de décret qui vise à transformer profondément leur statut. Cette réforme fait de l’enseignement une sanction. Cela va réduire considérablement la qualité des enseignements, donc celle de nos diplômes et donc celle de nos conditions de travail. L’enseignement supérieur est frappé par une série d’attaques majeures. Depuis plusieurs années et en particulier depuis l’adoption en catimini de la Loi LRU en 2007, contre laquelle s'était mis en place une forte mobilisation étudiante, une série de mesures visent à transformer profondément l’enseignement supérieur. Les objectifs de la classe dirigeante sont simples : soumettre les universités à des logiques de compétitivité, de rentabilité, les mettant en concurrence les unes avec les autres, les obligeant à recourir aux financements privés.

Nous, étudiants mobilisés, refusons la privatisation des universités et la soumission aux intérêts privés, nous refusons le développement d’un enseignement supérieur à deux vitesses. Nous refusons de nous voir délivrer des diplômes qui ne protègent pas dans le monde du travail et qui conduisent à la précarité. Nous ne serons pas de la chair à patrons.

La LRU est le cheval de bataille commun aux étudiants enseignants et personnels. C'est derrière le mot d'ordre de l'abrogation de la LRU que le mouvement pourra s'unifier. Face aux attaques actuelles contre l’enseignement supérieur, nous devons bloquer les suppressions d'emplois et exiger le retrait des réformes suivantes :

- la LRU

- celle dite du recrutement et de la formation des enseignants

- celle dite de l’allocation des moyens celle du statut des enseignants chercheurs

- celle du contrat doctoral unique

Le mouvement contre le CPE et la Loi sur l'égalité des Chances a démontré que seule la lutte paie. La mobilisation en cours démontre la volonté de ne pas laisser passer la casse du service public d'enseignement supérieur. Les étudiants doivent s'engager dans la lutte pour défendre les facs, les diplômes et les conditions d'études. Pour gagner sur l'ensemble des revendications, nous avons besoin de généraliser la mobilisation étudiante, de la doter de revendications propres sur lesquelles il est possible de gagner. La semaine qui vient doit permettre de faire passer la mobilisation étudiante d’une mobilisation de solidarité passive à une grève majoritaire, réelle et active des étudiants, seule à même de stopper la logique de libéralisation et de casse du service public d’enseignement supérieur. Aujourd'hui, nous devons amplifier la mobilisation étudiante par la grève, les manifestations, la convergence des luttes.

La mobilisation étudiante doit se poursuivre dans la perspective de généraliser la grève à d’autres secteurs. Après la réussite de la journée de grève et de manifestation du 29 janvier, nous appelons au soutien de toutes les luttes en cours. Nous appelons d'ors et déjà à la nouvelle journée de grève et de manifestation interprofessionnelle à l’appel des syndicats de salariés le 19 mars prochain.

Sans attendre, nous devons poursuivre la grève étudiante, c'est-à-dire la cessation totale et reconductible des cours. Nous appelons à une journée nationale d’action étudiante le Mardi 17 février, nous appelons à une journée nationale de grève et de manifestation étudiante le Jeudi 19 février.

- Retrait de la réforme des concours d'enseignement dit de masterisation

- Retrait du décret de l'allocation des moyens

- Non aux suppressions d'emplois dans la fonction publique.

- Recrutement massif dans l'éducation

- Retour du cadrage national des diplômes et reconnaissance des diplômes nationaux dans les conventions collectives

- Pour la mise en place d’un véritable système d’aide sociale étudiant basé sur des critères sociaux


Les Antilles montrent la voie

Depuis le 20 janvier, la Guadeloupe est en grève générale à l’appel du Liyannaj Kont Pwofitasyon ( Collectif contre l’exploitation ) qui regroupe syndicats, associations et partis de gauche. D’autres collectifs, inspirés du LKP, se sont constitués pour étendre la grève. Le 5 février, la grève générale a été déclenchée en Martinique. A La Réunion, le collectif appelle à la grève et à la manifestation pour le 5 mars. Ils revendiquent l’augmentation des revenus, notamment des plus bas, de 200 € (Guadeloupe), 300 € (Martinique), baisse du prix des carburants, des produits de première nécessité, de l’eau, des transports, titularisation des salariés précaires, baisse des impôts et des taxes, reversement par la compagnie pétrolière locale de ses surprofits pour l’emploi des jeunes et un service efficace de transport...

Le collectif de lutte dénonce « des marges bénéficiaires exorbitantes faites par les gros importateurs qui réduisent la Guadeloupe à une colonie de consommation avec la complicité de l’Etat ». Les produits de première nécessité sont plus chers qu’ici, de 50 % ou plus. Il y a aussi des points communs avec la métropole. Ici comme là-bas, les salariés et la population subissent la crise de plein fouet tandis que celle-ci profite à une petite minorité d’exploiteurs, avec le soutien actif du gouvernement et du patronat.

L’ampleur de la mobilisation a forcé Yves Jégo, ministre français de l’Outre-Mer, à venir négocier en Guadeloupe. La négociation, retransmise en direct, est très suivie par la population, qui soutient massivement la grève. Le gouvernement promet un « plan global pour l’outre-mer », dans le cadre d’une loi qui serait votée mi-mars, qui ne satisfait pas les revendications de la grève. Il promet aussi de «faire respecter l’Etat de droit » et a déjà fait rouvrir des commerces par les forces de l’ordre. Si le soutien de l’opinion publique française en général est fort, le gouvernement pourra moins se permettre de réprimer violemment. Le soutien commence à s’organiser en métropole à travers une déclaration de soutien unitaire et des manifestations de solidarité, dont celles de ce samedi 21 février avec 30.000 personnes à Paris.


LIYANNAJ KONT PWOFITASYON

Un peuple en lutte contre toutes les exploitations

Des travailleurs, des jeunes, des retraités, des créateurs en mouvement pour une Guadeloupe plus juste.

Population de Guadeloupe, voilà déjà 5 semaines que des dizaines de milliers de guadeloupéens sont dans les rues pour dénoncer les pwofitasyon dont ils sont victimes du fait tant du système colonial qui a encore cours en Guadeloupe, que des pouvoirs octroyés à la puissance patronale, que de la lâcheté et de la soumission de la représentation politique.

Il fallait en effet tôt ou tard dire « Awa », dire non !

Non au chômage qui frappe plus de 30 % de la population active, soit 50 000 hommes et femmes.

Non à la précarité, à la misère qui assaille plus de 60 000 foyers

Non à l’exclusion, à la discrimination à l’embauche qui interdit aux jeunes, principale composante de la population (plus de 40 % de la population est âgée de moins de 25 ans) tout projet de vie

Non à l’échec scolaire qui jette près de 1000 jeunes chaque année dans les rues sans qualification

Non au hold up économique organisé par des importateurs distributeurs, par des affairistes avec le soutien politique et l’aide financière de l’Etat, qui pratiquent des prix de services (électricité, carburant, transport, gaz, loyer) et de produits de première nécessité inaccessibles aux ménages petits et moyens.

Non à l’empoisonnement des terres agricoles, aux spéculations foncières et immobilières, à la disparition de la production locale qui autorise l’importation de plus 80 % de ce qui est consommé sur place.

Non à la taxation, aux impôts excessifs des collectivités et de l’Etat, et aux marges exorbitantes des commerçants agoulou et des établissements financiers.

Non à l’accaparement de toutes les richesses produites par on ti pilo fanmi.

Non au chantage au licenciement et à la répression anti-syndicale qui voudraient imposer à plus de 60000 salariés de ne se contenter que de 1000 euro net mensuel de salaire sous prétexte de la crise, du réalisme, et de l’amour pour la Guadeloupe.

Non à la destruction du patrimoine écologique, non à la délinquance environnementale.


Depuis le 16 décembre, LIYANNNAJ KONT PWOFITASYON, véritable fédération de 48 organisations d’origines diverses, syndicats, associations, organisations politiques, culturelles, de consommateurs a décidé de fédérer les mécontentements et les revendications de tout un peuple et de les porter au plus haut.

LIYANNNAJ KONT PWOFITASYON (L.K.P.) a su ainsi donner de la voix aux sans voix et donner de la dimension à toutes les voix.

Aujourd’hui, malgré des dizaines de milliers de manifestants fiers, dignes et solidaires dans les rues, malgré des heures et des heures de négociation, après l’assassinat du militant syndicaliste de la CGTG et militant culturel de AKIYO, Jacques BINO, le gouvernement français, les patrons de Guadeloupe refusent toujours de satisfaire les justes revendications et aspirations du Peuple. Le Président N. SARKOZY préférant noyer nos revendications dans une formule magique « Assemblée Unique, Evolution statutaire ». Ce n’est pas là la revendication du LKP.

Pour mettre un terme au conflit, ils ne proposent que des mesures de portée générale (RSA, prime exceptionnelle de 1500 euro maximum par an exonérée de charges, …), mais n’entendent pas réformer leur système inique.

En clair, le revenu de solidarité active (RSA) est une allocation familiale payée par la CAF, destinée aux familles à bas revenus ; le RSA est le petit frère du RMI et de l’Allocation parent isolé (API), alokasyon fanm sel.

Le RSA n’est donc pas un salaire mais une prestation sociale basée sur la situation familiale et non sur la rétribution du travail. Ainsi par exemple pour une même qualification et un même travail, deux salariés avec une situation familiale différente percevront un salaire différent.

La fameuse prime exceptionnelle de 1500 euro est une prime prévue par la loi du 3 décembre 2008, destinée à donner aux salariés l’illusion d’une participation au bénéfice des entreprises. Ce n’est donc pas non plus une augmentation de salaire. Yo péké kouyonné nou ! Les grands patrons et les békés, eux, n’ont proposé lors de la dernière séance de négociations du 20 février 2009 qu’une prime comprise entre 50 et 70 euro. Ils attendent que l’Etat finance entièrement comme il l’a toujours fait l’augmentation de 200 euro réclamée ; en leur octroyant subventions, exonérations et défiscalisations de tous ordres.

C’est inacceptable, inadmissible !

Pourtant ils déclarent tous avoir perdu depuis le début de la grève des centaines de millions d’euros. Ils n’ont pas évolué depuis 1967, et persistent à dire que lè nèg ké fen yo ké woupran travay.

LKP et les travailleurs de Guadeloupe continuent de réclamer 200 euro d’augmentation nette en faveur des salariés du secteur privé, l’application de la garantie individuelle du pouvoir d’achat et du régime indemnitaire pour les salariés des trois fonctions publiques.

Contrairement aux allégations laissant entendre qu’un certain nombre de points auraient été actés, LKP et le Peuple de Guadeloupe exigent plus que jamais, la poursuite des négociations et la satisfaction de tous les autres points de revendications immédiates (Baisse des prix – Mise en place d’un moratoire de 4 ans pour la réforme du recrutement des enseignants – Plan d’urgence pour la formation et l’emploi des jeunes – Règlement de la situation des Transporteurs, des Marins-pêcheurs et des Agriculteurs, des petites Mutuelles – Prise en compte dans la programmation des media de la langue et de la culture Guadeloupéenne - Résolution définitive des conflits en cours – Abandon des poursuites liées au conflit en cours…).

LKP et le Peuple de Guadeloupe continuent de réclamer la transformation des rapports sociaux, le respect de toutes les libertés fondamentales, le droit de vivre et de travailler dignement au pays, en somme l’arrêt de toute pwofitasyon.

LKP appelle à la Solidarité Internationale et invite les Organisations de travailleurs, les Organisations progressistes anticapitalistes et anticolonialistes de France et des dernières colonies de la France à poursuivre et à renforcer leur soutien et leur mobilisation.

La GREVE GENERALE EST MAINTENUE !

Travailleurs et peuple de Guadeloupe, en mémoire et en respect de Jacques BINO, renforçons et amplifions la mobilisation et la solidarité dans toutes les entreprises, dans tous les secteurs, dans les rues, les ronds-points, dans les quartiers, dans nos familles !

Travailleurs et peuple de Guadeloupe, continuons la lutte pour dénoncer et nous opposer à toutes les répressions : tant celles conduites par la police et la justice à l’encontre de notre jeunesse ; que celles conduites par le patronat en refusant de payer les salaires, en mettant en chômage partiel les travailleurs grévistes et solidaires !

NOU PÉKÉ LAGÉ !

L.K.P

Lapwent, le 21.02.09

Voir ci-dessus