Tunisie : Le Front du 14 janvier propose un Congrès national de défense de la révolution
Par Anis Mansouri le Mercredi, 16 Février 2011 PDF Imprimer Envoyer

La révolution tunisienne est la première du 21e siècle. Son onde de choc fait trembler bien des dictatures et des chancelleries occidentales, même si elle n’a pas encore renversé l’ancien régime, encore moins l’appareil d’Etat néocolonial qui le soutient. Expression d’un ras-le-bol généralisé, elle s’est nourrie du mécontentement de classes diverses, du moins jusqu’au 14 janvier. Depuis lors, elle connaît une polarisation de plus en plus forte entre le camp de la révolution et celui de la contre-révolution

La seconde s’agite pour sauvegarder ses institutions et sa constitution. Avec la complicité des franges libérales du mouvement démocratique, les agents des puissances occidentales, les naufragés de l’ancien régime et les islamistes essayent de désamorcer le soulèvement social. Le gouvernement « d’unité nationale » provisoire (GUNP) est ainsi formé d’anciens membres du pouvoir de Ben Ali, dont son Premier ministre (depuis 1999), architecte des politiques néolibérales dictées par les instances financières impérialistes.

Outre les trois ministres issus du mouvement démocratique, qui mettent tout en œuvre pour donner une légitimité à ce gouvernement, les autres seraient des « technocrates neutres » au service de la démocratie. Venus de France, diplômés des « grandes écoles » et détenteurs de capitaux qui œuvrent au pillage de la Tunisie, ils ont été recrutés par Hakim Karoui, ex-conseiller de Jean-Pierre Raffarin (1er Ministre français, 2002-2005). Le seul objectif du GUNP est de faire avorter toute tentative d’instaurer une démocratie politique et sociale.

A l’opposé, la révolution est soutenue par le Front 14 janvier, qui regroupe la gauche anticapitaliste, les nationalistes arabes et des indépendant.e.s de gauche. Deux autres sensibilités ne reconnaissent toujours pas le GUNP : le Congrès pour la république (CPR) et le Forum démocratique pour la liberté et le travail (FDLT). La dynamique initiée par le Front 14 janvier est porteuse d’espoir (son meeting du 13 février, à Tunis, a rassemblé plus de 8000 personnes). Avec la multiplication des comités locaux et régionaux, la convergence avec les militant-e-s syndicaux et associatifs les plus combatifs, il annonce une perspective politique capable d’ouvrir des brèches vers un changement radical.

Il propose un Congrès national de défense de la révolution, expression des comités populaires, de toutes les forces politiques, syndicales et sociales issues des luttes, vers une assemblée constituante pour élaborer une constitution démocratique répondant aux aspirations à l’émancipation nationale et sociale. Ce processus répond aux aspirations populaires : il veut rompre avec la dépendance et réorganiser l’économie en fonction des besoins essentiels des classes populaires, ceux des femmes notamment, en socialisant les banques et en annulant la dette odieuse de la dictature.

A paraître en Suisse dans le n° 183 de « solidaritéS »


Déclaration internationale des organisations présentes au congrès du NPA

Le renversement de Ben Ali et de Moubarak change la situation politique non seulement dans le Maghreb et le Moyen Orient mais à l’échelle internationale.

Les révolutions populaires qui ont mis fin à des dictatures soutenues pendant des décennies par l’impérialisme américain et européen redonnent confiance à l’ensemble des peuples arabes et bouleversent tout le dispositif impérialiste et sioniste dans la région.

D’ores et déjà, les populations jordaniennes, yémenites, algériennes, irakiennes, palestiniennes sont descendues dans la rue pour exiger des changements politiques.

Ces révolutions sont l’impact direct de la crise économique internationale et des diktats du FMI et de la Banque mondiale qui imposent une offensive sociale radicale et l’appauvrissement de populations déjà atteintes par des dizaines d’années de politique d’injustice sociale et de corruption.

Ces deux révolutions ouvrent la voie non seulement à des revendications démocratiques pour rompre avec les dictatures antérieures, mais aussi à la remise en cause des systèmes économiques capitalistes, à l’origine de tant d’injustice. Ce sont les questions sociales qui ont été à l’origine des insurrections populaires.

L’impérialisme va tout faire pour sauvegarder ses positions dans la région et empêcher le développement anti-impérialiste des processus à l’oeuvre et leur propagation dans la région.

Aussi, les peuples tunisiens et égyptiens, les forces qui dans ces pays veulent impulser une voie anti-impérialiste et socialiste, ont besoin de la solidarité et du soutien actif des révolutionnaires, des mouvements anti-impérialistes, des mouvements sociaux et syndicaux du monde entier.

Chacun dans nos pays, nos régions, nous engageons à développer cette solidarité, notamment pour combattre les attaques que mènent d’ores et déjà les institutions et les groupes capitalistes internationaux pour empêcher tout prolongement social et économique de ces révolutions naissantes et à s’appuyer sur cet exemple magnifique pour stimuler les mobilisations contre la dette et les exigences du FMI.

VIVE LES REVOLUTIONS TUNISIENNE ET EGYPTIENNE !

SOLIDARITE INTERNATIONALE !

Paris, le 12 février 2011.

Nota bene : L'Assemblée mondiale des mouvements sociaux réunie dans le cadre du Forum social mondial de Dakar appelle à une journée mondiale de mobilisation le 20 mars

Signataires :

Tunisie : Ligue de la Gauche Ouvrière Tunisienne, Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT)

Maroc : Al Mounadil-e

Iraq: Irak Freedom Congres, Union des communistes-Irak

Liban: Parti communiste libanais

Palestine: Front Populaire de Libération de la Palestine

Angleterre: Socialist Worker’s Party, Counterfire

Belgique : Ligue Communiste Révolutionnaire – Socialistische Arbeiters Partij

Portugal: Bloco de Esquerda

Corse : A Manca

Italie: Sinistra Crítica

Etat Espagnol: Izquierda Anticapitalista, Partido obrero revolucionario

Catalogne : En Lluita

Euskadi : Askapena

Irlande : Socialist Worker Party

Pologne : P.P.P.

Grèce : SEK, , DEA

France : NPA

USA : International Socialist Organisation

Canada : Socialist caucus of the New Democratic Party

Mexique: Parti Révolutionnaire des Travailleurs

Martinique : Groupe Révolution Socialiste

Venezuela : Marea Socialista

Brésil: PSOL

Argentine: MST

Pérou : Parti Révolutionnaire des Travailleurs

Indonésie: KPRM-PRD ( Comité politique des pauvres – Parti démocratique du peuple), Working People Association (PRP)

Sri Lanka: NSSP ( Nouveau Party pour l'égalité sociale )

Corée du Sud : New Progressive Party, Institute of 21th Century Korean Research, KDLP-Paris Comitee

La Réunion : NPAR

Australie : Socialist Alliance

Suisse : MPS

Voir ci-dessus