Privatisation des soins de santé en Roumanie : ça suffit!
Par Bruno De Wit le Mardi, 07 Février 2012 PDF Imprimer Envoyer

Le mois dernier, nous avons assisté à des émeutes graves dans la capitale roumaine Bucarest contre les plans du gouvernement Basescu  qui prévoit la privatisation des services médicaux d'urgence et des hôpitaux. Dans d'autres villes aussi, les gens sont descendus dans la rue.

Les forces de police sont intervenues très brutalement contre les manifestants, faisant plus de 20 blessés. Les manifestants ont appelé à des élections anticipées et scandé: « A bas Basescu ! », « Arrêtez le vol ! », « Vous nous avez menti et volé ! »

Les protestations ont commencé après que le secrétaire d'État à la Santé, Raed Arafat, un Palestinien de Syrie qui a acquis la citoyenneté roumaine, s’est insurgé contre la privatisation des hôpitaux publics.

Au cours d'une émission télévisée en direct le 17 janvier, Arafat a protesté contre ces plans de privatisation, à la suite de quoi le président  de la République, très en colère, a qualifié par téléphone Arafat d’« ennemi de la réforme des soins de santé ». Sur ce, Arafat donna sa démission, en direct à la télé. La privatisation aurait rapporté 4,5 milliards d’euros, plus 1,5 milliard d’euros qui devraient provenir de l'assurance privée et de la vente de biens de l'État.

Ce sont principalement le FMI, l'UE et la Banque mondiale qui ont insisté sur ces réformes, avant d’accorder en 2009 un prêt de 20 milliards d’euros au président Traian Basescu.

Ainsi Traian Basescu a accepté d’ouvrir le secteur de la santé à l'initiative privée, et a réduit les subsides au secteur public de 25% tout en augmentant les impôts.

Beaucoup de manifestants et de citoyens roumains craignent que la privatisation des hôpitaux et l'investissement du capital privé ne profiteront qu’aux hommes d'affaires et aux politiciens au pouvoir.

Une majorité de Roumains craint que lorsque les soins de santé ne seront plus du ressort des pouvoirs publics, sans argent, ils n’auront plus d’assurance, et il ne leur restera que la mort. Cette situation, nous la constatons aussi en Grèce avec une régression vertigineuse de la santé publique.

Après trois jours de protestation violente, Basescu a annoncé le retrait du projet de loi.

Le 17 janvier dernier, Arafat a déclaré qu'il reprendrait son travail. 

Que cela mettra fin à la résistance populaire est encore discutable, car en Roumanie, la coupe est pleine et propice à une résistance contre les politiques néolibérales ; les manifestants revendiquent beaucoup plus que ce qu'Arafat a initialement demandé. Les trois cavaliers de la mort - le FMI, l'UE et la Banque mondiale - ne resteront pas à se tourner les pouces alors que leurs plans sont mis au frigo. Il est de notre devoir de renforcer la solidarité avec la population roumaine.

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