Silence! Ici on expulse... | |||
Par | le Mercredi, 23 Novembre 2005
Parcours du combattant, travail au noir, aucun droits, marchands de sommeil, rafles, centres fermés, expulsions, ... Quelques mots qui ponctuent encore et toujours la vie des sans-papiers. Depuis quelques mois, avec le début des rafles dans les centres ouverts, les mouvements de résistance et de solidarité redressent la tête... Nadia et Mohamed, un couple sans histoire ? Nadia a enfilé sa robe de mariée pour manifester devant l'Office des Etrangers le 27 juillet, elle avait déjà manifesté face aux autorités communales de Borgerhout (Anvers). Elle crie à la face de tous qu'elle est mariée depuis trois ans à Mohamed, selon le rite musulman. Mais le Ministère de l'Intérieur ne veut rien entendre. Depuis trois ans, les autorités communales de Borgerhout refusent à Nadia, la Belge, et Mohamed, l'Algérien, le droit de se marier civilement parce qu'elles prétendent qu'il s'agit d'un mariage blanc. Plusieurs longues interviews ont eu lieu avec un fonctionnaire de la police communale. A chaque fois, ses conclusions ont été négatives. Pourtant, le policier de quartier témoigne de ce qu'il a enquêté à trois reprises et que le jeune couple vit bien ensemble. Mais voilà, le policier de quartier est Turc. Le fonctionnaire a donc décidé que son procès-verbal n'était pas crédible. Il est d'origine étrangère et donc partial ! Nadia n'en peut plus de se battre. On a arrêté Mohamed en mars, suite à un contrôle d'identité. Il a été placé en détention au centre fermé pour étrangers de Merksplas. Nadia a manifesté devant Merksplas avec diverses associations; Mohamed a été transféré au centre fermé de Vottem. Nouvelle répression dans la répression: à Merksplas, Nadia pouvait aller voir son mari tous les jours. A Liège pas, évidemment ! Depuis trois mois, L'Office a donné l'ordre d'arrêter et de déporter autant que la machine policière le permet. Des candidats réfugiés ont été piégés dans les Centres ouverts alors que leur procédure de demande d'asile n'est pas achevée (recours au Conseil d'Etat). La Belgique a été condamnée en 2000 par la Cour Européenne de Justice pour cette raison. Qu'importe ! Un protocole a été conclu entre l'Office des Etrangers et Fedasil (l’agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile qui, entre autres, assume la gestion des centres ouverts) permettant à la police de pénétrer dans les centres et appelant à la collaboration des directeurs (voir La Gauche n°14) ! Sur la même période, des familles ont été piégées alors qu'elles étaient convoquées à l'Office des Etrangers à propos de leur dossier. Ce sont ainsi des dizaines de personnes qui ont été placées dans les centres fermés cet été. Au centre ouvert de Jumet, quand ils sont venus arrêter un jeune Togolais pour le renvoyer vers sa dictature natale, la communauté entière s'est opposée et a forcé la négociation. Soutenus par les organisations syndicales, une cinquantaine de réfugiés du centre ont mené une grève de la faim dans l'église saint Christophe de Charleroi. A Bruxelles, les habitants du Petit Château ont organisé plusieurs manifestations. Le 26 août, ils étaient nombreux, avec aussi des sections de l'UDEP de tout le pays et les associations, pour réclamer que cessent ces arrestations et que les personnes placées en détention dans les centres fermés soient libérées. Tous demandent également une régularisation rapide de tous les sans-papiers et le droit de travailler pour ne pas dépendre de l'aide publique et pour casser l'autre machine bien rodée, le travail au noir. Cette politique n'est pas spécifiquement belge. Il s'agit d'une politique qui s'organise au sein de l'Union Européenne. Ce 1er septembre à Bruxelles la Commission européenne adoptait une proposition de directive recommandant des normes communes pour les expulsions, constatant que trop peu de rapatriements étaient exécutés en regard des décisions d'éloignement… |