Mini-traité européen, maxi-mépris pour les peuples
Par Christian Rialto le Vendredi, 26 Octobre 2007 PDF Imprimer Envoyer

Le sommet de Lisbonne, les 19 et 20 octobre, a permis aux dirigeants européens de sceller leur accord pour une Union européenne plus efficace à imposer ses orientations face au mécontentement populaire. Un étouffement de la démocratie!

Depuis quinze ans, les peuples européens ont fortement contesté les orientations de l’Union européenne (UE), de plus en plus libérales pour les patrons, et de plus en plus rétrogrades et répressives pour les autres couches sociales : mobilisations de salariés, de paysans, de retraités, de défenseurs des droits de l’Homme et de la paix ; rassemblements altermondialistes, désaveux des partis au pouvoir à chaque élection européenne, rejets référendaires en Irlande, au Danemark, jusqu’aux « non » français et néerlandais de 2005 au traité constitutionnel européen. Lors de cette dernière échéance, la bourgeoisie européenne a tenté de se saisir du besoin d’une réforme de fonctionnement liée au doublement du nombre d’États membres pour légitimer ses politiques en les rendant constitutionnelles. Son échec cuisant n’a cependant pas encore été prolongé par une avancée supplémentaire dans l’exigence d’une autre Europe et par une étape supérieure dans la convergence des luttes. On ne soulignera jamais assez le rôle désastreux, joué par les directions des partis et des syndicats majoritaires à gauche, dans cette incapacité du mouvement ouvrier européen à formuler une alternative de société.

Le nouveau « mini-traité » validé à Lisbonne entérine ces deux tendances. Il prend acte des résistances, et donc de l’impossibilité de faire légitimer par les peuples les orientations européennes, mais aussi du feu vert donné par les gauches européennes de gouvernement à la poursuite des orientations actuelles. De l’aveu même de Valéry Giscard d’Estaing, « le texte reprend l’ensemble des avancées institutionnelles contenues dans le projet constitutionnel », sans toutefois le concept constitutionnel et les symboles européens, mais « il n’est pas sûr que la représentation complexe » du nouveau texte « facilite la compréhension des citoyens ». C’est un euphémisme, pour un texte de 280 pages en langue de bois eurocrate ! Enfin, le même VGE confirme que « la concurrence libre et non faussée figure toujours dans le projet».

Qu’y a-t-il donc de « simplifié » dans le nouveau traité ? Essentiellement une chose: les peuples ne sont pas consultés et la démocratie est bafouée. Seules des ratifications parlementaires sont envisagées, alors même qu’on a vu, ces dernières années, combien les parlements nationaux sont décalés de l’opinion des citoyens sur la question européenne. En France, le cynisme de Sarkozy est particulièrement poussé. Il souhaite un passage devant le Conseil constitutionnel dès le 14 décembre, au lendemain de la signature officielle du nouveau traité par le Conseil européen, pour que la ratification par le Parlement français soit la première en Europe, « car, après avoir bloqué la Constitution, vous comprendrez qu’en tant que chef de l’État, je ne verrais que des avantages à ce que la France montre l’exemple de l’adoption de nouvelles institutions ». Face au PS et aux Verts, qui se lamentent du « bricolage » du nouveau traité, lequel « ne permet pas la relance » du projet européen, le président français a beau jeu de rétorquer que le compromis de Lisbonne a été approuvé par des gouvernements socialistes, libéraux et conservateurs, et qu’il est « certain que toutes les forces politiques françaises en tireront les conséquences ».

La conséquence que nous en tirons, nous, c’est qu’il est indispensable que les partisans du « non » de gauche au traité constitutionnel européen retroussent leurs manches, afin de lancer une campagne de dénonciation du coup de force en cours et d’exiger un référendum comme démarche démocratique élémentaire. Plus généralement, nous devons utiliser tous les moyens pour favoriser l’émergence d’une réelle alternative anticapitaliste face au libéralisme.


Exiger un référendum et un débat démocratique! 

UAG Bruxelles a lancé l'initiative de constituer un comité unitaire et pluraliste afin de mener une campagne en faveur d'un référendum et d'un débat démocratique autour du "mini-traité". Pour plus d'infos, voir: http://uneautregauche.be/398.html

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