La fondation du NPA en congrès
Par Dossier le Jeudi, 12 Février 2009

Le Nouveau Parti anticapitaliste s’est fondé à Paris, du 6 au 8 février, en adoptant un programme, des statuts provisoires, un nom, une orientation politique, et en élisant une nouvelle direction. La conclusion d’un processus et d’une dynamique de rassemblement des forces anticapitalistes et révolutionnaires, entamé il y a dix-huit mois. Processus qui a impliqué que la LCR-France laisse la place à ce nouveau parti. D’ores et déjà, le NPA est une nouvelle réalité politique, que nous avons pu forger ensemble mais, au-delà de la satisfaction, c’est bien un sentiment de responsabilité et de prise en compte de la gravité de la situation qui a dominé nos débats.

En effet, la création du NPA n’est pas un événement extérieur aux réalités politiques. La fondation du NPA s’inscrit, et sans doute s’explique aussi, par un contexte de crise globale. Le capitalisme s’enfonce dans une crise profonde, historique, qui n’est plus niée par la plupart des dirigeants de la planète. Elle ne se réduit ni à une crise financière, ni à l’échec de la régulation libérale du système capitaliste, mais bel et bien à l’échec d’un système de généralisation du marché afin de satisfaire la soif de profits des possédants.

L’ensemble de la population et du monde du travail risque de payer une crise dont les acteurs centraux du système (les banques, les puissances financières, les institutions capitalistes) sont les premiers responsables. Les licenciements massifs, la vie chère, la destruction méthodique des services publics en sont les premières manifestations et provoquent les premières mobilisations. Dans le même temps, une crise écologique et alimentaire frappe les populations dans l’essence même de leurs conditions de vie. Face à cette crise de civilisation capitaliste, nous voulons installer une force qui défende la transformation révolutionnaire de la société, la reconstruction d’une perspective socialiste profondément démocratique remettant en cause la propriété privée économique.

Les premières mobilisations éclatent. La Guadeloupe et la Martinique se soulèvent contre la vie chère, les injustices et les discriminations. Le 29 janvier, nous étions plusieurs millions en grève et en manifestations, alors que se dessine une nouvelle journée le 19 mars. Après les lycéens en décembre, universitaires et étudiants prennent le chemin de la rue pour faire plier un gouvernement, qui n’a renoncé en rien à ses projets de démolition sociale. Des appels convergent pour remettre en cause les projets liberticides du pouvoir. Nous appuyons tout ce qui permet la convergence des luttes, toutes les initiatives de mobilisation vers un mouvement d’ensemble contre le gouvernement et sa politique. Un nouveau Mai 68 pour battre Sarkozy.

C’est bien pourquoi le NPA sera au cœur des mobilisations, des grèves et des manifestations, proposera constamment le rassemblement unitaire des forces de la gauche sociale et politique pour soutenir les luttes. Comme nous l’avons fait sur le terrain des licenciements. Comme nous le proposerons pour la nouvelle journée de grève et de manifestations du 19 mars ou pour appuyer le combat des travailleurs de l’automobile.

Dans cette période de tensions sociales et politiques, nous voulons défendre un plan d’urgence, un plan de sortie de crise en faveur des travailleurs et de la population. Un plan de mesures concrètes, qui se refuse à accompagner le capitalisme, à financer les responsables de la crise, comme le fait le pouvoir et comme le propose également le projet du PS. Nous voulons l’augmentation des salaires de 300 euros net par mois pour tous et toutes ; aucun revenu, salaire ou autres en dessous de 1 500 euros net ; la suppression de la TVA, à commencer sur les produits de première nécessité ; le blocage et la baisse des loyers, la lutte contre les hypermarchés qui font du profit sur le dos des consommateurs tout en étranglant les petits producteurs. Nous défendrons l’interdiction des licenciements dans les grandes comme dans les petites entreprises, dans le privé comme dans le public, où les suppressions d'emplois n’ont jamais été aussi importantes. Nous refusons et combattons la loi Bachelot de marchandisation et de privatisation de la santé. Nous sommes aux côtés des universitaires et des étudiants contre la loi Pécresse. Nous refusons les privatisations d’hier et d’aujourd’hui, de droite comme de gauche, et nous nous battrons pour l’expropriation des banques et des compagnies financières, la mise en place d’un service public bancaire contrôlé par la population…

Autour d’un programme anticapitaliste et d’une perspective indépendante de la direction du PS, qui se situe dans le cadre de la gestion du système, nous souhaitons le rassemblement le plus large. Dans les luttes comme dans les élections. Un rassemblement durable, qui offre une perspective alternative à celles et ceux qui souffrent de la crise, qui n’en peuvent plus de l’arrogance du pouvoir et du patronat. Une union cohérente, qui défend la même politique dans les luttes et dans les élections, aux européennes comme aux régionales, en France, comme en Europe.

Pierre-François Grond


Anticapitaliste!

Plus de 600 délégués et déléguées, de très nombreux invités français et, surtout, étrangers, une foule de journalistes : dès l’ouverture du congrès de fondation du Nouveau Parti anticapitaliste, le sentiment général était que nous allions vivre un moment important. Et la suite des événements n’a nullement démenti ce sentiment.

La séance plénière du vendredi matin a permis à Myriam Duboz (membre du secrétariat du collectif d’animation) de retracer l’ensemble des étapes qui ont permis, depuis un an, de jeter les bases du NPA, en termes de rassemblement, de fonctionnement, d’intervention et d’élaboration.

Puis, Patrice Ganot, militant de la Centrale des travailleurs unis et porte-parole du Cercasol (l’équivalent guadeloupéen du NPA), a décrit l’unité et la détermination qui caractérisent l’actuelle mobilisation en Guadeloupe. Enthousiaste, la salle s’est mise à scander « Grève générale, grève générale », une perspective qui ne vaut pas que pour les Antilles ! Puis, Olivier Besancenot, arrivé directement d’une assemblée des facteurs grévistes des Hauts-de-Seine, a démonté le discours de la veille de Nicolas Sarkozy, et il a rappelé la place politique que devait prendre le NPA dans la situation actuelle.

Mais il était impossible, on s’en doute, de mener sérieusement les débats avec plus de 600 congressistes et de finaliser les documents qui devaient fonder réellement le parti. Les délégués se sont donc répartis, pour deux longues séances de travail, en plusieurs commissions : « Principes fondateurs », « Statuts », « Orientation politique » (puis, dans un second temps, « Élections européennes »), « Choix du nom du parti » et, enfin, « Composition du conseil politique national (CPN) ». Ce choix de travailler en commissions s’est avéré particulièrement efficace : le travail d’amendements et de reformulations effectué a permis à chacun et à chacune de se faire entendre et, ensuite, à l’ensemble des congressistes de trancher un nombre limité de questions. On lira, dans ces pages, une brève synthèse de ces travaux. Ceux et celles qui veulent en savoir plus peuvent satisfaire leur curiosité en consultant documents et vidéos sur le site du NPA (www.npa2009.org ).

François Coustal


«Principes fondateurs»: Pour le socialisme du XXIe siècle

Trois navettes de discussion, des milliers d’amendements ont permis d’aboutir à une version finale étoffée qui, certes, ne fait pas le tour de l’ensemble des questions, mais qui constitue une base solide pour le rassemblement de toutes celles et tous ceux qui veulent agir pour la transformation révolutionnaire de la société.

En quatre parties, ce document aborde l’essentiel des problèmes de notre temps, en même temps qu’il cherche à tirer les leçons du passé. Partant de l’analyse de l’état du monde capitaliste, le document conclut sur la nécessaire rupture avec le système qui, aujourd’hui, plus que jamais, avec le développement sans précédent des crises économiques, sociales, écologiques, envoie le monde dans le mur.

D’où la nécessité d’énoncer les contours de la société que nous voulons construire. Une société où la démocratie atteint un niveau de développement inédit dans l’histoire. Une société dont les fondements sont l’égalité dans tous les domaines et la préservation de l’environnement. Le congrès a buté pour donner un nom à ce projet, tant pèsent négativement les expériences du passé, tant l’exploitation et l’oppression multiformes, voire la terreur, se sont faites au nom du communisme ou du socialisme. Les milliers de participants aux congrès électifs ont eu à choisir entre les termes de socialisme ou d’écosocialisme. Mais une autre proposition est remontée, celle d’intituler notre projet « le socialisme du XXIe siècle ». Divisée, la commission n’a pu que s’en remettre au vote du congrès, qui a tranché en faveur de cette dernière proposition, dans le cadre d’un vote serré. Il s’agissait moins de la volonté de saluer le processus en Bolivie que de marquer la nécessité de se tourner vers l’avenir en revendiquant le meilleur de la tradition du passé, de celles et ceux qui ont affronté les systèmes depuis deux siècles.

La troisième partie énonce des éléments généraux de stratégie. Le NPA revendique fièrement sa méthode : organiser la lutte pour la résistance à l’offensive de destruction des acquis et droits sociaux, pour défendre un programme de mesures anticapitalistes répondant aux aspirations concrètes de la population face à la dégradation des conditions de vie, traçant les contours de la société que nous voulons. Nous ne voulons négliger aucun terrain de lutte. Des réécritures et des enrichissements substantiels du texte ont été amenés en procédant à des commissions de réécriture sur des thèmes importants, comme la défense de l’accès à la culture pour toutes et tous, celle d’une éducation émancipatrice ou encore la défense d’une agriculture paysanne rompant avec l’agro-business. La question de l’écologie est très présente dans toutes les parties du texte, ce qui correspond à une volonté unanime de mettre cette préoccupation décisive au cœur des préoccupations du NPA.

Un parti, c’est d’abord et avant tout un programme, qui justifie que ses partisans s’organisent pour le défendre. Mais le parti, dans ses principes d’organisation, doit être conforme aux objectifs qu’il défend. La quatrième et dernière partie est consacrée à cela. Le NPA veut être un parti démocratique, utile au quotidien, un parti implanté dans les entreprises et les quartiers. Un parti qui se présente aux élections, mais qui ne confond pas cela avec l’électoralisme, cette illusion que le changement radical ne sortira que des urnes. Un parti qui veut obtenir des élus, mais des élus sans compromission avec le système, dont le comportement demeure à tout instant fidèle aux idéaux qu’ils portent. Un parti capable de patience et de ténacité, pour peser dans la durée, mais aussi réactif au rythme de la lutte des classes, aux côtés de celles et ceux qui entendent lutter jusqu’au bout contre le système.

En adoptant ce programme ainsi amendé à une écrasante majorité, les délégués ont eu le sentiment d’avoir fait faire au parti un pas en avant décisif. Ces contours programmatiques n’ont pas été parachutés par en haut. Les membres du NPA se les sont appropriés en profondeur. Au-delà des imperfections inévitables à ce genre d’exercice inédit, la discussion a été intense et enrichissante.

Frédéric Borras


«Statuts»: Pour un parti démocratique

Avec près d’une centaine de participants, la commission travaillant sur les statuts a opéré une troisième réécriture de ceux-ci, après les réunions nationales préparatoires, tenant compte des amendements proposés par les assemblées électives. Pendant près de dix heures d’une séance étalée en deux demi-journées, nous avons examiné l’ensemble des amendements majoritaires dans les assemblées électives locales.

Sept questions, apparues comme centrales, ont nécessité des votes en assemblée plénière, soit parce qu’elles divisaient la commission, soit parce qu’elles apparaissaient comme des questions que seul le congrès pouvait trancher. Concilier la centralisation nécessaire de nos activités et l’autonomie locale, les échanges horizontaux entre comités, a été la première d’entre elles. Trois versions contradictoires ont été votées.

La réflexion autour des modalités de mise en œuvre de la rotation des directions et de la représentation du parti a également été soumise au vote. Également, la place des jeunes dans le parti, le rythme des réunions du conseil politique national, le droit d’exprimer publiquement et d’agir séparément en cas de désaccord majeur (droit de fraction), la manière d’intégrer au parti de nouveaux courants politiques ont également été sujets à des versions contradictoires, soumises au vote des délégués.

Des questions, des débats à poursuivre dans le NPA, car ces statuts provisoires doivent être testés, mis en pratique pour être enrichis, pour qu’au prochain congrès du NPA, fixé dans une fourchette de douze à dix-huit mois maximum, ils puissent être adoptés définitivement. Une commission de médiation, prévue dans ces statuts, a été élue. Elle aura la charge d’appliquer le présent document et, sans doute, de réfléchir et de participer à l’amélioration de celui-ci. Il reviendra au CPN d’impulser et d’organiser un débat qui doit se poursuivre au sein du NPA.

Pierre-François Grond


«Résolution politique générale»: En campagnes

Le texte « Résolution politique générale » a pour objet de donner au NPA une orientation jusqu’au prochain congrès.

Au moins une centaine de délégués et de déléguées se pressent, vendredi 6 février, dans la salle « Benelux » de l’Eurosite, où tout est installé pour permettre aux présents de suivre et d’intervenir dans les discussions : vidéo-projecteur et grand écran, sur lequel défilent les propositions d’amendements rédigées par les comités locaux. La commission qui a travaillé sur le texte « Résolution politique générale » en a recensé 800, entre les amendements envoyés en décembre et ceux discutés et adoptés dans les assemblées générales électives locales. Bien sûr, nombre d’entre eux se « recoupent », voire sont identiques. Après avoir expliqué les modalités de fonctionnement et un début quelque peu laborieux, les camarades animant la réunion, comme les congressistes, prennent finalement un bon rythme de croisière. Grâce aux nombreuses interventions et aux débats fort riches, le texte est étudié avec attention et les travaux s’achèvent tout de même après 20 heures, dans une bonne ambiance. Le texte sera voté et ratifié à une large majorité (76 % des votants) en séance plénière, le lendemain soir.

Globalement, le texte adopté comporte trois grands chapitres, tous les trois ont été largement amendés. Dans la première partie, « Un monde en crise », le fil conducteur est « faire payer la crise à ceux qui en sont responsables », les capitalistes, et s’opposer à ceux qui, au pouvoir, gouvernent pour ces derniers. À cela, répond donc la nécessité d’un plan d’urgence social, écologique et démocratique qui, dans le texte, a été grandement renforcé par les propositions de comités et de commissions (secrétariat « Femmes » de la LCR, commission « Écologie » du NPA, commission « Santé », commission « LGBTI »…). Est également présente la contre-offensive nécessaire à la guerre et à l’oppression des peuples, la question de la solidarité et du soutien au peuple palestinien tenant une bonne place dans ce chapitre, comme dans d’autres passages du texte.

Dans la deuxième partie, après l’analyse de la situation politique dont les éléments essentiels sont l’offensive brutale de la droite et de Sarkozy, une gauche institutionnelle discréditée ou inefficace, mais des résistances réelles, la journée du 29 janvier les ayant mis en exergue, la nécessité de faire converger toutes les luttes et celle de construire un « tous ensemble » arrive en conclusion.

Enfin, la troisième partie s’achève sur le rôle du NPA, parti pour les luttes, porteur d’un projet alternatif au capitalisme, ainsi que sur les campagnes politiques à mener dans les semaines et les mois à venir, pour l’emploi, les services publics, les quartiers populaires, contre la guerre et l’Otan, etc. La résolution politique s’est donc finalement « étoffée », après le travail d’amendement effectué, mais elle est le reflet d’une volonté : celle d’agir et d’être efficace, au quotidien comme dans les luttes.

Myriam Martin


«Résolution européennes»: Oui à l’unité durable dans la clarté

Le dernier des quatre textes que devaient examiner les délégués au congrès du NPA les a conduits à prendre position sur les prochaines élections européennes.

De nombreux amendements, dans les comités locaux, ont été proposés, améliorant le texte « Résolution européenne », tant sur la forme que sur le fond. Nos revendications sont désormais plus précises et plus développées, en particulier sur l’aspect écologiste et féministe. La résolution finale confirme sans surprise que nous voulons une autre Europe : démocratique, sociale, écologique, féministe, solidaire, hostile aux agressions militaires et favorable à un regroupement des anticapitalistes à l’échelle européenne.

C’est sans aucun doute la dernière partie du texte, « Notre participation aux élections européennes », qui a fait couler le plus d’encre à l’extérieur de notre congrès. Sur cette partie, trois propositions étaient soumises à discussion lors de la commission de travail. La première, émanant de plusieurs comités locaux, consistait à proposer de renvoyer cette discussion à la première réunion du conseil politique national (CPN). Cette proposition fut rejetée très majoritairement.

Le débat a donc eu lieu sur les deux positions restantes. La première, dite de Marseille, Montpellier, Gard et Pyrénées Orientales, affirmait la nécessité d’œuvrer pour une unité durable. Une unité sur un contenu anticapitaliste, une unité sur le terrain des luttes et dans les élections, qui ne se résume pas à un « coup électoral », mais qui subsiste au moins jusqu’aux élections régionales, dans l’indépendance totale vis-à-vis du PS. La seconde, fondée sur la réécriture de l’amendement dit de Clermont-Ferrand, se déclarait favorable à un débouché électoral aux luttes sociales, dans le cadre du « front de gauche » proposé par le PCF et le Parti de gauche, sans lier formellement une alliance à ces élections à celles qui suivent. Ceci, à partir de trois revendications centrales : « Dans la continuité du rejet du traité constitutionnel européen, elles dénonceront le traité de Lisbonne, remettront en cause l’indépendance de la Banque centrale européenne et la soumission à l’Otan.»

La discussion en commission a permis à 62 délégués de s’exprimer dans le respect des positions de chacun. Le vote du congrès a eu lieu, dimanche 8 février au matin, après trois interventions en faveur de chacune des orientations proposées. Le texte dit de Marseille, Montpellier, Gard et Pyrénées-Orientales a obtenu 76 % des voix et celui de réécriture de Clermont 16,7 %. C’est donc cette proposition unitaire que porteront les délégations du NPA qui vont rencontrer, au plus tôt, les autres forces de la gauche radicale.

Sandra Demarcq


Direction nationale: Précisions sur une élection

Pour l’élection du conseil politique national (CPN, direction du NPA), la commission des candidatures a été en mesure de proposer au vote du congrès une liste de 185 personnes, composée en fonction de l’état actuel du processus : en l’absence d’orientations politiques alternatives cristallisées, il s’agissait de travailler sur un CPN paritaire, composé pour les deux tiers en fonction des critères de représentation géographique, le tiers restant étant constitué en fonction des secteurs d’intervention, des tâches nationales et des sensibilités.

Évidemment, tous les critères se croisent et, par exemple, la commission avait intégré à la partie géographique au moins cinq camarades porteurs de la sensibilité incarnée, dans les assemblées électives, par l’amendement dit de Clermont-Ferrand sur les élections européennes. Dimanche 8 février au matin, après le vote sur cette question, une liste de 26 noms a été présentée au congrès par les camarades minoritaires sur cette question.

Deux problèmes se posaient : d’une part, les camarades demandaient une représentation proportionnelle au vote sur leur motion de congrès, alors qu’elle n’avait pas été présentée comme une base élective. D’autre part, sur les 26 candidatures, treize n’avaient été présentées ni dans les assemblées générales (AG) électives ni même à la commission des candidatures, s’affranchissant ainsi des règles fixées collectivement.

Les camarades ayant refusé la proposition d’une quinzaine de camarades, un vote a eu lieu sur l’intégration des 26 noms à la liste initiale. Cette proposition n’a recueilli que 50 voix. Dès lors, le bureau de congrès a proposé d’intégrer toutes les candidatures qui avaient sollicité l’avis d’une AG élective, ce qui revenait à ajouter huit personnes. 13 personnes en tout, soit en réalité la proportionnelle du vote sur l’intégration des 26…

Point là donc de coup de force ou d’élimination de la minorité.

Ingrid Hayes


Un nom: NPA!

Le débat au congrès sur le nom a eu lieu après une large consultation des comités. Au total, après dépouillement des procès-verbaux, le NPA se détachait nettement, avec 272 points. Les quatre propositions suivantes recueillaient entre 42 et 67 points.

Ces cinq noms furent donc soumis au vote des délégués. Au deuxième tour, la proposition de NPA recueillait 316 voix et celle de Parti anticapitaliste révolutionnaire (PAR) 264 voix.


Internationalisme: De tous les pays…

C’est sous le signe des grèves générales en Guadeloupe et en Martinique, et de la solidarité avec la résistance du peuple palestinien contre la politique criminelle du gouvernement israélien à Gaza, que s’est manifesté l’internationalisme du congrès de fondation du NPA. Les interventions du représentant du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), Nasser Al Kafrana, et du militant israélien des droits de l’Homme Michel Warschawski ont été des moments forts du congrès.

Mais le plus significatif a été la tenue, durant le congrès, d’une conférence de la gauche anticapitaliste et anti-impérialiste internationale, avec plus d’une trentaine d’organisations et de partis. Après les conférences européennes de juin et décembre 2008 à Paris, la réunion internationale de Belém, à l’invitation du Psol (parti anticapitaliste brésilien) et du NPA, cette conférence internationale, à l’invitation du NPA, confirme que se dessinent de nouvelles relations entre organisations de la gauche anticapitaliste internationale. L’intérêt pour l’expérience du NPA explique évidemment l’importante participation de délégations étrangères. Il faut souligner la présence d’organisations et de partis significatifs de tous les continents. Il faut aussi souligner la présence de représentants des expériences en cours en Amérique latine contre l’impérialisme.

Au-delà, c’est le produit d’un changement de la situation internationale, résultant de la crise globale que connaît le système capitaliste. Les nécessités d’une discussion sur les réponses anticapitalistes à la crise, les exigences d’une réorganisation du mouvement ouvrier et de la gauche mondiale alternative aux vieilles organisations traditionnelles de la social-démocratie ou issues du stalinisme, l’émergence de nouvelles formations de la gauche radicale poussent à de nouvelles convergences. La crise va redéfinir le paysage social et politique, les rapports de force, les hiérarchies entre États, les centres de gravité de la politique mondiale.

Il y a, plus que jamais, face à la crise capitaliste mondiale, besoin de plus d’internationalisme. Certes, il ne s’agit pas de décréter une nouvelle Internationale, mais il faut avancer dans la voie d’un réseau international d’organisations et de partis, de renforcer les coopérations, d’agir ensemble contre la crise, en solidarité avec les luttes en cours comme la Palestine, de multiplier les échanges d’expériences, et enfin de créer les cadres de discussion pour avancer dans la construction de nouveaux programmes et projets, vers de nouveaux rassemblements internationaux, vers une nouvelle Internationale.

François Sabado

 

Organisations représentées

LES ORGANISATIONS FRANÇAISES PRÉSENTES

Partis : Alternative libertaire, Association des communistes unitaires, La Fédération, Les Alternatifs, Lutte ouvrière, Parti communiste français, Parti de gauche, Parti socialiste, Parti ouvrier indépendant, les Verts.

Syndicats et associations : AC !, Convergence services publics, Coordination nationale des droits des femmes, Copernic, Forum social des quartiers populaires, FSGT, Solidaires.

MONDE : LES ORGANISATIONS PRÉSENTES OU AYANT ENVOYÉ UN MESSAGE

Algérie : Parti socialiste des travailleurs ;

Allemagne : Internationale Socialistischelinke/IV Internationale ; Revolutionär Sozialistischer Bund/IV Internationale ; Interventionistische Linke (message) ;

Argentine : Movimiento socialista de los trabajadores, Economistas de izquierda (message) ;

Australie : Democratic Socialist Perspective, Revolutionary Socialist Party (message) ;

Belgique : Ligue communiste révolutionnaire/SAP ;

Brésil : Partido socialismo y liberdade (Psol) ;

Canada : Socialisme international, Socialist Project ;

Chili : Comité communiste du Parti communiste du Chili ; courant Unidad internacional de los trabajadores-CI ;

Chypre : Initiative socialiste ;

Corée du Sud : Power of the Working Class (PWC), Comité pour le WSP, New Progressive Party, Journal Redian, Institut coréen du XXIe siècle, Democratic Labor Party (message) ;

Croatie : Novi plamen ;

Cuba : Parti communiste cubain ;

Danemark : Alliance rouge et verte, Socialistisk Arbejder Partei (message) ;

DOM-TOM : Cercasol (Guadeloupe), Groupe révolution socialiste (Martinique), Nouveau parti anticapitaliste-Réunion (La Réunion), A Manca-NPA (Corse) ; Union syndicale des travailleurs kanaks et des exploités (Kanaky) ;

Écosse : Socialist Scottish Party (message) ;

État espagnol : Izquierda anticapitalista, Partido obrero revolucionario, militants de Euskadi ;

États-Unis : International Socialist Organization, Solidarity (message) ;

Grande-Bretagne : Socialist Resistance/International Socialist Group, Permanent Revolution, Socialist Workers Party, Workers Liberty ;

Grèce : Coalition de la gauche radicale (Syriza), Synaspismos, Gauche rénovatrice communiste et écologique (AKOA), Gauche internationaliste ouvrière (DEA), Organisation communiste de Grèce (KOE), Nouveau courant de gauche (NAR), Organisation des communistes internationalistes de Grèce-Spartakos (OKDE-S), Rouge (Kokkino), En.Anti.A-Gauche anticapitaliste unitaire (ARAS, ARAN, OKDE, SEK, message), Parti socialiste ouvrier (SEK, message), Rassemblement militant de gauche (ARAS, message) ;

Iran : Solidarité avec les travailleurs en Iran ;

Irlande : People Before Profits ; Israël : Alternative Information Center ;

Italie : Sinistra critica ;

Japon : Japan Revolutionary Communist League (message) ;

Liban : Parti communiste libanais (message) ;

Luxembourg : Dei Lenk ;

Malaisie : Partis sosialis malaysia (message) ;

Maroc : Al Mounadil, Solidarité pour une alternative socialiste, Voie démocratique ;

Mauritanie : Union des forces de progrès ;

Mexique : Partido revolucionario de los trabajadores, Liga de unidad socialista (message) ;

Pakistan : Labour Party of Pakistan (message) ;

Palestine : Front populaire de libération de la Palestine ;

Pays-Bas : Institut international de formation et de recherche ;

Pérou : Parti nationaliste du Pérou ;

Philippines : Rebolucionaryong partido Ng Manggagawa-Mindanao, Partido ng Manggagawa (message), Kilusan para sa pambansansang demokrasya (message) ;

Pologne : Polska Partia Pracy (Parti polonais du travail) ;

Portugal : Bloco de esquerda ;

Russie : Vperiod ; Sahara Occidental : Front polisario ;

Sénégal : Yoonu askan wi ;

Slovénie : Militants ;

Suède : Socialistiska Partiet, Association intersocialiste ;

Suisse : Gauche anticapitaliste, Mouvement pour le socialisme, SolidaritéS ;

Tunisie : Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives ;

Turquie : Parti de la liberté et de la solidarité ;

Venezuela : ambassade à Paris, Psuv-Marea socialista.


18e Congrès : de la LCR au NPA, le combat continue...

Le 18e Congrès de la LCR s’est tenu le jeudi 5 février. En prononçant la dissolution politique de la LCR, après 40 ans d’existence, les participants ont ouvert la voie à la construction d’un nouveau parti.

Toutes deux favorables au dépassement de la LCR, les deux plateformes en présence, lors du 18e Congrès de la LCR, s’opposaient sur l’appréciation du processus en cours ainsi que sur l’orientation politique souhaitable pour le NPA, notamment en termes de relations unitaires à la gauche du PS.

Pour la plateforme A (PFA, majoritaire), la dynamique de construction des collectifs NPA comme la nature des documents en discussion pour le congrès de fondation « nous permettent de nous faire une opinion sur ce nouveau parti : un parti anticapitaliste, féministe, écologiste, internationaliste, pour une transformation révolutionnaire de la société et pour le socialisme… » Plusieurs amendements visant à « mandater » les militants de la LCR afin qu’ils pèsent pour « renforcer les textes » sur « l’autonomie de la jeunesse », « la lutte contre le sexisme et l’homophobie », « la centralité de la classe ouvrière », ou « le caractère militant du parti » ont été très largement repoussés (7,5 % pour), les délégués estimant qu’une telle intervention était superflue au vu des débats existants dans le NPA.

En conclusion, pour la PFA, « être tous ensemble dans le NPA est la conclusion logique du processus engagé. Cela nécessite de dissoudre la LCR. Un choix enthousiasmant tourné vers l’avenir, qui a besoin de tous les militants de la LCR dans le NPA. Comme il a besoin de militants nouveaux venus d’autres sensibilités ou courants politiques, socialistes, communistes, écologistes, libertaires, révolutionnaires, du mouvement social… qui ont commencé à se rassembler et qui ensemble assureront le succès du nouveau parti ».

Le document proposé par la plateforme B (PFB, minoritaire) présentait le NPA comme devant « permettre de franchir un premier pas. Il doit être un levier, une étape vers un rassemblement », et il insistait sur le fait que « dans la perspective de ce nouveau parti, le NPA ne peut se satisfaire d’être adossé au seul courant politique national qu’a représenté la LCR, ni reprendre les vieilles formules de regroupement des seuls courants révolutionnaires ». Enfin, la PFB soulignait « l’urgence de faire converger les forces disponibles, à la gauche du PS, dans une coalition électorale aux élections européennes de 2009 ».

À l’issue d’un ultime débat, reprenant ceux menés depuis plusieurs mois dans les sections et les fédérations de la LCR, le document présenté par la PFA – « Dépasser la LCR dans le NPA » – a recueilli 87,2 % des voix (11,5 % contre, 1,3 % d’abstentions). Le texte présenté par la PFB – « Pour dépasser vraiment la LCR ! » – a recueilli 12,2 % des votes (86,5 % contre, 1,3 % d’abstentions).

Restaient donc à traiter les conséquences de cette décision, à commencer par la gestion des rapports avec la IVe Internationale (lire article ci-dessous). Mais aussi, les questions organisationnelles et financières de cette dissolution politique. Afin d’assurer la poursuite du versement de l’aide publique aux partis politiques (fondée sur les résultats obtenus par la LCR aux élections législatives de juin 2007), le congrès a décidé, à l’unanimité, le maintien d’une « structure LCR », la constitution d’un « comité de suivi » et le versement au NPA de l’intégralité de la subvention publique (une fois déduite la cotisation de l’ex-LCR à la IVe Internationale).

Le congrès s’est achevé par un apéritif convivial, quelques « anciens » – dont certains avaient assisté, en avril 1969, au congrès de fondation de la Ligue communiste – s’étant joints aux délégués. Au final, il n’y avait dans l’assemblée ni regrets, ni nostalgie. Mais, bien sûr, de l’émotion. Et aussi, une certaine fierté d’avoir été capables de se dépasser, à rebours des logiques boutiquières et conservatrices qui prévalent souvent. Et, enfin, beaucoup d’espoir et de confiance pour la nouvelle aventure qui commence.

François Coustal


IVe Internationale: Clarifier les relations

La LCR était section française de la IVe Internationale, le NPA ne le sera pas. Non parce que nous pensons que nos idées fondamentales sont dépassées, mais parce que nous croyons qu’il y a une nouvelle époque, qu’il faut actualiser notre programme, et qu’il faut de nouveaux partis, de nouveaux instruments pour intervenir dans la lutte de classe. Le NPA ne pourrait être section française de la IVe Internationale, parce qu’il a vocation à être un parti pluraliste, un parti qui favorise les convergences entre des expériences et des courants d’origines diverses – communistes, socialistes, syndicalistes –, un parti qui vise à prendre le meilleur de toutes les traditions révolutionnaires. Or, l’histoire a fait que la IVe Internationale, et plus précisément « notre IVe Internationale », est un courant nettement délimité historiquement.

Dans ces conditions, le NPA, comme à sa manière la IVe Internationale, doit contribuer à construire un nouveau rassemblement international, une nouvelle convergence de toutes les organisations de la gauche anticapitaliste, une nouvelle Internationale. Mais, nous le savons, il n’y aura pas de simultanéité entre construction de partis nationaux et construction d’une nouvelle Internationale. C’est pourquoi nous poursuivrons la construction de la IVe Internationale, tant qu’il n’y aura pas une nouvelle Internationale.

Dans cette perspective, le congrès a proposé que le NPA prenne en charge toute une partie des relations que la LCR avait avec l’Internationale, que les responsables du NPA soient invités comme observateurs aux réunions et instances de la IVe Internationale.

Il a aussi décidé qu’Inprecor prenne une nouvelle place dans l’information des militants de la IVe Internationale. Enfin, il a proposé la tenue, dès la fin 2009, d’assemblées générales de préparation du congrès mondial de la IVe Internationale (qui aura lieu en 2010). En revanche, à l’heure de constituer le NPA, le congrès a jugé que les ex-militants de la LCR ne devaient pas constituer de regroupement permanent séparé, d’où le refus de créer une association des membres de « la IV » dans le NPA, proposition qui n’a obtenu que 12 % des voix. L’ensemble des autres propositions a été approuvé par 87 % des congressistes.

François Sabado

Paru dans (le dernier) Rouge n° 2286, 12/02/2009.

Voir ci-dessus