L’austérité s’avalerait-elle mieux avec des olives piquantes?
Par LCR le Jeudi, 18 Juin 2009 PDF Imprimer Envoyer

Au cours de sa campagne, Ecolo a refusé de se positionner sur l'échiquier politique, soi-disant pour «respecter le choix des électeurs». Cette attitude lui a surtout permis de ratisser large: d’un électorat de gauche illusionné par un «vote utile», jusqu’à un électorat de droite charmé par cette formation politique qui courtise les fédérations patronales, en passant par la masse des dégoûtés des casseroles du PS.

Aujourd’hui, grand gagnant des élections, Ecolo justifie son choix de former des gouvernements régionaux avec le CDH et le PS en Wallonie et à Bruxelles en découvrant que, tout compte fait, il serait de «gauche». Fin du suspense. Voici donc planté un bel olivier… qui sera à coup sûr génétiquement modifié en vilain olivier-cactus aux olives bien piquantes pour les salariés et les milieux populaires que l’austérité annoncée frappera dur et fort.

La véritable raison du choix de l’olivier-cactus n’est pas à chercher dans un sursaut d’enthousiasme pour une « gauche » gouvernementale, pas plus que dans une volonté de rompre avec les politiques néolibérales. Malgré toutes les déclarations tapageuses des futurs partenaires, le caractère « progressiste » de cette coalition est illusoire. Aucun parti traditionnel n’envisage de sauver les emplois et le climat à travers la justice sociale et fiscale qui implique entre autres d’aller chercher l'argent là ou il est: dans la poche des capitalistes.

Le bilan du précédent gouvernement de type «olivier» à Bruxelles est à cet égard sans appel: le chômage régional bat tous les records, la crise du logement s'est aggravée, l'enseignement est plus inégalitaire que jamais, les discriminations n'ont pas reculé, les services publics - à commencer par les transports urbains - sont exsangues et dépourvus de moyens. Difficile de croire une seule seconde que le résultat sera cette fois-ci meilleur, tant à Bruxelles qu'en Wallonie, dans un contexte de crise.

D'autant que les priorités affichées sont à des années-lumière des préoccupations populaires et de l'urgence sociale et écologique actuelle. Tandis que le réchauffement climatique s'accélère et que la crise capitaliste s'approfondit de mois en mois (200.000 chômeurs supplémentaires en 2009-2011), Ecolo estime que l’urgence est... de supprimer les provinces et d'injecter une dose «d'éthique» dans la «bonne gouvernance»! En somme, il s'agira de faire payer la crise aux victimes, mais proprement s'il vous plaît...

Le choix de gouvernements « olivier-cactus » s’explique davantage par la volonté de maintenir à tout prix la «paix sociale» en neutralisant la FGTB et la CSC par la présence de leurs «amis politiques» du PS et du CDH au pouvoir. Le scénario est prévisible: distribution massive d'olives piquantes pour essayer de masquer le goût de mesures d’austérité indigestes, le tout en semant l’illusion du «sans nous ce serait pire».

La LCR encourage les milieux populaires, les salariés et leurs organisations syndicales à démasquer le cactus qui se cache derrière l’olivier, à s’organiser et à résister. Parce que seul un mouvement social d'ampleur pourra lutter efficacement contre l’austérité et faire payer la crise aux coupables capitalistes.

Dans ce contexte de crise globale, les gouvernements « olivier-cactus » vont accentuer la nécessité d'une opposition politique 100% à gauche et d'une alternative résolument anticapitaliste et écosocialiste. La LCR s'engage pleinement dans cet objectif et appelle l'ensemble de la gauche radicale à le poursuivre ensemble, dans l'unité et la clarté.

Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR)

17.06.09

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