Brésil : pause dans la mobilisation
Par João Machado
, de Sao Paulo le Jeudi, 11 Juillet 2013 PDF Imprimer Envoyer

Elles ont duré près de deux semaines : les grandes mobilisations au Brésil marquent le pas depuis la finale de la Coupe des Confédérations du 30 juin. Jeudi 11 juillet, il y aura une tentative de les relancer par une journée « de lutte et de blocages » appelée par les centrales syndicales et des mouvements sociaux dirigés par le MST. Il est trop tôt pour savoir comment elle se profilera.

Si cette journée est un succès, elle traduirait un changement du caractère des mobilisations. Les organisations traditionnelles du mouvement social brésilien entreraient en scène et la classe ouvrière organisée y jouerait un rôle.
Cette journée portera les revendications centrales des mobilisations de juin (réduction des tarifs et amélioration des transports publics, augmentation des dépenses de santé et d’éducation) et des thèmes traditionnels des mouvements sociaux (réforme agraire, réduction de la journée de travail pour parvenir à la semaine de 40 heures, fin de l’« élément prévisionnel » qui réduit le montant des retraites). Les mouvements dirigés par le MST incluront un thème qui, dans le contexte politique actuel, fait figure de soutien au gouvernement : « réforme politique et réalisation du référendum populaire ».

En cas d’impact réel, cela serait une aide précieuse pour ce gouvernement, car si ce référendum restait dépendant de l’approbation par le Parlement, comme c’est le cas actuellement, il ne se tiendrait qu’en 2014, et ses résultats n’auraient pas d’impact sur les prochaines élections.
Les campagnes pour les salaires, menées traditionnellement au mois d’août, sont une autre possibilité de reprise de grandes mobilisations. Il est certain qu’elles seront plus fortes que celles des années passées, reste à savoir dans quelle mesure.

Un pouvoir sur la défensive

Conséquence des grandes mobilisations de juin, des sondages d’opinion ont confirmé ces derniers jours la chute de popularité des gouverneurs des États et des municipalités, quoique, en moyenne, un peu moins forte que celle subie par le gouvernement fédéral, à l’exception du gouverneur de l’État de Rio de Janeiro, Sérgio Cabral, du PMDB, soutenu par le PT, probablement le plus honni du pays.

La ville de Rio a connu la plus grande mobilisation le 20 juin : ce sont certainement plus d’un million de personnes qui sont descendues dans les rues rien que dans cette ville, et les mots d’ordre contre le gouverneur ont été lancés.
Le changement sensible dans les rapports de forces entre les classes s’est confirmé.

Que ce soit au niveau fédéral ou à d’autres niveaux du pouvoir, on reste sur la défensive, en essayant d’annoncer des mesures favorables aux revendications du peuple ou en affichant une disposition au « dialogue ». Mais la difficulté de montrer des résultats palpables, à l’exception des réductions des tarifs des transports publics, limite la portée de cette soudaine « bonne volonté ».

Quant aux critiques envers ceux qui gouvernent, principalement au niveau fédéral, elles continuent d’être émises dans des manifestations plus modestes et éparpillées dans le pays et lors des déclarations des directions des mouvements sociaux.

De Sao Paulo, João Machado
 (traduction du portugais par Luiza Toscane). Cet article a été publié sur le site du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA)

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