Femmes belges solidaires de la WOFPP
Par Céline Caudron le Vendredi, 14 Octobre 2005 PDF Imprimer Envoyer

La WOFPP, Women's Organization for Political Prisoners, est une organisation israélienne née en 1988, au début de la 1e Intifada. Depuis, des "relais" se sont constitués dans plusieurs pays, comme en Suisse, en France ou aux Etats-Unis. En Belgique, ce rôle est joué par les femmes belges solidaires de la WOFPP. Portait avec Thérèse Liebmann, membre des femmes belges solidaires de la WOFPP.

Thérèse Liebmann: La WOFPP a été fondée en mai 1988 dans le but de soutenir les prisonnières politiques palestiniennes qui avaient milité contre l'occupation israélienne et qui faisaient l'objet de tortures et de mauvais traitements. Comme Amnesty International ne s'occupe guère de ces femmes parce que plusieurs d'entre-elles sont suspectées d'avoir été violentes, un groupe d'Israéliennes de Tel Aviv a donc créé la WOFPP pour défendre ces prisonnières politiques, sans s'arrêter aux raisons pour lesquelles elles ont été arrêtées, et pour exiger des conditions de détention plus humaines. Les dirigeants israéliens considèrent que tout prisonnier politique est en détention parce qu'il constitue un danger pour la sécurité de l'Etat. Assurer spécifiquement leur défense constitue, dès lors à leurs yeux, une trahison envers cet Etat.

Comment travaille la WOFPP ?

T.L. La WOFPP diffuse périodiquement des bulletins d'informations sur les conditions de détention des prisonnières politiques. D'abord en Israël, parce que la plupart des Israéliens ignorent la manière dont elles sont traitées. Ensuite à travers le monde, via les relais qui existent dans plusieurs pays.

Le deuxième type d'action concerne la défense judiciaire des prisonnières. La WOFPP rassemble des fonds pour payer les avocats qui rendent visite aux prisonnières et les défendent en justice. Les prisonniers politiques ne peuvent pas recevoir de visites ou très rarement, et ce uniquement de leurs parents au premier degré. Les territoires palestiniens sont bouclés et les prisons se trouvent en Israël. Les déplacements durent des heures et la visite seulement 20 minutes, à travers des barreaux ou une vitre. Les avocats servent souvent de seul relais avec la famille.

Enfin, la WOFPP collecte également de l'argent pour que les prisonnières puissent acheter un supplément de nourriture à la cantine de la prison et des produits d'hygiène de première nécessité.

Quelles sont les conditions de détention ?

T. L. Les prisonniers politiques, majoritairement Palestiniens, sont tous détenus dans des prisons israéliennes. Les femmes y sont placées dans des ailes spécifiques. Longtemps, les prisonnières politiques étaient mêlées aux prisonnières de droit commun. Ces dernières, toutes Israéliennes, s'en prenaient souvent violemment à elles et les gardiens n'intervenaient pas. Il y a quelques années, la WOFPP a obtenu que les prisonnières politiques et celles de droit commun soient séparées.

En plus de la malnutrition, de l'absence de soins médicaux, de vêtements de rechange ou de produits d'hygiène, de visites familiales quasi-inexistantes, du manque de lits, des privations, des humiliations et des tortures, les prisonnières politiques rencontrent aussi des difficultés inhérentes à leur condition de femme que les autorités carcérales ne prennent pas en compte. Israël emprisonne des femmes enceintes qui doivent parfois accoucher dans des conditions fort pénibles. Une d'entre elles, à l'époque de la première Intifada, a même dû accoucher avec les jambes ligotées. Les nourrissons grandissent ensuite avec leur mère dans des conditions précaires jusqu'à l'âge de deux ans. Beaucoup de femmes très jeunes sont aussi emprisonnées, même si cela n'apparaît pas dans les statistiques grâce aux manœuvres des Israéliens -ils considèrent que les Palestiniens sont majeurs à 16 ans et ils retardent aussi les procès jusqu'à la majorité des prisonnières.

De nombreux prisonniers politiques sont en détention administrative. Ce type de détention dure normalement six mois et n'implique pas de jugement. Mais ces six mois sont renouvelables. La détention administrative peut donc durer des années, sans qu'aucun jugement n'intervienne. Si la justice militaire, le plus souvent impliquée dans les procès contre les prisonnières politiques, se laisse rarement influencer, les lettres envoyées, sous l'impulsion de la WOFPP, aux autorités pénitentiaires et aux politiciens israéliens se sont souvent avérées efficaces, surtout lorsqu'elles émanent de citoyens européens ou américains. Elles ont déjà pu amener un certain adoucissement des conditions de détention des intéressées.

Il ne faut donc pas négliger ce moyen d'action pour venir en aide aux prisonnières politiques en Israël. Un soutien financier leur permettrait également de faire face à leurs frais de défense et à leurs besoins les plus élémentaires.

Voir ci-dessus