Ce n'était qu'un début...
Par M. Lievens le Mardi, 17 Janvier 2006 PDF Imprimer Envoyer

Une grève générale, une manifestation de plus de cent mille personnes et plusieurs journées d'action ne se sont pas révélés suffisants pour bloquer le pacte entre les générations. La volonté et la disponibilité à l'action ne manquaient pourtant pas, à la base. C'est n'est pas seulemnt tragique, mais tout simplement criminel: ce sont ceux qui sont - ou étaient- à la direction du mouvement ouvrier qui ont failli. La social-démocratie, dès le début, était du mauvais côté de la barrière, et la bureaucratie syndicale s'est montrée incapable de faire l'unité du bon côté.

Une grève générale, une manifestation de plus de cent mille personnes et plusieurs journées d'action ne se sont pas révélés suffisants pour bloquer le pacte entre les générations. La volonté et la disponibilité à l'action ne manquaient pourtant pas, à la base. C'est n'est pas seulemnt tragique, mais tout simplement criminel: ce sont ceux qui sont - ou étaient- à la direction du mouvement ouvrier qui ont failli. La social-démocratie, dès le début, était du mauvais côté de la barrière, et la bureaucratie syndicale s'est montrée incapable de faire l'unité du bon côté.

Le pacte adopté au Parlement

Le parlement fédéral compte 150 membres. Sur ces 150, le 15 décemnbre, seuls quatre écologistes ont voté contre le pacte de solidarité entre les générations. Le Vlaams Belang, le CDH et le CD&V/NV se sont abstenus. Selon les chrétiens-démocrates, le pacte n'allait pas assez loin. Pour ceux et celles qui auraient la mémoire courte: Dehaene, avec son Plan Global, il y a douze ans, provoqua une vague de protestation avec laquelle le mouvement qu'on vient de vivre présente bien des similitudes. Les chrétiens-démocrates ont-ils la nostalgie de l'époque où ils tenaient eux-mêmes les rênes du néolibéralisme? La social-démocratie s'est défendue cyniquement en prétendant que la situation à l'étranger est encore bien pire. Selon la logique de ces gens, on peut donc être asocial tant que les partis frères étrangers le sont encore plus.

Les cent mille manifestatnts (au moins) ont donc été tout simplement réduits au silence au parlement. La FEB a eu ce qu'elle voulait, un peu moins peut-être, mais on ne peut pas tout avoir. L'allongement de la carrière est sur les rails, comme l'Union Européenne le veut, comme les patrons le veulent. Freya Van Den Bossche peut organiser autant de fêtes branchées qu'elle le veut, Di Rupo peut aller promener son sourire à Porto Alegre aussi souvent qu'il le veut: allonger la carrière, alors qu'il y a 600.000 chômeurs, voilà la politique de ces messieurs-dames, plus personne n'est dupe à ce sujet.

Atterrissage syndical

Le 28 octobre a été le point culminant de la lutte. Face aux cent mille manifestants, le gouvernement a bien été obligé de biaiser quelque peu. Assez d'attaques frontales contre la FGTB, on pourra négocier sur les modalités d'application. En dépit de ses dénégations verbales, le front commun syndical s'est engagé dans cette psueudo-ouverture. Comme tout réel événement, le 28 octobre avait laissé entrevoir une possibilité quelque peu inattendue: que la base impose une autre politique à l'appareil syndical et ouvre ainsi une autre perspective. Un cauchemar pour les bureaucrates syndicaux: "Le bureaucrate rêve de tenir l'événement sous sa poigne", comme dit Bensaid (le pari mélancholique, Fayard, 1997, p. 79).

Le fer doit être battu quand il est chaud, l'art de la politique consiste à prendre la bonne initiative au bon moment. C'est pourquoi le temps passé à attendre le plan d'action annoncé par les burea ucrates syndicaux a semblé interminable. Mais de l'action, il n'y en eut guère, le plan consistant justemnt à .. attendre. On appelle cela termporiser, dans le jargon. Une chance a ainsi été gâchée, quasi consiemment. Avant le 28 octobre, les sommets syndciaux avaient déjà mis de l'eau dans le vin de leurs revendications. L'observateur attentif, à ce moment, pouvait déjà prévoir la capitulation. Cortebeeck, comme toujours, était le plus clair. La leçon du 7 octobre, il ne l'a assimilée qu'à moitié. Dans son éditorial pour Visie, le 28 octobre, le chef de la CSC écrivait déjà qu'il serait possible de négocier sur les modalités d'application. Point à la ligne. Cent mille manifestants recevaient des aménagements à la marge pour toute perspective.

La journée d'information du 25 novembre n'avait d'autre objectif que d'enrober l'amère pilule. Certes, la volonté d'action semblait toujours présente à la base. Mais l'absence de perepectives était complète: le plan d'action apparaissait comme une manoeuvre d'atterrissage. Pourtant, on continuait à souffler le chaud et le froid. Un point de vue commun des femmes CSC et FGTB faisait remarquer que 71% des femmes se verraient refuser l'accès à la prépension, parce qu'elles travaillent plus souvent à temps partiel (43% des femmes, 7% des hommes) et que ce temps partiel n'est pas assimilé à une carrière normale par le pacte entre les générations. Le 13 décembre, la direction de la FGTB estimait que "le pacte reste incacceptable sur de nombreux points". Mais il n'y eut plus de nouvelles actions.

"Un certain nombre d'améliorations ont été apportées". Il n'y aurait plus "suffisamment de matière" pour des actions. Voilà en substance ce qu'on entendit dire par les directions CSC et FGTB. A l'exception de quelques centrales et régionales, la direction syndicale s'est assise sur le frein. Par peur de faire tomber le gouvernemnt? Celui-ci, en tout cas, n'a pas eu beaucoup de peine à désamorcer la mobilisation. S'il a échoué dans la confrontation frontale, il a réussi en semant la division ou en neutralisant le noyau dur (par exemple la concession au secteur du métal sur le prolongement des conventions collectives actuelles).

Nouveaux défis

L'octobre rouge et vert n'a pas eu de réel débouché. Le pacte entre les générations est passé, la sommet syndical a enterré la hache de guerre. Pour les milliers de militants syndicaux qui ont pris l'initiative à la base, le choc est rude, la déception est cruelle. Pour beaucoup d'entre eux, les actions d'octobre étaient un bol d'oxygène, notamment du fait de la participation de nombreux jeunes travailleurs et travailleuses, qui ne portent pas le poids des défaites passées.

Bien autre chose était possible: voilà ce que beaucoup pensent. La possibilité de repartir à l'action se profile pourtant déjà. Guy Quaden, président de la Banque Nationale, déclarait début décembre que le pacte est "un pas dans la bonne direction". "Mais cela ne suffira pas à aider l'économie belge à progresser", ajoutait-il. "Progresser", pour Guy Quaden, cela signifie s'enfoncer encore plus dans la spirale de réduction des alaires, de sorte que notre pays ne distribue pas moins de cadeaux aux patrons que les pays voisins. Et Quaden d'annoncer la nécesité d'un "pacte de compétitivité" Qu'ils y aillent, après la répétition générale d'octobre, nous sommes prêts !

Voir ci-dessus