Une autre gauche en mouvement
Par Ataulfo Riera le Mercredi, 03 Mai 2006 PDF Imprimer Envoyer

Le 21 février paraissait dans La Libre Belgique un Appel intitulé " Une autre gauche est nécessaire ! " (de larges extraits du texte ont été publiés dans La Gauche n°21). Signé par une trentaine de personnes (des académiciens/nes, des syndicalistes, des travailleurs/euses, et des militants du PO e.a), cet Appel invitait "tous ceux et toutes celles qui ne veulent pas se résigner au désordre établi actuel (…) à se regrouper pour commencer à construire une alternative transformatrice de société". Le POS s'est inscrit dans cette initiative.

L'Appel a suscité un certain écho et intérêt. Le contexte s'y prête. L'adaptation déjà lointaine de la social-démocratie au néolibéralisme, sa transformation en un courant social-libéral, les renoncements d'Ecolo accélérés suite à sa désastreuse participation gouvernementale, les régressions sociales-démocratiques et la montée de l'extrême droite, tout cela rend plus que jamais criante l'absence d'une réelle alternative politique à gauche. Pas seulement dans les urnes. Les luttes récentes contre le Traité constitutionnel européen, contre le pseudo-Pacte des générations ou encore la lutte des sans papiers pour leur régularisation ont démontré qu'il n'existe aucune force politique fiable et crédible à gauche qui porte les revendications de ces combats dans la rue et dans les institutions élues.

 

Signe de cet intérêt envers la nécessité affirmée de "commencer à construire une alternative", la première réunion de "l'Appel", qui ne devait initialement réunir que les signataires, a rassemblé une cinquantaine de participant/es le 11 mars dernier à Bruxelles. Des personnes de tout horizon; social, syndical, militant ou géographique, et de plusieurs partis ou organisations politiques (POS, MAS, PC, Izquierda Unida-Belgique, Parti Humaniste, A Contre-Courant). Etaient également présents des participants du "Comité pour une autre politique" animé par l'ex-parlementaire SP Jef Sleeckx, Lode Van Outrive et Georges Debunne. Parmi les excusé/es figuraient notamment Carine Russo et Raoul Marc Jennar, actuellement conseiller du groupe de la Gauche Unitaire Européenne au Parlement européen. L'assemblée était animée avec efficacité par Nadine Rosa-Rosso, ex-secrétaire générale du PTB -exclue de son organisation en 2004 avec plusieurs autres membres avec lesquels elle a constitué le réseau "Rassembler les résistances"- ainsi que par Alain Van Praet et notre camarade Freddy Dewille, tous deux délégués syndicaux CSC et à l'initiative de l'Appel.

 

En route !

Les échanges à cette première assemblée ont permis de constater plusieurs points d'accord sur la situation actuelle; la volonté commune de créer les conditions afin de construire une nouvelle force politique à la gauche de la social-démocratie et des Verts; de prendre tout le temps nécessaire à cela tout en ayant conscience de l'urgence dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui. Cette première réunion s'est conclue par le souhait de poursuivre l'initiative en constituant trois groupes de travail et en fixant une nouvelle rencontre pour le 1er avril. Le premier groupe de travail s'est chargé d'élaborer des propositions de fonctionnement de l'initiative; le groupe "communication" d'établir une liste de diffusion par courrier électronique -qui a permis de nombreux échanges, inévitablement inégaux- tandis que le groupe "texte" était chargé d'élaborer une déclaration de l'initiative à diffuser dans les activités syndicales et progressistes le Premier Mai.

La seconde assemblée du 1er avril a vu la participation d'une soixantaine de personnes (une quinzaine d'autres s'étant explicitement excusées tout en marquant leur soutien). Outre les forces déjà citées, des militant/es d'ATTAC Bruxelles, de la LIT (moréniste), les deux permanents à Bruxelles du Parti de la Gauche Européenne et Jef Sleeckx étaient également présent/es. Les participant/es ont pu constater avec satisfaction la sérénité des échanges et la volonté de poser plusieurs pas en avant, sans précipitation. Ainsi, afin de répondre à plusieurs opinions (notamment le souci d'affirmer une dynamique commune tant en Flandre qu'en Belgique francophone, mais aussi le caractère sans doute trop prématuré du travail réalisé par le groupe "texte"), le texte diffusé le Premier Mai sera le fruit d'une synthèse à réaliser entre le premier Appel publié dans "La Libre Belgique", un appel du Comité de Jef Sleecxk et le projet de texte élaboré par Corinne Gobin et Jean-Claude Deroubaix pour le "groupe texte".

La plupart des propositions du groupe "fonctionnement" ont été adoptées par consensus et à titre transitoire; à savoir l'élargissement de l'initiative par la constitution de groupes locaux/régionaux et la création d'une structure de coordination "fédérale" souple. Parallèlement, des groupes thématiques (fiscalité, Pacte de compétitivité, etc.) se sont constitués tandis que le groupe fonctionnement élargit sa tâche pour élaborer une série de questions/réflexions sur la nature et les formes du développement de l'initiative et de ses objectifs. Une Assemblée générale (tournante dans différentes villes) se tiendra tous les trois mois, la structure de coordination y étant à chaque fois modifiée/reconduite. Une évaluation globale de ce fonctionnement sera réalisée dans neuf mois.

Il reste dans le très court terme à évaluer la possibilité de l'initiative "pour une autre gauche" à s'élargir, notamment dans les groupes locaux et au travers d'initiatives concrètes. S'élargir signifie selon nous entamer le dialogue ou interpeller les travailleurs/euses et les militant/es syndicaux déçu/es des capitulations des sommets bureaucratiques; les militant/es et activistes sociaux, associatifs, progressistes, et altermondialistes dont les luttes dispersées ne trouvent aucun prolongement politique et qui se refusent à jouer un rôle d'éternel "lobbying" ou de pression des partis traditionnels; les verts déçus de l'évolution d'Ecolo et qui en appellent à une écologie de la transformation; etc.. S'élargir signifie à la fois entrer en débat avec toutes ces forces, secteurs et individus et soutenir pratiquement leurs luttes, sans se substituer aux mouvements sociaux, mais en les renforçant et en y popularisant la nécessité de leur engagement commun sur le terrain politique. Le Premier Mai sera déjà un test intéressant sur la capacité de l'initiative à structurer une intervention en direction des "publics" syndicaux et autres et à y susciter un intérêt et de nouvelles adhésions.

Voir ci-dessus