Qu'est-ce que l'exploitation capitaliste?
Par Laorañs le Mercredi, 14 Juillet 2004 PDF Imprimer Envoyer

" Etre salarié, c'est n'avoir pour survivre et pour satisfaire ses besoins vitaux que la possibilité de vendre sa force de travail manuelle ou intellectuelle ".

Dans le cadre du système capitaliste, nous savons tous que le travail n'est un plaisir pour personne, surtout quand nous savons que nous ne bossons et que nous nous levons le matin que pour l'enrichissement personnel d'une minorité de parasites qui sucent jusqu'à la moelle les travailleurs pour créer le maximum de bénéfices.

L'exploitation salariale

Etre salarié, c'est n'avoir pour survivre et pour satisfaire ses besoins vitaux que la possibilité de vendre sa force de travail manuelle ou intellectuelle. Il découle bien entendu qu'on est obligé de se vendre à un patron afin de survivre. En fait ce que le patron achète c'est la force de travail [ensemble de toutes les facultés physiques et intellectuelles qui existent dans le corps de la personnalité vivante de l'être humain et qu'il met en mouvement toutes les fois qu'il produit une valeur d'usage quelconque] afin de pouvoir l'utiliser, pendant un certain temps (8h par jour, 35h par semaine...) pour transformer la "nature" en marchandise.

Pour créer une marchandise, il faut trois composantes : la nature, l'outil ou la machine, et la force de travail. Exemple : pour faire une planche de bois, il faut un arbre, des outils, et un travailleur pour utiliser les outils. Cette force de travail, comme toute marchandise, à un coût : le salaire. Ce qui permet de mesurer la force de travail, c'est le temps. L'objectif du patron est de rentabiliser le temps de travail qu'il paye au salarié. Le fait que le travailleur vende sa force de travail à un prix plus ou moins fixe signifie que plus l'ouvrier produit, et plus l'écart entre la plus value engendrée par sa production, et entre le salaire reçu est grand : pour une planche de bois produite l'ouvrier reçoit 10, le patron reçoit 15, pour deux planches l'ouvrier en reçoit 20, le patron 30... Plus l'ouvrier va créer de marchandises matérialisant sa force de travail, plus le capital est puissant et plus il s'appauvrit. Ces marchandise ne lui appartenant pas, il devient donc étranger un produit de son travail. C'est en fait toute la vie du travailleur qui est aliéné, car pendant ses heures de travail, il vend sa force de travail, et passe ses heures de repos à dépenser ce qu'il a reçu en échange de celle-ci à la reconstituer.

Le salaire

Le salaire étant le prix de la force de travail (une marchandise), cette valeur est définie par le prix que le marché lui donne. Le salaire est composé de deux parties : La somme nécessaire pour l'ouvrier puisse reconstituer sa force de travail (nourriture...), et une deuxième partie fonction du rapport de forces entre capital et travail.

La première varie en fonction de ce que l'on définit par le minimum vital, et est fonction de l'époque et de l'endroit ou l'on vit. La deuxième varie en fonction de ce que les travailleurs arriveront à arracher au patron, mais également fonction de l'offre et la demande, comme toutes marchandises. Le chômage à donc un intérêt évident pour la bourgeoisie : plus l'armée de réserve est importante (les chômeurs), plus l'offre est abondante alors que la demande baisse en proportion, et plus les prix sont bas. Mais il est également très important de constater que l'accroissement des richesses produites ne signifie pas nécessairement augmentation de salaire. Il suffit pour s'en convaincre de savoir qu'en vingt ans la part des richesses produites revenant aux travailleurs est passée de 69% à 60%, alors que les salaires ont augmentés. La concurrence capitaliste La production capitaliste consiste en une production de marchandise. Ce n'est qu'une fois vendue que se dégagera la plus value crée par les travailleurs ; plus value contenue dans la valeur des marchandises fabriquées.

Cette production est régie par le mode de propriété des moyens de production. C'est non seulement une règle juridique mais surtout une règle économique. Ca veut dire que ce ne sont pas les travailleurs eux-mêmes qui possèdent les outils, les machines, c'est-à-dire les moyens de production, mais l'ensemble des firmes du monde entier, ensemble que l'on appelle le patronat ou la bourgeoisie. Evidemment, c'est ce même patronat qui prend toutes les décisions de production, sans tenir compte de l'intérêt général, mais uniquement de son propre profit.

Cette production est régie par la libre concurrence, c'est-à-dire que le seul souci pour le capitaliste est de gagner le maximum de parts de marché, et donc d'écraser les plus faibles que lui. Cela veut bien entendu dire que pour gagner des parts de marché, il faut être moins cher que le concurrent, donc de baisser le prix de ses marchandises, afin de vendre le plus possible et donc de réaliser le maximum de profits.

Pour baisser les prix, il faut absolument baisser le coût de production - le coût de revient. Pour cela il faut perfectionner les moyens de production (les machines, les outils...) afin de produire davantage, mais pour acheter ces machines il faut des capitaux plus élevés, donc vendre encore plus. La production capitaliste n'est donc plus qu'une simple recherche de profit, mais la recherche d'une accumulation du capital. La majeure partie de la plus value va donc dans l'achat de machine pour améliorer la production.

Nous voyons apparaître ici le rôle historiquement progressiste du capitalisme :augmenter la production et les forces productives et ainsi développer les fondements matériels de l'émancipation de l'humanité. Mais l'essor de la production capitaliste, entraînant le machinisme fait que l'homme est de plus en plus dépendant de la machine, et perd ainsi toutes ses qualifications. L'homme est de plus en plus dépossédé de son travail, ce qui influence sur ses relations face au travail et dans la société.

Evolution du travail à l'époque de la mondialisation

Depuis une vingtaine d'années, nous voyons une évolution très importante dans les relations employé/employeur, avec notamment de nouvelles attentes des patrons envers leurs employés. En effet, les travailleurs devraient se défaire de toute position d'extériorité vis-à-vis de l'entreprise, c'est-à-dire être pleinement conscient des intérêts propres à la réussite de celle-ci. Le discours économique devient donc de plus en plus important envers le personnel d'encadrement, mais également envers le personnel exécutant, comme c'est souvent si joliment dit.

Le travailleur devrait donc développer une certaine culture d'entreprise, en faisant notamment passer les intérêts de la firme avant les siens, ou avant les intérêts de sa propre classe. Il y a plusieurs explications à ce phénomène : rapport de forces de plus en plus favorable au patronat, dans un contexte de chômage qui ne cesse de croître, mais également grâce à un discours dans les sphère de l'Etat ou dans l'enseignement, qui vise à placer l'entreprise non plus au cœur de l'économique en tant que lieu d'enrichissement financier, mais également comme lieu d'enrichissement personnel et humain.

La fin de années de croissance, c'est-à- dire les années allant de 1950 à 1970, marque le début d'une concurrence bien plus forte entre les différentes entreprises qui se voit obligées de se battre plus qu'avant pour gagner de nouvelle part de marché. Comme nous le disons tout à l'heure, pour gagner de nouvelles parts de marché, il faut faire baisser le prix de vente des marchandises, et donc leur prix de revient. C'est là que l'on voit le rôle très important de chômage qui permet de faire baisser les salaires. Mais faire baisser les prix ne suffit plus. Il faut développer la qualité et le service rendu au client.

Pour cela, il faut que le travailleur se donne de plus en plus à son entreprise. La direction et les cadres vont alors commencer à développer se que l'on appelle " le management participatif ", en donnant une impression de transparence, faisant croire que les intérêt des travailleurs et des patrons ne sont pas opposés, notamment avec les discours annonçant la disparition des classes sociales, mais ceci est un autre sujet. Avant ce type de procédés, les travailleurs ne répondant et n'était censé de s'intéresser à la consigne, ce qui séparait clairement les " rapports marchand " et les " rapports salariaux ".

Jusqu'ici le travailleur n'avait à se soucier que de l'exécution de cette consigne et sa réussite, sans se soucier de se qu'elle rapportait à l'entreprise.

Les deux rapports que nous citions plus haut n'étaient mis en relation que chez les cadres. Le patronat tente désormais de l'assimiler aujourd'hui aux exécutant. Nous pourrions y voir une reconnaissance du travail, mais malheureusement, comme vous vous en doutez, il en est rien du tout.

L'important est de voir comme cela se traduit sur le monde du travail en général, et comment cela influe sur le rapport de classe. Etant de plus en plus ancrés dans la sphère " entreprise " les travailleurs acceptent des conditions de travail de plus en plus difficile, devant en plus supporter la menace du chômage. Mais les conséquences ne sont pas seulement internes à l'entreprise, mais également sur l'ensemble de la sphère salariale. Les travailleurs se retrouvent en effet en concurrence avec les travailleurs des autres entreprises, puisque celle-ci se faisant une concurrence acharnée, la réussite d'une fait l'échec de l'autre.

Résumons

La bourgeoisie s'est servie d'une crise économique, la bien nommée crise pétrolière, pour durcir la guerre de classe qu'elle mène contre le prolétariat. Le rapport de forces est de plus en plus en faveur du patronat. La bourgeoisie en profite pour remettre en cause tous nos acquis et développe des contrat de plus en plus précaires.

Nous avons précédemment vu que la problématique principale des capitalistes était de faire baisser les coûts de production des marchandises afin de remporter le maximum de part de marché. C'est là bien le sens de ce que nous expliquions tout à l'heure : diviser les travailleurs afin qu'il ne puissent s'organiser et les mettre en concurrence entre eux. Nous assistons en fait à une vague terrible de nouveaux types de contrat de travail (CDD, intérim, emplois jeunes devenus emplois services, projet du Medef de faire des " CDI de 5 ans "...)

Cette politique a pour but d'affaiblir toute possibilité de contestation et d'augmenter l'exploitation de l'ensemble des salariés. Mais cela provoque en retour l'émergence de nouvelles résistances, par exemple à travers les luttes des précaires qui ses ont développés ces dernières années à Mac Do ou Pizza Hut. C'est une nouvelle " génération précaire " (cf. le livre du camarade Abdel Mabrouki) de combattants contre l'exploitation que le capitalisme produit. C'est notre génération que nous devons organiser pour défendre dos droits, sortir de l'isolement et préparer les prochains affrontements.

BIBLIOGRAPHIE :

Karl Marx : Les manuscrits de 1844

Karl Marx : Salaire, prix, profit

Karl Marx : Travail salarié et capital

Karl Marx : Le Capital (Livre I, première section, chapitre premier, paragraphe IV : Le caractère fétichiste de la marchandise et son secret)

Ernest Mandel : Introduction au Marxisme

Jacques Kergoat, Josiane boutet, Henri Jacot, Danièle Linhart : le monde du travail

Christophe Dejours : Travail, usure mentale

http://jcr.lautre.ne

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