Nous n'oublierons jamais Jean-Marie Moreau
Par Freddy Bouchez le Samedi, 17 Janvier 2009 PDF Imprimer Envoyer

Le lundi 12 janvier 2009, dans l’après-midi, nous avons appris la très triste nouvelle du décès de Jean Marie Moreau. Jean Marie, prêtre dans le quartier des Hayettes de Morlanwelz, aura été jusqu’au bout de son existence aux côtés de toutes celles et ceux qui subissent au quotidien l’exclusion sociale et les injustices. Il n’a jamais relâché son combat pour un monde meilleur, n’hésitant pas à s’engager très concrètement dans le soutien aux personnes les plus fragilisées socialement.

Tout au long de la semaine, de nombreuses personnes de tout horizon sont venues lui rendre hommage au Foyer des Hayettes, rue Mabille à Morlanwelz. C’est dans ce Foyer qu’il avait décidé le 7 septembre 2007 d’accueillir et d’héberger des sans papiers, derniers occupants de l’Eglise Saint Joseph de La Louvière qui ne savaient pas où aller.

Les obsèques de Jean Marie ont eu lieu le samedi 17 janvier 2009. L’Eglise de Morlanwelz était trop petite pour accueillir toutes celles et ceux qui voulaient le saluer et rendre hommage à sa personne et à son action. La messe a été ponctuée de témoignages de représentants de diverses associations : Comité Chili de Morlanwelz, Comité de soutien aux sans-papiers de la Région du Centre, Saint Vincent de Paul, Les Camps des Hayettes et aussi d’habitants d’un village Roumain avec lequel Jean Marie avait des échanges. Sa famille et ses amis très proches ont également témoigné avec beaucoup d’émotion.

Tous ces témoignages montrent à quel point l’abbé Moreau était impliqué : d’ans l’aide individuelle et concrète aux plus fragilisés socialement au travers de son action dans Saint Vincent de Paul ; dans la coopération au développement au travers de ses engagements envers le Chili et la Roumanie ou encore en permettant à des enfants socialement peu chanceux d’avoir des vacances chaque année par l’organisation du Camp des Hayettes.

De la même façon, depuis 2005, il s’est investi dans la lutte pour la régularisation des sans papiers et c’est à son initiative qu’un comité de soutien aux sans papiers a été créé dans la Région du Centre.

En hommage à Jean Marie et ci-dessous, le dernier texte que nous avons écrit ensemble et qui montre que Jean Marie était également un homme de gauche qui combattait le capitalisme. Dans sa chapelle, on peut lire ceci : « La question n’est pas doit-on accueillir toute la misère du monde, mais plutôt, comment en finir avec le capitalisme qui tue et sème la misère »

Il fait très froid Aux Hayettes et aujourd’hui, çà n’a rien à voir avec le climat.

Tu nous a marqué Jean Marie, nous te prendrons avec nous dans nos luttes.

18 janvier 2009

Freddy Bouchez

COMITE DE SOUTIEN AUX SANS PAPIERS DE LA REGION DU CENTRE

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Tél : 0497/370517


Et si on essayait un monde sans capitalisme

Depuis maintenant plus de quatre ans, nous nous sommes investis avec d’autres personnes du monde associatif de la région du centre, dans un comité de soutien qui lutte pour la régularisation des sans papiers. Avec eux, nous avons tout tenté : manifestations, occupations de lieux publics et des églises, grèves de la faim, interpellations des partis politiques,…Mais en vain, puisque malgré ses promesses, le gouvernement n’a encore rien décidé.

Et pourtant, beaucoup de sans papiers, qui sont plus de cent mille en Belgique, vivent sans aucun droit. Pas d’aide financière du CPAS et pour la plupart d’entre eux, aucune possibilité de travailler légalement. Dès lors comment faire pour se loger, pour se nourrir et pour se vêtir ? La seule solution, c’est d’essayer de trouver des boulots en noir, mal payés. Des employeurs de la construction, de l’HORECA profitent de la précarité de ces personnes pour utiliser ainsi une main d’œuvre comme ils l’entendent et qui ne leur coûte presque rien. Au passage, notons que ces employeurs profitent de cette situation pour faire pression sur les conditions de travail et de salaire de l’ensemble des travailleurs.

Les sans papiers n’ont pas quitté leur pays par plaisir : ce sont des demandeurs d’asile en attente d’avoir un statut ou alors d’anciens demandeurs d’asile non reconnus par l’Office des étrangers qui ont fui des dictatures. Ce sont aussi des personnes qui ont quitté leur pays pour échapper à la faim, à la misère ou à la guerre. Tout ce qu’ils souhaitent, c’est de pouvoir travailler légalement afin de vivre un peu mieux et aussi de contribuer au développement économique et social de la Belgique. Beaucoup vivent chez nous depuis longtemps, parfois depuis plus de dix ans et leurs enfants vont à l’école avec les nôtres.

Le gouvernement fait la sourde oreille : l’Europe veut choisir son immigration. La carte bleue permettra bientôt aux Etats de l’Union Européenne de faire venir de l’étranger les gens les plus hautement qualifiés dont notre économie aura besoin. En matière d’immigration, comme dans d’autres matières, les besoins humains et sociaux vont ainsi passer au second plan. Celles et ceux qui fuient les dictatures et la misère auront la porte fermée. Seuls les plus rentables auront accès aux territoires de l’Europe forteresse.

Bien sûr, va-t-on nous dire, « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde ». Certains vont aussi réclamer que le gouvernement fasse d’abord quelque chose pour les belges qui sont pauvres et sans emploi. Nous sommes conscients qu’il n’y a pas que les sans papiers qui vivent des difficultés en Belgique. Nous savons qu’une personne sur sept vit en dessous du seuil de pauvreté dans notre pays et que même de nombreux travailleurs n’arrivent plus à nouer les deux bouts à la fin du mois. Mais nous croyons fermement que ce ne sont pas les sans papiers et les étrangers qui sont la cause de l’aggravation de la misère en Belgique mais plutôt un système dans lequel les richesses sont réparties de manière inégalitaire.

Savez-vous que la Belgique est le seul pays en Europe où il n’y a pas encore d’impôt sur les grosses fortunes. Savez-vous que les plus riches, ceux qui détiennent les capitaux (par exemple les plus gros actionnaires des entreprises multinationales ou des banques) fraudent plusieurs dizaines de milliards d’EUROS/an sans être inquiétés. Il n’y a soi disant pas d’argent pour augmenter le pouvoir d’achat de tout un chacun et pour régulariser les sans papiers mais en quelques heures, le gouvernement trouve des dizaines de milliards d’EUROS pour sauver les banquiers. Les multinationales qui ont reçu tant d’aides financières de l’Etat, n’hésitent pas à délocaliser leur production et à jeter nos travailleurs au chômage pour simplement augmenter les profits de leurs actionnaires. C’est ainsi que de nombreuses entreprises pourtant très performantes ont été fermées ou restructurées.

Les vrais responsables de l’aggravation du chômage et de la pauvreté dans notre pays ne sont pas les étrangers mais bien ce système capitaliste qui fait la part belle aux puissances financières. Malheureusement, très souvent, notre gouvernement agit pour et avec ces puissances d’argent au détriment de l’ensemble de la collectivité.

Si nous voulons vraiment combattre la pauvreté et le chômage chez nous, il faut se mobiliser pour des réformes anticapitalistes et non pas contre les étrangers. Il faut que nous nous mobilisions pour une répartition des richesses plus équitables. En instaurant un impôt sur les grosses fortunes, en combattant efficacement la fraude fiscale, en créant un service public bancaire fort qui pourrait agir pour les besoins de l’ensemble de la collectivité, on pourrait :

- créer des logements en suffisance pour celles et ceux qui en ont besoin

- créer des emplois stables et de qualité en suffisance

- augmenter le pouvoir d’achat de tout un chacun pour que tout le monde puisse vivre dignement

- On pourrait aussi régulariser les sans papiers qui pourraient enfin avoir droit à une existence digne

Autour de ces revendications, il faut essayer de créer l’unité de toutes celles et ceux qui sont en souffrance: sans emploi, sans revenu, sans logement, sans papiers, et si on essayait un monde sans capitalisme!

Jean Marie Moreau

Freddy Bouchez

Voir ci-dessus