Honduras: Assassinats et arrestations d'opposants se multiplient
Par LCR-Web le Mercredi, 31 Mars 2010 PDF Imprimer Envoyer

Au Honduras, après la farce électorale de novembre dernier, la répression du régime issu du putsch continue de s'abattre sur le mouvement de résistance. Des journalistes, des syndicalistes, des leaders paysans, des militants politiques sont arrêtés et parfois assassinés par les tueurs à gages de l'oligarchie. Ainsi, le 23 mars dernier, José Manuel Flores Arguijo, universitaire membre du Front National de Résistance Populaire, militant trotskyste du Parti Socialiste Centro-Américain (PSOCA), a été assassiné. Rappelons que l'Union Européenne a, au début du mois de mars, normalisé ses relations avec le régime en place au Honduras!

Meurtre de José Manuel Flores Arguijo

La campagne de terreur et les assassinats sélectifs contre le Front National de Résistance Populaire (FNRP) ne cessent pas. Le 23 mars dernier, trois hommes masqués ont fauché la vie du dirigeant universitaire et membre actif du FNRP, José Manuel Flores Arguijo, au moment où il donnait cours à l'Institut San José del Pedregal en Tegucigalpa, en lui tirant dans le dos.

Ce lâche assassinat est la dernière expression d'une campagne de terreur lancée par les forces répressives de l'Etat hondurien depuis le coup d'Etat civico-militaire du 28 juin 2009 et qui a déjà coûté la vie à plus de 50 membres de la Résistance et violé les droits humains de milliers d'Honduriens.

«L'assassinat de José Manuel Flores n'est pas un fait isolé, il s'agit bel et bien d'une véritable stratégie de la part des putschistes » a déclaré le président du Collège des professeurs d'éducation aux Médias (COPEMH), Eulogio Chavez, organisme dont était également membre la victime.

«Le Honduras revit les événéments tragiques de son passé avec le tristement célèbre Bataillon 3-16 qui, dans les années 80, a assassiné et fait disparaître des dirigeants universitaires, des ouvriers et des paysans. Ils appliquent aujourd’hui la même stratégie, les mêmes méthodes, voulant créer un climat de terreur parmi la population en résistance».

D'après Eulogio Chavez, 5 professeurs ont déjà été assassinés depuis le 28 juin, dont 4 étaient membres de la COPEMH. « Le camarade José Manuel Flor Arguijo participait activements à la Résistance et dénoncait constamment la corruption qui règne au Ministère de l'Enseignement».

Le FNRP a appellé à une marché de protestation le 25 mars pour dénoncer cet assassinat et pour soutenir la lutte des travailleurs et travailleuses de l'Université Nationale Autonome du Honduras (UNAH) qui demandent la réforme de leur Convention collective et des améliorations salariales ainsi qu'en solidarité avec les organisations paysannes du Mouvement Unifié Paysan de l'Aguan (MUCA), qui se mobilise pour récupérer les terres usurpées par les grands propriétaires terriens putschistes.

Assassinats de journalistes

Vendredi 19 mars, ce sont les journalistes d'une radio locale, Ballardo Mairena et Manuel Juárez quoi ont été criblés de balles par des hommes armés qui leurs ont tendus une embuscade alors qu'ils se dirigaient vers la ville de Juticalpa. Mairena est mort sur le coup et Juárez sur le chemin de l'hôpital de San Fransico.

Le correspondant de la chaîne latino-américaine Tele-Sur a déclaré que ces deux assassinats s'ajoutent aux 5 meurtres de journalistes qui ont eu lieu dans le pays depuis l'arrivée au pouvoir du président Porfirio Lobo, du successeur du régime putschiste. Le gouvernement de Lobo quant à lui n'a fait aucune déclaration ou commentaire sur ces assassinats.

Leaders paysans tués

Le 17 mars, ce sont José Antonio Cardoza et José Carías, leaders de la coopérative paysanne Brisas de Cohdefor qui ont été brutalement tués par balles. Leur coopérative réclame aux autorités un terrain de 60 hectares usurpé par un grand propriétaire terrien qui soutien le régime putschiste.

Leur meurtre est survenu deux jours avant la réunion qu'ils devaient tenir avec un représentant régional de l'Institut National Agraire et les représentants des prétendus propriétaires actuels des terres en litige.

Comme le rapporte l'organisme international FIAN (Food First Information & Action Network), les deux leaders paysans s'étaient plaints d'avoir reçu des menaces de mort s'ils n'abandonnaient pas leur combat pour récupérer ces terres spoliées.

Pour la FIAN, il est évident que les politiques néolibérales agraires ont accéléré la concentration et le partage inégal des terres et l'appauvrissement de la majorité paysanne et c'est là que réside la cause principale de la violence rurale.

11 syndicalistes emprisonnés pour « sédition »

Onze dirigeants du Syndicat des Travailleurs de l'Université Nationale Autonome du Honduras (SITRAUNAH) et membres du Front National de Résistance ont été jettés en prison le jeudi 18 mars par le gouvernement de Lobo.

Ils ont été inculpés par le Ministère Public de « sédition, usurpation et complot contre l'Etat du Honduras », en réalité d'organiser les actions de protestation et les grèves contre les autorités de l'Université Autonome qui se refusent à négocier une nouvelle convention collective de travail et à améliorer les conditions salariales des travailleurs.

Infos traduites et résumées de REL-UITA, TeleSur, Aporrea et FIAN


Déclaration du PSOCA: Ils ont assassiné le camarade José Manuel Flores Arguijo ! Nous exigeons le châtiment des coupables!

Aujourd’hui 23 mars 2010, à 16h15, dans l'Institut San José del Pedregal à Tegucigalpa, Honduras, notre camarade José Manuel Flores Arguijo a été assassiné. Dirigeant et professeur reconnu, membre fondateur du Parti Socialiste Centro-Américain (PSOCA); membre du conseil de rédaction de la revue mensuelle «Le Socialiste Centro-Américain ».

Trois hommes masqués l'ont traîtreusement abattu, alors qu'il accomplissait son travail de professeur conseiller de l'Institut San José del Pedregal. José Manuel Flores Arguijo a occupé en 1999 un poste dirigeant du Collège des professeurs d'éducation aux Médias, un des principaux syndicats d'enseignants du pays. Il était très connu parmi ses collègues et dans la gauche.

Son lâche assassinat s'inscrit clairement dans une campagne de meurtres séléctifs contre les leaders populaires et syndicaux rassemblée dans le Front National de Résistance contre le coup d'Etat. La vague de violence souligne la décomposition sociale du capitalisme hondurien et sont la marque des forces de la contre-révolution.

L'assassinat du camarade José Manuel Flores Arguijo est une nouvelle tentative de semer la terreur de la part du régime illégitime de Porfirio Lobo. (...).

Ils ont fauché la vie de notre camarade mais leurs crimes ne vont pas nous terroriser. Notre volonté est ferme et elle ne pliera pas, nous sommes profondément engagés avec la lutte des travailleurs, pour la réunification socialiste de la patrie centro-américaine, et ce lâche assasinat, s'il est douloureux pour nous, nous oblige au contraire à poursuivre, en suivant son exemple et sa ténacité.

Le Parti socialiste centro-américain (PSOCA) exprime ses condoléances à sa famille, à son épouse et ses enfants, et appelle la gauche du Honduras, les syndicats et organisations syndicales d'Amérique Centrale, d'Amérique latine et du monde, à condamner ces assassinats sélectifs, à exiger du régime de Porfirio Lobo que toute la lumière soit faite sur ces meurtres et à châtier les coupables.

Nous appellons tous les partis et organisations de gauche à envoyer des message de rejet au gouvernement illégitime du président Porfirio Lobo.

Avec la douleur qui brise nos coeurs, nous crions: Camarade José Manuel Flores Arguijo, jusqu'à la réunification socialiste de l'Amérique Centrale, toujours!

PSOCA

 

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