Aux sympathisantes et sympathisants du Front des Gauches
Par Front des Gauches le Jeudi, 15 Juillet 2010 PDF Imprimer Envoyer

Nous publions ci-dessous le communiqué élaboré et adopté par la dernière Coordination du Front des Gauches et destiné aux sympathisant-e-s qui ont marqué , ou qui souhaitent marquer, leur volonté de collaborer au Front. Nous publions également en dessous un article qui fait le point sur les discussions au sein du Front entre les diverses organisations partenaires à partir des questions soulevées par ce communiqué. (LCR-Web)

Le Front des Gauches continue

Des représentants mandatés des six formations (PC, LCR, PSL-LSP, PH, CAP, Vélorution) qui ont constitué la liste Front des Gauches pour le scrutin du 13 juin se sont rencontrés pour échanger les vues de leurs organisations sur le bilan et les perspectives de leur initiative commune.

Si certains aspects du bilan ne font pas l’unanimité, les six organisations sont unanimes à considérer que leur alliance électorale a été une expérience nécessaire, utile et positive, et que la collaboration doit maintenant se construire dans la durée, dans les élections et dans les luttes.

Dans l’immédiat, il s’agit avant tout de consolider le Front et de le faire exister de façon visible et active dans les mobilisations sociales, sans perdre de vue l'objectif principal de création d'une force de proposition. En effet, le Front des Gauches ambitionne de devenir un instrument pour l’action, capable d’organiser et de mettre en mouvement les citoyen/e/s autour d’enjeux précis, et ce en allant au-delà des frontières des organisations qui le constituent.

Pour avancer concrètement dans ce sens, les représentants des six formations proposent dès maintenant de mobiliser et d’intervenir en tant que Front, dans la diversité, lors de l’euromanifestation syndicale du 29 septembre et de la manifestation internationale pour le climat, le 28 novembre. En vue de ces deux rendez-vous, des réunions thématiques publiques seront organisées sur le plan local. Un travail d’élaboration programmatique sera mené à ces occasions, car le Front des Gauches veut être non seulement le vecteur d’une critique anticapitaliste radicale mais aussi le porteur politique de propositions sociales et écologiques de rupture avec la logique du profit. L’idée d’un meeting commun à l’automne a également retenu l’attention, dans la suite de l’excellent meeting de campagne à Bruxelles.

Le Front des Gauches est ouvert à un élargissement

Les représentants des six formations ont ouvert le débat sur l’élargissement du Front ainsi que sur l’unité de la gauche radicale au-delà du Front. Le contexte international et national rend cette discussion indispensable. Avec l’aide des gouvernements et de l’Union européenne, les marchés financiers ont lancé une gigantesque offensive internationale pour balayer ce qui reste de « l’Etat providence ». Dans le domaine environnemental, en parallèle, rien de sérieux n’est fait pour enrayer le changement climatique dont les pauvres sont les principales victimes. Au lieu de combattre cette politique de régression sociale et de destruction écologique, le PS et Ecolo se préparent à la gérer au nom du moindre mal. Une alternative de gauche et unitaire est donc plus nécessaire que jamais. Les représentants des six formations ont évoqué des démarches communes vers le PTB, qui a fait un score électoral significatif, ainsi que vers le Mouvement Politique des Objecteurs de Croissance, le Mouvement Socialiste et Egalité. Cette discussion ne fait que débuter. Elle se poursuivra dans les semaines et les mois qui viennent, afin de déboucher sur des initiatives concrètes.

Devenir sympathisants du Front des Gauches

Le Front des Gauches est né et s’est formé à l’initiative d’organisations. Des indépendant ont soutenu la démarche unitaire en étant candidats ou en collaborant à la campagne par d’autres moyens. Leur aide a été très précieuse. La question qui se pose maintenant est de savoir comment intégrer au Front des Gauches des personnes qui veulent construire cet outil politique et qui ne sont membres d’aucune des six formations initiales. C’est une question très importante car l’émergence d’une alternative radicale et crédible à gauche du PS et d’Ecolo dépend notamment de la capacité des organisations de dépasser une série de clivages idéologiques et de converger programmatiquement pour accueillir les révolté/e/s contre les injustices sur une base politique et stratégique claire. Il convient d’insister sur ceci : la formation d’une nouvelle organisation politique plurielle ne semble pas envisageable sans une expérience sociale et politique forte, amenant des couches significatives d’activistes sociaux et écologiques à se lancer sur le terrain politique.

Dans les semaines qui viennent, les six formations travailleront ensemble à une déclaration de principes. D’ici là, et à titre transitoire, le Front des Gauches restera un front entre organisations, soutenu par des indépendants. Les AG locales du FdG seront ouvertes aux indépendants qui pourront y participer aux débats et collaborer aux actions. Des propositions ont également été avancées pour associer, par consensus, des indépendants de diverses sensibilités aux réunions de coordination, à tous les niveaux. Les indépendants qui le désirent seront également associés de la même manière à l’élaboration des propositions programmatiques. Tout cela doit encore trouver sa forme concrète.

Nous demandons à celles et ceux qui souhaitent soutenir le FdG au travers de leur participation aux réunions locales et/ou aux activités de se déclarer « sympathisants » du Front des Gauches. Il vous suffit pour cela d’envoyer un mail avec vos coordonnées à l’adresse suivante: Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.

Merci de faire suivre cette déclaration. Nous vous tiendrons régulièrement informés des suites.

Coordination du Front des Gauches, 2 juillet 2010


Enjeux et clarification autour d'une déclaration aux sympathisant-e-s

Par Ataulfo Riera

Après l'expérience unitaire acquise sur le terrain des élections législatives, les 6 organisations qui ont initié le Front des Gauches ont dressé ensemble un bilan de la campagne commune et commencé à tracer quelques perspectives immédiates et pour le futur. Il faut d'abord souligner positivement la volonté de chacune des composantes de poursuivre l'initiative unitaire, à la fois en vue des prochaines élections prévues (les communales de 2012) mais également sur le terrain des luttes.

Depuis les élections, trois réunions de la coordination du Front des Gauches (FdG) ont eu lieu en présence des représentants des 6 organisations participantes. La première réunion, quelques jours après le scrutin, s'est limitée à un premier échange de vues sur le résultat global des élections et à la préparation de la manifestation du samedi 26 juin à Bruxelles, en solidarité avec les travailleurs-euses grecs, portugais et espagnols. Une initiative, qui a rassemblé 80 personnes, lancée par le Front des Gauches afin de répondre à l'appel lancé par une série d'euro-député de la Gauche unitaire européenne pour une semaine de mobilisation et de solidarité continentale avec les peuples qui affrontent les politiques d'austérité. Bien que modeste, cette première activité publique était symboliquement importante pour illustrer cette volonté des partenaires du Front des Gauches de poursuivre l'unité sur le terrain des luttes, qui plus est par une action de solidarité internationaliste.

Chaque organisation ayant tenu entretemps des réunions de ses directions respectives, la seconde Coordination s'est exclusivement consacrée au bilan et aux scores de la campagne électorale du FdG ainsi qu'aux perspectives concrètes à tracer ensemble à court et à moyen terme. Sur le bilan de la campagne ou l'importance des résultats, bien que plusieurs éléments ont fait polémique, l'expérience unitaire a été jugée suffisamment positive pour que chaque partenaire affirme la nécessité de la poursuivre et de l'améliorer. Sur les perspectives, un accord unanime s'est dégagé pour mener ensemble, comme FdG, une mobilisation et une apparition commune à l'occasion de plusieurs rendez-vous importants de la rentrée sociale: l'euro-manifestation syndicale du 29 septembre à Bruxelles et la manifestation pour le climat au mois de novembre. Ces deux rendez-vous devront permettre de renforcer la « visibilité » et l'existence du FdG et par ailleurs d'approfondir les convergences revendicatives sur les questions de l'Union européenne et de l'écologie.

Deux points ont fait l'objet d'un débat: la participation des « indépendants » (c'est-à-dire des personnes non membres d'une des 6 organisations constitutives du FdG) et la nature du Front, à moyen et à long terme. Ces deux points, bien qu'étant liés, ont fait l'objet de deux textes; 1) une « Déclaration aux sympathisant-e-s du Front des Gauches », dont le projet, réalisé par la LCR, a été discuté et amendé lors de la troisième réunion de la Coordination et que nous publions ci-dessus; et 2) une proposition de schéma réalisée par le PC en vue d'élaborer un document plus large, une déclaration de principe, ou une « charte » politique et stratégique, dont la version finale serait adoptée à l'automne après un large processus d'élaboration et de discussions à la fois communes et internes à chaque organisation mais aussi ouvert vers l'extérieur.

Tirer les leçons des expériences du passé

Concernant la « Déclaration aux sympathisant-e-s », la discussion s'est essentiellement focalisée sur la question de permettre ou non les adhésions individuelles d'indépendants au FdG. Dans l'état actuel des choses, la LCR n'y est pas favorable, avant toute chose, comme le souligne la Déclaration adoptée d'un commun accord avec nos cinq partenaires, du fait de la nature actuelle du FdG, qui est bel et bien un « front » d'organisations et pas un « nouveau parti ». Notre position sur ce point n'est nullement dictée par de la « frilosité » ou par la crainte d'un « appareil de parti » (pour le moins modeste au demeurant!) face à la « base » (également modeste, vu que, pour l'instant, il n'y a pas une vague de demande d'adhésions au FdG), bien au contraire.

Selon nous, cette question n'est pas anodine car elle conditionne tout bonnement la réussite d'une telle expérience unitaire et l'avenir que l'on veut lui garantir. Le fonctionnement démocratique d'un front d'organisations, ce qu'est actuellement le FdG, signifie que ces dernières, qui sont elles-mêmes soumises à des processus démocratiques internes, délèguent leurs représentant-e-s dûment mandaté-e-s dans les instances du Front, où les décisions se prennent par commun accord et consensus. Un tel fonctionnement est totalement incompatible avec un fonctionnement permettant aux indépendants d'adhérer individuellement, avec tous les droits qui leur reviennent avec un tel statut et qu'ils doivent pouvoir exercer concrètement. Un membre de plein droit d'une organisation politique ne se limite pas, pour nous, à donner son avis, il doit pouvoir également peser sur les débats et participer directement aux décisions sur base de discussions contradictoires afin, notamment, d'élire des instances, fixer un budget, adopter des orientations politiques...

Dans un cadre de front d'organisations structurées, le principe « une personne, un vote » n'est démocratique qu'en apparence et verse au contraire dans la démagogie, volontairement ou non. Dans la pratique, il est contre-productif, à la fois pour les partis et pour les indépendants, car un fonctionnement démocratique réel doit mettre chacun sur un pied d'égalité en termes de droits et de moyens de les exercer concrètement. Or, les délégués désignés par des partis représentent des dizaines ou des centaines de membres de leur organisation. Par définition, un indépendant ne représente formellement que lui-même - ou à la limite une « sensibilité », - il n'a aucun « mandat » équivalent à celui d'un représentant d'un parti dans une instance décisionnelle. Dans un « front », les représentants des partis seraient en droit de contester en permanence la légitimité des votes des indépendants. Dans l'autre sens, face à des militants structurés dans un parti autour d'un programme et d'une orientation délimités et spécifiques, ceux et celles qui ne disposent pas d'un tel instrument se trouvent totalement défavorisés et désarmés pour appuyer leurs points de vue et les défendre à l'interne avec le même « poids ».

Comme l'expérience l'a déjà montré dans le passé, dans d'autres expériences unitaires telles que « Gauches Unies » ou « Une Autre Gauche », un tel fonctionnement mêlant partis et individus mis d'emblée artificiellement sur le même pied d'égalité ouvre la porte à de sérieuses prises de bec, voire à des dérives. Il suffit qu'une organisation bien centralisée décide de remplir une assemblée avec un maximum de ses membres, et elle pourra aisément faire pencher exclusivement en sa faveur les votes décisionnels puisque le principe « une personne, un vote » le permet. Dans le cadre d'un front d'organisations, ce principe provoque donc inévitablement des tensions et des frustrations inutiles entre les « organisés » et les « inorganisés » ce qui empoisonne l'atmosphère au point d'occulter les véritables débats politiques. Un tel climat ne fait que rebuter ceux et celles qui ne veulent pas participer à des réunions où l'on discute à perte de vue sur des questions de procédure et où l'on assiste à des conflits stériles entre indépendants et partis et entre partis eux-mêmes en l'absence, justement, de tout accord clair et préalable entre eux sur ces questions.

Rassembler les indépendants dans une « association » - comme cela a été évoqué - qui serait à son tour membre à part entière du FdG n'est pas la solution. Car comment et par quelles structures démocratique internes, cette « association » désignera-t-elle ses propres « représentants » dans les instances du FdG, où ils siègeront au même titre que ceux des partis? Et surtout sur quelle base politique se rassemblera-t-e-elle et désignera-t-elle ses mandatés lorsque l'on sait que les orientations défendues par les indépendants pris individuellement sont loin d'êtres homogènes. Si, par contre, une telle base politique existe alors pourquoi ces indépendants ne fonderaient-ils par un « parti » en tant que tel adhérant au FdG... mais ce serait alors paradoxal d'ajouter une 7e roue à un carrosse qui à pourtant une vocation « unitaire »!

Comme le propose la « Déclaration », il s'agit en tous les cas dans l'immédiat d'inviter les indépendants qui veulent soutenir notre démarche unitaire à se déclarer « sympathisants », ce qui leur permet de participer aux réunions locales du Front, à donner leurs avis, mais sans voix délibérative. Mais nous ne sommes pas pour autant pas fermés à toute proposition intermédiaire satisfaisante d'un point de vue du fonctionnement démocratique pour toutes les composantes afin d'intégrer au mieux des indépendants au FdG. Nous pensons ainsi qu'il serait utile que des indépendants, par commun accord entre les organisations partenaires, participent au travail de la coordination francophone du FdG, dans des coordinations régionales et dans des groupes de travail. Mais là aussi dans la clarté: il s'agit d'inviter les indépendants qui le souhaitent à aider et à collaborer à la réussite du FdG tel qu'il est aujourd'hui et tel qu'il fonctionne en tant que front d'organisation.

Transformer le FDG en une nouvelle force politique?

Selon nous, les adhésions individuelles de membres de plein droit ne peuvent être envisagées que par la transformation du FdG en une nouvelle organisation politique à part entière, qui ne peut être fondée que sur base d'un accord politique et stratégique clair et préalable entre les organisations fondatrices. Nous serions alors dans un autre processus, dans un nouveau cadre politique qui doit se formaliser – avec son programme, ses structures et ses statuts à part entière - au travers d'un congrès de fondation préparé et organisé en bonne et due forme. Dans ce scénario de création d'une telle nouvelle force politique, les anciens partis - ou tout courant d'individus - pourront s'ils le désirent constituer des tendances internes sur base de plateformes politiques, avec des droits afférents, y compris à l'expression publique de leurs points de vue. C'est notamment ainsi qu'à procédé le Bloc de Gauche portugais: avant d'ouvrir toutes grandes les portes aux adhésions individuelles, les 3 partis constitutifs – qui existent toujours aujourd'hui en tant que courants internes et publics du Bloc - ont d'abord et avant tout élaborés et adoptés un projet politique, un cadre stratégique et une méthodologie en commun. Dans le FdG, cette base n'existe pas encore.

La LCR s'est déclarée publiquement prête à s'engager sérieusement dans une telle voie, en posant clairement quelques balises, à savoir que l’objectif soit bien la formation d’une force politique anticapitaliste large et que cette formation exclue tout soutien et toute participation à la mise en oeuvre d'une politique néolibérale.

Mais la toute première chose à vérifier au plus tôt est de savoir si tous les partenaires du FdG seraient également d'accord d'avancer ensemble sur cette voie là et de quelle manière. Si tel est le cas, alors l'adoption de la « Déclaration de principes stratégiques et politiques » prévue pour l'automne prendra une certaine importance, car s'est essentiellement sur de telles fondations que l'évolution du FdG en une nouvelle force politique, avec adhésions individuelles de plein droit, pourra se concrétiser. Dans le cas contraire, ou tant que cette base commune ne pourra être atteinte, il faut en tous les cas maintenir le FdG comme un front d'organisations, ce qui, au regard du passé, constitue déjà en soi un pas en avant important.

Voir ci-dessus