La Grèce paralysée par une nouvelle grève de 24 heures
Par Georges Kopp le Vendredi, 17 Décembre 2010 PDF Imprimer Envoyer

Appelée par les deux principaux syndicats, ADEDY (le secteur public, qui représente 750.000 travailleurs-euses) et GSEE (secteur privé), une nouvelle grève de 24 heures a paralysé la Grèce ce mercredi 15 décembre. Cette grève, qui a eu un impact élevé dans les transports aériens, maritimes et ferroviaires, était destinée à protester contre le nouveau paquet de mesures d'austérité du gouvernement « socialiste » de Georges Papandréou, et en particulier contre deux réformes de la législation du travail, approuvées en urgence par le Parlement grec au cours d'une séance nocturne le 14 décembre.

Ces réformes, imposées par le FMI et l'Union européenne, prévoient une réduction salariale de 10 à 25% dans les entreprises publiques déficitaires telles que les chemins de fer, les transports urbains et la télévision publique. Elle instaure un véritable chantage: baisse du salaire ou licenciement! L'autre réforme s'attaque frontalement aux négociations collectives en faisant désormais primer l'accord d'entreprise sur les conventions collectives sectorielles, ouvrant ainsi la voie à un alignement par le bas des conditions de travail et salariales, en autorisant notamment des réductions des salaires au niveau du salaire minimum.

Outre le secteur des transports, la grève a eu un taux de participation élevé dans l'enseignement, le secteur de la santé, la justice, les banques, la Poste et le secteur de l'électricité. Les pharmaciens, les avocats, les ingénieurs civils et les journalistes de la presse écrite et audiovisuelle se sont également joints au mouvement. Selon le syndicat GSEE, la grève a été quasi totale dans les raffineries, les chantiers navals, les ports, le secteurs de l'énergie et dans plusieurs entreprises industrielles.

A Athènes, près de 50.000 personnes ont manifesté et plusieurs milliers dans d'autres villes du pays. Près du Parlement grec, l'ex-ministre de droite des transports et ex-commissaire européen Kostis Hatzidakis a été verbalement et physiquement pris à partie par 200 manifestants aux cris de « voleur! », « honte à vous !». La police a brutalement chargé en usant de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants. Des groupes de jeunes ont affronté les policiers à coups de cocktails molotov, un étage du ministère des finances ainsi que des bureaux du parlement et plusieurs voitures ont été incendiés.

A la veille de la grève, Ilias Iliopoulos, le secrétaire général du syndicat ADEDY, qui réclame « le retrait du mémorandum d’accord avec l’UE et le FMI et l’abandon des politiques contre les travailleurs », a avertit le gouvernement que de nouvelles mobilisations auront lieu pendant la période de Noël: « Il faut envoyer au gouvernement le message que nous n'acceptons pas les mesures qui nous mènent à la pauvreté et au chômage. Nous ne baisserons pas les bras! ». Les syndicats de la fonction publique et du secteur privé ont ainsi appelé à la mobilisation contre le projet de budget 2011, que le Parlement examinera la semaine prochaine et qui prolonge l’austérité drastique imposée aux travailleurs-euses grecs.


Communiqué d'Antarsya (*): A bas le gouvernement de la misère et de la violence!

Des centaines de milliers de travailleurs, de chômeurs et de jeunes ont répondu de manière massive et déterminée au gouvernement de la misère et de la violence, en participant à la grève générale et aux manifestations dans toute la Grèce.

Malgré le terrorisme d'Etat et patronal, la majorité des secteurs de l'économie a été paralysée ou a fonctionné en dessous de leur niveau normal. Les rues du pays se sont transformées en fleuves de la colère contre le massacre social imposé par le gouvernement, l'Union européenne et le FMI. La participation massive aux manifestations, les consignes politiques (pour un gouvernement du peuple et pour l'expulsion de la Troïka UE-FMI-Banque mondiale), l'émergence de courants combatifs, organisés et indépendants au sein des organisations ouvrières et étudiantes, ainsi que la détermination de ces manifestations, tels sont les principaux éléments de la grève du 15 décembre et des nouvelles dynamiques subversives qui sont en train de surgir.

Suivant les diktats de la Troïka, de l'association patronale (SEB) et des banquiers, les 156 députés du groupe parlementaire du gouvernement ont voté en faveur d'une série de lois monstrueuses qui détruisent les derniers droits des travailleurs encore debout, tout en imposant une brutale réduction des salaires. Quelques heures plus tard, les travailleurs ont pris les rues, exprimant clairement leur rejet de ce coup d'Etat social fomenté par le Mémorandum (UE-FMI, NdT) et en exigeant la sortie du gouvernement de la terreur et la fin de la spoliation du peuple.

Le gouvernement, de plus en plus isolé, a fait usage de l'argument d'autorité: la violence policière et la répression. Dans un effort méthodique destiné à stoper la vague des travailleurs et à briser leurs manifestations, la police a fait un usage massif de gaz, de produits chimiques et y compris de bombes, combinant l'attaque frontale des unités anti-émeutes avec des bandes de centaines de policiers en civils qui ont attaqué, provoqué et arrêté les manifestants. La seule chose qu'ils ont obtenu, c'est d'élever la rage et l'impulsion du mouvement. Il y a eu un effort spécifique de la police à s'acharner contre les blocs de la Coordination des Syndicats d'Athènes, des professeurs, des travailleurs migrants, d'Antarsya ainsi que ceux des organisations étudiantes. Cependant, ces attaques ont lamentablement échoué, les manifestants ont résisté et défendu leur droit à s'exprimer.

L'intervention des masses détermine la réponse que doit donner le mouvement et la gauche. Il existe une forte nécessité de construire un mouvement syndical radical qui déborde la subordination et le défaitisme des directions bureaucratiques des syndicats GSEE et ADEDY, de plus en plus marginalisés dans la conscience des masses.

Nous avons besoin d'une lutte politique permanente des travailleurs, des étudiants et du mouvement populaire dans son ensemble pour abattre le gouvernement de la honte, du coup d'Etat social contre le peuple et du massacre perpétré par la SEB, l'UE et le FMI. Outre les grèves généralisées, nous avons besoin de luttes croissantes qui permettent de construire des grèves prolongées, reconductibles, tout particulièrement dans les secteurs qui sont en première ligne face aux attaques du gouvernement.

Actuellement, ces grèves reconductibles ont été appelées par les travailleurs du transport, dans la Banque agricole, parmi les travailleurs des médias et à la municipalité d'Athènes. Le premier pas a été franchi et ils ont besoin de notre soutien immédiat et pratique.

Pour une escalade dans les luttes qui ouvre la voie à une issue anticapitaliste!

Pour une participation massive aux grèves et aux manifestations!

Pour une participation massive à l'assemblée politique appelée par Antarsya ce lundi 20 décembre à 17h00 à Kéramikos!

www.antarsya.org

(*) Antarsya est une coalition d'organisations de la gauche révolutionnaire grecque (dont notre section-soeur, OKDE-Spartakos) qui a obtenu autour de 2% des votes à l'échelle nationale lors des récentes élections municipales du mois de novembre.

Voir ci-dessus