8 mars: Journée internationale des femmes: Déclarations de la Marche mondiale des femmes et du Forum social mondial de Dakar
Par MMF, FSM le Lundi, 07 Mars 2011 PDF Imprimer Envoyer

Nous commençons 2011 avec l’espoir et la révolution dans nos cœurs et esprits, car nous soutenons la lutte pour l’autodétermination et pour la démocratie participative au nord de l’Afrique et au monde arabe. Les peuples de l’Algérie, Bahreïn, Egypte, Iran, Libye, Maroc, Tunisie et la Syrie ont démontré que les manifestations massives des femmes et des hommes ont le pouvoir de renverser gouvernements et dictatures. Les voix et les actions des femmes sont essentielles pour la construction d’un pouvoir du peuple et à la Journée mondiale des femmes nous nous engageons à lutter pour nos sœurs et pour assurer leur participation active aux processus de transition de leur pays.

Un an après le lancement de notre 3e Action Internationale, nous – les féministes et les militantes de la Marche mondiale des femmes – continuons en marche, en résistance et dans un processus de construction d’alternatives. Nous renouvelons notre engagement de nos organiser collectivement jusqu’à ce que toutes les femmes soyez libres de l’oppression et de la discrimination auxquelles nous faisons face. Nous sommes déterminés à renforcer, consolider et à élargir notre mouvement de base dans le monde entier.

Nous continuons à être affrontés par la nécessité d’analyser, construire et renforcer les liaisons entre nos Champs d’action – la Violence envers les femmes, la Paix et la démilitarisation, le Bien commun et accès aux services publics, le Travail des femmes – dans notre lutte pour atteindre l’autonomie de nos vies, corps, sexualités et territoires. Les actions développées dans le cadre de notre 3e. Action Internationale ont rendu ces liens de plus en plus explicites et visibles : les intérêts économiques des corporations transnationales et les intérêts géopolitiques des gouvernements qui alimentent les conflits (comme à la République Démocratique du Congo et en Colombie) ; l’utilisation systématique de la violence envers les femmes comme arme de guerre dans ces conflits ; l’exploitation du travail à la fois de production et de reproduction des femmes, et l’exploitation de l’environnement afin de renforcer le patriarcat et le racisme pour protéger le capitalisme de ses crises systématiques ; la privatisation des services publics et des ressources naturelles et la promotion du « capitalisme vert » afin de continuer à maximiser la richesse et le profit.

C’est les actions concrètes aux niveaux local, national et régional dans divers pays du monde qui donnent une signification aux liens entre nos Champs d’action. Quand nous nous mobilisons devant les bases militaires ou dénonçons les occupations militaires étrangères dans nos pays, ou quand nous faisons des pressions politiques sur nos gouvernements afin de réduire les dépenses militaires, nous disons « ça suffit ! » à la militarisation de nos communautés et sociétés. Lorsque nous nous mobilisons devant les ambassades, notre solidarité internationale se traduit en action pour les soeurs qui sont emprisonnées, torturées, violées et réprimées dans autres pays. Quand nous sommes fortes, visibles et rebelles en occupant les rues, nous changeons le système patriarcal selon lequel le lieu « naturel » des femmes est au sein du foyer et de la famille.

Quand nous demandons un salaire égal pour un travail égal et des droits aux travailleuses, nous luttons pour des conditions d’égalité au travail pour toutes nos soeurs exploitées dans le système capitaliste globalisé. Quand nous résistons aux fausses solutions données au changement climatique (le marché du carbone, les agrocarburants, les REDD, etc.) nous démontrons que nous n’acceptons pas la destruction des peuples et de notre planète par les grandes corporations qui continuent à polluer et à détruire. Quand nous nous mobilisons contre les corporations minières transnationales dont les sièges sont installés en Europe et aux États Unis, nous démontrons que nous refusons l’exploitation de l’environnement et des peuples dans les pays où l’économie est dépendante de l’exportation des métaux et des minéraux.

Dans un monde mondialisé dont le marché est libre, le système patriarcal et le capitalisme n’ont pas de frontières, en même temps que les personnes sont contrôlées dans des espaces confinés, ou même forcés à fuir leurs territoires ancestraux. Nous sommes solidaires avec toutes nos soeurs et frères - en Sahara Occidental, en Palestine, dans le monde arabe et en Moyen-Orient, en Côte d’Ivoire, au Honduras, en Kurdistan, au Mexique - qui luttent pour le contrôle et la décolonisation de leurs territoires et ressources naturelles, pour mettre fin à l’exploitation de leur peuple, pour rejoindre la paix et contre le conflit et la militarisation.

Nous ne serons pas réduits au silence par des balles, des bombes ou par l’agression ! Le 8 mars est un jour historique de la lutte des femmes et du calendrier féministe et nous descendrons de nouveau dans les rues pour protester et dénoncer et aussi pour fêter les victoires à venir en 2011 !

Tant que toutes les femmes ne seront pas libres, nous serons en marche !

Marche Mondiale des Femmes, le 3 mars 2011


Lettre de solidarité à la lutte des femmes du monde faite à Dakar, Sénégal, durant le Forum Social Mondial

En cette année où le Forum Social Mondial, pour la 3ème fois après le Mali en 2006 et le Kenya en 2007, se joint aux peuples d’Afrique, nous les femmes de différentes parties du monde, réunies à Dakar, conscientes que l’union de nos forces pourra à terme apporter un changement, réaffirmons notre solidarité et notre admiration pour les luttes des femmes sénégalaises, des femmes africaines et des femmes du monde. Leurs luttes, conjointement avec les luttes de tous, hommes et femmes, renforcent la résistance menée partout contre le système capitaliste et patriarcal mondialisé.

24 février 2011

Au jour d’aujourd’hui, nous traversons toujours les mêmes crises mondiales – économique, alimentaire, écologique et sociale – et nous constatons avec inquiétude que ces crises perdurent et s’approfondissent. Nous reformulons ici notre analyse selon laquelle ces crises ne sont pas isolées mais sont l’expression de la crise du modèle caractérisé par la surexploitation du travail et de l’environnement, et par la spéculation financière de l’économie. C’est pourquoi nous les femmes, nous continuons à dire qu’il faut changer ce modèle de société, ce modèle économique, ce modèle de production et de consommation, qui génère une pauvreté accrue pour nos peuples et en particulier pour les femmes. Nous les femmes, sensibles au respect et à la défense des principes de justice, de paix et de solidarité, avons besoin d’avancer dans la construction d’alternatives face à ces crises : cependant les réponses palliatives basées sur la logique marchande ne nous intéressent pas. Nous ne pouvons accepter que les tentatives de maintenir le système actuel en place soient faites aux dépends des femmes. En ce sens, nous disons non à l’intolérance et la persécution de la diversité sexuelle et aux pratiques culturelles qui portent atteinte à la santé, au corps et à l’âme des femmes.

Nous condamnons toutes sortes de violences faites aux femmes, en particulier les féminicides, le trafic des femmes, la prostitution forcée, les violences physiques, le harcèlement sexuel, les mutilations génitales, les mariages précoces, les mariages forcés, le viol, le viol utilisé comme arme systématique de guerre, et l’impunité de ceux qui commettent ces actes d’horreur contre les femmes.

Nous disons non encore, à une société qui bafoue le droit des femmes, en ne leur permettant pas l’accès aux ressources, à la terre, au crédit, à l’emploi dans des conditions dignes, où le capital pour se reproduire précarise les emplois des femmes.

Nous condamnons l’accaparement et la colonisation des terres des paysannes et des paysans, quelles qu’en soient les formes, par des Etats ou des entreprises transnationales, et nous condamnons les cultures transgéniques, qui portent préjudice à la biodiversité et à la vie.

Nous disons non à la course à l’armement et à la course au nucléaire, qui sont faites au détriment de l’investissement des Etats dans des programmes sociaux, sanitaires et éducatifs.

Nous condamnons une société qui met les femmes à l’écart de l’accès à la connaissance et à l’éducation, où les femmes sont marginalisées et discriminées dans les prises de décision.

Nous disons non aux conflits armés, aux guerres et aux occupations. Nous disons OUI à la paix juste pour les peuples opprimés. Face à tout cela, nous proposons de renforcer nos luttes pour que nos pays aient leur souveraineté économique, politique et culturelle face aux institutions financières internationales. Nous voulons l’annulation des dettes odieuses et illégitimes et un audit citoyen qui permettra aux peuples d’obtenir réparations : les femmes ne doivent rien, elles sont les premières créancières de la dette odieuse ! Nous demandons aussi l’application effective de la taxe Tobin.

Nous revendiquons la souveraineté alimentaire des peuples et la consommation de produits locaux, l’utilisation de nos semences traditionnelles, et l’accès des femmes à la terre et aux ressources productives.

Nous voulons un monde où les hommes et les femmes ont les mêmes droits, les mêmes opportunités dans l’accès à la connaissance, à la scolarisation, à l’alphabétisation et à l’éducation et aux postes de décisions, et les mêmes droits au travail et à des salaires justes.

Nous revendiquons un monde où les Etats investissent dans la santé des femmes et de nos enfants, et en particulier dans la santé maternelle.

Nous demandons la ratification et l’application effective de toutes les conventions internationales, en particulier la Convention 156 et la Convention 183 du BIT.

Nous voulons la démocratisation de la communication et de l’accès à l’information. Nous sommes solidaires avec les femmes palestiniennes pour un Etat palestinien démocratique, indépendant, souverain, Jérusalem comme capitale, et le retour des réfugiés en accord avec la Résolution 194 des Nations Unies.

Nous sommes solidaires avec les femmes de Casamance pour le retour de la Paix.

Nous sommes solidaires avec la lutte des peuples en Tunisie et en Egypte pour la démocratie. Avec les Femmes de la République Démocratique du Congo pour la fin du conflit.

Avec les femmes kurdes, pour une société démocratique, écologique, libre et égalitaire entre les femmes et les hommes, et où existe le droit d’utiliser leur langue maternelle dans l’éducation.

Nous sommes solidaires avec le droit à l’autodétermination pour les femmes Saharaouies, en conformité avec la Résolution des Nations unies, et pour trouver une solution pacifique selon la Charte du Forum Social Maghrébin.

Nous sommes solidaires avec toutes les femmes victimes de catastrophes naturelles, comme Haïti, le Brésil, le Pakistan, l’Australie...

Nous sommes solidaires avec les millions de femmes et d’enfants réfugiés et déplacés.

Nous appelons au retour à leur terre et à la liberté de circulation. Nous proposons la création de réseaux d’alertes et d’informations sur et pour les femmes qui se trouvent en zones de conflit ou d’occupation. Nous proposons le 30 mars comme journée de solidarité internationale avec le Peuple palestinien et au nous appelons au boycott des produits provenant de l’occupant israélien. Nous appelons à la réalisation d’un Forum international de solidarité avec la lutte du peuple palestinien en 2012. Nous reconnaissons toutes les luttes de toutes les femmes du monde et nous faisons nôtres leurs revendications : ce qui arrive à l’une d’entre nous, nous arrive à nous toutes. C’est pour cela que nous devons lutter toutes ensembles.

Dakar, le 11 février 2011 Organisations signataires :

La Marche Mondiale des Femmes

La Via Campesina

La Fédération Démocratique Internationale des Femmes (FDIM)

Articulation Féministe MARCOSUR

IFWF – International Free Women’s Foundation

WILDAF – Senegal (Women in Law and Development in Africa)

AWID

CADTM – Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde

WIDE

Organisation Continental Latino-Américaine des Etudiants (OCLAE)

UBM – Union Brésilienne des Femmes

CEBRAPAZ (Brésil)

CTB (Brésil)

CUT (Brésil)

AMB – Articulation Brésilienne des Femmes

Democratic Women Freedom Movement “DOKH”

Kurdish Women Peace Office

Coordinacion de Mujeres del Paraguay CMP

Isis International

La Red de Mujeres de AMARC (AMARC-RIM/AMARC-RIF/AMARC-WIN).

Attac Argentina

Attac Pais Valencia

CEAS – Sahara (Coordinadora Estatal de Asociaciones Solidarias con el Sahara)

Colectivo Granada – España

GenerAttac

Groupement Dang Dang – Senegal

Groupement Défense Bargny - Senegal

Le Monde selon les Femmes – Belgique

Red Vasca de Apoyo a la Unión Nacional de Organizaciones Saharauis

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