Pour la délégation FGTB Lepage, il faut «Rompre avec le capitalisme… et sortir du nucléaire !»
Par Délégation FGTB Lepage le Vendredi, 15 Avril 2011 PDF Imprimer Envoyer

La catastrophe de Fukushima a remis en pleine lumière l'urgence d'une sortie du nucléaire et du passage intégral aux énergies renouvelables, le tout dans la justice sociale. Ce qui implique nécessairement d'imposer des mesures transitoires anticapitalistes. Dans ce combat contre le nucléaire, les organisations du mouvement ouvrier devraient jouer un rôle de premier plan, ce qui n'est malheureusement pas (encore) le cas en Belgique. C'est ce qu'ont pourtant bien compris les militants FGTB de chez Lepage à Jumet, dont les travailleurs effectuent régulièrement des travaux dans la central nucléaire de Tihange. Nous reproduisons ci dessous leur remarquable texte publié sur le site de la FGTB-MWB. Bravo camarades! (LCR-Web)

José Mansilla, au nom de la délégation : «Quand je suis arrivé chez Lepage (à Jumet), en 1989, c’était l’âge de la pierre, le temps des cavernes. Les travailleurs étaient soumis à une exploitation sans nom, aussi ancienne que l’entreprise, déjà quasi centenaire à l’époque (spécialisée en maintenance industrielle, montage de lignes de production, travaux de soudure, mécanique générale, tuyauterie…). Il a fallu qu’on se batte comme des damnés pour instaurer un minimum de dialogue social et qu’on cesse enfin de nous considérer comme des moins que rien.

Pour moi qui venais des ACEC (1), où j’étais entré en 1974, c’était terrible. Je passais d’une entreprise de 15.000 travailleurs en Belgique (environ 8.000 à Charleroi), avec une délégation qui pouvait compter sur une force de frappe redoutée, à une boîte de quelques dizaines d’ouvriers pressés comme des citrons et à peine en mesure de se défendre. Il a fallu résister, s’organiser. Desserrer petit à petit l’étau. Conquérir nos droits, construire la concertation, arracher des conditions de travail et d’existence un peu meilleures.

Aujourd’hui encore, c’est une lutte de tous les instants. A aucun moment vous ne pouvez baisser la garde, sous peine de subir directement des attaques frontales. Ce n’est pas une vue de l’esprit, une posture idéologique. Le patronat veut nous réduire. Nous user. Nous soumettre à une pression maximale. Avec toujours les mêmes diktats : productivité, compétitivité, rentabilité. Le fric, le fric et encore le fric.

Le combat est d’autant plus rude que la plupart des quelque 200 travailleurs de Lepage (monteurs, tuyauteurs, mécaniciens, échafaudeurs...) sont en permanence sur chantier, aux quatre coins du pays. Il est donc beaucoup plus difficile de se réunir, d’organiser des assemblées, d’agir collectivement. Pour nous, délégués, c’est un défi quotidien d’être aux côtés des travailleurs, de les aider, de les sensibiliser, alors qu’ils sont éparpillés sur plusieurs dizaines de sites, confrontés à des donneurs d’ordre différents. Même si nous formons une équipe très soudée, vous imaginez le boulot pour 9 délégués !

On profite des gros chantiers pour se réunir, se concerter. Pas seulement entre nous, mais aussi avec des travailleurs d’autres entreprises, d’autres délégations. C’est primordial pour le syndicalisme de réseau que nous tentons de construire.

«Saisonniers du nucléaire»

Actuellement, nous effectuons la révision des installations de la centrale nucléaire de Tihange. Un chantier important, qui occupe une centaine d’entreprises et 1.800 travailleurs, dont 140 de chez nous. Voilà typiquement le genre de chantier où l’on peut développer les solidarités et agir en réseau pour être plus forts demain.

Travailler à Tihange aujourd’hui, alors que le monde entier a les yeux braqués sur la catastrophe de Fukushima, cela prend un relief très particulier. Cela nous conforte dans nos convictions. Non, la sécurité n’est pas négociable. Non, le nucléaire n’est pas une solution d’avenir. Oui, les intérêts de la collectivité doivent l’emporter sur les financiers et les intérêts privés.

Dans les années 90, le travail que nous effectuons en ce moment nous aurait pris trois mois. Aujourd’hui, on est tenus de le boucler en quatre semaines. Il faut faire au plus vite, pour «comprimer les coûts». Ce qui veut dire comprimer la sécurité. Pire : les travailleurs du nucléaire sont de moins en moins bien formés, ils n’ont plus les acquis et l’expérience des anciens. On rogne sur les salaires, les formations, les statuts, les contrats, tout en augmentant la pression sur les gens et en diminuant les niveaux d’exigence et de compétence. On fait de plus en plus appel à des sous-traitants, à des exécutants qui se retrouvent au chômage entre deux contrats. De techniciens très spécialisés, on devient petit à petit des intermittents, des saisonniers du nucléaire.

Outre le fait que les travailleurs sont perdants en termes de qualité de travail, de revenu et d’émancipation, on est tous perdants en termes de sécurité. Le capitalisme joue avec le feu, avec la vie des gens. Dans le nucléaire, prendre des risques, c’est prendre des risques à l’échelle de l’humanité.

Gauche caméléon

Sortir du nucléaire est d’une urgence absolue. On est au pied du mur. Dans le monde syndical, on n’en est malheureusement pas encore assez convaincus. Nous gagnerions pourtant à être à la pointe de ce combat-là !

Va-t-on, comme cela s’est passé pour la crise financière, attendre que la gauche caméléon traditionnelle saisisse l’occasion historique de rompre enfin avec le capitalisme pour bâtir une autre société ? On attend toujours. Avec le nucléaire, on ne peut plus attendre. Si on ne bouge pas, ils fermeront deux ou trois vieilles centrales, et puis on continuera comme avant. C’est une logique irresponsable, pour nous et pour les générations futures.

Nous devons nous saisir de ce gigantesque défi. La sortie du nucléaire, les énergies renouvelables, la recherche, les nombreux emplois de demain que cela suppose, etc. C’est compatible et cohérent avec nos combats : la répartition des richesses, la réduction du temps de travail, l’emploi des jeunes, le contrôle ouvrier, les services publics. Soyons parmi les acteurs de la transition économique, écologique, avec comme drapeau les valeurs qui nous fondent : la solidarité, l’égalité, la justice sociale.»

José Mansilla, pour la délégation syndicale MWB-FGTB de Lepage.

1.ACEC : Ateliers de constructions électriques de Charleroi, démantelés à partir de la fin des années 80. L’âpre combat mené à l’époque par les travailleurs contre la casse sociale a profondément marqué la région et les esprits.

http://www.metallos.be/paroles/08/04/2011/rompre-avec-le-capitalisme-et-sortir-du-nucleaire




Nucléaire? C'est fini ! Manifestation nationale le dimanche 24 avril 2011

Rassemblement à 14 heures - départ 15h -  Gare du Nord

Après Three Miles Island et Tchernobyl, la catastrophe de Fukushima achève de démontrer que l’industrie nucléaire met en danger la sécurité des gens et l’avenir de la vie sur cette planète.

Nous exigeons :

  • la sortie pure et simple du nucléaire aussi rapidement que possible et au minimum dans le respect des dispositions légales actuelles;
  • l’élaboration démocratique d’un plan pour la transition socialement juste et écologiquement responsable vers une économie basée exclusivement sur les renouvelables.

GDF-Suez et Electrabel doivent payer!

Nous exigeons une taxation maximale de la rente nucléaire, dont les montants doivent servir à la transition vers les renouvelables.

Contacts: Jean-François Pontégnie Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.

Plus d'info sur: http://www.climatetjusticesociale.be/

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