Université d’été de la LCR France : le défi du nouveau parti anticapitaliste
Par LCR-Web le Vendredi, 07 Septembre 2007 PDF Imprimer Envoyer
Record de participation absolu pour la XVI édition de l’Université d’été de nos camarades de la Ligue Communiste Révolutionnaire française. Cette année, fin août dernier, plus de 1.000 participant/es se sont retrouvés à Port Leucate, près de Perpignan, pendant quatre journées de débats passionnants d’échanges d’expériences militantes et dans la bonne humeur.

Fait significatif : un quart des assistant/es étaient là pour la première fois. A noter également la forte présence de jeunes et de femmes, une conséquence des progrès accomplis par la LCR au cours des ces dernières années de luttes sociales en France – campagne pour le « Non » au Traité constitutionnel européen, mobilisation contre le CPE, etc. – ainsi que des différentes échéances électorales, dont les dernières élections présidentielles dans lesquelles Olivier Besancenot, porte parole de la LCR, a recueilli un million et demi de votes, dépassant largement le PCF et se positionnant comme la candidature de gauche la plus populaire après Ségolène Royal.

De fait, la majorité des 4.000 membres que compte actuellement la section française de la IVe Internationale milite depuis 2002, à partir de la première campagne présidentielle de Besancenot. Au cours de ces derniers mois de campagne présidentielle, plus de 1.000 adhésions ont été enregistrées.

Ces éléments aident à comprendre le vif intérêt suscité par le débat phare de cette Université d’été ; la construction d’un nouveau parti anticapitaliste large, capable de répondre aux exigences de la situation actuelle. Une situation dominée d’un part par le triomphe de Sarkozy, archétype d’une droite néolibérale agressive et décidée à mettre à mal les conquêtes sociales et les travailleurs et, d’autre part, par l’effondrement d’une gauche traditionnelle profondément engluée dans l’ordre dominant et les institutions du capitalisme mondialisé.

La récente incorporation de Michel Rocard, qui fut premier ministre socialiste à l’époque de Mitterand, au staff déjà nombreux de personnalités de « gauche » qui ont répondu aux sirènes de Sarkozy, constitue un nouvel exemple emblématique de la déroute morale et politique du social-libéralisme. Le PCF quant à lui poursuit son déclin, plus que jamais arrimé à la préservation de son appareil et incapable de dépasser la perspective d’un accord avec le seul Parti socialiste.

Un sentiment de gravité face à la situation actuelle a imprégné les débats et les ateliers de l’Université sur ces questions. D’autres sujets étaient également bien présents ; les révoltes de la jeunesse dans les quartiers populaires, les luttes féministes, la crise écologique planétaire, et les convulsions boursières du capital financier. Une lucide et émouvante évocation de Che Guevera par Daniel Bensaïd a été un point d’orgue d’une série de sessions de formations théoriques tandis que les thématiques de la lutte des classes mondiale (Amérique latine et tout particulièrement le Venezuela -  ou les expériences d’autres section de la IVe Internationale) n’ont pas été oubliées.

Résistance sociale + alternative politique

Dans le meeting final de l’Université, le discours du porte-parole de la LCR Olivier Besancenot a secoué les énergies militantes. Reprenant les thèmes de la motion récemment adoptée par la Direction nationale de la LCR en préparation du prochain congrès de l’organisation au mois de décembre, Olivier a lancé une double proposition. Tout d’abord un appel au front unique de toutes les organisations politiques, sociales et syndicales pour résister et mobiliser face aux politiques antisociales de Sarkozy. Et ensuite un appel à commencer un processus de construction d’un nouveau parti anticapitaliste, spécialement destiné à la jeunesse et à tous les « anonymes » afin qu’ils puissent avoir droit à la parole et reconstruire les solidarités de la classe élémentaires, et ceci afin d’aller plus loin que les seuls cercles militants des organisations de gauche.

Un parti qui « doit tourner une page de l’histoire du mouvement ouvrier et doit commencer une nouvelle, où le meilleur des traditions socialistes, communistes, libertaires, guévaristes ou trotskystes, tout comme toutes les dimensions de la lutte contre l’exploitation et l’oppression permettra de dessiner la physionomie du socialisme du XXIe siècle ». Ce parti devra être un « point de rendez vous militant, prolétaire, internationaliste, enraciné dans les opprimés, héritier d’une lutte séculaire et aussi fidèle à la classe des travailleurs que Sarkozy est loyal envers les capitalistes ».

Il ne s’agit donc pas, a insisté Besancenot, d’une « LCR bis », d’une simple croissance organique de la LCR, mais bien d’avancer dans la construction d’une formation anticapitaliste beaucoup plus large, d’un type nouveau ; « La Ligue doit devenir un instrument de son propre dépassement » a déclaré un participant.

La proposition fait l’objet d’une grande attention médiatique et des journaux tel que le Parisien Libéré n’a pas hésité à en parler comme d’un « projet d’autodissolution de la LCR ». Or, il n’en est pas du tout question. La LCR ne va pas se « dissoudre » afin de créer ce nouveau parti, elle tentera l’expérience et c’est seulement si cette dernière réussi qu’elle reconsidérera sa forme actuelle au sein de la nouvelle formation politique.

La proposition de ce nouveau parti s’adresse à tous et à toutes. Toutes les organisations sont le bienvenues mais la création de la nouvelle formation politique ne dépendra pas d’accords « d’en haut », elle doit avant tout se faire « par et pour ceux d’en bas ». Pour l’instant, seules quelques organisations ont entamé le débat avec la LCR sur cette perspective : la fraction publique de Lutte Ouvrière, la Gauche révolutionnaire et Alternative Libertaires, dont des représentants étaient présents à l’Université d’été.

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