Photo-reportage de la manifestation pour le climat et appel pour Copenhague
Par Climat et justice sociale le Dimanche, 07 Décembre 2008 PDF Imprimer Envoyer

Au début décembre, chaque année, se déroule la Conférence des Nations Unies sur les Changements Climatiques, et chaque année, à l’initiative de la Global Climate Campaign, des citoyens de plus en plus nombreux, descendent dans la rue faire entendre leur voix …

Le 6 décembre 2008, dans plus de 90 pays de par le monde, cette voix sera portée par des centaines de milliers de personnes. Et ce n'est qu'un début. Avec d’autres, nous appelons d’ores et déjà à une mobilisation mondiale, que nous voulons inoubliable, pour le mois de décembre 2009. Dix ans après Seattle, nous serons toutes et tous à Copenhague pour y exiger que l’accord mondial pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre après 2012 (quand le Protocole de Kyoto aura expiré) soit écologiquement contraignant et socialement juste.

Mais, direz-vous, à quelle urgence correspondent ces mobilisations ? Tout le monde n’a-t-il pas pris conscience du changement climatique ? Tout le monde ne sait-il qu’il faut de fortes et promptes mesures ? Voyez Barak Obama, n’a-t-il pas enfin annoncé un vrai plan étasunien de lutte contre le changement climatique ? Alors…?

Alors, tout reste à craindre. Il ressort du dernier rapport du GIEC que les seuils de dangerosité doivent être revus à la baisse… en d’autres termes, que les conséquences prévisibles d’un réchauffement de deux degrés risquent d’être beaucoup plus catastrophiques que précédemment annoncé. Pour deux degrés de hausse (par rapport à la période pré-industrielle), ce sont entre six cents millions et un milliard quatre cents millions d’êtres humains — en plus de ceux qui le sont déjà aujourd’hui — qui seraient soumis à un stress hydrique. Avec deux degrés de hausse, la perte de diversité biologique pourrait concerner 40 % des espèces… Les risques d’emballement du dérèglement sont réels.

La situation est donc plus grave que jamais. La solution passe nécessairement par une rationalisation de l'usage des ressources et non pas par une croissance débridée de leur exploitation. Or, que nous propose-t-on?

-encore plus de marché! A l’heure où le marché a prouvé son inanité, partout l’on voit se développer des « bourses au carbone » où il est déjà possible de vendre et d’acheter des tonnes de CO2;

-encore plus d'agro-carburants! Source de profits incommensurables pour l'agro-business, les 20 millions de litres de bioéthanol et de biodiesel produits annuellement signifient déjà famine, hausse des prix et appropriation des terres des paysans pauvres dans le Sud. Que sera-ce demain, s'il s'agit de remplacer ne fût-ce que la moitié des 1500 millions de litres de pétrole consommés chaque année par le secteur du transport?

-encore plus de charbon! Alors que la houille est le plus polluant des combustibles fossiles, on tente de nous faire croire au mythe du charbon propre.

-encore plus de nucléaire! Avec, par exemple, dans notre pays, la prolongation du parc des centrales nucléaires, une énergie coûteuse pour tous mais génératrice de profits immenses pour Suez/Electrabel et dont on ne sait toujours pas comment gérer les déchets…

-encore plus d’inégalité sociale ! Car ce sont bien les populations qui continueront de financer ces politiques, … puis d’en payer la facture écologique.

Bref, tandis que la planète est dévastée à un rythme toujours plus alarmant et que partout dans le monde la misère se répand, les gouvernements discutent de la meilleure manière de transformer la lutte contre le réchauffement en nouveaux marchés, sur le dos des peuples. C'est pour faire entendre d’autres voix que nous serons à Copenhague, où nous exigerons de la « communauté internationale » qu’elle se dote d’un cadre contraignant et socialement juste de réductions drastiques des émissions de gaz à effet de serre, avant d’embarquer vers le pire.

Pour rappel, selon le GIEC, un scénario limitant la hausse de température entre 2 et 2,4°C nécessite que les pays industrialisés réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre de 25 à 40 % d'ici 2020 et de 80 à 95% d'ici 2050 (par rapport à 1990). Les propositions du « paquet énergie climat » de l'UE sont soit au-dessous de ces chiffres (20%), soit situées dans la partie basse de la fourchette : 30% en cas d'accord international. Et ce, rappelons-le, pour des seuils de dangerosité sans doute et hélas sous-estimés. En lisant les textes actuellement sur la table, l’on se rend compte en outre que la responsabilité historique des pays industrialisés tend à être, sinon gommée, du moins estompée. Et ce sont pourtant les populations les plus pauvres, et les moins émettrices de gaz à effet de serre, qui sont aux premières loges du dérèglement climatique…

Les objectifs de réduction d'émissions découlant des rapports du GIEC ne peuvent être atteints sans remettre en cause radicalement les dogmes de la croissance, du profit et de la concurrence, qui sont au cœur du capitalisme. Nous pensons qu’il est possible de prendre le problème à bras le corps et d’inverser la donne. Nous pensons qu’il est possible de prendre des mesures climatiques non seulement fortes mais justes socialement. Ainsi, il est tout à fait possible de mobiliser rapidement des ressources (ça, depuis le krach boursier, on le sait !) pour lancer des plans publics d’économie d’énergie, créateurs d’emplois et de mieux-être pour la grande masse de la population, indépendamment de la demande solvable.

Ainsi, il est possible de lancer un plan public rationnel de développement des renouvelables, en lieu et place du saupoudrage actuel en fonction des profits. Un plan décentralisé, sans gigantisme, adapté aux besoins locaux, et dont les populations seraient parties prenantes. Ainsi, il est possible d’organiser un transfert massif et entièrement concerté de technologies propres vers le Sud, afin de favoriser un développement raisonné et répondant aux besoins réels des populations.

Rêveurs, nous? Non, réalistes: nous avons pris la mesure des défis qui nous attendent. Face à ceux-ci, il nous faut changer de modèle de société et faire passer le vivant avant le profit. Nous irons le dire haut et fort dans la rue ce 6 décembre, tout en appelant à un rassemblement mondial à Copenhague au mois de décembre 2009.

Signataires

Brissa Didier, militant éco-socialiste

Djegham Myriam, Moc Bruxelles

Dossin Jean-Luc, éco-conseiller

Godinot Jean-Baptiste, asbl Respire

Gosselain Léon, conseiller communal honoraire (Verts & Alternatifs, Ath)

Mouchet Anne, chercheuse, Ulg

Pontégnie Jean-François, secrétaire de "Climat et Justice sociale"

Stengers Isabelle, philosophe, ULB

Tanuro Daniel, ingénieur, spécialiste des questions climatiques

Truillet Anne, éco-conseillère

Van Praet Alain, délégué CSC-Transcom


Tous à Copenhague en décembre 2009

Intervention faite au nom de « Climat et Justice Sociale » à la fin de la manifestation « climat » organisée par la « Coalition climat » à Bruxelles, le 6 décembre 2008.

Il y a une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne nouvelle est que Global Warming Bush s’en va et que les gouvernements doivent enfin constater que le changement climatique est un fait.La mauvaise nouvelle… est que les gouvernements constatent cela et veulent présenter la facture aux peuples et à l’environnement.

Il y a quelque chose comme une réponse néolibérale au changement climatique, c’est : « Plus de marché, plus de nucléaire « propre », plus de charbon « propre », plus d’agrocarburants « propres » pour faire rouler plus de voitures « propres » et plus d’investissements « propres » pour avoir plus de droits de polluer.

Cette logique productiviste ne sauvera pas l’environnement. Evo Morales a eu le courage de le dire : “Le marché est incapable de réguler les émissions, il ne fera que générer du big business pour les financiers et pour les multinationales ». Ce big business climatique crée encore plus d’injustice et d’inégalité sociales. Entre Nord et Sud, mais aussi au Nord et au Sud.

C’est pourquoi beaucoup de gens craignent un choix entre la peste du réchauffement - dont les pauvres sont les principales victimes - et le choléra de la politique climatique capitaliste, qui est insuffisante – et dont les pauvres sont les principales victimes aussi.

On ne sauvera pas le climat comme cela. On ne le sauvera pas contre la majorité sociale. Contre les pauvres, contre les petits paysans, contre les travailleurs.

Tous ensemble, luttons pour une politique climatique écologiquement efficace et socialement juste. Une autre politique. Une politique sociale, qui redistribue les richesses et crée de l’emploi pour tous. Une politique solidaire, qui donne au Sud les moyens d’un développement propre et autonome. Une politique responsable, qui retire l’énergie et l’eau des mains des trusts, car ce sont des biens communs de l’humanité.

Une politique sereine. Dans les pays du Nord, nous devons produire moins, produire pour les vrais besoins des gens, pas pour le profit des entreprises, produire autrement, et apprendre à partager.

L’an prochain marque le 10e anniversaire de la manifestation historique de Seattle. « Climat et Justice Sociale » propose d’aller en masse à Copenhague faire pression sur le sommet climatique des NU.

« Un autre monde est possible ». Pour notre climat, pour notre mère la Terre, pour la justice sociale, tous à Copenhague en décembre 2009!

Daniel Tanuro, Climat et Justice Sociale


Reportage-photo de la manifestation nationale pour le climat du 6 décembre

Un peu plus d'un millier de personnes ont manifesté ce samedi 6 décembre à l'appel de la Coalition Climat. Un cortège bigarré et déterminé, malgré la "drache"... Un reportage photo de Frédéric Lévêque:

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