Daniel Tanuro primé par Inter Environnement Wallonie pour son œuvre éco-socialiste. Vidéo
Par LCR-Web, IEW le Mercredi, 08 Juin 2011 PDF Imprimer Envoyer

Notre camarade Daniel Tanuro, membre dirigeant de la LCR, a reçu la Palme 2011 d'Inter Environnement Wallonie (IEW), une Fédération qui regroupe plus de 150 associations environnementales. La Palme est attribuée chaque année par le Conseil d'Administration, sur base d'une proposition faite par l'équipe des chargés de mission d'IEW. En nominant Daniel Tanuro, IEW a voulu "récompenser une approche visant à réconcilier enjeux environnementaux et sociaux, tant par un travail de terrain qu’à travers l’analyse intellectuelle". S'il va de soi que la fédération n'adhère pas aux positions écosocialistes ou écomarxistes de notre camarade, la distinction qui lui est accordée n'en constitue pas moins une reconnaissance très nette de l'intérêt des positions qu'il défend et de la pertinence de l'action qu'il mène, notamment à travers l'association "Climat et Justice Sociale", dont il est un des fondateurs. La présentation de la Palme par IEW (que nous reproduisons ci-dessous) est tout à fait explicite à cet égard, et confirme une certaine radicalisation en cours dans une mouvance environnementale de plus en plus sceptique face au "capitalisme vert", dont notre camarade a dit l'impossibilité dans un ouvrage paru aux éditions La Découverte. Nos félicitations à Daniel, dont le long et patient travail théorique de questionnement militant du marxisme par l'écologie, et vice-versa, est ainsi récompensé. (LCR-Web)

Palme de l’Environnement 2011 à Daniel Tanuro

Pendant longtemps – et ce “long temps” n’est aujourd’hui pas encore totalement révolu – combat social et combat environnemental n’ont pas fait bon ménage.

Au mieux, l’environnement était considéré comme une lubbie de “bobos”, une préoccupation marginale n’intéressant que quelques privilégiés et/ou utopistes post-soixante-huitards en mal de cause à défendre.

Au pire, les enjeux environnementaux apparaissaient comme des entraves égoïstes au  développement économique et aux avantages sociaux – le plus souvent réduits aux créations d’emplois – qu’il était censé générer.

Ceux de mes collègues qui siègent dans les Comissions d’avis – CWEDD et autres – peuvent témoigner de ce que fut et reste parfois l’opposition entre les représentants du mouvement environnemental et ceux des instances syndicales alliées pour l’occasion aux forces économiques.

Celui que nous avons choisi de “palmer” aujourd’hui a compris que loin d’être contradictoires voire opposées, les problématiques environnementales et sociales sont au contraire étroitement liées et même interdépendantes. Il considère – et les faits lui donnent raison – que les classes les plus défavorisées d’ici et d’ailleurs sont les premières victimes des nuisances et catastrophes environnementales. Partant de là, il souhaite conscientiser ces populations précaires et les amener à se mobiliser pour faire changer cet état de fait.

En vue de soutenir et structurer ce combat, il a créé – avec d’autres militants venus à la fois du champ social et de la mouvance environnementale – l’association “Climat & Justice Sociale”.

Sans autres ressources que l’enthousiasme, le dynamisme et les convictions de son noyau fondateur, “Climat & Justice Sociale” mène un travail en tous points remarquables tant au niveau de l’information/sensibilisation/réflexion que dans la mobilisation.

On lui doit ainsi la mise sur pied du “Train pour le Climat” qui a permis à des centaines de militants belges et européens de rejoindre Copenhague pour y participer à la manifestation organisée à l’occasion du Sommet des Nations unies sur les changements climatiques en décembre 2009.

“Climat & Justice Sociale” est également à l’origine de la manifestation pour la fin du nucléaire qui a rassemblé 2.000 personnes à Bruxelles le dimanche 24 avril dernier, une mobilisation loin d’être négligeable si l’on sait, d’une part, que l’événement avait lieu le jour de Pâques et, d’autre part, qu’à l’exception de celui surmédiatisé précédant le rendez-vous de Copenhague, les rassemblements pour le climat organisés dans la capitale peinent à atteindre ce chiffre en dépit d’un thème plus consensuel et d’une plateforme organisatrice bien plus large. 

A signaler qu’en marge de la manifestation et conformément à sa volonté de conjuguer réflexion et mobilisation, “Climat & Justice Sociale” avait organisé la veille une conférence-débat sur la problématique nucléaire dans tous ses aspects avec des intervenants de grande qualité.

Par-delà cette action ô combien concrète, notre Palme se distingue également par un travail d’analyste qui n’est pas pour rien dans notre choix. Auteur de “L’impossible capitalisme vert”, il produit régulièrement des textes de réflexion remarquables et remarqués qui en font un référent dans un cercle très large allant d’Etopia au Conseil Central de l’Economie.

Cette réflexion intellectuelle s’appuie sur la conviction que la crise écologique à laquelle nous sommes – et nous serons plus intensément encore – confrontés ne pourra se résoudre par une simple “verdurisation” des mécanismes économiques actuels. On ne pourra lui apporter de solution satisfaisante et socialement équitable qu’en sortant d’un système capitaliste basé sur une croissance sans fin de la production et de la consommation.

Sans se rallier aujourd’hui à l’intégralité de cette thèse, la Fédération Inter-Environnement Wallonie considère qu’elle soulève des questions primordiales qui méritent à tout le moins d’être analysées, mises en débat et envisagées objectivement. C’est d’ailleurs dans cette optique que notre Palme figurait au rang des intervenants de notre 1ère Université d’automne organisée en octobre 2010 autour du thème de la décroissance.

Le choix de ce lauréat pourra surprendre voire choquer certains ne concevant qu’une Fédération environnementale se revendiquant non pas “apolitique” mais “non partisane” couronne une personnalité prônant ouvertement la rupture avec le capitalisme et refusant, je cite, “une transition pilotée à l’aveugle par le profit, qui nous mène droit dans le mur”, une personnalité clairement engagée en faveur d’un “éco-socialisme”. Ceux-là s’obstinent à occulter l’ampleur de la crise écologique à laquelle nous devons faire face ni à la nécessité d’explorer toutes les pistes permettant de la résoudre sur le long terme et, c’est... capital, au bénéfice de tous.

Le travail de Daniel Tanuro participe brillamment à cette réflexion vitale et nous sommes donc à la fois heureux et fiers de lui remettre cette Palme de l’environnement 2011.

http://www.iewonline.be

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